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Comment Mayotte veut relancer et développer son tourisme

Les professionnels espèrent un retour à la normale d’ici deux ans


Quatre mois après le passage du cyclone Chido, une délégation de l’Agence d’Attractivité et Développement Touristique de Mayotte a fait le déplacement à Paris pour présenter trente mesures de relance.


Rédigé par le Vendredi 18 Avril 2025

L'équipe de l'AaDTM, avec son directeur Michel Madi (2e à partir de la droite) - Photo : T. Beaurepère
L'équipe de l'AaDTM, avec son directeur Michel Madi (2e à partir de la droite) - Photo : T. Beaurepère
« Faire d’un drame une opportunité ». Alors que Mayotte attend la venue d’Emmanuel Macron le 21 avril, c’est le message qu’a souhaité faire passer l’Agence d’Attractivité et Développement Touristique (AaDTM) lors d’une rencontre avec la presse à Paris, le 17 avril 2025.

Quatre mois après le passage du cyclone Chido qui a dévasté le 101e département français, la remise en marche est difficile et les perspectives demeurent incertaines, comme l’attestent les chiffres dévoilés à cette occasion.

70% des acteurs du secteur touristique disent avoir repris leurs activités, mais près de la moitié d’entre eux connaissent une réouverture dans des conditions dégradées, en raison de restrictions sanitaires, de difficultés d’approvisionnement ou de gestion des ressources humaines.

Mayotte : la filière nautique en grande difficulté

Le redémarrage n’est pas uniforme selon les secteurs. 81% des hébergements touristiques se déclarent ouverts en totalité ou partiellement. Plus de la moitié des chambres (57%) sont réquisitionnées par les services de l’Etat (et bien plus dans la capitale Mamoudzou) pour loger les personnes participant à la reconstruction.

En revanche, seulement 43% des restaurateurs déclarent être ouverts au public, avec de fortes difficultés d’approvisionnement.

La filière nautique est encore davantage impactée et certaines zones du lagon, véritable pépite de l’île, ont été très abîmées.

Ainsi, 52% des bateaux sont totalement hors d’usage et le marché de la croisière est totalement à l’arrêt et pour encore longtemps, du fait de la destruction du ponton de la capitale Mamoudzou.

« La résilience est dans notre ADN »

Même difficultés avec les sentiers de randonnée, alors que le tourisme vert est l’un des autres points forts de Mayotte. Seulement 25% sont praticables mais aucun n’est entièrement sécurisé et la totalité des exploitations agritouristiques sont sinistrées.

« Nous avons pensé que nous ne nous relèverons pas, mais la résilience est dans notre ADN. Le cyclone a renforcé l’aspect humain et solidaire » précise Michel Madi, directeur de l’AaDTM.

« Les professionnels espèrent une reprise complète d’ici deux ans. Mais nous sommes plus pessimistes pour certains secteurs, par exemple les activités de loisirs ou les événements ».

Lire aussi : Cyclone Chido : le CEDIV lance une cagnotte en solidarité à Mayotte

Une relance qui s’appuie d’abord sur les résidents

Pour accompagner la relance, l’AaDTM a élaboré un plan composé d’une trentaine de mesures, pour un coût global de près de 160 M€.

« Nous avons désormais besoin d’un accompagnement humain, technique et financier » poursuit Michel Madi, qui espère le soutien des autorités locales et nationales et regrette les lenteurs administratives, en particulier celle des assureurs qui retardent la reconstruction.

Et ce, alors que 76% des entreprises du tourisme se disent dans un état financier allant de moyen à très mauvais et que les travaux de remise en état du bâti détérioré pour le secteur est estimé à au moins 45 M€.

A court terme, l’île va s’attacher à relancer le tourisme en s’appuyant sur les résidents qui, déprimés par les difficultés de la reconstruction, ont plus que jamais besoin de quelques jours de lâcher-prise.

« Et nous sommes réalistes. Même si tout le monde est le bienvenu, nous savons que nous n’aurons pas de visiteurs en provenance de l’extérieur avant encore plusieurs mois » ajoute le directeur.

Chèques tourisme pour les salariés et gratuités pour les seniors

Cela passera par la distribution de « chèques tourisme » de deux fois 50 € à destination des salariés du privé ou encore des gratuités pour les seniors (hébergement, restauration, activités).

Sont également prévus des aménagements provisoires de pontons pour la reprise des activités nautiques et la production d’activités touristiques pouvant intéresser les résidents, avec une campagne de communication à leur intention.

Des aides financières aux professionnels, pour améliorer et pour digitaliser les offres, sont également annoncées, ainsi qu’un plan de transformation durable.

Dépasser le tourisme « affinitaire »

A long terme, Mayotte espère lancer un véritable plan de développement touristique, en capitalisant sur sa nature et son lagon protégé au sein du parc marin de Mayotte pour se démarquer.

L’enjeu est de taille car en 2023, l’île n’a accueilli que 74 000 touristes, à 87% Français, qui ont généré 1,7 million de nuitées mais seulement 18% de nuitées marchandes. Car de nombreux visiteurs sont « affinitaires » et viennent rendre visite à de la famille.

« Le tourisme doit pouvoir jouer pleinement son rôle de pilier de l’économie locale, comme pourvoyeur de ressources économiques et d’emplois directs » poursuit Michel Madi. Avant le cyclone, 5,6% des entreprises du département dépendaient du tourisme.

Lire aussi : Le Loto du Patrimoine 2025 soutient la reconstruction de Mayotte

L’indispensable développement du parc hôtelier

Par-delà les nécessaires accompagnements en ingénierie et en finances, cette ambition passe par un développement du parc hôtelier, principale faiblesse du tourisme de Mayotte avec, avant le cyclone, seulement 650 chambres, tous hébergements confondus.

« 200 chambres sont en projet pour les prochaines années avec quatre hôtels » précise Michel Madi. Mais il s’agit d’établissements urbains, davantage fait pour une clientèle affaires.

Le groupe Amanta, qui possède déjà l’hôtel Jardin Maoré 4* (27 chambres), prévoit notamment d’ouvrir un établissement de 95 chambres à Mamoudzou en 2028, pour un investissement de 38 M€.

Quatre pôles touristiques ont été identifiés

Pour inciter les investisseurs à ouvrir des établissements loisirs, en particulier dans le sud de l’île, l’AaDTM ambitionne donc de lancer un programme d’aménagement de quatre pôles touristiques (Bambo Est, Mtsamoudou Mbouini et Hajangoua).

Quatre hôtels pourraient y voir le jour avec des positionnements variés allant de la plongée au luxe, pour un total de 340 chambres potentielles.

Parmi la trentaine de mesures pour relancer le tourisme, un programme de soutien à la création de nouveaux hébergements (gîtes, chambres d’hôtes…) est également évoqué.

De même, il convient de développer une offre centrée sur la valorisation du patrimoine local.

Le débat sans fin de l’accès aérien

Enfin, l’accès aérien à Mayotte demeure un autre sujet majeur, alors que la piste trop courte ne permet pas d’accueillir de gros porteurs en provenance directe de la métropole.

« Des promesses ont été faites depuis plusieurs années mais on ne voit toujours rien de concret » regrette Michel Madi.

D'autant que les premières études d'agrandissement ont révélé que le site actuel de l’aéroport (sur Petite-Terre) était exposé à un risque majeur lié à la présence d'un volcan sous-marin. Un déplacement sur Grande-Terre pourrait constituer une solution alternative. Mais dans combien de temps ?

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Tags : mayotte
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