B. Réau : "On retrouve ce côté très résilient du secteur face aux crises, mais cette fois-ci chez les professionnels eux-mêmes, et ce face à une crise atypique, dont on ne connait toujours pas l'aboutissement" - DR : DepositPhotos, siraanamwong
Du 21 avril au 8 juin 2020, le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) en collaboration avec l’ESTHUA-Université d’Angers ont donné la parole aux professionnels du secteur du tourisme et des loisirs, à travers une enquête sur les impacts de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Aujourd'hui, nous vous dévoilons les premiers résultats des 50 questions posées aux 702 participants, par Christophe Guibert, enseignant-chercheur à l'université d'Angers, Bertrand Réau, enseignant-chercheur au CNAM et Gérard Rimbert, sociologue et enseignant au CNAM.
Ils donnent un aperçu des ressentis et des enjeux quant à la sortie de crise des professionnels du tourisme à ce moment-là.
Aujourd'hui, nous vous dévoilons les premiers résultats des 50 questions posées aux 702 participants, par Christophe Guibert, enseignant-chercheur à l'université d'Angers, Bertrand Réau, enseignant-chercheur au CNAM et Gérard Rimbert, sociologue et enseignant au CNAM.
Ils donnent un aperçu des ressentis et des enjeux quant à la sortie de crise des professionnels du tourisme à ce moment-là.
Une situation "catastrophique" pour la majorité des professionnels
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Ainsi, sur le plan des ressentis, 60% des répondants jugeaient - en plein cœur du confinement - l'impact de la crise sanitaire comme "catastrophique" et 28% "très négatif".
"Dans le détail, c’est le secteur privé et coopératif qui porte le plus cette inquiétude, la situation étant jugée "catastrophique" par 23% des collectivités territoriales, 40% des associations et 39% des organismes publics - type Office du Tourisme -, contre près de 70% pour les entreprises", précise Gérard Rimbert.
Toute la période est marquée par des annulations de la part de la clientèle (57% des répondants) ou des suspensions, voire fermetures de la part des professionnels (59%).
L’heure est à l’annulation ou au report des événements (30%), tandis que les possibilités de réorienter l’activité (8%) ou même de la réduire (24%) sont limitées.
Cette situation s’est traduite dès le mois de mai 2020 par des difficultés à payer les factures (21%) ou les employés (7%), des licenciements (19%) ou le recours au chômage partiel (51%).
Et 13% des répondants se déclarent en faillite ou fermeture permanente.
"Dans le détail, c’est le secteur privé et coopératif qui porte le plus cette inquiétude, la situation étant jugée "catastrophique" par 23% des collectivités territoriales, 40% des associations et 39% des organismes publics - type Office du Tourisme -, contre près de 70% pour les entreprises", précise Gérard Rimbert.
Toute la période est marquée par des annulations de la part de la clientèle (57% des répondants) ou des suspensions, voire fermetures de la part des professionnels (59%).
L’heure est à l’annulation ou au report des événements (30%), tandis que les possibilités de réorienter l’activité (8%) ou même de la réduire (24%) sont limitées.
Cette situation s’est traduite dès le mois de mai 2020 par des difficultés à payer les factures (21%) ou les employés (7%), des licenciements (19%) ou le recours au chômage partiel (51%).
Et 13% des répondants se déclarent en faillite ou fermeture permanente.
41% des répondants estiment que "la saison est perdue"
Cependant, les perspectives quant à la sortie de crise ne sont pas aussi sombres que le constat dressé plus haut (à noter que ces réponses interviennent avant les annonces gouvernementales, les réponses postérieures à l’annonce étant trop peu nombreuses pour peser dans l’analyse).
En effet, l'impact "catastrophique" tombe à 32% mais la perception "très négative" monte à 43%. Et là encore, c'est le secteur privé qui se montre le plus inquiet.
Le moral, lui, est énergique : sur une échelle de 1 à 10 (1= "on est complètement perdu" / 10 = "on a un plan solide"), 27% des répondants sont à 7 ou plus. Prudents, 23% se sont notés à 5. Cette tendance est à peu près la même quel que soit le type d’organisations.
"C’est dans la reprise que les tendances se divisent clairement", précise Gérard Rimbert.
Sur la question du redémarrage, 41% répondent "Pas de redémarrage réel, la saison est perdue" tandis que 45% envisagent "un redémarrage progressif". Mais, moins de 2% envisagent une fin pure et simple d’activité, tandis que 5% envisagent un redémarrage complet et rapide.
En effet, l'impact "catastrophique" tombe à 32% mais la perception "très négative" monte à 43%. Et là encore, c'est le secteur privé qui se montre le plus inquiet.
Le moral, lui, est énergique : sur une échelle de 1 à 10 (1= "on est complètement perdu" / 10 = "on a un plan solide"), 27% des répondants sont à 7 ou plus. Prudents, 23% se sont notés à 5. Cette tendance est à peu près la même quel que soit le type d’organisations.
"C’est dans la reprise que les tendances se divisent clairement", précise Gérard Rimbert.
Sur la question du redémarrage, 41% répondent "Pas de redémarrage réel, la saison est perdue" tandis que 45% envisagent "un redémarrage progressif". Mais, moins de 2% envisagent une fin pure et simple d’activité, tandis que 5% envisagent un redémarrage complet et rapide.
Le tourisme, un secteur toujours aussi résilient
Autre série de questions posées directement aux professionnels sur leur avenir : "Idéalement, souhaiteriez-vous poursuivre votre carrière professionnelle dans le secteur du tourisme et des loisirs ?" et "En toute probabilité, vous voyez-vous poursuivre votre carrière professionnelle dans le secteur du tourisme et des loisirs ?".
"Nous avons là le versant espoir et le versant réalisme", commente Gérard Rimbert. A la première question, 75% ont répondu "oui", à la deuxième, ils sont 63% à avoir répondu favorablement.
"Globalement très peu de répondants envisagent de quitter le secteur pour faire autre chose, ajoute Bertrand Réau.
On retrouve ce côté très résilient du secteur face aux crises, mais cette fois-ci chez les professionnels eux-mêmes, et ce face à une crise atypique, dont on ne connait toujours pas l'aboutissement. Au moment de l'enquête, nous étions en plein cœur du confinement et dans l'incertitude la plus totale.
C'est très intéressant, car nous ne sommes pas face à un événement ponctuel qui vient mettre un coup d'arrêt au tourisme dans un lieu, mais face à un événement continu qui met un coup d'arrêt généralisé pour l'ensemble du secteur. Et même dans ce cadre-là, on voit une résilience des professionnels".
Un travail d'affinage des réponses sera réalisé dans les prochaines semaines, les résultats seront dévoilés à la rentrée.
"Nous avons là le versant espoir et le versant réalisme", commente Gérard Rimbert. A la première question, 75% ont répondu "oui", à la deuxième, ils sont 63% à avoir répondu favorablement.
"Globalement très peu de répondants envisagent de quitter le secteur pour faire autre chose, ajoute Bertrand Réau.
On retrouve ce côté très résilient du secteur face aux crises, mais cette fois-ci chez les professionnels eux-mêmes, et ce face à une crise atypique, dont on ne connait toujours pas l'aboutissement. Au moment de l'enquête, nous étions en plein cœur du confinement et dans l'incertitude la plus totale.
C'est très intéressant, car nous ne sommes pas face à un événement ponctuel qui vient mettre un coup d'arrêt au tourisme dans un lieu, mais face à un événement continu qui met un coup d'arrêt généralisé pour l'ensemble du secteur. Et même dans ce cadre-là, on voit une résilience des professionnels".
Un travail d'affinage des réponses sera réalisé dans les prochaines semaines, les résultats seront dévoilés à la rentrée.
Qui sont les répondants ?
702 réponses au questionnaire ont été collectées du 21 avril au 08 juin 2020.
En voici les principales caractéristiques :
- Type d’organisation : trois quarts des répondants appartiennent au secteur privé lucratif (dont 23% en entreprise individuelle), 9% au secteur associatif et 7% aux collectivités ou organismes publics.
- Secteur d’activité : le secteur des voyagistes représente une bonne part des répondants (26%), de même que l’hôtellerie classique ou de plein air (11%), la culture (9%) ou encore les Offices de tourisme (6%).
- Profil des répondants : 28% sont des employés, 18% des cadres, 14% des gérants et 29% des propriétaires.
En voici les principales caractéristiques :
- Type d’organisation : trois quarts des répondants appartiennent au secteur privé lucratif (dont 23% en entreprise individuelle), 9% au secteur associatif et 7% aux collectivités ou organismes publics.
- Secteur d’activité : le secteur des voyagistes représente une bonne part des répondants (26%), de même que l’hôtellerie classique ou de plein air (11%), la culture (9%) ou encore les Offices de tourisme (6%).
- Profil des répondants : 28% sont des employés, 18% des cadres, 14% des gérants et 29% des propriétaires.