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FUTUROSCOPIE - Amour et tourisme : esprit et pratiques libertines s'organisent 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Pour poursuivre notre sĂ©rie consacrĂ©e Ă  la bonne entente entre tourisme et Ă©bats amoureux, nous vous proposons un zoom sur les « Love hĂŽtels » appelĂ©s aussi « Love motels » ou « adult hotels ». RĂ©cents dans l’Hexagone, leur dĂ©veloppement est encore confidentiel. Une surprise pour un pays libertin comme le nĂŽtre mais sans doute plus puritain ou hypocrite qu’il n’y paraĂźt. Outre ces hĂŽtels, d’autres Ă©tablissements Ă©mergent et illustrent l’intemporalitĂ© des lieux dĂ©diĂ©s au corps et Ă  ses plaisirs



Rédigé par le Dimanche 13 Février 2022

Les « gĂźtes coquins » ont probablement d’autant plus de marges de progression en France qu’ils comblent une carence assez Ă©tonnante, celle des « Love hĂŽtels » - DR : DepositPhotos.com, Milkos
Les « gĂźtes coquins » ont probablement d’autant plus de marges de progression en France qu’ils comblent une carence assez Ă©tonnante, celle des « Love hĂŽtels » - DR : DepositPhotos.com, Milkos
RĂ©cemment, la start-up Kinkyee annonçait le lancement original (en France en tout cas), d’une plateforme proposant des hĂ©bergements Ă©rotiques, composĂ©s de mobiliers et accessoires destinĂ©s Ă  pimenter le sĂ©jour d’une catĂ©gorie de couples plutĂŽt Ă©moustillĂ©s par ce style d’univers et de pratiques.

Est-on encore dans le registre du romantisme ? En partie. Mais, pas seulement.

Ce concept qui devrait plaire Ă  Michel Houellebecq, dont nous avons Ă©voquĂ© rĂ©cemment le roman« Plateforme » entiĂšrement dĂ©diĂ© Ă  la crĂ©ation d’un village de vacances destinĂ© Ă  une cible bel et bien « coquine », s’inscrit dans deux registres : la pratique de l’amour charnel et la pratique transgressive, le tout dans un cadre propice Ă  la dĂ©tente.

Comme l’indique le communiquĂ© de presse, ces hĂ©bergements ne lĂ©sinent pas sur les accessoires dont voici le descriptif : « Croix de Saint-André, banc à fessées, Pilori, fauteuil tantra, shibari, cage, barre de pole dance, table de bondage, miroir au plafond, balançoire, barre d'écartement, accessoires érotiques... »<

Mieux, les crĂ©ateurs du concept (un couple vendĂ©en) insistent sur leur objectif, une vĂ©ritable profession de foi dans notre monde dĂ©primĂ©. « Notre objectif, Ă©crivent-ils, est de valoriser la sexualité, démystifier l’usage des Kinkyee House, promouvoir les connaissances personnelles pour exercer une sexualité pleine, saine et responsable.» Rien que ça !

Et tout le monde aura notĂ© l’utilisation du terme de « responsable » qui ne pouvait manquer Ă  l’appel d’une communication bien gĂ©rĂ©e, truffĂ©e de photos aguichantes.

Le succĂšs sera-t-il au rendez-vous ? Attendons. Mais, dĂšs l’ouverture, le site a enregistrĂ© quelque 6 000 visites.

« Love hÎtels » : un concept historique

HĂ©ritiers de la grande tradition des « Love hĂŽtels, les « gĂźtes coquins » ont probablement d’autant plus de marges de progression en France qu’ils comblent une carence assez Ă©tonnante, celle des « Love hĂŽtels ».

TrĂšs rĂ©pandus au BrĂ©sil (environ 5 000) et dĂ©sormais dans toute l’AmĂ©rique latine, les « Love hĂŽtels » ont encore plus d’anciennetĂ© en Asie.

En particulier en ThaĂŻlande oĂč ils seraient apparus dĂšs les annĂ©es trente. Guerres coloniales obligent.

Tandis qu’au Japon, on fait remonter leur antĂ©rioritĂ© au dix-septiĂšme siĂšcle. On la lie mĂȘme aux « maisons de thé » plutĂŽt destinĂ©es Ă  la prostitution. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

En tout cas, au pays du soleil levant, on évoque le chiffre effarant de 30 000 établissements et celui de 500 000 visites annuelles !

Les « Love hÎtels » ne sont pas destinés à la prostitution

Mais, attention, les « Love hÎtels » ne sont pas des hÎtels de passe tarifée. Ils sont destinés à des couples (hétérosexuels ou homosexuels) dont le propos est de passer quelques heures ensemble dans une ambiance propice au libertinage.

IllĂ©gitimes ou lĂ©gitimes, les couples ont des demandes diverses en matiĂšre de prestations : accessoires, spas, jacuzzi, repas, boissons
 Et, Ă  l’unanimitĂ©, les spĂ©cialistes du concept constatent que la clientĂšle recherche avant tout la discrĂ©tion.

La qualitĂ© suprĂȘme d’un « Love hĂŽtel » est bel et bien de garantir un cocon feutrĂ© fait d’anonymat et de confidentialitĂ©.

On y entre d’ailleurs parfois, soit par un parking soit par une porte dĂ©robĂ©e et tout est conçu Ă  l’intĂ©rieur de l’établissement pour Ă©viter de croiser d’autres clients.

On limite mĂȘme le contact avec les employĂ©s et on rĂšgle en espĂšces pour effacer les traces de son passage.

LouĂ©s Ă  l’heure, ces hĂŽtels ont une clientĂšle de fidĂšles qu’ils savent protĂ©ger de toute indiscrĂ©tion. Mais, la formule de « DayUse » est aujourd’hui une concurrente de taille. Elle permet Ă  tous les hĂŽtels d’exploiter une formule gagnante (voir encadrĂ©).

Les hÎtels « amour » restent discrets

EdifiĂ©s sur cette matrice culturelle, et alors qu’ils se multiplient un peu partout dans le monde, Ă  Paris, quelques Ă©tablissements d’un genre comparable se dĂ©veloppent. Mais, ils sont rarissimes.

Le seul « LoveHotel » se revendiquant comme tel, a ouvert ses portes il y a à peine dix ans, dans le quartier des Halles.

LouĂ©es Ă  l’heure ou Ă  la nuit, les 18 chambres qu’il propose affichent des thĂ©matiques enjĂŽleuses : « La dorĂ©e », « la dolce vita », « la pink lady » dont les tarifs dĂ©butent Ă  40 euros pour une heure ! Mais, on propose mĂȘme des cartes d’abonnement permettant des remises.

Quant Ă  l’hĂŽtel Amour et son frĂšre l’hĂŽtel grand Amour, ils ne jouent pas sur le mĂȘme concept.

TrĂšs stylĂ©s, raffinĂ©s, offrant des univers thĂ©matiques originaux, ils s’adressent Ă  une clientĂšle haut de gamme qu’ils convient aussi Ă  dĂźner dans un restaurant de qualitĂ©.

Les villages de vacances et autres camps de naturistes

Toujours au chapitre de l’hĂ©bergement, mais dans un style nettement plus agressif, la JamaĂŻque a connu un certain succĂšs avec le lancement de son village de vacances dĂ©diĂ© Ă  l’érotisme : Hedonism.

Avec 280 chambres, il propose un cadre agrĂ©able en bord de mer mais surtout « un paradis tout compris oĂč l’on peut transformer ses fantasmes en rĂ©alité ».

« Be Wicked for a Week » renchĂ©rit la formule. Mieux, cet Ă©tablissement se rĂ©clame aussi d’une certaine spiritualitĂ© en soulignant que « L’hĂ©donisme est un terrain de jeu pour adultes qui nourrit le corps, l’esprit et l’ñme ».

Encore mieux, il se prétend « un bac à sable pour votre enfant intérieur » !

Autant dire qu’il ratisse large. Et que lĂ  encore, toutes les obĂ©diences sexuelles sont bienvenues.

Mais, Ă©videmment, il ne s’agit lĂ  que d’adresses officielles annonçant la couleur. Bien d’autres lieux, notamment les camps naturistes ne se privent pas d’avoir une offre Ă©rotique.

Sur les nombreux sites internet dĂ©diĂ©s Ă  ce type de tourisme, on fait ainsi des dĂ©couvertes : Ă  Las Vegas, Rio, Cancun et mĂȘme au Cap d’Agde.

Se dĂ©couvrent ainsi des adresses Ă  cĂŽtĂ© desquelles les villages de vacances du Club MĂ©diterranĂ©e oĂč les « bronzĂ©s » allaient exercer leur charme semblent bien timides et dĂ©passĂ©s ! Autres temps, autres mƓurs ! Mais, le sea, sex and sun n’est pas mort.

Enfin, nous reviendrons probablement sur les Ă©volutions du marchĂ© des « lunes de miel » et autres festivitĂ©s permettant aux cƓurs de battre encore plus fort


A LIRE :

- Amour et Tourisme. L’Harmattan. 2013. Sous la direction de C. Origet du Cluzeau (dont « Comme une romance Ă  Paris » par J. Sicsic).

- Plateforme. Michel Houellebecq.

Le day-use se propage

Tout le monde connaĂźt dĂ©sormais cette pratique nĂ©e probablement au BrĂ©sil, permettant de louer pour quelques heures par jour, une chambre d’hĂŽtel non utilisĂ©e.

Certes, la formule convient aux hommes et femmes d’affaires et Ă  tout autre voyageur dĂ©sireux de se reposer en attendant un vol ou un train ou autre
 tandis que les co-workers et tĂ©lĂ©travailleurs en font bon usage.

Mais, bien évidemment, elle sert aussi aux couples plutÎt illégitimes qui ont en plus le choix de payer en espÚces afin de ne laisser de traces de leur forfaiture.

LancĂ©e en France, la plateforme « dayuse.fr » qui a levĂ© fin 2015, 15 millions d’euros a tout de suite trouvĂ© son public.

A tel point que des concurrentes se sont mises sur le crĂ©neau comme Minutup.com Mais c’est ByHours.com crĂ©Ă©e en 2012 en Espagne et qui compte 4 000 hĂŽtels sur 600 destinations dans 25 pays qui revendique le leadership.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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