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Face au « flygskam », comment les compagnies aériennes ripostent-elles ?

Vers « une fierté de prendre l’avion » ?


Pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre, le secteur aérien multiplie les efforts pour paraître moins polluant. Au cas par cas, les compagnies tentent par divers moyens de redorer leur blason écologique.


Rédigé par le Mardi 5 Novembre 2019

A Toulouse, le 27 septembre 2019, pour la réception du premier A350 d'Air France © PG TM
A Toulouse, le 27 septembre 2019, pour la réception du premier A350 d'Air France © PG TM
Pris entre écotaxe et flygskam (la honte de prendre l’avion en français), entre Greta Thunberg et les Gilets jaunes, difficile de dire que l’aérien n’a pas pris du plomb dans l'aile ces derniers mois.

Alors que le secteur compterait actuellement pour 3% des émissions mondiales de CO2, sa réputation aux yeux du grand public se détériore.

« Il s’agit d’une large tendance de fond écologique à laquelle nous devons faire face. Le transport aérien doit accélérer son évolution », résumait lors du dernier IFTM Top Resa Gérard Feldzer, ancien pilote d'Air France.

Mais comment concrètement font les transporteurs aériens mondiaux pour redorer leur blason écologique ?

En dehors du fameux plan Corsia visant à réduire de 50% les émissions de CO2 d’ici à 2050, les réponses sont nombreuses et les services de communication des compagnies rivalisent d’ingéniosité pour se donner une image plus verte.

Eco-pilotage et baisse de la consommation carburant

Quand Ryanair, l’un des 10 premiers pollueurs d’Europe depuis cette année, publie ses émissions de CO2 et ses investissements en matière environnementale, Finnair, une compagnie historiquement engagée dans une aviation éco-resposable, vient récemment de rejoindre l’Initiative nordique pour l’aviation électrique.

En la matière, les investissements et projets sont nombreux.

Volotea développe un projet d'avion hybride électrique d'une cinquantaine de sièges maximum qu'elle espère intégrer dans sa flotte avant 2030. L'appareil permettrait de réduire la consommation de 50%.

easyJet travaille aussi de son côté à un projet d'avion 100% électrique en partenariat avec la start-up Wright Electric.

En plus de ses investissements sur le développement du biofioul, KLM travaille sur son "flying V", un projet d'avion plus écologique dans lequel les passagers s'assoient dans les ailes.

En attendant que de vraies alternatives électriques voient le jour, bon nombre de transporteurs mondiaux renvoient aussi vers des plateformes du type greentripper.com permettant à leurs passagers de calculer et de compenser eux-mêmes leur empreinte CO2.

United vient aussi d'annoncer un investissement de 40 millions de dollars pour la "décarbonisation" du transport aérien mondial via le développement des biocarburants.

Les compagnies mettent aussi en avant leurs efforts en matière d’éco-pilotage. Ces derniers jours, Norwegian, qui se vante d’avoir réduit de 30% ses émissions depuis 2008, a par exemple annoncé la mise en place de SkyBreathe, un outil (français) d’analyse des opérations de vols et de réduction de la consommation de carburant, déjà utilisé par Air France.

Objectif affiché : réduire les émissions de 140 000 tonnes de CO2 par an.

Et chez Air France ?

En pleine opération séduction auprès du grand public sur le sujet, Air France a commencé par bannir les plastiques à usage unique de ses cabines.

Ensuite, la compagnie nationale a largement communiqué sur l’arrivée dans sa flotte d’avions de dernière génération plus économes dans leur consommation de carburant comme dans leurs émissions de CO2.

A savoir : une trentaine d’Airbus A350-900, dont le premier vient d’entrer en service sur les lignes long-courriers, et au moins une soixantaine d’A220 disposés sur les vols moyen-courriers dans les année à venir.

Lors de la présentation en grande pompe de son premier A350-900 à Toulouse, Anne Rigail et Benjamin Smith, à la tête de la compagnie tricolore, parlaient d’une seule voix d’avions modernes capables de « rendre les gens fiers de voler ».

Début octobre, sur l’IFTM Top Resa à Paris, Anne Rigail, la directrice générale, a aussi assuré qu’Air France allait compenser 100% des émissions de CO2 produites sur ses vols intérieurs.

Sur 350 routes, le CO2 émis va être compensé par des programmes de recherches et de financements sur les biocarburants et énergies renouvelables, par des fondations, par la protection de la biodiversité, par la plantation d’arbres…

Aller plus loin

« L’avion est la cible de virulentes critiques, et nous les avons pris en pleine face. Mais est-ce que le mouvement « flygskam » pèse aujourd’hui dans nos résultats ? C’est très difficile à dire », déclarait la dirigeante d’Air France sur le grand salon du secteur touristique début octobre.

« Nous voulons faire tous les efforts possibles vers un transport aérien durable. Cela passe par une collection d’actions que nous devons enrichir et sur laquelle nous devons mieux communiquer », avait-elle lancé.

Maintenant, il faut de l’avis général aller encore plus loin et redoubler les efforts du secteur. « Du temps des 747 et du Concorde, nous tournions autour de 10 litres de kérosène par 100 kilomètres et par passager.

Aujourd’hui on est en dessous de 3. Mais cela peut être encore beaucoup mieux que ça »
, conclut Gérard Feldzer. « C’est parce qu’il y a des initiatives locales, pays par pays et compagnies par compagnies, qu’il pourra y avoir une réponse mondiale ».

Des initiatives qui paraissent plus que jamais nécessaires, bien que le contexte soit toujours à une large hausse du trafic aérien au niveau national (+5,2% de passagers en plus en France sur le début d’année 2019) et mondial.

D’après une récente étude de Criteo, 6% des voyageurs mondiaux, majoritairement des jeunes, affirment déjà avoir annulé un voyage pour des raisons écologiques. Un chiffre qui monte même en France, deuxième pays mondial de ce que l’étude appelle les « green travellers », à 18%…

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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