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Faillite Cies, impayés BSP... comment résoudre la quadrature du cercle ?

la chronique de Jean-Louis Baroux, expert aérien


Comment garantir une protection financière de l'ensemble de la chaine des acteurs : compagnies aériennes, agences de voyages et clients ? Jean-Louis Baroux, expert aérien, et ancien président d'APG (Air Promotion Group) revient dans cette chronique sur les pistes pour éviter les impayés des agences aux compagnies aériennes, mais aussi sur la protection des agences et des clients en cas de faillite d'un transporteur.


Rédigé par Jean-Louis BAROUX le Dimanche 10 Mai 2015

Si on peut considérer tout à fait normale, la protection des compagnies contre les impayés, on doit en même temps faire que la réciproque soit vraie et que les compagnies protègent leurs clients et les intermédiaires contre les dépôts de bilan. Photo Fotolia alice_photo
Si on peut considérer tout à fait normale, la protection des compagnies contre les impayés, on doit en même temps faire que la réciproque soit vraie et que les compagnies protègent leurs clients et les intermédiaires contre les dépôts de bilan. Photo Fotolia alice_photo
Le sujet a toujours été brûlant entre les acteurs du transport aérien : je veux parler des compagnies aériennes et de leurs distributeurs naturels, les agents de voyages.

Les transporteurs ne supportent pas les impayés des agents de voyages qui détiennent il faut bien le dire, l’argent des clients lequel appartient en fait aux compagnies.

On peut imaginer alors leur frustration lorsque une agence fait défaut, d’autant plus qu’il est alors très souvent conséquent. Alors IATA a créé un premier outil efficace pour contrôler les flux financiers : c’est le BSP (Billing Settlement Plan).

Ce produit marche à la satisfaction générale et traite, dans le monde, plus de 300 milliards de dollars, le tout avec un niveau d’impayés très faible : de l’ordre de 0,3%.

Ce taux d’impayés est d’ailleurs variable d’un pays à l’autre et les Européens sont les mauvais élèves de la classe. Ces dernières années les gros sinistres sont venus de Grande Bretagne, de la France et de l’Espagne alors que le Japon, par exemple n’a jamais eu un seul impayé.

Bien entendu, les agences de voyages habilitées à utiliser ce produit sont soumises à des contrôles et à des règles de solvabilité. Et c’est bien normal.

Vers un paiement en direct ?

Mais la meilleure protection serait certainement d’accélérer les règlements aux compagnies aériennes.

En France il est actuellement mensuel, ce qui donne un certain volant de trésorerie aux agents de voyages, lesquels y sont très sensibles. Seulement ce n’est pas une situation très saine.

Cette facilité de paiement est d’ailleurs compensée par la nécessité de fournir une sérieuse preuve de solvabilité : capitaux propres, analyse des bilans et garanties bancaires.

Je ne serais pas surpris que ces procédures soient fortement modifiées dans les mois ou les années à venir sous l’effet des développements informatiques.

On peut parfaitement imaginer qu’un billet soit immédiatement payé à l’organisme gestionnaire du BSP, dès son émission, par prélèvement automatique.

Cela aurait un énorme avantage pour les compagnies aériennes et éliminant presque totalement le montant des impayés. Par contre les agents de voyages devraient y retrouver leur compte.

Pour cela, ils doivent retrouver une forme de rémunération de leur service autre que la perception des frais qu’ils sont amenés à faire sur leurs clients.

En clair, les compagnies aériennes devraient de nouveau rétribuer elles-mêmes leurs intermédiaires agréés en retrouvant le chemin du commissionnement. Ce serait plus sain pour tout de monde et cela remonterait à coup sûr le prix moyen du billet pour le bénéfice commun des compagnies et des agents de voyages.

Et pour le dépôt de bilan des compagnies aériennes ?

Seulement il y a un autre écueil et celui-ci vient des transporteurs. Si on peut considérer tout à fait normal, la protection des compagnies contre les impayés, on doit en même temps faire que la réciproque soit vraie et que les compagnies protègent leurs clients et les intermédiaires contre les dépôts de bilan.

Il est inadmissible que des transporteurs mettent la clef sous la porte en laissant les agents de voyages se débrouiller avec leurs clients. Il est donc urgent que les compagnies montent une protection collective contre les dépôts de bilans de tel ou tel transporteur.

Qui va payer pour cela ? Eh bien, ce sera le consommateur.

Mais après tout, il serait plus juste pour les clients de payer un ou deux dollars par transaction pour leur protection que d’être amenés à contribuer par des taxes à l’amélioration de la santé dans certains pays du monde. Il est logique et normal qu’une taxe ne soit pas détournée du bénéfice que doit en attendre le payeur.

Le transport aérien est revenu en croissance forte si on en croit les analyses du cabinet spécialisé ID Aero. Cela ne signifie pas que toutes les compagnies retrouvent la santé économique car on peut, hélas, imaginer que la course aux tarifs de plus en plus bas, va se poursuivre.

Il serait peut-être temps que IATA monte des Etats Généraux du transport aérien mondial en réunissant tous les acteurs : transporteurs, constructeurs, gestionnaires de l’espace aérien, aéroports et bien entendu agences de voyages dans un seul but : trouver les voies et moyens pour assurer la protection totale des passagers.

Est-ce forcément un vœu pieux ?

Faillite Cies, impayés BSP... comment résoudre la quadrature du cercle ?
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com..

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Commentaires

1.Posté par Karioun le 11/05/2015 14:52 | Alerter
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Monsieur Jean Louis Baroux, est de l'autre côté de la barrière est ne semble pas (ou ne veux pas) reconnaitre que le problème st beaucoup plus complexe.
Lorsqu'il dit que les agences détiennent l'argent du transporteur, il oublie de dire que (pour la plus grande partie du business) les agences avancent de l'argent pour les clients corporate.
Il semble aussi oublier que (souvent) les réservations sont faites bien avant que le voyageur ne parte en voyage et que les titres de transport sont payés avant que le voyage ne soit entrepris ce qui veux dire que cet argent remis aux compagnies aériennes ne leur appartient pas encore (le service n'étant pas encore rendu).
Monsieur Baroux dit :
"Par contre les agents de voyages devraient y retrouver leur compte.
Pour cela, ils doivent retrouver une forme de rémunération de leur service autre que la perception des frais qu’ils sont amenés à faire sur leurs clients".
Et là "j'aime" bien et il faut apprécier "ils doivent retrouver".
Bien sûr je ne veux pas polémiquer sur un point de vue, et surtout en ce qui concerne le BSP que j'avais qualifié il y a très longtemps d'un système mis en place par les compagnies et pour les compagnies et qui n'est en rien juste pour les agences de voyages.
Avant l'introduction du BSP, il y avait une relation directe avec chaque compagnie aérienne, et une relation de client à fournisseur et où tout un chacun se retrouvait dans une relation commerciale saine, mais cela est du passé et il ne faut (surtout) pas en discuter.
Enfin quant à dire qu'il faudrait que l'IATA fasse des États généraux pour...cela devrait être pris dans le cadre de la CONCAF, et nous tous savons ce que c'est.
La quadrature du cercle ne peut être résolu que si les (très) grandes compagnies aériennes le veulent bien, mais cela .....

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