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Futuroscopie - Tourisme : quels sont les signaux forts à observer ? 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


C’est dans le présent que se lit et se devine le futur. La cause est entendue. Mieux vaut donc être vigilant, capter et analyser les innombrables changements faisant l’actualité pour être en avance sur les jours à venir. Cette année n’a pas échappé à la règle. Pour avoir un petit goût de ce que sera demain nous avons moissonné quelques signaux faibles et forts… Loin d’être exhaustive, la liste est cependant significative…


Rédigé par le Vendredi 20 Septembre 2024

Le retour des frontières : un mauvais présage

Quels sont les tendances et signaux forts à observer avec attention ? Depositphotos.com Auteur shpakdm
Quels sont les tendances et signaux forts à observer avec attention ? Depositphotos.com Auteur shpakdm
L’une des nouvelles les plus alarmantes provient du retour des frontières en Europe. Entre la France et l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-bas, la Belgique et le Danemark, les contrôles vont être renforcés pendant six mois à partir du 16 septembre.

Entre France et Royaume-Uni (ainsi que 83 pays), il conviendra également d’obtenir une autorisation de voyage électronique. Lequel coûtera environ 12 euros. Les Européens pourront en faire la demande à partir du 5 mars 2025 et l’utiliser à partir du 2 avril.

Certes, quelques destinations au contraire, réduisent les formalités. Mais, ce retour en arrière n’est guère prometteur. Les belles années d’après-guerre battent de l’aile. L’Europe entraînée dans la tourmente du terrorisme et de l’immigration illégale ainsi que dans celle de la montée des partis d’ultra droite est en train de se refermer. Pour le meilleur et le pire. Car bien que temporaires, ces mesures marquent une régression que la poursuite de la guerre en Ukraine ne peut nous faire oublier. Au contraire.


Train : grandeurs et misères, la partie n’est pas encore gagnée

En cette Semaine de la mobilité, impossible de faire l’impasse sur le rail. Mais, celui-ci n’affiche pas que des succès. Son gros échec provient surtout du Pass-Rail dont les objectifs étaient de séduire 700 000 jeunes et qui n’a finalement été acheté que par moins de 300 000 d’entre eux ! Pourquoi ?

Trop cher pour de petites bourses, trop limité aux trains régionaux et non pas aux TGV qui permettraient aux jeunes d’accélérer leurs déplacements. Certes, son ouverture aux jeunes étrangers était une bonne initiative, mais insuffisante par rapport aux avantages d’un pass comme Interrail qui permet de visiter 33 pays.

Quant aux trains de nuit, ils n’affichent pas une grande réussite non plus : 14 heures de train entre Paris et Vienne, c’est beaucoup !

Enfin, que dire de la limitation de bagages à deux valises avec amende de 50 euros à la clé pour les réfractaires ? Elle n’est pas vue d’un bon œil.

Mais, tiens… une agence spécialisée sur les voyages en train vient de se créer. On programme également des éductours en train et des journalistes sont invités à choisir le rail pour leurs voyages de presse. Contradiction, contradiction… !

Avion en illimité ou en limité : all you can fly

Du côté du ciel, alors que quelques-uns de nos confrères considèrent que le mouvement intitulé « la honte de voler » est en train de battre de l’aile et que les voyageurs reprennent sans scrupules le chemin des aéroports, force est de constater qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Non seulement, les autorités internationales prévoient un volume de près de 5 milliards de passagers aériens en fin d’année, mais on en prévoit un doublement pour 2050 !

… Pour preuve de l’incohérence dans laquelle se fait la transition écologique, une compagnie comme Wizz Air est en train de mettre en place un système de vols illimités pour 600 euros par an, sur les quelque 780 lignes qu’elle propose. Une nouvelle très commentée et contestée démontrant que le prix rien que le prix s’oppose à tout progrès sur le plan écologique.

Le monde arabe persévère dans la démesure mais s’ouvre aux femmes

Alors qu’Europe, Amériques, Asie cherchent à conserver leurs clientèles et à en prospecter de nouvelles, les destinations moyen orientales, sont résolument passées à l’offensive. En tête, l’Arabie Saoudite qui, on le sait, cible les 100 millions de visiteurs et s’est lancée dans des projets fastueux comme celui de Neom (la nouvelle ville entièrement écologique sur la mer Rouge qui pourrait même offrir des pistes de ski).

Celle-ci multiplie aussi les projets de tours dont l’une devrait atteindre 2000 mètres. Une extravagance de plus dans des pays qui ne conçoivent le tourisme que dans la démesure et les gestes architecturaux capables de se transformer en icônes afin de faire leur promotion.

De son côté Dubaï vient de confirmer un projet de construction du deuxième plus haut gratte-ciel au monde derrière Burj Khalifa haute de 828 mètres. Nommée Burj Azizi, cette nouvelle venue devrait atteindre 725 mètres et 131 étages. Elle est prévue en 2028.

Mais, derrière tout cela, se profile aussi une libéralisation de la situation féminine, indispensable au développement touristique de ces destinations. Et cela constitue un bon point capable au moins momentanément de compenser les mauvais points.

Un autre tourisme se développe dans les éco-lieux

A l’inverse, une autre histoire des évolutions sociétales nous est racontée par des informations beaucoup plus discrètes, celles concernant l’ouverture de nouveaux éco-lieux. De quoi s’agit-il ? Nous avons déjà signalé le phénomène qui consiste à créer des communautés dans des hameaux ou anciens villages ou anciennes propriétés agricoles… ayant choisi de proposer une vie « différente » à des urbains déphasés, candidats à un monde meilleur.

Dans le seul département du Var où le prix de l’immobilier atteint des prix pourtant astronomiques, on en compte trois dont le dernier venu : le hameau de Montrieux ne compte pas moins de 26 chambres d’hôtel, une guinguette, des salles de jeu et réception, un potager, de grands arbres et surtout une source. Destiné à des couples ou des familles, ce lieu a aussi une vocation sociale et solidaire. Allez faire un tour sur le site pour vous convaincre que la tendance est réelle et de plus en plus compétitive.

Taxes et quotas : de vieilles stratégies recyclées

Bien entendu, on ne pourra éviter le sujet qui fâche : le « surtourisme » qui a déployé ses nuisances sur tous les médias du monde, à défaut de les déployer vraiment sur toutes les destinations régulièrement citées par nos confrères.

Mais, on ne pourra pas non plus éviter de noter que de plus en plus de mesures visant à combattre le fléau font aussi les unes. Ainsi, les autorités touristiques du Mont Fuji au Japon sont fières d’annoncer que, depuis ce printemps, la mise en place d’une taxe de 12 euros et d’un quota de 4 000 randonneurs a permis de réduire à 178 000 randonneurs la fréquentation estivale contre 205 000 l’an dernier à la même époque.

En Italie, on songe à augmenter cette taxe, provoquant un tollé parmi les hôteliers. A Venise, on ne s’est pas privé de taxer de 5 euros les visiteurs de la Sérénissime voulant entrer dans le centre-ville. Sans pour autant réduire les flux.

En Espagne, au Portugal, à Amsterdam, en Grèce … de nombreuses communes touristiques se mettent également à augmenter ou imposer cet impôt dont les origines remontent à 1910 en France.
Perçu par les communes et stations, cet impôt avait et a toujours pour vocation de créer une cagnotte permettant aux collectivités de mieux gérer les dépenses liées à des suppléments de populations ( animations, parkings, ordures ménagères, sécurité…)

Grèce : du city-break 4 saisons

Enfin, un petit mot sur la Grèce. Ayant battu des records d’affluence, la destination devient de plus en plus vorace en matière de conquêtes de nouveaux marchés. Heureusement, malgré des erreurs stratégiques, va-t-elle dans le bon sens en programmant un allongement de la saison estivale et printanière, sur toute l’année. Où ?

Après Athènes qui est bel et bien en train de devenir un city-break toutes saisons, c’est Héraklion qui va s’ouvrir à un tourisme à l’année. Ce qui en fera une destination hautement compétitive avec sa culture, sa nourriture réputée diététique, et son soleil. Mais qui dit « citybreak » dit aérien et émissions de CO2 !

Marché chinois et marché indien : avantage à l’Inde

Les compagnies indiennes : IndiGo Airlines et Air India ont commandé respectivement 500 et 470 nouveaux avions l'année dernière. Soit les deux plus grosses commandes de l'histoire de l'aviation, analyse le Financial Times.

À l'étranger, Air Canada envisage d'ajouter 40 % de sièges pour le marché indien à partir d'octobre 2024. De plus en plus nombreuse à voyager hors frontières, la classe moyenne indienne va vers les Emirats arabes unis qui sont proches et comptent une énorme diaspora indienne.

L’Arabie saoudite est également plébiscitée. Tout comme la Thaïlande ou le Vietnam. Tandis que la France devrait enregistrer quelque 500 000 arrivées. Pendant ce temps, les Chinois n’ont pas encore vraiment pris le chemin du retour. Heureusement ! Car deux marchés de plus d’un milliard d’habitants chacun sur une même destination, voilà qui promet du tourisme encore plus saturé donc une anticipation !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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Tags : futuroscopie
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