S. Bigogne : "Les guides-conférenciers sont le principal vecteur de présentation et de diffusion des connaissances du patrimoine historique et culturel de la France, et par-là de sa préservation". ici, le Château de Versailles - DR : Depositphotos.com, bloodua
TourMaG.com - Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a fait des annonces concernant les guides-conférenciers indépendants. Pourquoi jugez-vous ces mesures insuffisantes ?
Sophie Bigogne : Pour compenser les pertes des indépendants liées à la crise du coronavirus, le gouvernement a présenté une aide de 1 500 € qui va être financée par un fonds de solidarité (financé par l’État et les Régions, ndlr).
Les guides-conférenciers sont présentés par Jean-Baptiste Lemoyne uniquement comme des indépendants. Or, la réalité est bien plus complexe.
Nombreux sont ceux qui travaillent en contrats à la mission pour de multiples employeurs.
D'autres cumulent les deux statuts : salarié et auto-entrepreneur. Et ces derniers ne rentrent pas dans les cases pour bénéficier des aides de l'Etat.
C'est pourquoi, lorsque le Secrétaire d'Etat parle des indépendants, cela nous gêne.
Sophie Bigogne : Pour compenser les pertes des indépendants liées à la crise du coronavirus, le gouvernement a présenté une aide de 1 500 € qui va être financée par un fonds de solidarité (financé par l’État et les Régions, ndlr).
Les guides-conférenciers sont présentés par Jean-Baptiste Lemoyne uniquement comme des indépendants. Or, la réalité est bien plus complexe.
Nombreux sont ceux qui travaillent en contrats à la mission pour de multiples employeurs.
D'autres cumulent les deux statuts : salarié et auto-entrepreneur. Et ces derniers ne rentrent pas dans les cases pour bénéficier des aides de l'Etat.
C'est pourquoi, lorsque le Secrétaire d'Etat parle des indépendants, cela nous gêne.
"Nous demandons à récupérer notre statut d'intermittent"
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L'incertitude est accentuée par la mise en place de la taxation des CDDU (CDD d'usage) : les employeurs devront payer 10€ par mission de guide. Un coût supplémentaire alors que le tourisme est à l'arrêt.
Alors oui, certains sont effectivement auto-entrepreneurs ou travaillent en micro-entreprise, parfois contraints de prendre ce statut par ceux qui les font travailler. Ils seront aidés, c'est positif, mais cela n'est pas suffisant. La réalité n'est pas linéaire pour l'ensemble des guides-conférenciers.
Différents statuts cohabitent qui ne correspondent pas aux aides présentées par le gouvernement.
TourMaG.com - Que demandez-vous ?
Sophie Bigogne : Nous souhaitons que le gouvernement prenne conscience de la complexité de notre profession.
Nous demandons à récupérer notre statut d'intermittent, car c'est ce que nous sommes, des intermittents avec multi-employeurs.
Ce statut nous permet d'exister auprès de Pôle Emploi. Avec la nouvelle réforme, dont la première partie a été mise en place le 1er novembre 2019, nous sommes les dindons de la farce.
Toute la question est de savoir si l'Etat veut garder des guides-conférenciers formés ou juste des étudiants engagés par des entreprises non domiciliées en France et qui n'ont aucun salarié sur le sol français.
Certaines de ces sociétés sont basées en Irlande et même le directeur général en France est auto-entrepreneur...
Alors oui, certains sont effectivement auto-entrepreneurs ou travaillent en micro-entreprise, parfois contraints de prendre ce statut par ceux qui les font travailler. Ils seront aidés, c'est positif, mais cela n'est pas suffisant. La réalité n'est pas linéaire pour l'ensemble des guides-conférenciers.
Différents statuts cohabitent qui ne correspondent pas aux aides présentées par le gouvernement.
TourMaG.com - Que demandez-vous ?
Sophie Bigogne : Nous souhaitons que le gouvernement prenne conscience de la complexité de notre profession.
Nous demandons à récupérer notre statut d'intermittent, car c'est ce que nous sommes, des intermittents avec multi-employeurs.
Ce statut nous permet d'exister auprès de Pôle Emploi. Avec la nouvelle réforme, dont la première partie a été mise en place le 1er novembre 2019, nous sommes les dindons de la farce.
Toute la question est de savoir si l'Etat veut garder des guides-conférenciers formés ou juste des étudiants engagés par des entreprises non domiciliées en France et qui n'ont aucun salarié sur le sol français.
Certaines de ces sociétés sont basées en Irlande et même le directeur général en France est auto-entrepreneur...
"Nous sommes aussi en quelque sorte l'image de la France"
TourMaG.com - Vous êtes confrontés à une concurrence déloyale...
Sophie Bigogne : Nous avons suivi certaines visites organisées par ces entreprises et je peux vous dire que nous avons été effarés des discours. Mais ce n'est pas le seul problème. Ces entreprises ne font visiter que la Tour Eiffel, le Louvre ou Versailles.
Dans un contexte de sur-tourisme, ce n'est pas comme cela que nous allons convaincre les visiteurs de découvrir d'autres lieux ou d'autres régions.
Il ne faut pas croire que les guides-conférenciers n'accompagnent que des groupes dans des musées. Personnellement, 70% de mon activité se déroule dans des villes ou en circuits et pas qu'à Paris.
Les guides-conférenciers peuvent aller du jour au lendemain en province, à Bordeaux, en Bretagne ou en Provence. Nous ne faisons pas juste le Louvre. Il est temps de revenir à un tourisme local et équitable.
La bonne préservation du patrimoine passe par une bonne présentation, comme le disent toutes les Chartes de I'UNESCO dont la France est signataire.
Nous savons placer nos groupes dans les rues pour qu'ils ne gênent pas les piétons ou les riverains. Nos groupes respectent le patrimoine car nous leur expliquons.
A Versailles par exemple, nous leurs parlons aussi de Vaux-le-Vicomte ou du château de Fontainebleau, autant de sites tout aussi intéressants à découvrir. Nous faisons en sorte qu'ils puissent découvrir d'autres lieux.
Les guides-conférenciers sont le principal vecteur de présentation et de diffusion des connaissances du patrimoine historique et culturel de la France et par-là de sa préservation.
Nous sommes aussi en quelque sorte l'image de la France. Est-ce que l'Etat souhaite réellement perdre tout cela ?
Sophie Bigogne : Nous avons suivi certaines visites organisées par ces entreprises et je peux vous dire que nous avons été effarés des discours. Mais ce n'est pas le seul problème. Ces entreprises ne font visiter que la Tour Eiffel, le Louvre ou Versailles.
Dans un contexte de sur-tourisme, ce n'est pas comme cela que nous allons convaincre les visiteurs de découvrir d'autres lieux ou d'autres régions.
Il ne faut pas croire que les guides-conférenciers n'accompagnent que des groupes dans des musées. Personnellement, 70% de mon activité se déroule dans des villes ou en circuits et pas qu'à Paris.
Les guides-conférenciers peuvent aller du jour au lendemain en province, à Bordeaux, en Bretagne ou en Provence. Nous ne faisons pas juste le Louvre. Il est temps de revenir à un tourisme local et équitable.
La bonne préservation du patrimoine passe par une bonne présentation, comme le disent toutes les Chartes de I'UNESCO dont la France est signataire.
Nous savons placer nos groupes dans les rues pour qu'ils ne gênent pas les piétons ou les riverains. Nos groupes respectent le patrimoine car nous leur expliquons.
A Versailles par exemple, nous leurs parlons aussi de Vaux-le-Vicomte ou du château de Fontainebleau, autant de sites tout aussi intéressants à découvrir. Nous faisons en sorte qu'ils puissent découvrir d'autres lieux.
Les guides-conférenciers sont le principal vecteur de présentation et de diffusion des connaissances du patrimoine historique et culturel de la France et par-là de sa préservation.
Nous sommes aussi en quelque sorte l'image de la France. Est-ce que l'Etat souhaite réellement perdre tout cela ?
"Plus de 15 jours avant l'annonce du confinement, nous n'avions déjà plus de travail"
TourMaG.com - Vous sentez-vous oubliés par les pouvoirs publics ?
Sophie Bigogne : Notre profession est souvent oubliée effectivement, car elle est dispersée et nous sommes peu nombreux.
Nous sommes impactés de plein fouet par cette crise comme bon nombre d'acteurs. Il faut savoir que nous avons été les premiers à être affectés.
Plus de 15 jours avant l'annonce du confinement, nous n'avions déjà plus de travail. Et nous serons les derniers à en sortir.
Il n'y aura pas de touristes en France cette année. Et je vois mal les Français qui voyageront en France cette année venir dans les grandes villes. Ils préféreront aller voir leurs proches ou aller à la mer.
Pour le tourisme, ce sera une année blanche. C'est très inquiétant. Nous comprenons qu'actuellement, il y a d'autres priorités, mais il faut que l'on survive jusqu'en avril 2021 !
Certains d'entre nous sont en train de renoncer et cherchent déjà un autre travail, car ils ne toucheront pas de salaire compte tenu de leur statut.
Sophie Bigogne : Notre profession est souvent oubliée effectivement, car elle est dispersée et nous sommes peu nombreux.
Nous sommes impactés de plein fouet par cette crise comme bon nombre d'acteurs. Il faut savoir que nous avons été les premiers à être affectés.
Plus de 15 jours avant l'annonce du confinement, nous n'avions déjà plus de travail. Et nous serons les derniers à en sortir.
Il n'y aura pas de touristes en France cette année. Et je vois mal les Français qui voyageront en France cette année venir dans les grandes villes. Ils préféreront aller voir leurs proches ou aller à la mer.
Pour le tourisme, ce sera une année blanche. C'est très inquiétant. Nous comprenons qu'actuellement, il y a d'autres priorités, mais il faut que l'on survive jusqu'en avril 2021 !
Certains d'entre nous sont en train de renoncer et cherchent déjà un autre travail, car ils ne toucheront pas de salaire compte tenu de leur statut.