L’année 2020 s’annonce compliquée. Le Coronavirus ne va rien arranger en particulier sur les résultats du réseau long-courrier. Anne Rigail et Benjamin Smith ont du pain sur la planche... - DR : Air France
Les résultats d’Air France/KLM pour l’exercice 2019 sont tombés (LIRE). Ils ne sont pas vraiment brillants.
Le redressement des comptes se fait attendre alors que la paix sociale semble bien s’être installée. Sauf chez HOP.
Décidément, le groupe joue de malchance avec cette société ou plutôt cet assemblage de compagnies.
Rappelons que la création de ce regroupement a été effectif le 31 mars 2013 avec un objectif de retour à l’équilibre des compagnies ainsi réunies : Brit’Air, Régional et plus tard Airlinair, en 2015.
En fait, seule Airlinair, la plus petite, avait atteint l’équilibre, certes fragile, mais pourtant bien réel. Alors est venue l’idée de regrouper tout ce beau monde en pensant réaliser de sérieuses économies par une harmonisation des exploitations, une centralisation de la commercialisation et un regroupement des services centraux.
Le redressement des comptes se fait attendre alors que la paix sociale semble bien s’être installée. Sauf chez HOP.
Décidément, le groupe joue de malchance avec cette société ou plutôt cet assemblage de compagnies.
Rappelons que la création de ce regroupement a été effectif le 31 mars 2013 avec un objectif de retour à l’équilibre des compagnies ainsi réunies : Brit’Air, Régional et plus tard Airlinair, en 2015.
En fait, seule Airlinair, la plus petite, avait atteint l’équilibre, certes fragile, mais pourtant bien réel. Alors est venue l’idée de regrouper tout ce beau monde en pensant réaliser de sérieuses économies par une harmonisation des exploitations, une centralisation de la commercialisation et un regroupement des services centraux.
HOP ne trouve toujours pas son équilibre financier
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Seulement cela n’a pas marché. Car dès le début, les dirigeants n’ont pas voulu s’affronter au vrai problème : l’unification des statuts, si possible en évitant d’aligner tous les salariés sur la marche la plus élevée.
Cela aurait sans doute entraîné un sérieux conflit social, mais à vouloir l’éviter à tout prix, la nouvelle entité est devenue quasiment ingouvernable.
En fait chaque salarié a gardé les avantages de sa société d’origine et l’intégration n’a jamais été réalisée.
Dès lors, il n’est pas étonnant que 7 ans après sa création, elle ne trouve toujours pas son équilibre financier.
Non seulement cela, mais les pilotes réclament un regroupement avec ceux de la maison-mère, ce qui signifie accéder aux mêmes règles de séniorité.
Or c’est farouchement refusé par les syndicats d’Air France qui craignent que des pilotes plus anciens de HOP ne prennent la place dévolue à ceux de la société-mère.
Non seulement l’équilibre des comptes n’est pas en vue, alors qu’il devait être atteint en 2015, c’est-à-dire il y a cinq ans, mais la filiale domestique du groupe menace de recréer de nouvelles difficultés sociales chez Air France alors que l’apaisement a été si difficile à obtenir.
Pire même, la filiale domestique n’a pas été capable de garder sa part de marché sur son territoire naturel. Celle-ci se fait grignoter avec grande constance par easyJet, Volotea et Ryanair.
Cela aurait sans doute entraîné un sérieux conflit social, mais à vouloir l’éviter à tout prix, la nouvelle entité est devenue quasiment ingouvernable.
En fait chaque salarié a gardé les avantages de sa société d’origine et l’intégration n’a jamais été réalisée.
Dès lors, il n’est pas étonnant que 7 ans après sa création, elle ne trouve toujours pas son équilibre financier.
Non seulement cela, mais les pilotes réclament un regroupement avec ceux de la maison-mère, ce qui signifie accéder aux mêmes règles de séniorité.
Or c’est farouchement refusé par les syndicats d’Air France qui craignent que des pilotes plus anciens de HOP ne prennent la place dévolue à ceux de la société-mère.
Non seulement l’équilibre des comptes n’est pas en vue, alors qu’il devait être atteint en 2015, c’est-à-dire il y a cinq ans, mais la filiale domestique du groupe menace de recréer de nouvelles difficultés sociales chez Air France alors que l’apaisement a été si difficile à obtenir.
Pire même, la filiale domestique n’a pas été capable de garder sa part de marché sur son territoire naturel. Celle-ci se fait grignoter avec grande constance par easyJet, Volotea et Ryanair.
Comment faire pour tout reconstruire ?
Ce n’est pas étonnant, les transporteurs étrangers gagnent de l’argent là où HOP en perd.
Cela s’explique aisément : si l’on divise tout simplement le chiffre d’affaires par le nombre de salariés, chaque personne de HOP réalise un chiffre d’affaires moyen de 285 000 € par an, alors que son homologue d’easyJet en fait 591 000 €. C’est deux fois plus.
Comment faire pour tout reconstruire ? Voilà bien l’exercice le plus difficile qui soit.
D'un côté, Air France ne peut pas se permettre de se faire tout simplement éjecter du marché domestique français, mais dans le même temps la compagnie nationale ne peut continuer à voir ses comptes plombés de l’ordre de 100 millions d’euros par an avec l’organisation actuelle.
Benjamin Smith a bien annoncé une simplification du groupe et la disparition des marques « annexes » à l’exception de Transavia qui arrive à tirer son épingle du jeu, mais comment faire pour rationaliser le pôle domestique ?
Les appareils sont disparates et peu adaptés : en dehors des Airbus de la série 320 utilisés sur les très gros axes, les avions utilisés sont de petite capacité et répartis entre deux constructeurs : Embraer avec 3 types de machines et Bombardier avec 2 types.
Le tout en face des A320 d’EasyJet, et de Volotea et les Boeing 737 de Ryanair. Difficile de garder son marché dans ces conditions.
Cela s’explique aisément : si l’on divise tout simplement le chiffre d’affaires par le nombre de salariés, chaque personne de HOP réalise un chiffre d’affaires moyen de 285 000 € par an, alors que son homologue d’easyJet en fait 591 000 €. C’est deux fois plus.
Comment faire pour tout reconstruire ? Voilà bien l’exercice le plus difficile qui soit.
D'un côté, Air France ne peut pas se permettre de se faire tout simplement éjecter du marché domestique français, mais dans le même temps la compagnie nationale ne peut continuer à voir ses comptes plombés de l’ordre de 100 millions d’euros par an avec l’organisation actuelle.
Benjamin Smith a bien annoncé une simplification du groupe et la disparition des marques « annexes » à l’exception de Transavia qui arrive à tirer son épingle du jeu, mais comment faire pour rationaliser le pôle domestique ?
Les appareils sont disparates et peu adaptés : en dehors des Airbus de la série 320 utilisés sur les très gros axes, les avions utilisés sont de petite capacité et répartis entre deux constructeurs : Embraer avec 3 types de machines et Bombardier avec 2 types.
Le tout en face des A320 d’EasyJet, et de Volotea et les Boeing 737 de Ryanair. Difficile de garder son marché dans ces conditions.
Une position dominante à Orly
Il reste néanmoins un atout à Air France, c’est sa position dominante à Orly qu’elle défend farouchement et on la comprend.
Tant que la plateforme parisienne sera bloquée à 250 000 mouvements, soi-disant pour protéger les populations riveraines alors qu’il s’agit d’un vrai enfumage, la compagnie nationale jouira d’un avantage considérable.
Mais il faudra bien pourtant s’affronter à la réunification du pôle domestique dans l’ensemble du groupe. Les intentions de la direction sont claires. La mise en œuvre sera terriblement délicate.
Déjà des premiers craquements se font sentir. Les préavis de grève se succèdent chez HOP. Il faut espérer qu’ils ne feront pas tache d’huile chez Air France.
L’année 2020 s’annonce compliquée. Le Coronavirus ne va rien arranger en particulier sur les résultats du réseau long-courrier. Anne Rigail et Benjamin Smith ont du pain sur la planche, ils auront besoin de tout leur talent et de leur force de conviction. Faisons leur confiance.
Tant que la plateforme parisienne sera bloquée à 250 000 mouvements, soi-disant pour protéger les populations riveraines alors qu’il s’agit d’un vrai enfumage, la compagnie nationale jouira d’un avantage considérable.
Mais il faudra bien pourtant s’affronter à la réunification du pôle domestique dans l’ensemble du groupe. Les intentions de la direction sont claires. La mise en œuvre sera terriblement délicate.
Déjà des premiers craquements se font sentir. Les préavis de grève se succèdent chez HOP. Il faut espérer qu’ils ne feront pas tache d’huile chez Air France.
L’année 2020 s’annonce compliquée. Le Coronavirus ne va rien arranger en particulier sur les résultats du réseau long-courrier. Anne Rigail et Benjamin Smith ont du pain sur la planche, ils auront besoin de tout leur talent et de leur force de conviction. Faisons leur confiance.
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.