TourMaG.com - Quel est l'historique d'Ecotours ?
H. R. : « Je suis né à Panama. La création d'Ecotours est une affaire de cœur avant tout. Nous avions envie d'aider les gens de là-bas, qui sont des gens charmants, très accueillants, et de sauver des lieux, des sites qui sont magnifiques.
Il y a une dizaine d'années quand nous avons commencé, le développement du tourisme se faisait déjà à travers du tourisme de masse, voulu par les gouvernements. Proposer une alternative nous a paru naturel.
Dans les années 80, j'ai travaillé avec les brigades de Solidarité qui ont donné des coups de main là-bas pendant le blocus économique qui a réellement fait disparaître toutes les ressources en quelques semaines. Nous avons aidé notamment aux récoltes du café, de la canne. C'était la guerre et les hommes étaient sous les armes et non aux champs.
C'est cette présence qui a marqué nos débuts, parce qu'il y a eu des échanges très intéressants entre nous les étrangers, plutôt militants, et les locaux. Les rencontres étaient très riches, avec des ouvriers, des intellectuels, des paysans. J'en ai tiré la certitude que la rencontre entre les peuples rapproche beaucoup les individus, et que les liens créés sont très très forts.
Je suis rentré pour créer en France un support magazine spécialisé sur l'Amérique Centrale, avec l'aide de Cortazar, de Garcia Marquez. Mais nous n'avons pas pu réunir les fonds. Et de là, je me suis orienté peu à peu vers le partage de mes expériences de voyages. »
T.M.com - La volonté écologique était inscrite dès le début dans le nom de votre association ?
H. R. : « Oui, absolument. Au début, les gens m'écoutaient, avaient l'air intéressés, mais ça s'arrêtait là. Il y avait des craintes de la guerre, une ignorance de l'Amérique latine, et des raccourcis genre tremblements de terre, guerre, trafic, coups d'état, etc. Même aujourd'hui sur les salons, des gens me posent encore la question du danger.
L’avantage est que cette mauvaise réputation a sauvegardé ces régions des grandes structures et que les lieux sont encore vierges. Au Panama, par exemple, rien n'a été fait depuis un siècle. À une heure de la capitale, vous êtes en pleine Amazonie.
Au Nicaragua, aucune route ne relie encore les deux côtes. Le Costa Rica est le pays qui a commencé, il y a une trentaine d'années, à envisager un tourisme respectueux de l'environnement. Ils ont créé des parcs, des réserves protégées, et aujourd'hui ils sont donnés en exemple. »
T.M.com - Comment vous êtes-vous fédérés entre vous ?
H. R. : « En 1998, le secrétariat d’État au Tourisme, après la conférence de Johannesburg, a cherché où étaient les acteurs du développement durable dans le tourisme français. Il n'y avait pas encore de TO sur le créneau, juste nos petites associations de niches. Elle a donc demandé à l'UNAT, l’union des associations de tourisme, de formaliser un réseau avec ses membres travaillant dans cette mouvance.
Nous étions au départ une quinzaine, avec même quelques petits TO comme Atalante, retiré depuis. Aujourd'hui, le cercle grossit parce que le marché est porteur. La plupart d'entre nous, les fondateurs, avons créé nos associations à partir d'affaires de cœur. Pour les nouveaux, on ressent parfois la création des structures à l'inverse. Comme c'est un marché porteur, on cherche des niches sur le terrain. »
T.M.com - Vous représentez quelle frange de la clientèle touristique en France ?
H. R. : i[« Une étude de l'UNAT, commandée par le ministère de Affaires étrangères, annonçait en 2003 le chiffre de 10 000 voyageurs susceptibles d'acheter ce genre de produits. Mais nous les estimons à 100 000, parce que le mouvement, porté par la démarche « commerce équitable », avance vite. Le voyage, c'est aussi du commerce. Les gens choisissent de plus en plus de faire un acte citoyen.
H. R. : « Je suis né à Panama. La création d'Ecotours est une affaire de cœur avant tout. Nous avions envie d'aider les gens de là-bas, qui sont des gens charmants, très accueillants, et de sauver des lieux, des sites qui sont magnifiques.
Il y a une dizaine d'années quand nous avons commencé, le développement du tourisme se faisait déjà à travers du tourisme de masse, voulu par les gouvernements. Proposer une alternative nous a paru naturel.
Dans les années 80, j'ai travaillé avec les brigades de Solidarité qui ont donné des coups de main là-bas pendant le blocus économique qui a réellement fait disparaître toutes les ressources en quelques semaines. Nous avons aidé notamment aux récoltes du café, de la canne. C'était la guerre et les hommes étaient sous les armes et non aux champs.
C'est cette présence qui a marqué nos débuts, parce qu'il y a eu des échanges très intéressants entre nous les étrangers, plutôt militants, et les locaux. Les rencontres étaient très riches, avec des ouvriers, des intellectuels, des paysans. J'en ai tiré la certitude que la rencontre entre les peuples rapproche beaucoup les individus, et que les liens créés sont très très forts.
Je suis rentré pour créer en France un support magazine spécialisé sur l'Amérique Centrale, avec l'aide de Cortazar, de Garcia Marquez. Mais nous n'avons pas pu réunir les fonds. Et de là, je me suis orienté peu à peu vers le partage de mes expériences de voyages. »
T.M.com - La volonté écologique était inscrite dès le début dans le nom de votre association ?
H. R. : « Oui, absolument. Au début, les gens m'écoutaient, avaient l'air intéressés, mais ça s'arrêtait là. Il y avait des craintes de la guerre, une ignorance de l'Amérique latine, et des raccourcis genre tremblements de terre, guerre, trafic, coups d'état, etc. Même aujourd'hui sur les salons, des gens me posent encore la question du danger.
L’avantage est que cette mauvaise réputation a sauvegardé ces régions des grandes structures et que les lieux sont encore vierges. Au Panama, par exemple, rien n'a été fait depuis un siècle. À une heure de la capitale, vous êtes en pleine Amazonie.
Au Nicaragua, aucune route ne relie encore les deux côtes. Le Costa Rica est le pays qui a commencé, il y a une trentaine d'années, à envisager un tourisme respectueux de l'environnement. Ils ont créé des parcs, des réserves protégées, et aujourd'hui ils sont donnés en exemple. »
T.M.com - Comment vous êtes-vous fédérés entre vous ?
H. R. : « En 1998, le secrétariat d’État au Tourisme, après la conférence de Johannesburg, a cherché où étaient les acteurs du développement durable dans le tourisme français. Il n'y avait pas encore de TO sur le créneau, juste nos petites associations de niches. Elle a donc demandé à l'UNAT, l’union des associations de tourisme, de formaliser un réseau avec ses membres travaillant dans cette mouvance.
Nous étions au départ une quinzaine, avec même quelques petits TO comme Atalante, retiré depuis. Aujourd'hui, le cercle grossit parce que le marché est porteur. La plupart d'entre nous, les fondateurs, avons créé nos associations à partir d'affaires de cœur. Pour les nouveaux, on ressent parfois la création des structures à l'inverse. Comme c'est un marché porteur, on cherche des niches sur le terrain. »
T.M.com - Vous représentez quelle frange de la clientèle touristique en France ?
H. R. : i[« Une étude de l'UNAT, commandée par le ministère de Affaires étrangères, annonçait en 2003 le chiffre de 10 000 voyageurs susceptibles d'acheter ce genre de produits. Mais nous les estimons à 100 000, parce que le mouvement, porté par la démarche « commerce équitable », avance vite. Le voyage, c'est aussi du commerce. Les gens choisissent de plus en plus de faire un acte citoyen.
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Le danger est dans les effets d'annonce de certains gros TO, naguère épinglés pour avoir « mal agi », et qui sont aujourd'hui labellisés par Tourism For Development, une association qui récompense ceux qui disent donner de l'argent à des projets locaux. Pour moi, le scandale est de donner des blancs seings aux pollueurs de notre monde. »]i
T.M.com - Justement, comment le client va-t-il savoir ce que recouvrent ces différents labels ?
H. R. : « À l'UNAT, nous avons décidé d'engager un organisme de certification extérieur de nos associations. Les bilans, les pourcentages versés aux fonds de développement sont transparents. C'est FLO, qui certifie les produits du Commerce équitable, qui aura cette responsabilité.
Nous travaillons depuis deux ans sur la grille de contrôle, qui comporte aujourd'hui 51 critères. Ça demande du temps. Mais notre vrai critère de contrôle, pour moi, c'est les clients. Le bouche-à-oreille et la fidélisation. »
T.M.com - Quand ils vous connaissent ! Mais comment toucher les autres ?
H. R. : « C'est pour ça que nous avons créé l'ATES, pour que la démarche soit clairement identifiée, et avec un objectif marketing : marque, logo, label contrôlé. Mais évidemment, tout cela prend du temps. Disons encore deux ans. Une des difficultés est de savoir si nous labellisons le producteur ou quelques produits choisis chez lui. Et jusqu'à quel bout de la chaîne nous voulons appliquer ce label. »
T.M.com - Vous n'avez pas peur que les TO regroupés dans ATR vous « grillent » à l’arrivée ?
H. R. : « C'est pas grave. Eux ont une démarche purement marketing. Nous savons par expérience qu'en allant trop vite, on ne fera pas du bon travail. On ne veut pas faire la course. Il faut trouver le bon timing. Nous avons essayé de nous regrouper au début, mais ce n'est pas possible, nous n'avons pas les mêmes critères, notamment sur l'implication dans des projets locaux.
Notre présence sur le terrain fait que nous savons que, parfois, les gens ne sont pas prêts à accueillir les voyageurs, que nous avons du travail avec eux sur place avant de lancer une grosse communication. Nous restons dans cette démarche. Du coup, nous intéressons peu à peu quelques CE motivés par la démarche citoyenne. »
T.M.com - Comment voyez-vous l'évolution du secteur ?
H. R. : « On fait tout ça parce qu'on y croit. Ça représente des années de travail et ça prend, comme toute vie associative, beaucoup de temps sur la vie personnelle. Mais ça commence à bouger. Le mot solidaire passe dans le vocabulaire, et donc dans les mentalités. Tant mieux.
Les gros cherchent à s'implanter sur le créneau, mais ils ne seront pas assez pointus pour s'adapter à cette clientèle spécifique, alors ils se retourneront peut-être vers nous. Les gens nous suivent parce qu'ils sentent ce que nous avons chevillé au cœur. Nous voulons travailler avec les quelque 17% estimés de voyageurs capables de le ressentir.
Ecotours va lentement pour sécuriser le produit, mettre en place un bon outil de travail (constructions de gîtes en terre et formation des populations à l'accueil au Nicaragua – NdR), il faut créer des conditions de confort minimum pour être crédible. Mais prendre son temps, c'est aussi prendre de l'avance ! »
www.ecotours.fr
ATES : www.unat.asso.fr
www.tourismesolidaire.org
Demain - V - l’interview de Hervé Saliou, membre d’ATR
T.M.com - Justement, comment le client va-t-il savoir ce que recouvrent ces différents labels ?
H. R. : « À l'UNAT, nous avons décidé d'engager un organisme de certification extérieur de nos associations. Les bilans, les pourcentages versés aux fonds de développement sont transparents. C'est FLO, qui certifie les produits du Commerce équitable, qui aura cette responsabilité.
Nous travaillons depuis deux ans sur la grille de contrôle, qui comporte aujourd'hui 51 critères. Ça demande du temps. Mais notre vrai critère de contrôle, pour moi, c'est les clients. Le bouche-à-oreille et la fidélisation. »
T.M.com - Quand ils vous connaissent ! Mais comment toucher les autres ?
H. R. : « C'est pour ça que nous avons créé l'ATES, pour que la démarche soit clairement identifiée, et avec un objectif marketing : marque, logo, label contrôlé. Mais évidemment, tout cela prend du temps. Disons encore deux ans. Une des difficultés est de savoir si nous labellisons le producteur ou quelques produits choisis chez lui. Et jusqu'à quel bout de la chaîne nous voulons appliquer ce label. »
T.M.com - Vous n'avez pas peur que les TO regroupés dans ATR vous « grillent » à l’arrivée ?
H. R. : « C'est pas grave. Eux ont une démarche purement marketing. Nous savons par expérience qu'en allant trop vite, on ne fera pas du bon travail. On ne veut pas faire la course. Il faut trouver le bon timing. Nous avons essayé de nous regrouper au début, mais ce n'est pas possible, nous n'avons pas les mêmes critères, notamment sur l'implication dans des projets locaux.
Notre présence sur le terrain fait que nous savons que, parfois, les gens ne sont pas prêts à accueillir les voyageurs, que nous avons du travail avec eux sur place avant de lancer une grosse communication. Nous restons dans cette démarche. Du coup, nous intéressons peu à peu quelques CE motivés par la démarche citoyenne. »
T.M.com - Comment voyez-vous l'évolution du secteur ?
H. R. : « On fait tout ça parce qu'on y croit. Ça représente des années de travail et ça prend, comme toute vie associative, beaucoup de temps sur la vie personnelle. Mais ça commence à bouger. Le mot solidaire passe dans le vocabulaire, et donc dans les mentalités. Tant mieux.
Les gros cherchent à s'implanter sur le créneau, mais ils ne seront pas assez pointus pour s'adapter à cette clientèle spécifique, alors ils se retourneront peut-être vers nous. Les gens nous suivent parce qu'ils sentent ce que nous avons chevillé au cœur. Nous voulons travailler avec les quelque 17% estimés de voyageurs capables de le ressentir.
Ecotours va lentement pour sécuriser le produit, mettre en place un bon outil de travail (constructions de gîtes en terre et formation des populations à l'accueil au Nicaragua – NdR), il faut créer des conditions de confort minimum pour être crédible. Mais prendre son temps, c'est aussi prendre de l'avance ! »
www.ecotours.fr
ATES : www.unat.asso.fr
www.tourismesolidaire.org
Demain - V - l’interview de Hervé Saliou, membre d’ATR