Philippe Marais, directeur de Saïga, et une collaboratrice
TourMaG.com - Vous êtes le plus petit membre d'ATR. Pourquoi le choix de cette structure par rapport à l'ATES ?
Philippe Marais : « Je veux d'abord dire que les deux structures m'intéressent et que je les trouve complémentaires. Le fait qu'elles aient toutes les deux choisi de ne pas limiter la forme juridique de leurs adhérents me satisfait aussi. Je suis pour les passerelles entre l'associatif militant et le commercial.
Après, le choix est aussi, hélas, une question de moyens. Les cotisations et engagements sont lourds. J'apprécie chez ATR le processus « garde-fou » cohérent qui évitera de labelliser des produits identifiés « solidaire » au milieu d'une grosse production par ailleurs incompatible.
Mais quelques uns de nos produits correspondent aux critères de la Plate-forme du Commerce équitable défendue par l'ATES et leur démarche nous intéresse aussi.
Nous faisons partie des 5 ou 6 acteurs du secteur, toutes formes juridiques confondues, qui espérions arriver à une seule démarche. C'était d'ailleurs le souhait au départ des pouvoirs publics, ministère des Affaires étrangères, du Tourisme, de l'Ecologie et du développement durable, qui étaient les trois principaux concernés. »
T.M.com : Pourquoi n'avez-vous pas réussi à vous mettre d'accord sur cette même structure ?
P.M. : « La famille des opérateurs du voyage n'est pas prête, il y a toujours des clivages, des divergences culturelles. En caricaturant, certains TO disent n'avoir jamais entendu parler de l'UNAT, et certains du secteur associatif pensent encore que si vous êtes dans le secteur commercial, c'est que vous vous faites du fric.
Et pourtant, pour qu'il y ait durabilité, il faut qu'il y ait rentabilité, même si c'est enfoncer une porte ouverte.
L’autre raison c’est qu'il y a deux accès au métier du tourisme : le TO qui part d'en haut en assemblant des prestations en cohérence avec son entreprise, et l'association qui part du terrain sur un engagement local coup de cœur et qui, à un moment donné, intègre la dimension touristique dans son projet. Le cheminement n'est pas du tout le même, et les grilles de critères ne sont pas transposables. »
T. M.com - Comment le voyageur lambda peut-il voir une différence dans la présentation de ces produits, tous étiquetés « solidaires » ?
P. M. : « C'est notre réalité quotidienne. On me dit sans arrêt : Philippe, tu as trop de scrupules pour annoncer les différences de tes produits, alors que d'autres, dans ta même famille, n'hésitent pas à communiquer sur des choses qu'ils ne tiennent pas. »
T. M.com - Il y a un déficit d'information qui risque d'être comblé plus rapidement par les opérateurs dit d'entreprises et qui pourra faire passer les petits à la trappe
P. M. : « Oui, c'est à nous d'enfoncer le clou, comme je le fais auprès des jeunes étudiants en tourisme. On peut rêver à des fonctions de chef de produits écotouristiques, mais aujourd'hui il faut avant tout faire se rencontrer l'offre et la demande. Car on reçoit chaque semaine 2 à 3 demandes d'aides pour développer des projets, et on n'a pas le temps de les décortiquer.
Pour le public, je suis d'accord qu'il y a trop de concepts démultipliés et qu'il peut être perdu. Certaines publications recensent jusqu'à 6 ou 7 formes de tourisme « alternatif ».
Personnellement, j'ai du mal à comprendre comment on peut être solidaire sans être responsable, par exemple, et cette approche sectorisée est contraire au côté global de notre engagement. Il est important de prendre en compte tout le processus, y compris la gestion de nos entreprises ici. »
T. M.com - Quelles sont les motivations de votre clientèle ?
P. M. : « Saïga s'est dès le début positionné grand public, à la différence des produits du même genre très connotés scientifiques et aventure physique. Nous avons voulu ouvrir les propositions à tous les désirs et pas seulement aux naturalistes, y comprendre la dimension émotionnelle, sensorielle, de la découverte de la nature.
C'est réalisable grâce à nos guides qui sont aussi les concepteurs des produits la plupart du temps et peuvent donc l'adapter sur place aux désirs du client.
Je dirai donc que le premier critère de choix est sans doute la thématique nature, animalière ou patrimoniale qui baigne tous nos produits, mais au même niveau que le fondement de notre démarche, car la découverte se fait parfois dans des conditions difficiles. C'est un réel engagement de la part des clients.
Le critère « coût » arrive ensuite. Nos programmes sont assez coûteux et de toute évidence, nos clients ont un budget loisirs aisé. Mais ils peuvent aussi s'engager en privilégiant un voyage avec nous au lieu de deux low-costs par exemple.
Ce qui ne les empêchera pas, l'année suivante, de faire le contraire pour satisfaire un autre membre de la famille. Ils sont fidèles au concept mais picorent de plus en plus dans les diverses propositions de la profession. Il nous faut rester souple et renouveler le réservoir. »
T. M.com - Comment trouvez-vous ces nouveaux clients ?
P. M. : « Nous avons fait beaucoup de tentatives diverses, plus ou moins gagnantes. La tendance est bien sûr au net. Nous avons un site depuis 5 ans et il prend de l'importance chaque année. Nous avons abandonné les salons et ceci est notre dernière brochure papier.
Nous comptons beaucoup sur le bouche-à-oreille, la fidélisation du fichier client, et la communication presse, bien sûr, comme TourMaG.com (rires). Nous ne sommes pas non plus opposés à des accords ponctuels avec des agences de voyages identifiées et désireuses d'ajouter une corde à leur arc, en prenant le temps… »
Saïga : www.saiga-voyage-nature.fr
ATR : www.tourisme-reponsable.org
Dernier volet : VII - Vous avez dit citoyen ?
Philippe Marais : « Je veux d'abord dire que les deux structures m'intéressent et que je les trouve complémentaires. Le fait qu'elles aient toutes les deux choisi de ne pas limiter la forme juridique de leurs adhérents me satisfait aussi. Je suis pour les passerelles entre l'associatif militant et le commercial.
Après, le choix est aussi, hélas, une question de moyens. Les cotisations et engagements sont lourds. J'apprécie chez ATR le processus « garde-fou » cohérent qui évitera de labelliser des produits identifiés « solidaire » au milieu d'une grosse production par ailleurs incompatible.
Mais quelques uns de nos produits correspondent aux critères de la Plate-forme du Commerce équitable défendue par l'ATES et leur démarche nous intéresse aussi.
Nous faisons partie des 5 ou 6 acteurs du secteur, toutes formes juridiques confondues, qui espérions arriver à une seule démarche. C'était d'ailleurs le souhait au départ des pouvoirs publics, ministère des Affaires étrangères, du Tourisme, de l'Ecologie et du développement durable, qui étaient les trois principaux concernés. »
T.M.com : Pourquoi n'avez-vous pas réussi à vous mettre d'accord sur cette même structure ?
P.M. : « La famille des opérateurs du voyage n'est pas prête, il y a toujours des clivages, des divergences culturelles. En caricaturant, certains TO disent n'avoir jamais entendu parler de l'UNAT, et certains du secteur associatif pensent encore que si vous êtes dans le secteur commercial, c'est que vous vous faites du fric.
Et pourtant, pour qu'il y ait durabilité, il faut qu'il y ait rentabilité, même si c'est enfoncer une porte ouverte.
L’autre raison c’est qu'il y a deux accès au métier du tourisme : le TO qui part d'en haut en assemblant des prestations en cohérence avec son entreprise, et l'association qui part du terrain sur un engagement local coup de cœur et qui, à un moment donné, intègre la dimension touristique dans son projet. Le cheminement n'est pas du tout le même, et les grilles de critères ne sont pas transposables. »
T. M.com - Comment le voyageur lambda peut-il voir une différence dans la présentation de ces produits, tous étiquetés « solidaires » ?
P. M. : « C'est notre réalité quotidienne. On me dit sans arrêt : Philippe, tu as trop de scrupules pour annoncer les différences de tes produits, alors que d'autres, dans ta même famille, n'hésitent pas à communiquer sur des choses qu'ils ne tiennent pas. »
T. M.com - Il y a un déficit d'information qui risque d'être comblé plus rapidement par les opérateurs dit d'entreprises et qui pourra faire passer les petits à la trappe
P. M. : « Oui, c'est à nous d'enfoncer le clou, comme je le fais auprès des jeunes étudiants en tourisme. On peut rêver à des fonctions de chef de produits écotouristiques, mais aujourd'hui il faut avant tout faire se rencontrer l'offre et la demande. Car on reçoit chaque semaine 2 à 3 demandes d'aides pour développer des projets, et on n'a pas le temps de les décortiquer.
Pour le public, je suis d'accord qu'il y a trop de concepts démultipliés et qu'il peut être perdu. Certaines publications recensent jusqu'à 6 ou 7 formes de tourisme « alternatif ».
Personnellement, j'ai du mal à comprendre comment on peut être solidaire sans être responsable, par exemple, et cette approche sectorisée est contraire au côté global de notre engagement. Il est important de prendre en compte tout le processus, y compris la gestion de nos entreprises ici. »
T. M.com - Quelles sont les motivations de votre clientèle ?
P. M. : « Saïga s'est dès le début positionné grand public, à la différence des produits du même genre très connotés scientifiques et aventure physique. Nous avons voulu ouvrir les propositions à tous les désirs et pas seulement aux naturalistes, y comprendre la dimension émotionnelle, sensorielle, de la découverte de la nature.
C'est réalisable grâce à nos guides qui sont aussi les concepteurs des produits la plupart du temps et peuvent donc l'adapter sur place aux désirs du client.
Je dirai donc que le premier critère de choix est sans doute la thématique nature, animalière ou patrimoniale qui baigne tous nos produits, mais au même niveau que le fondement de notre démarche, car la découverte se fait parfois dans des conditions difficiles. C'est un réel engagement de la part des clients.
Le critère « coût » arrive ensuite. Nos programmes sont assez coûteux et de toute évidence, nos clients ont un budget loisirs aisé. Mais ils peuvent aussi s'engager en privilégiant un voyage avec nous au lieu de deux low-costs par exemple.
Ce qui ne les empêchera pas, l'année suivante, de faire le contraire pour satisfaire un autre membre de la famille. Ils sont fidèles au concept mais picorent de plus en plus dans les diverses propositions de la profession. Il nous faut rester souple et renouveler le réservoir. »
T. M.com - Comment trouvez-vous ces nouveaux clients ?
P. M. : « Nous avons fait beaucoup de tentatives diverses, plus ou moins gagnantes. La tendance est bien sûr au net. Nous avons un site depuis 5 ans et il prend de l'importance chaque année. Nous avons abandonné les salons et ceci est notre dernière brochure papier.
Nous comptons beaucoup sur le bouche-à-oreille, la fidélisation du fichier client, et la communication presse, bien sûr, comme TourMaG.com (rires). Nous ne sommes pas non plus opposés à des accords ponctuels avec des agences de voyages identifiées et désireuses d'ajouter une corde à leur arc, en prenant le temps… »
Saïga : www.saiga-voyage-nature.fr
ATR : www.tourisme-reponsable.org
Dernier volet : VII - Vous avez dit citoyen ?