Vendeuse sur un marché au Sénégal
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Pour répondre à J.F. Rial, (LIRE), il n’est pas question de parler de guerre entre petits et gros. La forme de feuilleton adoptée par le journal pour présenter cette enquête a pu générer des lectures tronquées de l’ensemble.
Nous nous sommes efforcés de faire parler des acteurs convaincus, réunis sur le fond si parfois divergents sur les moyens. Et dans l’ensemble des déclarations et analyses, se retrouvent aussi les justes réflexions du patron de VDM, fin connaisseur de la démarche. Non, personne ne refuse le changement, bien au contraire.
La notion de « durable » prend de l’ampleur, également dans le tourisme. La seule difficulté que nous voulions souligner, est celle pour le client à faire le tri dans la communication, les « gros », pardon, ayant une force de frappe médiatique bien supérieure aux moyens des « petits ».
Le tourisme solidaire répond à une demande forte du consommateur
Les convictions écologiques se manifestent peu à peu dans de nombreux pans de notre vie. Le tourisme est un peu à la traîne du mouvement et dans ses efforts pour le rattraper, néglige la vraie demande de clarté des acheteurs.
Naguère, le « Toujours plus » qui fut la devise de la seconde moitié du 20e siècle, faisait peur à certains initiés, mais chacun individuellement trouvait cela bien agréable au sortir des guerres et de l’économie de subsistance.
La pollution due à cette croissance légitime est aujourd’hui montrée du doigt. Dégâts infligés à la planète par nos déplacements et notre consommation énergétique, injustices et constant décalage entre les « profiteurs » du Nord et les « exploités » du Sud, même si rien n’est aussi simple, l’idée de base fait son chemin dans les consciences individuelles. Les initiatives citoyennes se multiplient, les Forums sociaux ont déjà 6 ans.
Une lame de fond identifiée par des enquêtes sociologiques
Loin des catégories socioprofessionnelles classiques utilisées par le marketing, des études montrent depuis une vingtaine d’années l’émergence d’une nouvelle catégorie de consommateurs.
Prenant leur distance avec la société de consommation et la loi du marché érigée en mythe, ces personnes, de toutes origines confondues, conjuguent à divers pourcentages l’écologie au quotidien - alimentation bio, développement personnel, médecines douces - avec l’implication sociale, souvent locale, les valeurs féminines et une dimension spirituelle.
En 2001, un quart de la population des États-Unis répondait à cette définition. Une étude du CNRS en 2006 met la barre à 17% en France, et détecte une forte et rapide croissance. Pour une grande partie de la société civile, l’heure n’est plus à la réflexion ou à la compassion, mais bien à l’action.
Être « citoyen », même en vacances...
En terme de voyage, cela signifie que, pour cette clientèle en expansion, rentrent désormais en ligne de compte des éléments de choix parfois très pointus. Elle veut savoir quelles seront les retombées, positives et négatives, de son acte d’achat. Et elle n’est plus prête à avaler n’importe quelle promesse.
Côté protection de l’environnement, cela va des modes de transport et des énergies renouvelables au recyclage des déchets hôteliers, ou de la sauvegarde animalière au respect des espèces végétales locales.
Côté culture, ces voyageurs veulent rencontrer la population locale loin des routes fréquentées, comprendre ses modes de vie et identifier ses besoins, avant de participer, physiquement ou financièrement, à son développement.
Et bien sûr, le tout doit se différencier des loisirs de masse tout en conservant la notion de plaisir et la dimension ludique du voyage. Pas toujours facile...
Le monde du tourisme réagit un peu dans le désordre
Alors que de nombreux secteurs du marché ont réagi depuis longtemps à la tendance, la Plate-forme française du Commerce équitable** n’a intégré le tourisme qu’en 2003, et seules, des associations membres de l’UNAT se réclament d’elle. À ce jour, ils peinent encore un peu à officialiser les critères acceptables par tous pour lancer un label reconnaissable par le public.
Séparément, les entreprises de tourisme regroupées dans l’ATR ont fait la même démarche de création d’un label « responsable », mais sont eux aussi encore en cours de certification.
Les deux démarches sont jumelles mais vont aboutir à deux labels séparés. Car comme le dit en soupirant Philippe Marais (Saïga) : « Ma grande famille du tourisme est encore victime de clivages culturels forts. »
Disposant d’une grosse force médiatique, les plus puissants dispensent parallèlement, en chacun pour soi, des annonces en relation avec la tendance « citoyenne ».
L’argument de vente « solidaire » détrônera-t-il l’omnipotence du coût ?
N’y a-t-il pas danger pour l’avenir du secteur - et peut-être pour l’avenir du tourisme lui-même face aux grands défis de la sauvegarde de la planète - de brouiller ainsi le message des acteurs de bonne volonté ?
Le voyageur citoyen saura-t-il faire son tri dans la forêt des annonces ? Les futures certifications « solidaire/responsable » seront-elles suffisamment fiables pour garantir l’adéquation entre la promesse et l’achat d’un voyage ?
Face à l’actuel critère numéro 1 qu’est le coût, s’affirme une vraie demande de clarté quant au contenu. Contenu des engagements, des prestations, des labels, et de la communication. Une équation à résoudre maintenant, par tous.
FIN DU DOSSIER - « Ethique, durable, solidaire ou responsable... comment s'y retrouver ? » Vous pouvez en retrouver tous les articles en cliquant ci-dessous
* « L’émergence des Créatifs Culturels », P. Ray et S.R. Anderson, éd. Yves Michel
** www.commercequitable.org
Nous nous sommes efforcés de faire parler des acteurs convaincus, réunis sur le fond si parfois divergents sur les moyens. Et dans l’ensemble des déclarations et analyses, se retrouvent aussi les justes réflexions du patron de VDM, fin connaisseur de la démarche. Non, personne ne refuse le changement, bien au contraire.
La notion de « durable » prend de l’ampleur, également dans le tourisme. La seule difficulté que nous voulions souligner, est celle pour le client à faire le tri dans la communication, les « gros », pardon, ayant une force de frappe médiatique bien supérieure aux moyens des « petits ».
Le tourisme solidaire répond à une demande forte du consommateur
Les convictions écologiques se manifestent peu à peu dans de nombreux pans de notre vie. Le tourisme est un peu à la traîne du mouvement et dans ses efforts pour le rattraper, néglige la vraie demande de clarté des acheteurs.
Naguère, le « Toujours plus » qui fut la devise de la seconde moitié du 20e siècle, faisait peur à certains initiés, mais chacun individuellement trouvait cela bien agréable au sortir des guerres et de l’économie de subsistance.
La pollution due à cette croissance légitime est aujourd’hui montrée du doigt. Dégâts infligés à la planète par nos déplacements et notre consommation énergétique, injustices et constant décalage entre les « profiteurs » du Nord et les « exploités » du Sud, même si rien n’est aussi simple, l’idée de base fait son chemin dans les consciences individuelles. Les initiatives citoyennes se multiplient, les Forums sociaux ont déjà 6 ans.
Une lame de fond identifiée par des enquêtes sociologiques
Loin des catégories socioprofessionnelles classiques utilisées par le marketing, des études montrent depuis une vingtaine d’années l’émergence d’une nouvelle catégorie de consommateurs.
Prenant leur distance avec la société de consommation et la loi du marché érigée en mythe, ces personnes, de toutes origines confondues, conjuguent à divers pourcentages l’écologie au quotidien - alimentation bio, développement personnel, médecines douces - avec l’implication sociale, souvent locale, les valeurs féminines et une dimension spirituelle.
En 2001, un quart de la population des États-Unis répondait à cette définition. Une étude du CNRS en 2006 met la barre à 17% en France, et détecte une forte et rapide croissance. Pour une grande partie de la société civile, l’heure n’est plus à la réflexion ou à la compassion, mais bien à l’action.
Être « citoyen », même en vacances...
En terme de voyage, cela signifie que, pour cette clientèle en expansion, rentrent désormais en ligne de compte des éléments de choix parfois très pointus. Elle veut savoir quelles seront les retombées, positives et négatives, de son acte d’achat. Et elle n’est plus prête à avaler n’importe quelle promesse.
Côté protection de l’environnement, cela va des modes de transport et des énergies renouvelables au recyclage des déchets hôteliers, ou de la sauvegarde animalière au respect des espèces végétales locales.
Côté culture, ces voyageurs veulent rencontrer la population locale loin des routes fréquentées, comprendre ses modes de vie et identifier ses besoins, avant de participer, physiquement ou financièrement, à son développement.
Et bien sûr, le tout doit se différencier des loisirs de masse tout en conservant la notion de plaisir et la dimension ludique du voyage. Pas toujours facile...
Le monde du tourisme réagit un peu dans le désordre
Alors que de nombreux secteurs du marché ont réagi depuis longtemps à la tendance, la Plate-forme française du Commerce équitable** n’a intégré le tourisme qu’en 2003, et seules, des associations membres de l’UNAT se réclament d’elle. À ce jour, ils peinent encore un peu à officialiser les critères acceptables par tous pour lancer un label reconnaissable par le public.
Séparément, les entreprises de tourisme regroupées dans l’ATR ont fait la même démarche de création d’un label « responsable », mais sont eux aussi encore en cours de certification.
Les deux démarches sont jumelles mais vont aboutir à deux labels séparés. Car comme le dit en soupirant Philippe Marais (Saïga) : « Ma grande famille du tourisme est encore victime de clivages culturels forts. »
Disposant d’une grosse force médiatique, les plus puissants dispensent parallèlement, en chacun pour soi, des annonces en relation avec la tendance « citoyenne ».
L’argument de vente « solidaire » détrônera-t-il l’omnipotence du coût ?
N’y a-t-il pas danger pour l’avenir du secteur - et peut-être pour l’avenir du tourisme lui-même face aux grands défis de la sauvegarde de la planète - de brouiller ainsi le message des acteurs de bonne volonté ?
Le voyageur citoyen saura-t-il faire son tri dans la forêt des annonces ? Les futures certifications « solidaire/responsable » seront-elles suffisamment fiables pour garantir l’adéquation entre la promesse et l’achat d’un voyage ?
Face à l’actuel critère numéro 1 qu’est le coût, s’affirme une vraie demande de clarté quant au contenu. Contenu des engagements, des prestations, des labels, et de la communication. Une équation à résoudre maintenant, par tous.
FIN DU DOSSIER - « Ethique, durable, solidaire ou responsable... comment s'y retrouver ? » Vous pouvez en retrouver tous les articles en cliquant ci-dessous
* « L’émergence des Créatifs Culturels », P. Ray et S.R. Anderson, éd. Yves Michel
** www.commercequitable.org