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Kappa Club - Coralia : "Nous nous la posons tous les jours la question d'ouvrir des clubs en France"

Rencontre avec Olivier Kervella, le PDG de NG Travel (Kappa Club et Coralia)


Le tourisme prépare sa rentrée. Bien sûr celle-ci sera spéciale et les brochures ne seront pas toujours en papier. Toutefois du côté de NG Travel, les équipes d'Olivier Kervella travaillent sur une production hivernale avec quelques surprises et nouvelles destinations. Nous avons fait le point sur l'été 2020, les perspectives pour Boomerang Voyages et les façons de sauver le soldat "tourisme". Entretien avec Olivier Kervella, le PDG de NG Travel.


Rédigé par le Mercredi 9 Septembre 2020

"Le problème que nous avons maintenant, n'est pas tant les tests PCR que le délai d'attente pour le résultat" selon Olivier Kervella - DR
"Le problème que nous avons maintenant, n'est pas tant les tests PCR que le délai d'attente pour le résultat" selon Olivier Kervella - DR
TourMaG.com - Quel bilan faites-vous de la saison ?

Olivier Kervella :
Nous avons fait environ 30% du volume que nous avions fait l'année dernière. Nous ne pouvons pas dire que c'est un bon été, maintenant cela nous a permis d'ouvrir certains clubs.

Habituellement notre catalogue estival comprend 60 villages-vacances, cette saison nous en avions 16 de disponibles.

Près de 12 000 personnes sont parties cet été, mais nous sommes très contents des retours positifs des clients.

Certains n'étaient pas très enthousiasme à l'idée de partir, mais les hôtels et les équipes se sont adaptés aux nouveaux besoins sanitaires, au final nous avons des taux de satisfaction très élevés.

Nous avons eu des messages de remerciements de la part des clients, ce qui n'est pas habituel.

TourMaG.com - Il y a eu comme un soulagement de la part des voyageurs qui ont pu partir...

Olivier Kervella :
Exactement. Il faut féliciter les distributeurs. Ces derniers ont fait un gros travail, pour faire partir les clients.

Des destinations comme la Tunisie ont fermé et rouvert plusieurs fois durant l'été, cette incertitude permanente a occasionné une surcharge de travail aux agences de voyages.

Au siège 20% de nos effectifs ont pu travailler et à destination entre 20 et 25% des équipes habituelles.

Jusqu'au 15 juillet, nous avons senti une forte envie de voyager de la part des clients, puis à partir de cette date et le discours du président Macron, il y a eu de nouveau une psychose générale.

Nous avons fait la moitié de notre volume sur la Grèce, puis arrivent dans le top des ventes, l'Italie, l'Espagne et la Tunisie.

Si vous prenez la Tunisie, l'Etat est assez peu présent pour soutenir l'industrie à l'arrêt, c'était important pour nous d'aider nos partenaires de fonctionner et de pouvoir leur permettre de payer leurs salariés.

L'hiver 2020 de NG Travel suspendu à l'ouverture des frontières de Maurice ?

TourMaG.com - Il est vrai que les professionnels français sont plutôt bien lotis, avec un gouvernement qui est plutôt à l'écoute...

Olivier Kervella :
il a joué le jeu avec les acteurs de la scène touristique. Quand nous comparons avec la situation vécue par nos confrères dans les autres pays, nous ne sommes pas du tout à plaindre.

Au niveau de NG Travel nous sommes sereins pour la suite grâce au chômage partiel et au PGE.

Nous savons que l'hiver sera compliqué, que quelques destinations seront ouvertes. Nous vendons un peu la Tunisie, les Canaries, les Antilles.

Nous espérons que la situation va se décanter pour la République Dominicaine, Cuba ou même le Sénégal.

Nous pensons à un retour progressif à la normale, à partir du début de l'année 2021.

TourMaG.com - Pour l'hiver qui arrive, avez-vous pu constituer une brochure malgré les grandes incertitudes ?

Olivier Kervella :
Oui, nous sommes en train de plancher sur les clubs que nous allons ouvrir cet hiver. Nous aurons une dizaine d'adresses à disposition, dans des pays où les frontières sont ouvertes.

Ainsi, nous allons programmer la France, mais aussi quelques nouveautés intéressantes en Europe, la Tunisie et une production sur d'autres pays qui ouvriront cet hiver.

Il n'y aura pas de brochure papier, mais seulement électronique.

TourMaG.com - Vous avez adapté la production, mais celle-ci sera-t-elle toujours orientée majoritairement vers le soleil ? Ou alors les produits estampillés "montagne" seront plus présents ?

Olivier Kervella :
Concernant le ski, nous avons un seul produit qui se trouve à Morzine.

Nous pensons qu'il y aura toujours un peu de demandes pour le balnéaire. Même s'il y a beaucoup de contraintes pour partir, nous savons qu'une fois en vacances, les clients sont contents.

Les voyageurs qui auront besoin et envie de soleil cet hiver, pourront trouver leur bonheur en Tunisie, dans les Caraïbes ou les Antilles, en club ou en hôtel.

Toutefois, nous regardons en Europe et nous annoncerons des ouvertures intéressantes cet hiver, avec des produits ski ou activités liées à la neige.

Nous n'avons pas encore finalisé les deals.

TourMaG.com - Ce serait plus Autriche ou Italie ?

Olivier Kervella :
Je ne peux pas encore en parler.

C'est un pays en Europe, où il y a de la neige, les possibilités sont restreintes (rire, ndlr).

TourMaG.com - Pour réussir la prochaine saison, quelle bonne nouvelle pourrait faire basculer la tendance ?

Olivier Kervella :
Clairement ce sera la réouverture de Maurice, la République Dominicaine et Cuba. Ce sont trois grosses destinations pour nous, avec très peu de cas de coronavirus.

Si ces pays sont à nouveau accessibles pour les Français alors il nous sera possible de faire mieux que cet été.

Dans le cas contraire, nous ferons alors un volume similaire à celui de la période estivale. Nous avons vu cet été que les critères de choix pour partir ont changé.

Les Français regardent si le pays a été durement impacté par la Covid-19.


Ce n'est pas un hasard si la Grèce arrive en tête des destinations les plus visitées par nos compatriotes, car le pays a eu assez peu de cas et de morts.

"Il faudrait que cette crise se termine vite, pour ne pas voir trop d'employés partir ailleurs"

TourMaG.com - Vous avez travaillé auprès des autorités pour supprimer l'obligation des tests PCR, pour les voyageurs ayant acheté un forfait, à leur entrée en Tunisie. Travaillez-vous toujours en sous main concernant les pays cités plus haut ?

Olivier Kervella :
Nous essayons avec le SETO de militer dans ce sens. D'ailleurs nous sommes dans ces moments tous solidaires, pour arriver au même résultat.

René-Marc Chikli a fait un boulot incroyable sur la Tunisie, nous essayons de l'aider dans la mesure du possible.

Et nous essayerons de faire la même chose sur Maurice, la République Dominicaine et Cuba, mais je pense aussi au Cap Vert. Nous devons de nouveau trouver des gros porteurs pour l'hiver.

Il nous suffit d'avoir deux ou trois destinations ouvertes, pour bénéficier d'un effet report. Ainsi les Français qui voudront voyager dans des destinations balnéaires pourront partir.

Nous serons très très loin des chiffres de l'an dernier, mais c'est important pour nous de garder une activité même minime.

Vous savez avec un volume d'activité de 30 à 35%, nous arrivons à couvrir une partie de nos frais de fonctionnement.

Puis ça permet à nos équipes de conserver leur agilité et compétences.

TourMaG.com - Craignez-vous, pour votre groupe, mais aussi pour le tourisme en général, que l'industrie perde en compétences ? Après 6 mois d'inactivité, des salariés vont peut-être aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs.

Olivier Kervella :
Forcément, il y a un vrai risque de voir des bons éléments partir, si cette crise dure trop longtemps.

Notamment dans des secteurs comme l'informatique, le marketing, la finance, etc, ces personnes qui peuvent travailler dans d'autres secteurs que le tourisme, elles iront chercher du travail ailleurs.

Tout d'abord, pour des raisons financières, car avec le chômage partiel, elles gagnent un peu moins, mais aussi pour des raisons professionnelles.

Il est toujours plus stimulant de travailler, pour un secteur qui fonctionne bien. Il faudrait que cette crise se termine vite, pour ne pas voir trop d'employés partir ailleurs.

"Le problème que nous avons maintenant, n'est pas tant les tests PCR que le délai d'attente pour le résultat"

TourMaG.com - Selon vous quel levier facilitera la reprise du tourisme ?

Olivier Kervella :
Cela dépendra de la réouverture des frontières et donc d'un vaccin. Le gouvernement parle d'une commercialisation possible du vaccin Moderna dès le mois de novembre 2020.

Cette date me parait un peu agressive, mais si nous avons un vaccin en début d'année prochaine, forcément cela facilitera l'ouverture des frontières.

En dehors, des chiffres de l'épidémie propres à la France.

TourMaG.com - Pensez-vous que le secteur doit se montrer plus proactifs sur les questions sanitaires, en prenant à sa charge les tests PCR ?

Olivier Kervella :
A ce niveau, nous avons plutôt été proactif, car le SETO a proposé des partenariats avec des laboratoires.

Au début, nous étions prêts à prendre en charge le surcoût, pour certains pays, sauf que la sécurité sociale le fait depuis quelques semaines.

Le problème que nous avons maintenant, n'est pas tant les tests PCR que le délai d'attente pour obtenir le résultat.

Il y a des délais de 5 ou 6 jours, voire plus pour connaître le verdict, alors que les pays exigent des tests PCR de moins de 72h.

Il faut savoir que le test est une contrainte de mieux en mieux vécu par nos clients, même si cela peut être vu négativement pour une destination court courrier.

Je pense que cette procédure va rester la règle pendant encore pas mal de temps, et les Français vont devoir vivre avec cette contrainte.

TourMaG.com - Rien ne nous dit que la maladie disparaîtra prochainement. Il est nécessaire que tout le monde intériorise ces contraintes, si jamais un autre phénomène du même genre se reproduit.

Olivier Kervella :
Je pense que nous allons apprendre de ce que nous avons vécu depuis le début de l'année.

Les réactions des gouvernements et des médias, ont été disproportionnées.

Depuis la fin de la 2nde guerre mondiale, une dizaine d'épidémie ont fait plus de cas de de décès que la covid-19. La grippe de Honk Kong en 1968 est passé à la trappe et pourtant elle a fait autant de morts.

Nous allons relativiser ce que nous avons vécu, quand nous prendrons en compte tous les dégâts économiques que l'épidémie a généré en Europe, mais aussi dans les pays moins favorisés.

Dans les pays asiatiques, africains ou encore en Amérique du sud, nous allons connaître des catastrophes économiques, si cette crise se prolonge trop longtemps.

"cette crise a resserré les liens entre pas mal de partenaires, dont les tour-opérateurs et les agences de voyages"

TourMaG.com - La durée de la crise et de l'épidémie pourrait aussi faire entrer l'humanité dans une posture de résilience. Ainsi, les Français pourraient aussi se remettre à voyager, car la covid-19 sera jugée comme étant un nouveau risque. Un peu à l'image des attentats que la France a connus ces dernières années.

Olivier Kervella :
Je suis complètement d'accord avec vous. Je suis peut-être un grand optimiste.

Par le passé, j'ai vécu quelques années à New York. Lorsque les deux avions ont frappé les deux tours le 11 septembre 2001, les New Yorkais n'ont pas voyagé pendant six mois.

Au bout de six mois, là où la reprise du voyage a été la plus forte ce fut à New York. La progression des séjours en avions était de 20 à 30% plus élevée que l'année précédente.

Je pense que nous nous habituons à tout, une fois que les conditions seront réunies, je suis persuadé que le marché repartira.

Vous savez début juillet, nous avons connu quelques journées avec des niveaux de commandes assez proches de ceux de l'année dernière.

Le marché est descendu très vite, mais en loisir, je ne doute pas de notre capacité à rebondir. Nous sommes sur un marché résilient.

TourMaG.com - Votre crainte réside dans la distribution ?

Olivier Kervella :
Pas spécialement, les agences ne sont pas fermées tous les jours. Je pense que les clients s'habituent, puis les distributeurs ont fait cet été un très gros travail d'explication.

Je pense qu'au contraire les agences de voyages physiques ont montré leur valeur ajoutée, contrairement aux acteurs en ligne.

De façon générale, cette crise a resserré les liens entre pas mal de partenaires, dont les tour-opérateurs et les agences de voyages, mais aussi avec des compagnies aériennes.

Nous nous souviendrons des partenaires qui ont joué le jeu et ont été flexibles, dans ces circonstances particulières.

Nous y voyons beaucoup plus clair, qu'il y a six mois.

Quand la crise a démarré, nous étions très inquiets au niveau des avoirs, des finances de nos sociétés, puis nous avions l'épée de Damoclès avec tous les billets émis.

Même s'il y a pas mal de cas à régler, la situation s'améliore.

TourMaG.com - Pour finir, vous posez vous la question d'étoffer votre production France ? En développant des clubs sur notre territoire ?

Olivier Kervella :
Nous nous la posons tous les jours la question, d'ouvrir des clubs en France.

Nous sommes prêts à ouvrir une destination, lorsque nous avons une vraie valeur ajoutée, maintenant notre valeur ajoutée sur la France, nous ne l'avons pas encore trouvé.

En Kappa Club, ce sera quasiment impossible, car nous souhaitons faire découvrir une destination et l'authenticité d'un pays.

Faire découvrir l'authenticité de la France, me paraît un peu présomptueux. Dans la gamme Coralia Club, une de nos forces étant notre technologie, car elle nous permet de proposer des packages à des niveaux très attractifs.

Après être capable de proposer un concept différenciant sur le ski, alors qu'il y a déjà énormément d'acteurs, ça ne me semble pas évident.

Tous les jours nous y réfléchissons avec nos équipes.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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