L'AFST ne veut pas être réduite à « un club du 3e âge »

Voilà deux ans que Georges Azouze a pris les commandes de l'Association française des Seniors du Tourisme (AFST), au sortir de la pandémie de Covid-19.

Une passation avec Michel Messager, le président-fondateur, qu'il mène « dans la continuité », et avec « un grand soulagement » alors que les activités et les actions menées redémarrent, et qu'une nouvelle génération de membres vient repeupler les rangs de l'association.

« Nous avons dépassé les 900 adhérents, dont près d'une centaine de nouveaux arrivés entre fin 2022 et aujourd'hui, qui sont venus apporter une nouvelle énergie, une motivation et sont intéressés par les activités que nous menons : formation aux métiers du tourisme, tutorat avec l'APST, actions de solidarité », commente le président de l'AFST.

Pour recruter ces « nouvelles vocations », l'AFST a mis les bouchées doubles sur sa communication en dehors de l'association.

« Beaucoup de gens nous connaissaient sans vraiment connaître le contenu de nos activités, de nos actions et de nos valeurs, ajoute Georges Azouze. Nous nous sommes appuyés sur les réseaux sociaux, en créant un groupe privé sur Facebook qui a réuni quelque 500 fans très rapidement, et qui est devenu une belle vitrine de communication, et aussi une page LinkedIn ».

Mais les nouveaux liens établis n'ont pas été que virtuels. Le président de l'AFST est en contact fréquent avec les autres institutions du tourisme. En 2022, il a été élu au conseil d’administration de l'APST pour représenter les associations.

Outre le lien déjà existant entre l'association et la caisse de garantie, cette présence au CA permet à Georges Azouze de faire régulièrement des piqûres de rappel sur le tutorat bénévole assuré par des membres de l'AFST, et qui a été impacté durant la pandémie, du fait de la baisse importante de nouveaux entrants sur le marché.

A l'heure actuelle, 19 entreprises bénéficient de cette collaboration entre l'AFST et l'APST, et réservée aux nouveaux adhérents de la caisse de garantie (voir notre encadré sur le sujet en fin d'article).

Désormais, les deux partenaires entendent élargir le concept du tutorat. « Nous sommes en train d'introduire une notion de tutorat volontaire pour les agences - jeunes ou moins jeunes - qui ont besoin d'un conseil ou d'un coaching. Elles peuvent se manifester auprès de l'APST de façon à ce que l'on puisse nous aussi les aider et les accompagner de manière bénévole.

Donc en plus du tutorat qui est « imposé » par l'APST, les adhérents peuvent être mis en relation avec des tuteurs via une prise de contact, des rendez-vous téléphoniques et un accompagnement qui se fait au quotidien », poursuit Georges Azouze.

Cette initiative fait écho au rapprochement entre l'AFST et le CEDIV. « Le CEDIV compte de nombreuses agences de petite taille, parfois avec une seule personne, et du fait de la reprise du business et des difficultés de recrutement, elles se retrouvent sous l'eau.

Nous avons donc réfléchi à la façon de mettre en relation ces patrons ou ces patronnes qui ont besoin d’aide ou d'un conseil avec nos membres, de façon bénévole ou rémunérée, mais dans ce dernier cas, cela se fait de gré à gré avec l'agence », explique Georges Azouze.

Il poursuit : « Après un certain nombre d'échanges avec notre amie et partenaire Adriana Minchella et son équipe, nous leur avons fourni une liste de volontaires parmi nos membres qui vont pouvoir aider les adhérents du réseau sur des missions, de manière très ponctuelle et très précise. Les mises en relation se font directement » .

L'AFST étend donc son rôle d'assistance aux professionnels en utilisant les compétences et les motivations de ses membres sur des missions ou sur des problèmes précis. « Certains seniors ont quitté le business très récemment, ils ont encore à l'esprit les tenants et les aboutissants et peuvent aider de façon concrète et surtout transmettre de belles idées ! », commente le président.

Par ailleurs, l'AFST a resserré les liens avec les Entreprises du Voyage (EDV). Des adhérents étaient présents sur différentes conventions organisées par le syndicat au printemps dernier. « Cela nous permet à la fois de sensibiliser de futurs membres potentiels à notre association, mais aussi de travailler sur certains chantiers communs, comme celui de la formation mené par les EDV, et sur lesquels nous pouvons agir », ajoute Georges Azouze.

Le nouveau président de l'AFST siège également au comité exécutif du SETO, en tant que représentant pour Costa Croisières, une position qui lui permet de maintenir un lien étroit entre les diverses institutions.

Lire aussi : Georges Azouze : "Nos plateformes sont l’épine dorsale de notre association l’AFST"

Depuis son arrivée en juin 2021, il a donc œuvré pour « ouvrir » l'AFST vers le reste du secteur, la « démarginaliser » en communiquant sur son rôle et ses missions. Cela passe aussi par une visibilité accrue sur les salons professionnels - IFTM Top Resa et Ditex.

Cette mise en lumière des activités proposées n'empêche pas ses membres de continuer à se retrouver également entre eux.

« L'association, c'est aussi la convivialité, organiser des déjeuners, des dîners, des conférences, des voyages, des sorties, etc. Cela fait partie de l'ADN de l'AFST : le plaisir de se retrouver ensemble et de maintenir le lien social pour ceux qui ont pris leur retraite mais qui ont besoin de conserver le contact avec leurs collègues et amis du tourisme. C'est la vocation première de l'association, rappelle Georges Azouze.

Mais l'AFST n'est pas que ça et il serait injuste de la réduire à un club du 3e âge ».

D'autant plus qu'elle mène de nombreuses actions solidaires. « Nous organisons au moins deux fois par an des collectes de vêtements et de biens destinés à différentes associations. L'une est réalisée en Île-de-France, l'autre à l'automne au niveau national.

Nous travaillons aussi avec un certain nombre d'associations, jusqu'à présent plutôt en lien avec l'enfance défavorisée en France, à Madagascar et en Inde : Enfance et Partage, Enfances Indiennes, etc.. Nous procédons à des appels aux dons au niveau de l'AFST de manière à pouvoir envoyer des fonds ».

On le voit, nos seniors du tourisme sont très actifs et donnent volontiers de leur temps pour aider les nouveaux entrants, les étudiants ou encore les personnes dans le besoin.

Alors pour les récompenser, au-delà des rendez-vous annuels (pot d'été, galette des rois, etc.) l'AFST a fortement étoffé son catalogue de voyages à prix négociés avec les voyagistes et les prestataires.

Quant aux voyages de groupes, le prochain aura lieu cet automne, du 6 au 10 octobre, à bord du Costa Favolosa, au départ de Marseille. Le navire mettra le cap vers la Ligurie et Savone, puis Rome. Une centaine de membres s'y sont déjà inscrits.

Animés par l'envie de transmettre, une quarantaine de seniors de l'AFST sont bénévoles pour assurer une mission de tutorat auprès des jeunes entreprises garanties par l'APST qui en font la demande.

Contre un engagement de garantie solidaire d’ordre moral, la caisse de garantie permet aux jeunes chefs entrepreneurs de démarrer leur activité sous la protection d’un tuteur, bénéficiant ainsi de contre-garanties allégées.

Le système est encadré, s'étend sur trois ans et a permis depuis sa création en 2011 d'accompagner près de 210 entreprises.

Le tuteur va accompagner le nouvel entrepreneur et lui transmettre certaines notions en matière de gestion comptable et fiscale, de production et de commercialisation. « Nous n'arrivons pas comme les patrons de la boite qui donneraient des directives, nous tenons plutôt le rôle d'un psychologue qui va poser les bonnes questions, explique Réda Sahnoun, qui anime la plateforme Tutorat avec Pierre Surot.

Nous allons les amener à réfléchir sur leur concept (motivations, différenciation, authenticité, etc.), étudier le business plan et les objectifs de croissance, leur donner des conseils juridiques ou encore de bon sens ! »

Si la jeune génération est plutôt bien connectée et maîtrise les différents outils technologiques, le tuteur, lui, va lui ouvrir les yeux sur l'importance du contact humain et de faire du réseau autrement que sur le web.

« Ils sont aussi souvent tout seul au démarrage et ils veulent en faire trop et tout de suite. Nous allons essayer de les sensibiliser à la notion de planification : quels sont les grands rendez-vous du tourisme de l'année et comment je m'insère là-dedans avec mon produit ? », poursuit Réda Sahnoun.

Chaque binôme échange au minimum 3 à 4 fois par an, par mail, téléphone, visio ou physiquement si la distance géographique le permet. « Nous les convions à venir nous rencontrer lors de l'IFTM Top Resa, par exemple », précise Réda Sahnoun.

Mais le tutorat ne résume pas à du coaching gratuit. « Du fait que ces jeunes pousses bénéficient de contre-garanties allégées, trois à quatre fois par an, elles doivent faire remonter à l'APST des informations sur leur croissance, leur business plan, leur développement, etc. », poursuit Réda Sahnoun. L'objectif ? Les aider à passer le cap des trois premières années en les responsabilisant sur leurs nouvelles fonctions.

Sur les 200 entreprises tutorées en 9 ans, certaines ont dû cesser leur activité. « Il y a beaucoup de gens qui se lancent sur des marchés de niche, comme la photographie. Deux options s'offrent à eux : dégager des marges importantes et avoir peu de clients, et là ça fonctionne ; ou bien se positionner avec des marges beaucoup plus serrées, mais là, la situation se complique, analyse le tuteur.

De même, nous voyons de plus en plus d'entreprises qui se développent sur des concepts, comme le bien-être ou le voyage déconnecté. De sacrés challenges avec une difficulté néanmoins qui est de dire : comment à partir de mon business model, je développe une croissance suffisamment importante pour pouvoir gagner ma vie ? ».

Le tuteur va donc à la fois aiguiller l'entrepreneur et lui apprendre la patience et la persévérance...

« Nous étions déjà bien structurés lors de notre lancement, mais le tutorat nous a surtout permis de rencontrer des personnes du milieu du tourisme », se remémore Hugo Bazin, co-fondateur et directeur général de tictactrip.

Son tuteur entre 2018 et 2021 n'était autre que Réda Sahnoun. « Il avait déjà été le parrain à l'époque de CapitaineTrain (TrainLine, ndlr), qui a pas mal évangélisé le marché du ferroviaire face à la SNCF, donc ses conseils nous ont été très utiles.

Nous avons notamment subi des pressions à certains moments et Réda nous a bien conseillés sur la façon d'y répondre, comment se comporter face à ces attaques et encore aujourd'hui, nous continuons à lui donner des nouvelles ».