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La blockchain au service des douanes

La tribune de Mandar Chaphalkar, Senior Architect au sein d'Infosys


Comment sécuriser le contrôle des visas aux frontières ? Mandar Chaphalkar d'Infosys revient sur les avantages de la blockchain, un mécanisme capable de réduire le risque d'erreurs.


Rédigé par Mandar Chaphalkar (Infosys) le Lundi 23 Juillet 2018

Le vol, la perte et la détérioration des passeports pourraient être signalés à la blockchain par leurs détenteurs et par les autorités pour prévenir leur utilisation frauduleuse. - TheDigitalArtist Pixabay
Le vol, la perte et la détérioration des passeports pourraient être signalés à la blockchain par leurs détenteurs et par les autorités pour prévenir leur utilisation frauduleuse. - TheDigitalArtist Pixabay
En 2015, à leur atterrissage en Turquie, des touristes britanniques ont découvert que leurs visas électroniques étaient faux.

Résultat, ils ont dû racheter des visas sur place à un tarif supérieur. À cela s’ajoutaient le coût de ceux achetés sur un faux portail, la divulgation de données personnelles identifiables importantes, le temps perdu à l'aéroport par les agents de la compagnie aérienne, de l'immigration, etc. Sans parler du début des vacances complètement gâché !

Alors, comment prévenir ce genre de situation ? Cet article a-t-il pour ambition de résoudre toutes les problématiques susmentionnées ? Il s’efforce en tout cas de présenter l'éventail des possibilités qui existent pour limiter la survenue de tels problèmes au moyen de systèmes orientés donnés.

Quel est actuellement le processus en vigueur dans les transports aériens ?

Lorsqu'un individu se rend à l’étranger, le premier point de contrôle des documents est le guichet d'enregistrement de la compagnie aérienne.

Le cadre de validation du voyage est restreint : il est souvent limité par les procédures propres à la compagnie, par les compétences du personnel d'enregistrement, par les réglementations générales du pays d'origine, du pays de destination et du pays émetteur du visa, par le type de visa, par l'objet du voyage, par le pays de transit et par les ressources externes telles que le système Timatic. Autant de sources d'erreur !

Comment réduire les risques ?

Et s'il existait un mécanisme capable de réduire le risque d'erreurs ?

Imaginez un système qui transmettrait, selon les besoins, les informations d'un visa émis par un pays A à certaines parties prenantes identifiées, à savoir d'autres pays participants (B, C, etc.), des voyagistes, des agences de voyages, des compagnies aériennes, etc.

Existe-t-il un moyen de « pré-valider » les informations du visa avant le voyage ?

Voyons ce qu'il est possible de faire.

Le pays A ajoute les informations du visa (contenu de la zone de lecture optique, données biométriques, type de visa, validité, etc.) dans une base de données (nommée « Autorisations et historiques de voyage », par exemple).

Lorsque le sujet du pays B s'enregistre à l'aéroport, le système de la compagnie aérienne se connecte à la base de données Autorisations et historiques de voyage, procède à la validation et transmet le résultat directement au guichet d'enregistrement - premier contrôle passé !

Le sujet se rend ensuite au service Immigration, où une deuxième validation s’opère par rapport à la base Autorisations et historiques de voyage - deuxième contrôle passé !

Supposons que pour se rendre du pays B dans le pays A, notre sujet doive transiter par le pays C. C’est également l’occasion pour ce dernier de valider le visa en se connectant à la base de données. Au final, le voyageur aura été contrôlé trois fois avant son arrivée dans le pays A.

La blockchain, la solution ?

Quels sont les résultats obtenus ? Pour faire simple, nous avons durci le processus de validation général des documents de voyage, réduit les risques de fraude et de trafic humain, et contribué, ce faisant, à protéger des individus innocents, à améliorer l'efficacité opérationnelle de toutes les parties prenantes, à diminuer les coûts d'exploitation, etc.

Et si plusieurs pays participent à cette initiative ? Le nombre de parties prenantes est alors beaucoup plus important. Est-il possible de créer un système central sophistiqué ?La réponse est oui. Et ce système devrait être fédéré et sécurisé. Existe-t-il déjà une plate-forme de ce type ? Oui, la BLOCKCHAIN évidemment !

Est-ce suffisant ?

Ajoutez un « titulaire des transactions » de l'historique des voyages dans la blockchain, et tous les dépassements de durée de séjour pourraient être autorisés au moment de l'enregistrement. Les pays échangent des données d'immigration dans des cas exceptionnels. Il leur arrive même d'exiger un historique des voyages au moment de la demande de visa.

Cette blockchain permettrait aux agents des visas de prendre des décisions fondées sur une source de données unique et fiable. À l'heure actuelle, plusieurs pays autorisent des voyages pour les personnes titulaires d’un visa d'un autre pays et, dans certains cas, avec des directives ambiguës.

Le vol et la perte des passeports pourraient être signalés

Sous réserve de l'activation de certains services de données, cette blockchain pourrait également offrir toutes les autorisations nécessaires au voyageur avant la réservation de ses billets. Elle pourrait, par exemple, lui permettre de visualiser l'empreinte potentielle de son voyage en fonction de sa nature (affaires, tourisme, etc.).

Le vol, la perte et la détérioration des passeports pourraient être signalés à la blockchain par leurs détenteurs et par les autorités pour prévenir leur utilisation frauduleuse. La traque des malfaiteurs (y compris des délinquants économiques) par des services comme Interpol serait également simplifiée grâce à des déclencheurs basés sur l'historique des voyages.

Est-ce vraiment si facile ? Si les scénarios évoqués plus haut sont limités, les possibilités sont, quant à elles, multiples. La protection et le partage des données demeureront de véritables enjeux.

Les relations politiques entre certains pays constitueront un obstacle majeur. L’apparition de « consortiums » n’est donc pas à exclure !

D'autant que les budgets et les capacités informatiques des pays signataires apporteront également leur lot de difficultés. Enfin et surtout, la technologie évolue et le passeport physique est appelé à disparaître !

Cette tribune a été rédigée par Mandar Chaphalkar, Senior Architect au sein de la division Data & Analytics au sein d’Infosys.

Ses domaines d’expertise incluent l’évaluation, l’élaboration de stratégies et la gestion des données.

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