TourMaG.com - Comment s’est comportée Air Tahiti Nui sur son exercice 2017 ?
Michel Monvoisin : Les résultats financiers sont bons, c’est encore une belle année avec 2 milliards de francs pacifiques (environ 18 millions d’euros) de résultats nets.
En chiffre d’affaires comme en trafic, nous nous sommes maintenus.
Pour résumer, cela fait 5 ans que la compagnie va bien, enregistre de bons résultats et est rentable. Ce qui nous a permis de nous engager dans une vaste stratégie de modernisation. (Voir encadré)
De la même manière, 2018 devrait être aussi une bonne année pour nous, grâce aux bons résultats du tourisme en Polynésie, en hausse depuis 5 ans.
TourMaG.com - Vous contrôlez 70% du trafic international sur la Polynésie française, depuis 20 ans. De quel œil voyez-vous l’arrivée de French Bee à Tahiti ?
Michel Monvoisin : Nous observons ce qu’il va se passer, que ce soit pour French Bee ou United Airlines (qui arrivera en novembre prochain sur l’axe Tahiti-San Francisco ndlr).
J’ai déjà rencontré M. Dubreuil et M. Rochet, je pense qu’il faut saluer leur initiative, que je trouve personnellement courageuse.
TourMaG.com - C’est à dire ?
Michel Monvoisin : A Tahiti, on est toujours sur l’éternel débat de la poule et de l’œuf entre l’hôtellerie et l’aérien. C’est bien d’amener des touristes en plus, encore faut-il qu’on ait un toit à leur mettre sur la tête.
Les grands tour-opérateurs tiennent tous le même discours : Tahiti est une destination très saisonnière, et, d’avril à octobre, ils ne trouvent plus de chambres. Je pense que l’arrivée de French Bee va permettre de clarifier un peu ce débat.
Michel Monvoisin : Les résultats financiers sont bons, c’est encore une belle année avec 2 milliards de francs pacifiques (environ 18 millions d’euros) de résultats nets.
En chiffre d’affaires comme en trafic, nous nous sommes maintenus.
Pour résumer, cela fait 5 ans que la compagnie va bien, enregistre de bons résultats et est rentable. Ce qui nous a permis de nous engager dans une vaste stratégie de modernisation. (Voir encadré)
De la même manière, 2018 devrait être aussi une bonne année pour nous, grâce aux bons résultats du tourisme en Polynésie, en hausse depuis 5 ans.
TourMaG.com - Vous contrôlez 70% du trafic international sur la Polynésie française, depuis 20 ans. De quel œil voyez-vous l’arrivée de French Bee à Tahiti ?
Michel Monvoisin : Nous observons ce qu’il va se passer, que ce soit pour French Bee ou United Airlines (qui arrivera en novembre prochain sur l’axe Tahiti-San Francisco ndlr).
J’ai déjà rencontré M. Dubreuil et M. Rochet, je pense qu’il faut saluer leur initiative, que je trouve personnellement courageuse.
TourMaG.com - C’est à dire ?
Michel Monvoisin : A Tahiti, on est toujours sur l’éternel débat de la poule et de l’œuf entre l’hôtellerie et l’aérien. C’est bien d’amener des touristes en plus, encore faut-il qu’on ait un toit à leur mettre sur la tête.
Les grands tour-opérateurs tiennent tous le même discours : Tahiti est une destination très saisonnière, et, d’avril à octobre, ils ne trouvent plus de chambres. Je pense que l’arrivée de French Bee va permettre de clarifier un peu ce débat.
French Bee : un "test" pour le marché
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TourMaG.com - Que pensez-vous dès lors de la volonté des dirigeants de French Bee de faire progresser le trafic aérien entre la métropole et la Polynésie de 30 % ? En clair, y a-t-il de la place pour une nouvelle compagnie aérienne sur ce marché ?
Michel Monvoisin : Ils veulent reproduire ce qu’ils ont accompli à La Réunion. La différence c’est qu’à La Réunion, 80% de la fréquentation touristique provient du marché français, et que l’hôtellerie n’en capte que 20%, le reste étant du VFR (Visiting friends and relatives, ndlr).
Or, il n’y a pas beaucoup de Polynésiens qui vivent en France et inversement, contrairement à La Réunion et aux Antilles.
French Bee aimerait stimuler ce type de clientèle. Mais, pour nous, le VFR ne représente que 10% du trafic. Quel est le potentiel de ce marché ? C’est French Bee qui nous le dira.
TourMaG.com - Mais Marc Rochet et French Bee visent aussi le marché touristique pur, en s’appuyant sur le réseau des pensions de famille polynésiennes…
Michel Monvoisin : Pourquoi pas. Mais la seule condition, qu’il n’a à mon sens pas suffisamment mesurée, c’est encore une fois de trouver des hébergements. Pour French Bee, le problème ne viendra pas de la concurrence, mais des offres des réceptifs locaux.
Aujourd’hui, même sur les pensions de famille les engagements sont très importants, et je ne sais pas si le marché des aventuriers en Airbnb peut vraiment être développé ici.
Chez Air Tahiti Nui, cela fait des années que l’on soutient les pensions de famille et qu’on essaye de les vendre. Nous continuons de faire des promotions importantes sur le marché France.
Mais, bien qu’elles se soient nettement professionnalisées, elles restent difficile à vendre car les TO nous demandent plus de volume, et veulent être certains des standards de qualité.
Je comprends que l’arrivée d’une compagnie comme French Bee suscite autant d’attentes. Les gens se disent que cela va nous déverser des masses de touristes en Polynésie. Sauf que le tourisme c’est un tout, fait de sièges d’avions, de chambres d’hôtels, de transport en commun, et d’aéroports adaptés pour recevoir plus de flux…
Je ne veux pas me poser en critique mais l’expérience French Bee va être très intéressante pour lever certaines vérités. Notamment sur le modèle low-cost, en vente directe, sur une destination aussi complexe à vendre que la Polynésie.
Michel Monvoisin : Ils veulent reproduire ce qu’ils ont accompli à La Réunion. La différence c’est qu’à La Réunion, 80% de la fréquentation touristique provient du marché français, et que l’hôtellerie n’en capte que 20%, le reste étant du VFR (Visiting friends and relatives, ndlr).
Or, il n’y a pas beaucoup de Polynésiens qui vivent en France et inversement, contrairement à La Réunion et aux Antilles.
French Bee aimerait stimuler ce type de clientèle. Mais, pour nous, le VFR ne représente que 10% du trafic. Quel est le potentiel de ce marché ? C’est French Bee qui nous le dira.
TourMaG.com - Mais Marc Rochet et French Bee visent aussi le marché touristique pur, en s’appuyant sur le réseau des pensions de famille polynésiennes…
Michel Monvoisin : Pourquoi pas. Mais la seule condition, qu’il n’a à mon sens pas suffisamment mesurée, c’est encore une fois de trouver des hébergements. Pour French Bee, le problème ne viendra pas de la concurrence, mais des offres des réceptifs locaux.
Aujourd’hui, même sur les pensions de famille les engagements sont très importants, et je ne sais pas si le marché des aventuriers en Airbnb peut vraiment être développé ici.
Chez Air Tahiti Nui, cela fait des années que l’on soutient les pensions de famille et qu’on essaye de les vendre. Nous continuons de faire des promotions importantes sur le marché France.
Mais, bien qu’elles se soient nettement professionnalisées, elles restent difficile à vendre car les TO nous demandent plus de volume, et veulent être certains des standards de qualité.
Je comprends que l’arrivée d’une compagnie comme French Bee suscite autant d’attentes. Les gens se disent que cela va nous déverser des masses de touristes en Polynésie. Sauf que le tourisme c’est un tout, fait de sièges d’avions, de chambres d’hôtels, de transport en commun, et d’aéroports adaptés pour recevoir plus de flux…
Je ne veux pas me poser en critique mais l’expérience French Bee va être très intéressante pour lever certaines vérités. Notamment sur le modèle low-cost, en vente directe, sur une destination aussi complexe à vendre que la Polynésie.
"Nous sommes plus polynésiens que jamais"
TourMaG.com - Par rapport à cette nouvelle concurrence, comment comptez-vous vous démarquer ?
Michel Monvoisin : Nous avons déjà l’expérience du pays et de notre clientèle, depuis 20 ans. Résolument, nous avons pris le parti de travailler sur la qualité de notre produit, et ce avant même de savoir que French Bee arriverait.
Nous allons poursuivre cette stratégie de montée en gamme, pour garder le meilleur produit sur la ligne Paris-Papeete.
Sur les tarifs, cela faisait 6 mois que l’on se préparait à l’arrivée de la concurrence et c’est pour cela que l’on a dégainé les premiers en baissant nos prix et en proposant un tarif sans bagage, même si je ne crois pas à ce modèle.
Enfin, ce qui fait notre âme et notre succès c’est notre identité polynésienne. Et nous sommes aujourd’hui plus polynésiens que jamais.
TourMaG.com - Quels autres arguments jouent en votre faveur ?
Michel Monvoisin : Nous avons aussi de notre côté l’importance et la flexibilité de nos fréquences, de 3 à 9 vols par semaine sur le Paris-Papeete.
Mais aussi la confiance des tour-opérateurs, des croisiéristes, et un vaste réseau d’alliances. Je ferai aussi valoir notre avantage de connexion sur Los-Angeles, qui connecte mieux que San-Francisco.
TourMaG.com - Enfin, vous attendez-vous dès cette année à une perte de trafic ?
Michel Monvoisin : Pour le moment nous ne l’avons pas sentie. Nous tenons nos engagements. A fin avril, nous sommes même en avance par rapport à l’année dernière. Et sur l’été, pour l’instant, nous ne perdons pas tant que ça. Par rapport à ce qu’il s’est passé à La Réunion, nous nous attendions à pire.
Marc Rochet dit qu’il va toucher une autre clientèle que nous. Encore une fois, nous nous posons en observateur, et nous verrons s’il arrive vraiment à drainer une nouvelle clientèle.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de place pour eux, juste que leur pari est audacieux, et il faut le saluer. Mais, il faut être honnête, le coût de la vie, l’hôtellerie comme les pensions de famille, à Tahiti, rien n’est low-cost.
Michel Monvoisin : Nous avons déjà l’expérience du pays et de notre clientèle, depuis 20 ans. Résolument, nous avons pris le parti de travailler sur la qualité de notre produit, et ce avant même de savoir que French Bee arriverait.
Nous allons poursuivre cette stratégie de montée en gamme, pour garder le meilleur produit sur la ligne Paris-Papeete.
Sur les tarifs, cela faisait 6 mois que l’on se préparait à l’arrivée de la concurrence et c’est pour cela que l’on a dégainé les premiers en baissant nos prix et en proposant un tarif sans bagage, même si je ne crois pas à ce modèle.
Enfin, ce qui fait notre âme et notre succès c’est notre identité polynésienne. Et nous sommes aujourd’hui plus polynésiens que jamais.
TourMaG.com - Quels autres arguments jouent en votre faveur ?
Michel Monvoisin : Nous avons aussi de notre côté l’importance et la flexibilité de nos fréquences, de 3 à 9 vols par semaine sur le Paris-Papeete.
Mais aussi la confiance des tour-opérateurs, des croisiéristes, et un vaste réseau d’alliances. Je ferai aussi valoir notre avantage de connexion sur Los-Angeles, qui connecte mieux que San-Francisco.
TourMaG.com - Enfin, vous attendez-vous dès cette année à une perte de trafic ?
Michel Monvoisin : Pour le moment nous ne l’avons pas sentie. Nous tenons nos engagements. A fin avril, nous sommes même en avance par rapport à l’année dernière. Et sur l’été, pour l’instant, nous ne perdons pas tant que ça. Par rapport à ce qu’il s’est passé à La Réunion, nous nous attendions à pire.
Marc Rochet dit qu’il va toucher une autre clientèle que nous. Encore une fois, nous nous posons en observateur, et nous verrons s’il arrive vraiment à drainer une nouvelle clientèle.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de place pour eux, juste que leur pari est audacieux, et il faut le saluer. Mais, il faut être honnête, le coût de la vie, l’hôtellerie comme les pensions de famille, à Tahiti, rien n’est low-cost.
Pour ses 20 ans, ATN fait peau neuve
Outre un nouveau siège social flambant neuf qui lui sera livré à la fin du mois d’août sur la zone de l’aéroport international de Tahiti Faa’a, la compagnie à la fleur de tiare poursuit sa stratégie de modernisation. Un nouveau logo et une nouvelle esthétique viennent d’être dévoilés, et une filiale hélicoptère sera lancée.
Surtout, ATN, qui fête son 20e anniversaire en 2018, recevra, en octobre, le premier des 4 Boeing 787 Dreamliner qu’elle a commandés, en remplacement de ses Airbus A340 vieillissants. Ils disposeront d’une cabine revisitée, et une classe premium fera son apparition entre l’éco et la nouvelle classe business. Pas de changement en vue au niveau des fréquences et des destinations qui restent Los-Angeles, Paris, Tokyo et Auckland.
Surtout, ATN, qui fête son 20e anniversaire en 2018, recevra, en octobre, le premier des 4 Boeing 787 Dreamliner qu’elle a commandés, en remplacement de ses Airbus A340 vieillissants. Ils disposeront d’une cabine revisitée, et une classe premium fera son apparition entre l’éco et la nouvelle classe business. Pas de changement en vue au niveau des fréquences et des destinations qui restent Los-Angeles, Paris, Tokyo et Auckland.