Pour éviter des débordements, des ‘’quotas’’ sont désormais imposés par les autorités saoudiennes.
Les rites du hadj, le grand pèlerinage annuel, commenceront ce dimanche 8 janvier, au huitième jour du mois de Dhul-Hijja, le dernier mois du calendrier lunaire de l’année de l'hégire 1426, qui a commencé ce dimanche.
Le hadj, pèlerinage des fidèles vers les sanctuaires de la Mecque et Médine, est l'un des cinq piliers de l'islam.
Tout musulman qui en a les moyens physiques et matériels est tenu de le faire au moins une fois dans sa vie. Avec une population estimée à plus d'un milliard de fidèles dans le monde, on peut imaginer l’affluence qu'une telle obligation peut générer.
Selon l'Agence iranienne de presse coranique (IQNA) citant ''Saphirnews'', vendredi dernier, 1,108 million de pèlerins étaient arrivés de l'étranger. Hier mardi, ils étaient près d’ 1,3 millions.
Pour éviter des débordements de foule, des ''quotas'' sont désormais imposés par les autorités saoudiennes. Combien seront-ils au départ de France ? On parle d'environ 20 à 25 000 autorisations. Malgré notre appel au consulat saoudien, impossible de savoir combien de visas de ‘’hadj’’ ou de ‘’omra’’ seront délivrés cette année en France.
Et cette obligation religieuse ne s’organise pas sans mal, c’est le moins qu’on puisse dire. A Banjul, 1.873 pèlerins gambiens étaient bloqués depuis le 18 décembre dernier. Les avions devant les transporter étaient retardés en raison de "problèmes techniques", avait indiqué une source à la DGAC locale, sans en préciser la nature. Un retard équivalent avait eu lieu lors du pèlerinage de 2004. Aux dernières nouvelles ils auraient pu décoller dimanche dernier.
Un marché bien verrouillé
Partir c'est bien. Encore faut-il revenir... Au Cameroun, Marafa Hamidou Yaya, le président de la commission nationale du hadj, a demandé à la Camair « de prendre d’ores et déjà les dispositions nécessaires, afin d’assurer, dans les délais, le retour de l’ensemble des pèlerins et de leurs bagages. »
De quoi se poser quelques questions quand même.
Mais c’est l’Afrique me direz-vous, un ''folklore'' inimaginable en France ? Pas si sûr. « Les pèlerinages à la Mecque échappent à 95 % aux professionnels du tourisme. Cela fait 20 ans que j’essaye de pénétrer ce marché. Et malgré mes très bonnes relations avec la communauté maghrébine, rien à faire », explique cet agent de voyages du nord de la France.
« C’est un marché qui est complètement verrouillé par des Imams qui n’hésitent pas à vendre le billet d’avion, l’hébergement en camps de toile et le visa jusqu’à 4 500 € voire plus. Et inutile de dire qu’ils n’ont ni licence d’agent de voyages ou d’agrément.»
Un peu cher pour un voyage dans des conditions sommaires et en toute illégalité si l’on en croit ce directeur d’agence.
« Plus votre hébergement est proche des lieux saints, et plus il sera cher », explique Ahmed Falhi, directeur de l’agence Voyages Falhi à Marseille. « On peut trouver des pèlerinages à tous les prix, c’est comme n'importe quel voyage. Il faut savoir qu’il y a déjà une taxe d’entrée incompressible de 250 € à payer. »
Intermédiaires et rabatteurs
Mais Ahmed Falhi confirme néanmoins les propos de son confrère du nord de la France. « A l’approche du hadj, on voit fleurir tout un tas de rabatteurs qui agissent pour leur compte, ou celui d’associations quand ce n’est pas directement pour des compagnies aériennes », précise le directeur.
Des intermédiaires, là encore dépourvus de toute autorisation légale d’exercice de la profession et qui n’hésitent pas parfois à affréter directement un avion !
« Nous vendons le pèlerinage à la Mecque avec le billet d’avion, l’hébergement et le rite à l'intérieur des lieux saints 2 600 € TTC. Nous faisons de la publicité par prospectus », explique la responsable des inscriptions pour le hadj à la mosquée de Paris. 105 personnes partiront cette année sous la conduite d’un chef de groupe, personnage incontournable pour le déplacement à La Mecque.
« Nous passons par une agence de voyages uniquement pour les billets d’avion. Nous nous occupons de l’hébergement. » La Mosquée de Paris dispose-t-elle d'une licence ou d'un agrément pour celà ?
Or, rappelons que la vente d’une combinaison d’au moins 2 éléments constitutifs d’un voyage (un forfait) tombe de fait sous le coup de la loi de 1992.
Car, le voyage n'est pas sans risque. Alors que le rite n'est pas encore commencé, au moins 44 pèlerins indonésiens sont morts ont rapporté vendredi les médias locaux sans citer les causes des décès. En dehors de tout cadre légal, qui est responsable et vers qui se retourner ?
« Ce ne sont pas les seuls. Presque toutes les mosquées pratiquent de la sorte », confirme notre agent de voyages nordiste. « En voulant réguler, les autorités saoudiennes ont privilégié le passage par des associations, sans faire de distingo entre celles-ci, agréées ou non. Les visas sont délivrés sans faire attention à qui on les donne », reconnaît Ahmed Falhi.
Recommandations du ministère des affaires étrangères
Et l’organisation de ces voyages confiée à qui le veut bien va souvent de paire avec les problèmes que l’on peut imaginer.
« D’importantes perturbations ont été observées en 2005 lors du retour des pèlerins venus de France. Certains vols affrétés par des compagnies aériennes saoudiennes, notamment la compagnie Al-Attar, n’ont pas été assurés. C’est pourquoi les pèlerins sont invités à s’assurer de la fiabilité des agences de voyages ou des compagnies de charters avant leur réservation», peut on lire d’ailleurs sur le site du ministère des affaires étrangères.
Une brochure de conseils pratiques à destination des pèlerins se rendant à La Mecque en décembre 2005 - janvier 2006 y est consultable et même téléchargeable.
« Les pèlerins doivent s’assurer que leur agence de voyage ou leur compagnie aérienne présentent toutes les garanties nécessaires en terme de sécurité des vols aller et retour, d’accueil, d’hébergement pendant toute la durée du pèlerinage », recommande encore le ministère.
Et de préciser qu' « il est nécessaire également de comparer les prix des billets d’avion et de séjour pour éviter d’avoir à débourser des sommes trop importantes. ». Hier, sur Opodo, on pouvait trouver un Paris Djeddah sur Saudi Arabian Airlines, retour un mois plus tard à
821,22 € TTC.
Sur ce dossier sensible, tout le monde semble au courant, les autorités françaises les premières, mais rien n’est fait pour dénoncer cette pratique illégale... et visiblement impunie pour ne pas dire acceptée.
Et personne n'est prêt à bouger le petit doigt pour, au moins réglementer ces voyages dont l'organisation n'a souvent rien de très...''catholique''.
Le hadj, pèlerinage des fidèles vers les sanctuaires de la Mecque et Médine, est l'un des cinq piliers de l'islam.
Tout musulman qui en a les moyens physiques et matériels est tenu de le faire au moins une fois dans sa vie. Avec une population estimée à plus d'un milliard de fidèles dans le monde, on peut imaginer l’affluence qu'une telle obligation peut générer.
Selon l'Agence iranienne de presse coranique (IQNA) citant ''Saphirnews'', vendredi dernier, 1,108 million de pèlerins étaient arrivés de l'étranger. Hier mardi, ils étaient près d’ 1,3 millions.
Pour éviter des débordements de foule, des ''quotas'' sont désormais imposés par les autorités saoudiennes. Combien seront-ils au départ de France ? On parle d'environ 20 à 25 000 autorisations. Malgré notre appel au consulat saoudien, impossible de savoir combien de visas de ‘’hadj’’ ou de ‘’omra’’ seront délivrés cette année en France.
Et cette obligation religieuse ne s’organise pas sans mal, c’est le moins qu’on puisse dire. A Banjul, 1.873 pèlerins gambiens étaient bloqués depuis le 18 décembre dernier. Les avions devant les transporter étaient retardés en raison de "problèmes techniques", avait indiqué une source à la DGAC locale, sans en préciser la nature. Un retard équivalent avait eu lieu lors du pèlerinage de 2004. Aux dernières nouvelles ils auraient pu décoller dimanche dernier.
Un marché bien verrouillé
Partir c'est bien. Encore faut-il revenir... Au Cameroun, Marafa Hamidou Yaya, le président de la commission nationale du hadj, a demandé à la Camair « de prendre d’ores et déjà les dispositions nécessaires, afin d’assurer, dans les délais, le retour de l’ensemble des pèlerins et de leurs bagages. »
De quoi se poser quelques questions quand même.
Mais c’est l’Afrique me direz-vous, un ''folklore'' inimaginable en France ? Pas si sûr. « Les pèlerinages à la Mecque échappent à 95 % aux professionnels du tourisme. Cela fait 20 ans que j’essaye de pénétrer ce marché. Et malgré mes très bonnes relations avec la communauté maghrébine, rien à faire », explique cet agent de voyages du nord de la France.
« C’est un marché qui est complètement verrouillé par des Imams qui n’hésitent pas à vendre le billet d’avion, l’hébergement en camps de toile et le visa jusqu’à 4 500 € voire plus. Et inutile de dire qu’ils n’ont ni licence d’agent de voyages ou d’agrément.»
Un peu cher pour un voyage dans des conditions sommaires et en toute illégalité si l’on en croit ce directeur d’agence.
« Plus votre hébergement est proche des lieux saints, et plus il sera cher », explique Ahmed Falhi, directeur de l’agence Voyages Falhi à Marseille. « On peut trouver des pèlerinages à tous les prix, c’est comme n'importe quel voyage. Il faut savoir qu’il y a déjà une taxe d’entrée incompressible de 250 € à payer. »
Intermédiaires et rabatteurs
Mais Ahmed Falhi confirme néanmoins les propos de son confrère du nord de la France. « A l’approche du hadj, on voit fleurir tout un tas de rabatteurs qui agissent pour leur compte, ou celui d’associations quand ce n’est pas directement pour des compagnies aériennes », précise le directeur.
Des intermédiaires, là encore dépourvus de toute autorisation légale d’exercice de la profession et qui n’hésitent pas parfois à affréter directement un avion !
« Nous vendons le pèlerinage à la Mecque avec le billet d’avion, l’hébergement et le rite à l'intérieur des lieux saints 2 600 € TTC. Nous faisons de la publicité par prospectus », explique la responsable des inscriptions pour le hadj à la mosquée de Paris. 105 personnes partiront cette année sous la conduite d’un chef de groupe, personnage incontournable pour le déplacement à La Mecque.
« Nous passons par une agence de voyages uniquement pour les billets d’avion. Nous nous occupons de l’hébergement. » La Mosquée de Paris dispose-t-elle d'une licence ou d'un agrément pour celà ?
Or, rappelons que la vente d’une combinaison d’au moins 2 éléments constitutifs d’un voyage (un forfait) tombe de fait sous le coup de la loi de 1992.
Car, le voyage n'est pas sans risque. Alors que le rite n'est pas encore commencé, au moins 44 pèlerins indonésiens sont morts ont rapporté vendredi les médias locaux sans citer les causes des décès. En dehors de tout cadre légal, qui est responsable et vers qui se retourner ?
« Ce ne sont pas les seuls. Presque toutes les mosquées pratiquent de la sorte », confirme notre agent de voyages nordiste. « En voulant réguler, les autorités saoudiennes ont privilégié le passage par des associations, sans faire de distingo entre celles-ci, agréées ou non. Les visas sont délivrés sans faire attention à qui on les donne », reconnaît Ahmed Falhi.
Recommandations du ministère des affaires étrangères
Et l’organisation de ces voyages confiée à qui le veut bien va souvent de paire avec les problèmes que l’on peut imaginer.
« D’importantes perturbations ont été observées en 2005 lors du retour des pèlerins venus de France. Certains vols affrétés par des compagnies aériennes saoudiennes, notamment la compagnie Al-Attar, n’ont pas été assurés. C’est pourquoi les pèlerins sont invités à s’assurer de la fiabilité des agences de voyages ou des compagnies de charters avant leur réservation», peut on lire d’ailleurs sur le site du ministère des affaires étrangères.
Une brochure de conseils pratiques à destination des pèlerins se rendant à La Mecque en décembre 2005 - janvier 2006 y est consultable et même téléchargeable.
« Les pèlerins doivent s’assurer que leur agence de voyage ou leur compagnie aérienne présentent toutes les garanties nécessaires en terme de sécurité des vols aller et retour, d’accueil, d’hébergement pendant toute la durée du pèlerinage », recommande encore le ministère.
Et de préciser qu' « il est nécessaire également de comparer les prix des billets d’avion et de séjour pour éviter d’avoir à débourser des sommes trop importantes. ». Hier, sur Opodo, on pouvait trouver un Paris Djeddah sur Saudi Arabian Airlines, retour un mois plus tard à
821,22 € TTC.
Sur ce dossier sensible, tout le monde semble au courant, les autorités françaises les premières, mais rien n’est fait pour dénoncer cette pratique illégale... et visiblement impunie pour ne pas dire acceptée.
Et personne n'est prêt à bouger le petit doigt pour, au moins réglementer ces voyages dont l'organisation n'a souvent rien de très...''catholique''.