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Pénurie croissante : y aura-t-il encore des pilotes dans les avions, demain ?

les compagnies aériennes peinent à recruter


Alors qu'au niveau mondial, les pilotes de lignes sont de plus en plus demandés pour accompagner la croissance du secteur, leur nombre ne progresse pas assez vite. Phénomène mal anticipé sur le long-terme par les compagnies aériennes, la pénurie de main d'œuvre devient pour les syndicats un enjeu social, et freine la croissance des transporteurs.


Rédigé par le Lundi 13 Novembre 2017

Excédé par les sous-effectifs, les pilotes chez HOP! avaient provoqué 6 jours en grève en juillet dernier © HOP!
Excédé par les sous-effectifs, les pilotes chez HOP! avaient provoqué 6 jours en grève en juillet dernier © HOP!
637 000. Voici, d'après une récente étude de Boeing, le nombre de pilotes de ligne qui devront être recrutés au niveau mondial d'ici 2036.

Alors que IATA estime que le nombre de voyageurs aériens va plus que doubler sur la même période, le secteur fait mécaniquement face, et ce depuis plusieurs années, à une pénurie de pilotes de ligne.

D'après les estimations, dans les 10 prochaines années, les compagnies aériennes mondiales auraient besoin de 255 000 pilotes pour répondre à la croissance du secteur.

Des chiffres qui sont tous les ans ré-évalués. En Asie, par exemple, Boeing estime que dans les deux prochaines décennies, 13 000 nouveaux avions et 253 000 pilotes seront nécessaires pour accompagner la croissance prévue du transport aérien, qui frôle les 10% chaque année.

Un frein à la croissance

Mais le sous-effectif touche toutes les compagnies du monde, et les 200 écoles de pilotage dans le monde tournent à plein régime. L'Enac à Toulouse, la première école européenne, forme 450 pilotes de ligne chaque année, et 90% d'entres-eux sont étrangers.

Les compagnies, qui peinent à recruter, sont pénalisées par ce manque.

Chez Air Mauritius par exemple, qui compte environ 200 pilotes pour une quinzaine d'avions, on estime à 100 le nombre de pilotes manquants. Des appareils de la compagnie doivent souvent rester au sol pour des questions de rentabilité, les pilotes atteignant bien souvent le temps de vol maximal par an, et doivent de fait rester au repos.

Une pénurie qui freine les perspectives de croissance du transporteur, qui peine à augmenter les fréquences et à ouvrir de nouvelles routes.

Et certaines compagnies recrutent désormais leurs pilotes à prix d'or. Chez la nouvelle compagnie Air Sénégal Sa, qui prévoit de commencer ses vols commerciaux à partir du 7 décembre prochain, on s'apprête à payer les nouveaux venus entre 12 et 15 000 dollars par mois (environ 13 000 euros), logement compris.

Un nouvel enjeu social

Cadence de vols accrue, épuisement des équipages, sous-effectif, désorganisation, instabilité des plannings : les conséquences du manque de pilotes deviennent dans le même temps un motif de grogne pour les syndicats de pilotes.

Ces derniers mois, c'était par exemple aux pilotes de HOP! de s'emparer du sujet lors d'une grève de six jours qui avait marqué le week-end du 14 juillet 2017. "La convention collective va toujours vers plus de productivité pour les pilotes, sans vouloir construire l'avenir de la compagnie", explique Armand Simon, président du SNPL HOP!, l'un des syndicats de pilotes de la filiale domestique d'Air France. D'après le syndicat, le sous-effectif serait estimé chez HOP! à 75 pilotes.

Mais c'est bien-sur chez Ryanair, la compagnie européenne la plus rentable (1,3 milliard d'euros de bénéfices en 2016), que la pénurie a fait les gros titres de la rentrée 2017. Avec près de 900 heures de vols par an, le maximum autorisé, les pilotes Ryanair sont les plus productifs du continent.

Lire : Pascal Perri : "Ryanair est confrontée à la gestion déplorable du personnel"

Ce qui, outre des annulations de vols à répétition impactant près de 700 000 voyageurs, a entrainé une fuite massive des pilotes vers certaines compagnies concurrentes, comme Norwegian.

Une situation qui pousse actuellement les pilotes restés fidèle à la compagnie irlandaise à se réunir en syndicat, ce qu'a toujours refusé Michael O'Leary, leur patron.

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