Fram lance une nouvelle marque après le rachat d'Alpitour [ABO]

L'interview exclusive de Cyrille Fradin, président du Groupe Karavel-FRAM-Promovacances

Six mois après le départ surprise d'Alain de Mendonça, son successeur prend la parole, à la faveur d'une actualité très riche. Le Groupe Fram - Promovacances a non seulement acté le rachat d'Alpitour France, mais prépare aussi le lancement d'une nouvelle marque BtoB et BtoC. Nous avons fait le point avec le nouveau président, un homme à la parole rare, Cyrille Fradin. Entretien exclusif.

Rédigé par Romain POMMIER le Mercredi 19 Février 2025

Cyrille Fradin revient sur le rachat d'Alpitour France, le départ d'Alain de Mendonça et la vente ratée de Fram-Promovacances - Crédit photo : Karavel

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TourMaG - Vous venez d'annoncer le rachat d'Alpitour France, pouvez-vous nous expliquer le contexte ?

Cyrille Fradin : Nous avons repris le fonds de commerce, l'intégralité des effectifs, mais nous n’avons pas racheté la société Alpitours France.

Concernant le rapprochement, le mouvement a été rendu possible grâce à une réflexion en interne chez Alpitour quant au devenir de la branche française, le tout porté par Patrice Caradec.

Quand ils sont arrivés au constat qu'il y avait un plafond de verre qu'ils n'arrivaient pas forcément à percer, une discussion a été ouverte avec plusieurs acteurs dont nous.

La première prise de contact remonte à quelques mois déjà.

Fram : "En 2026, les produits vont basculer sous les marques Fram et Plein vent"

TourMaG - Pourquoi avoir réalisé ce rachat ?

Cyrille Fradin : Alpitour France, par sa marque Bravo Club, est un acteur qui possède de beaux produits.

Et c'est le contenu de leur production qui a été, en premier lieu, le déclencheur. Le produit est vraiment très intéressant, la gamme est riche. Puis vous avez également des ressources humaines de qualité.

Nous avons ensuite regardé comment ce portefeuille pouvait venir compléter nos clubs Jumbo et Framissima. A partir de ce constat, nous avons travaillé sur un rapprochement potentiel.

TourMaG - La marque Alpitour France va-t-elle rester ?

Cyrille Fradin : A partir du 1er avril 2025, nous allons reprendre l'exploitation de l'ensemble de ses Clubs sur l'été 2025. Nous conservons l'utilisation de la marque pour cette première saison.

Alpitour continuera de vendre ses hôtels par ses propres canaux de distribution, puis nous allons progressivement les intégrer à nos offres, aussi bien chez Fram que Promovacances, puis chez nos partenaires BtoB.

La marque Bravo Club va donc subsister cet été, puis en 2026, les produits vont basculer sous les marques Fram et Plein vent.

Nous allons faire une curation des produits qui nous paraissent les mieux correspondre aux besoins de nos clients. Nous parlons d'une entreprise qui réalisait quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires sur le marché français, grâce à la qualité de ses produits.

Cela va permettre de bonifier notre offre actuelle.

En revanche, Patrice Caradec ne va pas suivre cette nouvelle aventure, même s'il va nous accompagner et nous filer un coup de main. Mais il ne sera pas présent en tant que salarié.

Fram : "Equistone reste très proche de nous"

TourMaG - Vous signez un accord stratégique avec Alpitour World, est-ce que cela peut aller plus loin, comme une prise de participation au sein de votre société ?

Cyrille Fradin : D'abord nous sommes très contents d'être cités aux côtés d'un très grand nom européen.

Nous avons des sujets intéressants que nous pouvons aborder avec eux, notamment sur l'hôtellerie. Ils ont énormément de clubs sous leur marque VOI. Néanmoins, nous restons focus sur les sujets opérationnels.

TourMaG - Il n'y a pas donc pas de discussion capitalistique au-delà du rachat d'Alpitour France ?

Cyrille Fradin : C'est exactement cela.

TourMaG - Cette annonce s'inscrit aussi dans le contexte d'un rachat qui ne s'est finalement pas fait, par une filiale du fonds souverain d’Abu Dhabi ADQ. Cela signifie-t-il que cette occasion manquée ne pèse finalement pas sur le développement du Groupe ?

Cyrille Fradin : Il y a différents sujets : l'un associé à l'organisation capitalistique du Groupe, l'autre tourné vers l'opérationnel.

Et sur ce dernier point, nous sommes focus sur le développement de notre actif qui est le Groupe Karavel Fram, Promovacances. Nous travaillons aussi bien sur la croissance organique qu'externe.

Equistone reste très proche de nous, il nous soutient dans notre développement, preuve en est avec Alpitour. Après, comme tout fonds d'investissement rentré en 2018, il a potentiellement envie de faire travailler son actif.

Nous avons déjà vécu ça par le passé, entre 2011 et 2018 avec Barclays Private Equity, puis LBO France. Finalement nous vivons le cycle normal d'une société sous LBO.

Fram Signature : "pas de Club sous cette marque"

TourMaG - Avez-vous d'autres axes de développement à venir ?

Cyrille Fradin : La prochaine étape sera le lancement, début avril, de notre nouvelle marque "Fram Signature".

Elle va décliner des produits pour le segment haut de gamme : des circuits et une offre hôtelière. Cette gamme sera proposée aussi bien en B2B qu'en B2C.

C'est une nouvelle approche pour nous, une approche plus inspirationnelle.

Nous n'aurons pas de club sous ce label, car il existe déjà d'autres grands noms du secteur qui maîtrisent parfaitement le sujet.

Au sujet des clubs, nous restons sur le segment premium avec nos Framissima Premium qui sont très bien positionnés.

TourMaG - Que représente le BtoB dans votre business modèle ?

Cyrille Fradin : Nous avons une approche multicanale, même si nous sommes majoritairement un groupe BtoC, avec nos sites Internet, nos agences et notre call center.

Nous travaillons en grande proximité aussi avec nos partenaires B2B, nous voulons poursuivre dans ce mix et maintenir ce rapport.

L'intermédiation représente une part non négligeable de notre activité, une brique complémentaire.

Fram - Promovacances : "Un volume d'affaires consolidé de l'ordre de 1,1 milliard d'euros"

TourMaG - Votre réseau d'agences de voyages pourrait-il évoluer ? D'autant plus que près de 100 points de vente vont se retrouver sous peu sur le marché...

Cyrille Fradin : La partie agences de voyages physiques est importante, mais nous sommes soucieux de maintenir l'équilibre actuel.

Nous n'avons pas du tout de velléités à développer fortement cette activité, par contre nous restons attentifs aux opportunités pour combler des zones où nous sommes absents, et là où les revendeurs nous distribuent peu.

Ce sera au cas par cas.

TourMaG - Vous avez pris vos fonctions en septembre 2024, quel bilan dressez-vous de l'année dernière et les perspectives de la prochaine ?

Cyrille Fradin : Le groupe termine 2024 avec un volume d'affaires consolidé de l'ordre de 1,1 milliard d'euros.

La performance est très belle. Nous allons pouvoir rembourser la totalité des prêts bancaires qui ont été contractés durant la crise sanitaire. Ce sera chose faite en juin 2025, date à laquelle nous serons totalement désendettés.

Cela démontre que le Groupe évolue sainement dans son marché.

Cette situation financière donne beaucoup plus de liberté et de facilité quand vous discutez avec votre actionnaire pour pouvoir vous développer.

Pour 2025, nous sommes dans un marché particulier, dans un environnement géopolitique très instable et une économie française qui se porte à peine mieux. Il est donc difficile de prévoir l'exercice.

Une fois que j'ai dit cela, le début d'année se passe relativement bien, dans un marché globalement en croissance. Nous faisons un peu mieux que le marché, mais nous restons très attentifs aux variables qui peuvent impacter le budget des Français.

Dans ce contexte, nous devons rester fidèles à notre ADN, qui est de proposer un très bon rapport qualité-prix à nos clients, sur l'ensemble de nos gammes.

Départ d'Alain de Mendonça : "Il n'y a pas de révolution à attendre"

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TourMaG - Nous ne pouvons pas finir cette interview sans parler de votre nomination et du départ précipité d'Alain de Mendonça...

Cyrille Fradin : Ecoutez, cela remonte maintenant à 6 mois, ce n'est plus un sujet d'actualité, c'est même un peu loin.

Nous avons pas mal d'actualités à partager, ce n'est pas le sujet et pas à moi de commenter son départ. Alain a choisi de prendre du recul après s'être consacré corps et âme à cette entreprise pendant 25 ans.

Je respecte sa décision, le reste ne me regarde pas.

TourMaG - Avez-vous pris vos fonctions avec une feuille de route particulière ? L'envie d'apposer votre patte sur le Groupe ?

Cyrille Fradin : Je suis dans le Groupe depuis 18 ans, j'ai commencé comme directeur financier.

J'ai travaillé étroitement avec Alain pendant de nombreuses années, donc vous vous doutez bien qu'il n'y aura pas de révolution. Je connais aussi très bien toutes les équipes .

C'est un passage de flambeau presque naturel. Karavel a toujours été rentable, sauf durant la crise sanitaire, passant de 0 à plus d'un milliard de volume d'affaires, donc arriver et dire que vous voulez tout révolutionner, c'est de la folie.

Je pense qu'il est important de continuer à bien faire ce que nous faisons, à faire preuve d’exigence, tout en permettant aux équipes de travailler dans les meilleures conditions. Alors le reste suivra.