Un comité de soutien aux salariés d'Air France devant le tribunal de Bobigny organisé par l'intersyndicale - DR : LAC
C'est un procès éminemment politique et médiatique qui se tient, mardi 27 et mercredi 28 septembre 2016, devant la 14e chambre du tribunal de grande instance de Bobigny.
Celui de "la chemise d'Air France", épisode tristement célèbre et symbole de la colère des salariés contre le plan de licenciements de l'ancien PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac.
Nous sommes le 5 octobre 2015. Pour protester contre l'annonce d'un plan de départs de 2 900 salariés, les syndicats appellent au rassemblement devant le siège social de la compagnie à Roissy, à l'occasion du comité d'entreprise (CEE).
Une manifestation dont la direction pressent le danger. "Nous avions des informations sur un risque de tension. C'est pourquoi nous avons engagé des vigiles supplémentaires", explique Franck Raimbault, le directeur juridique et social de la compagnie.
De nombreux manifestants ont pénétré dans la salle du CEE, où sont réunis certains membres de l'équipe dirigeante, dont le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, et le responsable des vols long-courriers, Pierre Plissonier.
C'est donc une bataille d'interprétation des images qui s'est engagée au tribunal quasiment un an après les faits. Bataille qui s'avère complexe, comme le remarque d'emblée le président du tribunal. "Personne ne tombera jamais d'accord sur ce qu'on voit sur ces images".
Dans la cohue, il est en effet bien difficile de distinguer qui a arraché la chemise des deux cadres dirigeants. Les photos extraites des vidéos sont souvent floues et prêtent à caution.
Le ton monte et les deux hommes sont exfiltrés du bâtiment avec peine, y laissant au passage vestes et chemises.
Cette image a fait le tour du monde et les vidéos montrant leur fuite auraient été visionnées 1,7 milliard de fois. "Autant que pour les Jeux Olympiques", remarque Pierre Plissonier lors de son passage à la barre.
Celui de "la chemise d'Air France", épisode tristement célèbre et symbole de la colère des salariés contre le plan de licenciements de l'ancien PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac.
Nous sommes le 5 octobre 2015. Pour protester contre l'annonce d'un plan de départs de 2 900 salariés, les syndicats appellent au rassemblement devant le siège social de la compagnie à Roissy, à l'occasion du comité d'entreprise (CEE).
Une manifestation dont la direction pressent le danger. "Nous avions des informations sur un risque de tension. C'est pourquoi nous avons engagé des vigiles supplémentaires", explique Franck Raimbault, le directeur juridique et social de la compagnie.
De nombreux manifestants ont pénétré dans la salle du CEE, où sont réunis certains membres de l'équipe dirigeante, dont le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, et le responsable des vols long-courriers, Pierre Plissonier.
C'est donc une bataille d'interprétation des images qui s'est engagée au tribunal quasiment un an après les faits. Bataille qui s'avère complexe, comme le remarque d'emblée le président du tribunal. "Personne ne tombera jamais d'accord sur ce qu'on voit sur ces images".
Dans la cohue, il est en effet bien difficile de distinguer qui a arraché la chemise des deux cadres dirigeants. Les photos extraites des vidéos sont souvent floues et prêtent à caution.
Le ton monte et les deux hommes sont exfiltrés du bâtiment avec peine, y laissant au passage vestes et chemises.
Cette image a fait le tour du monde et les vidéos montrant leur fuite auraient été visionnées 1,7 milliard de fois. "Autant que pour les Jeux Olympiques", remarque Pierre Plissonier lors de son passage à la barre.
Des vidéos manquantes
Autres articles
-
Air France et KLM : la surcharge GDS passera à 3€ en janvier
-
Emirates répercute à son tour la taxe de solidarité sans attendre le vote
-
Air France suspend le survol de la Mer Rouge jusqu'à nouvel ordre
-
Air France : le contenu NDC disponible chez Supertripper
-
Liban : Air France et Transavia quid des vols ?
Ce procès avait déjà été reporté et les avocats des salariés incriminés ont à nouveau demandé en début de séance un troisième report de ce procès jusqu'au 9 décembre.
C'est à cette date que la plainte des salariés de la CGT déposée contre Air France sera examinée. Le syndicat a en effet attaqué le transporteur pour immixtion illégale d'une société de sécurité privée dans un conflit du travail et entrave dans un conflit social.
Une requête rejetée par le tribunal, qui a préféré ne pas reporter à nouveau l'échéance.
Mardi 27 septembre, les juges ont donc commencé par examiner la plainte déposée par Air France à l'encontre de onze personnes, qui comparaissent pour "dégradations volontaires du bien d'autrui en réunion".
Il s'agit d'une grille d'entrée qui a été ouverte de force par plusieurs employés.
"Pendant le CCE j'ai demandé à Frédéric Gagey (le PDG d'Air France) d'ouvrir cette grille pour éviter les débordements", explique à la barre Miguel Fortéa, secrétaire général du syndicat CGT. Il peine d'ailleurs à comprendre pourquoi ce portail avait été fermé alors que la manifestation n'avait pas été interdite.
La question de la vidéo est cruciale. Pour l'avocate des salariés : "Je fais grief à la société Air France de nous donner seulement une seule vidéo surveillance. Si le dossier ne tient qu'aux images sensationnelles de BFM et i-Télé, on arrête là".
La police n'aurait pas encore saisi certaines bandes des circuits de vidéo-surveillance, notamment celles devant la salle du CCE. "On se demande bien pourquoi", remarque Marc Allot, le délégué syndical CGT venu soutenir ses collègues devant le tribunal.
C'est à cette date que la plainte des salariés de la CGT déposée contre Air France sera examinée. Le syndicat a en effet attaqué le transporteur pour immixtion illégale d'une société de sécurité privée dans un conflit du travail et entrave dans un conflit social.
Une requête rejetée par le tribunal, qui a préféré ne pas reporter à nouveau l'échéance.
Mardi 27 septembre, les juges ont donc commencé par examiner la plainte déposée par Air France à l'encontre de onze personnes, qui comparaissent pour "dégradations volontaires du bien d'autrui en réunion".
Il s'agit d'une grille d'entrée qui a été ouverte de force par plusieurs employés.
"Pendant le CCE j'ai demandé à Frédéric Gagey (le PDG d'Air France) d'ouvrir cette grille pour éviter les débordements", explique à la barre Miguel Fortéa, secrétaire général du syndicat CGT. Il peine d'ailleurs à comprendre pourquoi ce portail avait été fermé alors que la manifestation n'avait pas été interdite.
La question de la vidéo est cruciale. Pour l'avocate des salariés : "Je fais grief à la société Air France de nous donner seulement une seule vidéo surveillance. Si le dossier ne tient qu'aux images sensationnelles de BFM et i-Télé, on arrête là".
La police n'aurait pas encore saisi certaines bandes des circuits de vidéo-surveillance, notamment celles devant la salle du CCE. "On se demande bien pourquoi", remarque Marc Allot, le délégué syndical CGT venu soutenir ses collègues devant le tribunal.
Un comité de soutien devant le tribunal de Bobigny
L'intersyndicale avait en effet organisé devant le tribunal un grand rassemblement pour soutenir les salariés, avec une pièce de théâtre, un concert de musique et des prises de parole.
"Nous demandons une totale relaxe de nos camarades. Si ce n'est pas le cas, nous exercerons tous les recours possibles", poursuit Marc Allot.
Au-delà des dégradations matérielles sur la grille, le tribunal a surtout jugé les violences à l'encontre de Xavier Broseta, Pierre Plissonier, un vigile et un agent de sécurité incendie.
Cinq salariés prévenus, aujourd'hui licenciés, sont poursuivis pour « violences en réunion ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas huit jours ». Ils encourent trois ans de prison et 45 000 € d’amende.
Le premier à passer devant la barre est le délégué du personnel, Cédric Errin, accusé d'avoir agressé un responsable incendie. "J'ai fait 30 heures de garde à vue sur la simple parole de cet homme. Je n'ai pourtant jamais été agressif et j'ai demandé à voir vidéos et photos pour le prouver", assure le prévenu.
S'il a reconnu un échange verbal avec le vigile à propos d'un journaliste tombé à terre car bousculé par le service d'ordre, dont fait partie ce même vigile, il assure de ne jamais avoir touché le vigile. Aucune vidéo n'a été produite pour identifier la scène.
"Nous demandons une totale relaxe de nos camarades. Si ce n'est pas le cas, nous exercerons tous les recours possibles", poursuit Marc Allot.
Au-delà des dégradations matérielles sur la grille, le tribunal a surtout jugé les violences à l'encontre de Xavier Broseta, Pierre Plissonier, un vigile et un agent de sécurité incendie.
Cinq salariés prévenus, aujourd'hui licenciés, sont poursuivis pour « violences en réunion ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas huit jours ». Ils encourent trois ans de prison et 45 000 € d’amende.
Le premier à passer devant la barre est le délégué du personnel, Cédric Errin, accusé d'avoir agressé un responsable incendie. "J'ai fait 30 heures de garde à vue sur la simple parole de cet homme. Je n'ai pourtant jamais été agressif et j'ai demandé à voir vidéos et photos pour le prouver", assure le prévenu.
S'il a reconnu un échange verbal avec le vigile à propos d'un journaliste tombé à terre car bousculé par le service d'ordre, dont fait partie ce même vigile, il assure de ne jamais avoir touché le vigile. Aucune vidéo n'a été produite pour identifier la scène.
Deux personnes accusées d'avoir arraché la chemise
Pierre Plissonier est ensuite venu à la barre pour témoigner. Dans ses déclarations, il avait déjà précisé ne pas avoir été en mesure de voir et donc d'identifier ses agresseurs.
"Vous avez vu ces images sont choquantes. C'était quand même une forme de lynchage. Sans oublier l'impact médiatique et l'humiliation de ces images qui ont fait le tour du monde. Cela a dégradé l'image d'Air France, de la France et du dialogue social".
Deux personnes ont été accusées de lui avoir arraché la chemise. Tout d'abord Pascal Maquay, mis en cause par l'interprétation de certaines vidéos pour avoir porté un coup et arraché la chemise de Pierre Plissonier.
"C'est pas ma place ici. Je veux juste défendre l'avenir des salariés", assure-t-il, visiblement énervé par les questions des avocats d'Air France.
Il a toutefois bien du mal à justifier sa main tendue vers Pierre Plissonier que l'on devine sur une photo.
"Il y avait un mouvement de foule et ma main a été retrouvée dans cette direction. Il n'y a aucune agressivité de ma part".
La seconde personne accusée est Fabrice Lhermitte, accusé par un vigile d'avoir porté des coups dans le dos. "Depuis le début, on est vu comme des coupables, comme des délinquants. Alors que je n'ai jamais voulu le taper, je voulais attirer son attention".
"Vous avez vu ces images sont choquantes. C'était quand même une forme de lynchage. Sans oublier l'impact médiatique et l'humiliation de ces images qui ont fait le tour du monde. Cela a dégradé l'image d'Air France, de la France et du dialogue social".
Deux personnes ont été accusées de lui avoir arraché la chemise. Tout d'abord Pascal Maquay, mis en cause par l'interprétation de certaines vidéos pour avoir porté un coup et arraché la chemise de Pierre Plissonier.
"C'est pas ma place ici. Je veux juste défendre l'avenir des salariés", assure-t-il, visiblement énervé par les questions des avocats d'Air France.
Il a toutefois bien du mal à justifier sa main tendue vers Pierre Plissonier que l'on devine sur une photo.
"Il y avait un mouvement de foule et ma main a été retrouvée dans cette direction. Il n'y a aucune agressivité de ma part".
La seconde personne accusée est Fabrice Lhermitte, accusé par un vigile d'avoir porté des coups dans le dos. "Depuis le début, on est vu comme des coupables, comme des délinquants. Alors que je n'ai jamais voulu le taper, je voulais attirer son attention".
Un coupable introuvable
Puis c'est au tour de Xavier Broseta de passer à la barre.
"Je ne me suis pas senti physiquement menacé sauf quand quelqu'un a attrapé mon col. Mais j'ai perçu très vite qu'il se passait quelque chose de négatif pour Air France. Les vidéos qui ont circulé dans le monde entier ont eu un impact difficile sur notre entourage".
Samir Aït Taleb, accusé d'avoir exercé des violences sur Xavier Broseta, assure au contraire qu'il aurait aidé le DRH à se sauver.
"J'ai tenu Xavier Broseta par le bras, mais pour l'accompagner et l'aider à se soulever du muret. Puis je l'ai retenu en attendant que les vigiles arrivent pour l'aider. Cédric Errin et moi-même avons tout fait pour faire sortir Plissonier et Broseta de là".
Seul Vincent Martinez reconnaît avoir exercé ces violences à l'encontre d'un vigile qui protégeait le DRH. "C'était une "poussette", un mauvais geste que je regrette. J'avais passé une mauvaise journée…".
Plusieurs témoins sont ensuite été appelés à la barre, dont Miguel Fortéa. Il concède que les organisateurs de la manifestation ont été dépassés par les événements. "Les consignes de l'intersyndicale étaient claires : il ne faut pas pénétrer dans le CEE pour éviter que les médias ne retiennent que cela".
Interrogé sur sa position quant à l'agression des deux cadres, il rappelle qu'il les a aidés et signale l'envoi d'un sms de remerciements le lendemain de la part de Xavier Broseta.
"La plupart des agresseurs n'ont pas été identifiés. La chemise ne s'est pas déchirée toute seule", remarque l'une des juges.
A ce stade du procès, aucune preuve visuelle ou témoignage ne permet d'identifier avec certitude le ou les responsables de "l'arrachage" de chemise.
"On prend des gens pour l'exemple car des chemises ont été déchirées, peu importe si c'est vrai ou pas. Mais il ne s'agit pas seulement de chemises déchirées, mais aussi de 2 900 emplois par terre", rappelle Miguel Fortéa.
La suite du procès ce mercredi 28 septembre 2016.
"Je ne me suis pas senti physiquement menacé sauf quand quelqu'un a attrapé mon col. Mais j'ai perçu très vite qu'il se passait quelque chose de négatif pour Air France. Les vidéos qui ont circulé dans le monde entier ont eu un impact difficile sur notre entourage".
Samir Aït Taleb, accusé d'avoir exercé des violences sur Xavier Broseta, assure au contraire qu'il aurait aidé le DRH à se sauver.
"J'ai tenu Xavier Broseta par le bras, mais pour l'accompagner et l'aider à se soulever du muret. Puis je l'ai retenu en attendant que les vigiles arrivent pour l'aider. Cédric Errin et moi-même avons tout fait pour faire sortir Plissonier et Broseta de là".
Seul Vincent Martinez reconnaît avoir exercé ces violences à l'encontre d'un vigile qui protégeait le DRH. "C'était une "poussette", un mauvais geste que je regrette. J'avais passé une mauvaise journée…".
Plusieurs témoins sont ensuite été appelés à la barre, dont Miguel Fortéa. Il concède que les organisateurs de la manifestation ont été dépassés par les événements. "Les consignes de l'intersyndicale étaient claires : il ne faut pas pénétrer dans le CEE pour éviter que les médias ne retiennent que cela".
Interrogé sur sa position quant à l'agression des deux cadres, il rappelle qu'il les a aidés et signale l'envoi d'un sms de remerciements le lendemain de la part de Xavier Broseta.
"La plupart des agresseurs n'ont pas été identifiés. La chemise ne s'est pas déchirée toute seule", remarque l'une des juges.
A ce stade du procès, aucune preuve visuelle ou témoignage ne permet d'identifier avec certitude le ou les responsables de "l'arrachage" de chemise.
"On prend des gens pour l'exemple car des chemises ont été déchirées, peu importe si c'est vrai ou pas. Mais il ne s'agit pas seulement de chemises déchirées, mais aussi de 2 900 emplois par terre", rappelle Miguel Fortéa.
La suite du procès ce mercredi 28 septembre 2016.