Quand le tourisme industriel fait recette...

A Grasse, « cité des parfums », l’usine Fragonard compte parmi les plus anciennes de la ville.

Alors quoi de plus enivrant, sur ce territoire horticole, que d’assister à l’élaboration d’une fragrance ?

La visite est un hymne à l’inspiration des assembleurs : mappemonde des matières premières (ylang-ylang, bois de Gaïac, patchouli, verveine…) ; ancien bureau du parfumeur où les nez, face à « l’orgue à parfums », créaient les compositions aux effluves mêlées ; salle du distilloir.

La parfumerie est un secret, une magie renouvelée où la techno n’a pas vraiment sa place. C’est tant mieux. Une boutique, bien sûr, clôt ce voyage initiatique.

Empâtage, lavage, cuisson, coulée, séchage, découpage, moulage… autant d’étapes pour produire le célèbre savon de Marseille, dont le cube lourd a fait la renommée des savonniers locaux.

Chez Marius Fabre, à… Salon de Provence, la tradition perdure.

Le public observe les ouvriers habiles mêler huiles végétales et soude, couler la pâte dans les moules, couper les pains au couteau avant de frapper d’un sceau les barres et les cubes.

Salle - fumante - des chaudrons, salle de séchage (par mistral, on ouvre les fenêtres pour l’accélérer !), salle de moulage : depuis 118 ans, Marius Fabre maintient l’héritage, tout en produisant des cosmétiques plus tendance.

Vous aimez voir vos nappes et serviettes de table durer ? Sans perdre leurs couleurs même après des centaines de lavage ?

Cap sur l’atelier de linge basque de Saint-Palais, au cœur de la Basse-Navarre.

Ona Tiss, en 2018, c’est 60 ans d’histoire dans un atelier où les antiques ourdissoirs et machines à tisser le coton « qualité Egypte » - des fibres longues et résistantes - tricotent des linges à sept rayures, celles des sept provinces du Pays basque.

Fils de chaines, tissage, coupe, couture… tout est expliqué dans cette petite manufacture familiale au parfum d’ancien temps, pilotée par Mayalen Pondaven-Hourcade, 3ème génération de tisseurs basques.

La fascination du verre en fusion. L’éclat hypnotique de la bulle orangée. La chaleur. Le spectacle d’air et de feu que propose cette verrerie alsacienne laisse une stimulante impression d’alliage entre tradition et design.

Ici, on fabrique toujours selon la méthode ancestrale du « soufflé bouche, fait main ». Mais pour créer des œuvres contemporaines, en l’occurrence des luminaires, des articles de table, des objets de décoration et des pièces exclusives réalisées sur-mesure.

Les maîtres-verriers de Kaysersberg aux gestes immuables sont aussi des artistes à l’imagination fertile, qui réinventent le verre avec les techniques d’hier.

L’iconique « bol à oreilles » émaillé a construit le prestige de la marque.

Trop tradition, Henriot ? Erreur !

Depuis son rachat par un chef d’entreprise local, l’atelier de Quimper né sous Louis XIV (1690), a renouvelé le genre et s’est attaché les services d’artistes cultes - dont le plasticien Yann Kersalé - pour dépoussiérer son image.

Le résultat ? Un atelier revivifié où l’on découvre, au-delà de techniques immuables - coulage, calibrage, façonnage, estampage, cuisson -, que les formes et la décoration des faïences empruntent des chemins à faire pâlir d’envie les design-addicts.

Les « peinteuses » - terme local pour qualifier les décoratrices -, ont de l’avenir !