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Ryanair a-t-elle atteint l'âge de raison ?

la compagnie cible les voyageurs d'affaires


Après avoir joué pendant des années la carte de la provocation, Ryanair semble déterminée à s'assagir afin de séduire une nouvelle clientèle : celle les voyageurs d'affaires. Rencontre avec Jonathan Brisy, Responsable ventes et marketing de la compagnie pour la France, la Belgique et le Maroc. Il a pour délicate mission de redorer le blason du transporteur sur le marché français.


le Vendredi 6 Décembre 2013

Ryanair a désormais les voyageurs d'affaires dans son viseur - Photo DR
Ryanair a désormais les voyageurs d'affaires dans son viseur - Photo DR
Allure décontractée, cheveux en bataille encore un peu mouillés, Jonathan Brisy, Responsable ventes et marketing de Ryanair pour la France, la Belgique et le Maroc, ne ressemble pas aux cadres en costume cravate des compagnies aériennes traditionnelles.

Quand ces dernières organisent leurs conférences de presse dans prestigieuses adresses parisiennes, entourées d'une armée d'attachées de presse contrôlant leur moindre mot, Jonathan Brisy nous reçoit seul, dans un modeste hôtel du quartier populaire de Barbès (Paris 18e) où il est descendu.

Une attitude détendue et accessible qui en dit long sur l'état d'esprit de Ryanair.

Car malgré ses 81 millions de passagers, dont environ 8,2 millions en France contre 7,6 millions l'an passé, la compagnie a conservé un esprit start-up.

Seul francophone natif de toute l'équipe de Dublin, Jonathan Brisy doit aujourd'hui faire face à un nouveau défi : restaurer l'image désastreuse de son entreprise. "Nous avons une mauvaise réputation en France faute, je dois bien l'avouer, à une communication inexistante."

La faute également aux déclarations provocantes de son boss Michael o'Leary (compilées ici) qu'il tente de justifier.

"Michael fait souvent des blagues. Mais humour irlandais n'est pas toujours bien perçu en France."

Les personnes en surpoids qu'il proposait de taxer ou les grévistes de remplacer par des militaires apprécieront....

Redorer son blason pour séduire les hommes d'affaires

Mais si Ryanair semble aujourd'hui vouloir redorer son blason auprès de sa clientèle, c'est avant tout pour séduire les voyageurs d'affaires, un marché sur lequel il fait figure d'outsider.

En effet, face à la suppression prochaine des aides financières des aéroports et face à un bénéfice stagnation voire en baisse pour la première fois depuis 2009, il doit trouver de nouveaux relais de croissance.

Mais Ryanair s'avance prudemment. Aucune offre spécifiquement dédiée aux businessmen n'est encore bien définie.

"Nous proposons déjà des options adaptées comme l'embarquement prioritaire ou la réservation du siège", précise Jonathan Brisy.

La compagnie a également lâché du lest sur sa politique bagage, autorisant un second sac en cabine de taille 35x20x20. Des efforts ont été consentis sur son site internet en vue de simplifier la réservation. Elle travaille aussi sur la mise en place d'un programme de fidélité, "un peu comme celui d'easyJet."

S'attaquer aux petites entreprises

Jonathan Brisy, le responsable ventes et marketing de Ryanair pour la France et la Belgique et le Maroc. DR
Jonathan Brisy, le responsable ventes et marketing de Ryanair pour la France et la Belgique et le Maroc. DR
Pourtant, il lui sera difficile pour l'instant de concurrencer la compagnie orange sur le marché corporate. Rappelons qu'easyJet revendique un partenariat avec 40% des entreprises du CAC 40.

Réaliste, Ryanair souhaite plutôt se positionner sur le segment des PME-PMI, avides d'économies et moins regardantes sur les conditions de vol.

"L'homme d'affaires picard qui veut se rendre dans une usine en périphérie toulousaine est ravi de partir depuis Beauvais et d'atterrir à Carcassonne", assure Jonathan Brisy.

"Et dans une période de crise, les entreprises ne sont pas prêtes à payer plus cher pour avoir un café à bord ou plus de place sur le siège."

En revanche, aucun changement de stratégie concernant son modèle de distribution, entièrement axé sur la vente directe en ligne.

Pas question de se rapprocher des agences de voyages ou des tour-opérateurs. "Je pense que le modèle traditionnel du tour-opérating est dépassé. Nous n'avons pas besoin d'intermédiaire ponctionnant des commissions", poursuit Jonathan Brisy.

Il réfléchit cependant à la mise en place de mesures pour s'adapter aux réservations groupes, afin de séduire les comités d'entreprises et pourquoi pas certains comptes d'entreprises.

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