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Syndicats et organisations patronales alertent le gouvernement sur la situation des saisonniers

Lettre ouverte à Elisabeth Borne, Bruno Le Maire et Jean-Baptiste Lemoyne


La CFDT, FO, l'UNSA et les organisations patronales de la branche du tourisme social et familial viennent d’adresser un courrier à Elisabeth Borne, ministre du Travail, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme pour les alerter sur l’urgence d’agir pour les salariés saisonniers en apportant des garanties aux entreprises du secteur, durement fragilisé par la crise sanitaire.


Rédigé par le Lundi 22 Février 2021

Le secteur doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire avec des pertes cumulées d’environ 600 millions sur la période de mars à octobre 2020 - DR : DepositPhotos.com
Le secteur doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire avec des pertes cumulées d’environ 600 millions sur la période de mars à octobre 2020 - DR : DepositPhotos.com
Après des démarches individuelles, la CFDT, FO, l'UNSA et les organisations patronales de la branche du tourisme social et familial ont adressé un courrier à Elisabeth Borne, ministre du Travail, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme, le 18 février 2021.

Cette action vise à les alerter sur "l’urgence d’agir pour les salariés saisonniers en apportant des garanties aux entreprises du secteur, durement fragilisé par la crise sanitaire", précisent-ils dans un communiqué.

"En novembre dernier, l’État avait en effet demandé aux employeurs du secteur de maintenir les embauches des saisonniers mais le secteur doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire avec des pertes cumulées d’environ 600 millions sur la période de mars à octobre 2020 et des perspectives qui laissent présager l’accroissement de ce montant", poursuivent les partenaires.

C’est pourquoi les partenaires de la branche demandent au gouvernement trois gages :

- une sécurisation juridique sur la prise en charge annoncée par le dispositif d’activité partielle de saisonniers embauchés, condition sine qua none à leurs embauches ;

- la programmation jusqu’à fin décembre 2021 de la prise en charge de l’activité partielle à 100%, visant les « secteurs protégés » ;

- la mise en place de modalités spécifiques et transitoires de prise en charge des saisonniers par le régime d’assurance chômage avec la prolongation jusqu’à la fin de l’année de l’allocation des saisonniers.

Voici l'intégralité du courrier adressé aux ministres

Madame la ministre, Monsieur le ministre, Monsieur le secrétaire d’Etat,

Depuis le début de la crise sanitaire, le secteur du Tourisme Social et Familial a, avec l’appui des mesures prises par le Gouvernement, tout mis en œuvre pour sauvegarder les emplois et les établissements situés sur tout le territoire.

Avec 1 000 entreprises implantées sur le territoire national, 13 000 ETP et plus de 40 000 salariés, les activités du secteur sont majoritairement saisonnières.

Chacune de nos organisations vous a déjà alertés, en son nom ou dans le cadre d’une démarche plus collective, sur les enjeux que traverse actuellement le secteur, les risques qui pèsent sur la survie même de nombre de nos entreprises et les conséquences de la crise sanitaire en termes d’emplois.

La branche du TSF évalue, sur la base d’une enquête menée par l’UNAT, à environ 600 millions d’euros les pertes cumulées du secteur pour la période de mars à octobre 2020. Et les perspectives de ce début d’année et probablement des prochains mois jusqu’à l’été permettent d’affirmer avec certitude que ces montants vont croître massivement.

Aujourd’hui, au regard de ces projections, avec la prolongation de l’état d’urgence sanitaire et les mesures de restriction, il nous semble plus urgent que jamais de vous sensibiliser sur la situation des salariés saisonniers de la branche.

Si les travailleurs des première et deuxième lignes sont bien identifiés et pris en compte à juste titre par les politiques publiques, nous ne pouvons accepter que les travailleurs saisonniers du secteur deviennent les oubliés d’une crise qui les touche de plein fouet.

En novembre dernier, vous avez demandé aux employeurs du secteur de maintenir les embauches et de placer les saisonniers ainsi recrutés en situation d’activité partielle. Or, vous le savez, le secteur est sinistré : la fermeture des remontées mécaniques, entre autres, prive les entreprises et leurs salariés de perspectives.

Aujourd’hui, l’écrasante majorité des entreprises n’est pas en position, raisonnablement, d’embaucher des saisonniers pour la saison d’hiver, dans la situation économique actuelle et dans les conditions que vous proposez.

Pour préparer dans les meilleures conditions qui soient la saison d’été, les entreprises du secteur ont besoin de gages, concernant la prise en charge annoncée par le dispositif d’activité partielle de saisonniers embauchés. Cette sécurisation juridique est la condition sine qua none à leurs embauches.

Nous demandons également que le dispositif de prise en charge de l’activité partielle à 100%, visant les « secteurs protégés » (annexe 1), soit d’ores et déjà programmé jusqu’à fin décembre 2021. Cela aurait pour principale vertu de donner de la visibilité et donc de sécuriser les employeurs et de leur permettre de relancer l’activité dans des conditions sereines.

Enfin, nous appelons à la mise en place de modalités spécifiques et transitoires de prise en charge de ces saisonniers par le régime d’assurance chômage.

Nous demandons ainsi que les droits de l’allocation des saisonniers soient prolongés jusqu’à la fin de l’année.

Ce dispositif exceptionnel, facile d’accès et parfaitement lisible, permettra d’aider les salariés du secteur qui n’ont pas pu avoir de travail pendant la saison d’été ou d’hiver. Il s’agit de leur permettre de conserver un niveau de vie décent, dans le cadre de la solidarité nationale, solidarité qui doit s’exprimer à leur endroit également.

L’enjeu de sécurisation est de taille pour les entreprises du secteur qui craignent, à terme, de voir ces personnels se détourner massivement de nos métiers, générant ainsi une perte de compétences dramatique.

Ces mesures nous paraissent aujourd’hui indispensables pour la préservation d’un tourisme de qualité, faisant vivre les territoires et accessible à tous nos concitoyens.

Pour étudier avec vous ces possibilités, nous sollicitons, Madame la Ministre, un rendez-vous dans les meilleurs délais.

Damien DUVAL (CAP France)

Alex NICOLA (GSOTF)

David CLUZEAU (HEXOPEE)

Stephanie DAYAN (CFDT)

Yann POYET (CGT-FO)

Joël FRICAUD (UNSA)


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