"Jamais je ne voudrai revivre une chose pareille !" /photo dr
"J'étais au premier étage, au balcon et d'un seul coup, 45 minutes après le début du concert, on entend une pétarade.
Mon premier réflexe c'est de me coucher et tenter d'avancer, partir à l'opposé de l'entrée de la salle, vers les coulisses.
Là, c'était la pagaille : des gens montaient, d'autres descendaient et je ne sais comment, j'ai eu le réflexe, j'ai vu la loge sur la gauche, je suis entré et j'ai tiré le verrou.
Il y avait à l'intérieur déjà une trentaine de personnes déjà. Nous avons pris le canapé de la pièce que nous avons mis derrière la porte, avec un frigo, et nous avons coincé la porte.
Il faisait une chaleur terrible là-dedans. J'étais presque torse nu. On ne voyait rien, mais on entendait que ça canardait, on entendait des mecs qui gueulaient, disant "on veut négocier avec le GIGN, appelez-nous au 06… on veut négocier".
Ça continuait à canarder, on entendait des explosions… On est resté deux heures et demie là-dedans, silencieux, en attendant que ça se débloque.
A ce moment-là on a entendu le bruit de grenades fumigènes et je me suis dit "bon, c'est le GIGN".
Mais nous n'en pouvions plus, on n'aurait jamais tenu beaucoup plus longtemps. Et on ne voulait pas faire de bruit. Ça a continué à canarder, des explosions. Nous on savait pas ce qui se passait...
Et puis, après, silence. Plus rien. Soudain, on frappe à notre porte: "C'est la police, y'a un terroriste à l'intérieur ? Nous répondons que nous sommes des otages, mais nous refusons d'ouvrir. Ça a duré vingt minutes.
Nous ne savions pas qui était derrière la porte et voulions avoir la preuve que c'était bien la police. Situation ubuesque.
A travers la porte nous avons demandé :
- "Prouvez-nous que vous êtes bien la police, donnez un code, quelque chose !"
Quelqu'un a donné un sigle que le policier de l'autre côté ne connaissait pas. Nous étions très méfiant, pensant que si nous nous trompions et ouvrions la porte sur un terroriste, on étaient cuits."
Finalement, à force de discussions, nous avons été rassurés et nous sommes sortis, un par un, les mains en l'air et là, scène d'horreur : du sang partout, un terroriste, plutôt frêle, en jogging noir, que j'ai enjambé, gisait juste devant notre porte, descendu par la police.
Je me suis demandé si c'était lui qui essayait de rentrer. Je ne le saurai jamais. Il venait de se faire abattre. Il était en boule, juste devant la porte. Nous l'avons enjambé.
Une jeune fille a appelé le 15, la police, qui a répondu : "Surtout n'ouvrez pas, la zone n'est pas sécurisée !"
Mon premier réflexe c'est de me coucher et tenter d'avancer, partir à l'opposé de l'entrée de la salle, vers les coulisses.
Là, c'était la pagaille : des gens montaient, d'autres descendaient et je ne sais comment, j'ai eu le réflexe, j'ai vu la loge sur la gauche, je suis entré et j'ai tiré le verrou.
Il y avait à l'intérieur déjà une trentaine de personnes déjà. Nous avons pris le canapé de la pièce que nous avons mis derrière la porte, avec un frigo, et nous avons coincé la porte.
Il faisait une chaleur terrible là-dedans. J'étais presque torse nu. On ne voyait rien, mais on entendait que ça canardait, on entendait des mecs qui gueulaient, disant "on veut négocier avec le GIGN, appelez-nous au 06… on veut négocier".
Ça continuait à canarder, on entendait des explosions… On est resté deux heures et demie là-dedans, silencieux, en attendant que ça se débloque.
A ce moment-là on a entendu le bruit de grenades fumigènes et je me suis dit "bon, c'est le GIGN".
Mais nous n'en pouvions plus, on n'aurait jamais tenu beaucoup plus longtemps. Et on ne voulait pas faire de bruit. Ça a continué à canarder, des explosions. Nous on savait pas ce qui se passait...
Et puis, après, silence. Plus rien. Soudain, on frappe à notre porte: "C'est la police, y'a un terroriste à l'intérieur ? Nous répondons que nous sommes des otages, mais nous refusons d'ouvrir. Ça a duré vingt minutes.
Nous ne savions pas qui était derrière la porte et voulions avoir la preuve que c'était bien la police. Situation ubuesque.
A travers la porte nous avons demandé :
- "Prouvez-nous que vous êtes bien la police, donnez un code, quelque chose !"
Quelqu'un a donné un sigle que le policier de l'autre côté ne connaissait pas. Nous étions très méfiant, pensant que si nous nous trompions et ouvrions la porte sur un terroriste, on étaient cuits."
Finalement, à force de discussions, nous avons été rassurés et nous sommes sortis, un par un, les mains en l'air et là, scène d'horreur : du sang partout, un terroriste, plutôt frêle, en jogging noir, que j'ai enjambé, gisait juste devant notre porte, descendu par la police.
Je me suis demandé si c'était lui qui essayait de rentrer. Je ne le saurai jamais. Il venait de se faire abattre. Il était en boule, juste devant la porte. Nous l'avons enjambé.
Une jeune fille a appelé le 15, la police, qui a répondu : "Surtout n'ouvrez pas, la zone n'est pas sécurisée !"
Je suis un survivant !
Autres articles
-
La Française des Circuits : encore des places pour les réveillons en Laponie
-
La Française des Circuits sort une nouvelle brochure sur la Laponie
-
Paris : 3 ans après le massacre du Bataclan, Thierry Maillet, le "survivant", se souvient...
-
Française des circuits : des nouveaux circuits axés sur le développement durable
-
Prix unique : la Française des Circuits édite le catalogue 2014 "Les Indispensables"
Le RAID nous a fait descendre, en nous recommandant de ne pas regarder.
Bien évidemment, difficile de détourner le regard. Il y en avait un qui s'était fait exploser sur la scène, il y avait des bouts de chair partout. Mais le pire, c'est cette image de gamins, dans la fosse… morts !
Les policiers nous répétaient de ne pas regarder, mais c'est impossible. Et à l'entrée, il y avait aussi des cadavres, j'ai enjambé les corps, j'ai jamais vu autant de cadavres de ma vie."
Après, nous avons été emmenés dans un lieu que les policiers estimaient sur, dans une cour d'immeuble. Nous avons témoigné et livré aux policiers ce que nous avions vu.
Après, moi, je suis parti, j'ai récupéré tant bien que mal ma voiture et je suis rentré chez moi".
Bien évidemment, difficile de détourner le regard. Il y en avait un qui s'était fait exploser sur la scène, il y avait des bouts de chair partout. Mais le pire, c'est cette image de gamins, dans la fosse… morts !
Les policiers nous répétaient de ne pas regarder, mais c'est impossible. Et à l'entrée, il y avait aussi des cadavres, j'ai enjambé les corps, j'ai jamais vu autant de cadavres de ma vie."
Après, nous avons été emmenés dans un lieu que les policiers estimaient sur, dans une cour d'immeuble. Nous avons témoigné et livré aux policiers ce que nous avions vu.
Après, moi, je suis parti, j'ai récupéré tant bien que mal ma voiture et je suis rentré chez moi".
Comment se sent-il, Thierry Maillet ?
"Bien, répond-il, je sais que je suis un survivant. Mais bon, en un quart de seconde, on décide : tu vas à gauche, tu meurs.
Tu vas à droite, tu vis. Je ne sais pas comment ça s'est passé.
Vendredi 13, pour des gamins, c'était le malheur. Pour moi, c'était le bonheur. Et les trente qui étaient là, dans cette pièce, nous étions trop heureux d'avoir été sauvés par le RAID.
Merci à nos forces de police, ils ont fait un travail formidable. Bien sûr ils nous ont fouillé mais j'étais tellement heureux que je leur ai dit: fouillez-moi dix fois si vous voulez !
Curieusement, la semaine précédente, j'étais aussi au Bataclan, avec un copain du tourisme : nous avions fait la fête. Mais là, c'était le carnage. Et surtout ce bruit, les voix, je fais dorénavant la différence entre un pétard et une Kalachnikoff. J'avais jamais vu ça.
C'est horrible, mais bon. C'est le destin. J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont envoyé des messages sur mon portable.
Et j'en profite d'ailleurs pour dire que, si un tel cas se produit, il ne faut jamais appeler: passez des textos. On n'ose pas répondre, j'avais mis mon téléphone sur silencieux. On a avait trop peur de répondre. Vous savez, dans ce cas-là, on a trop peur et surtout on ne peut rien faire.
Jamais je ne voudrai revivre une chose pareille !
Ben sûr que je vais continuer à assister à mes concerts. Bien sûr. D'autant que maintenant, ce sera sécurisé encore mieux. La vie ne va pas s'arrêter… du moins pour moi. Et puis tous ces messages reçus, c'est trop touchant.
Et puis, comme dit Johnny, restez vivant ! Cette chanson, je vais l'écouter… Vaut mieux garder le sens de l'humour !"
Tu vas à droite, tu vis. Je ne sais pas comment ça s'est passé.
Vendredi 13, pour des gamins, c'était le malheur. Pour moi, c'était le bonheur. Et les trente qui étaient là, dans cette pièce, nous étions trop heureux d'avoir été sauvés par le RAID.
Merci à nos forces de police, ils ont fait un travail formidable. Bien sûr ils nous ont fouillé mais j'étais tellement heureux que je leur ai dit: fouillez-moi dix fois si vous voulez !
Curieusement, la semaine précédente, j'étais aussi au Bataclan, avec un copain du tourisme : nous avions fait la fête. Mais là, c'était le carnage. Et surtout ce bruit, les voix, je fais dorénavant la différence entre un pétard et une Kalachnikoff. J'avais jamais vu ça.
C'est horrible, mais bon. C'est le destin. J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont envoyé des messages sur mon portable.
Et j'en profite d'ailleurs pour dire que, si un tel cas se produit, il ne faut jamais appeler: passez des textos. On n'ose pas répondre, j'avais mis mon téléphone sur silencieux. On a avait trop peur de répondre. Vous savez, dans ce cas-là, on a trop peur et surtout on ne peut rien faire.
Jamais je ne voudrai revivre une chose pareille !
Ben sûr que je vais continuer à assister à mes concerts. Bien sûr. D'autant que maintenant, ce sera sécurisé encore mieux. La vie ne va pas s'arrêter… du moins pour moi. Et puis tous ces messages reçus, c'est trop touchant.
Et puis, comme dit Johnny, restez vivant ! Cette chanson, je vais l'écouter… Vaut mieux garder le sens de l'humour !"