Sur le plan touristique, la contestation ne gène pas les sites touristiques, en particulier balnéaires. Quant à Istanbul, seule la place Taksim est concernée. - Photo JdL
TourMaG.com - Quelle est votre analyse sur la situation actuelle en Turquie ?
Louis Caprioli : Concernant la Turquie, je vois deux situations qui peuvent intéresser les tours-opérateurs. D'une part la contestation qui se développe à Istanbul place Taksim, et dans plus de 10 villes turques.
D'autres part, ce sont les conséquences de la situation en Syrie.
TourMaG.com - Concernant les manifestations, peut-on parler d'un nouveau Printemps Arabe ?
Louis Caprioli : On ne peut pas comparer les contestations en Turquie à un nouveau Printemps arabe.
Les Printemps arabes ont eu lieu dans des pays où régnaient des dictatures. Ce n'est pas le cas de la Turquie qui est un pays démocratique.
Certains évoquent un mai 68 turc. Moi je n'y crois pas tellement. C'est une contestation très hétéroclite et sans projet politique.
Il y a des étudiants, un parti d'opposition, des syndicalistes d'extrême gauche, des milieux artistiques et écologiques qui refusent la construction d'un centre commercial sur la place Taksim...
La contestation est trop fragmentée, et sa seule unité : c'est l’hostilité à Erdogan
TourMaG.com - Peut-on craindre une montée de la contestation ? Et quelles seraient les conséquences pour le tourisme ?
Louis Caprioli : Le 1er Ministre M. Erdogan a une légitimité démocratique. Avec le parti AKP, il détient tous les pouvoirs. Si demain il y avait une nouvelle élection, il remporterait vraisemblablement la majorité.
La suite de la contestation va donc dépendre de sa position. M. Erdogan est actuellement en voyage dans 3 pays d'Afrique du Nord, il va terminer son séjour en Tunisie et rentrer en Turquie cette fin de semaine. Attendons sa réaction vendredi pour savoir ce qu'il adviendra.
Les manifestations pourraient en effet se radicaliser si le 1er Ministre choisit de répondre frontalement par un engagement plus important de la police. Il est difficile de se prononcer, compte tenu de sa personnalité. Il a d'ores et déjà proféré des menaces.
La contestation ne gène pas les sites touristiques, en particulier balnéaires. Quant à Istanbul, seule la place Taksim est concernée.
Louis Caprioli : Concernant la Turquie, je vois deux situations qui peuvent intéresser les tours-opérateurs. D'une part la contestation qui se développe à Istanbul place Taksim, et dans plus de 10 villes turques.
D'autres part, ce sont les conséquences de la situation en Syrie.
TourMaG.com - Concernant les manifestations, peut-on parler d'un nouveau Printemps Arabe ?
Louis Caprioli : On ne peut pas comparer les contestations en Turquie à un nouveau Printemps arabe.
Les Printemps arabes ont eu lieu dans des pays où régnaient des dictatures. Ce n'est pas le cas de la Turquie qui est un pays démocratique.
Certains évoquent un mai 68 turc. Moi je n'y crois pas tellement. C'est une contestation très hétéroclite et sans projet politique.
Il y a des étudiants, un parti d'opposition, des syndicalistes d'extrême gauche, des milieux artistiques et écologiques qui refusent la construction d'un centre commercial sur la place Taksim...
La contestation est trop fragmentée, et sa seule unité : c'est l’hostilité à Erdogan
TourMaG.com - Peut-on craindre une montée de la contestation ? Et quelles seraient les conséquences pour le tourisme ?
Louis Caprioli : Le 1er Ministre M. Erdogan a une légitimité démocratique. Avec le parti AKP, il détient tous les pouvoirs. Si demain il y avait une nouvelle élection, il remporterait vraisemblablement la majorité.
La suite de la contestation va donc dépendre de sa position. M. Erdogan est actuellement en voyage dans 3 pays d'Afrique du Nord, il va terminer son séjour en Tunisie et rentrer en Turquie cette fin de semaine. Attendons sa réaction vendredi pour savoir ce qu'il adviendra.
Les manifestations pourraient en effet se radicaliser si le 1er Ministre choisit de répondre frontalement par un engagement plus important de la police. Il est difficile de se prononcer, compte tenu de sa personnalité. Il a d'ores et déjà proféré des menaces.
La contestation ne gène pas les sites touristiques, en particulier balnéaires. Quant à Istanbul, seule la place Taksim est concernée.
TourMaG.com - Vous évoquez la personnalité de M. Erdogan. Sa politique remet en question quelques principes démocratiques et les restrictions sur l'alcool ne sont pas des signaux très positifs envoyés au secteur du tourisme...
Louis Caprioli : M. Erdogan est un islamo-conservateur libéral, proche des frères musulmans. Son principal avantage c'est que le pays a décollé sur le plan économique.
Mais pour lui, la Turquie doit être un pays islamique.
Dans l'esprit de beaucoup de Turcs islamiques, il faut revenir à la période du Khalifat et à terme appliquer la charia. C'est ça la réalité. Alors ce ne sera pas pour tout de suite, d'ici 10 ou 20 ans, à condition que le parti AKP continue de détenir le pouvoir.
Les mesures sur l'islamisation de la société turque se mettent en marche progressivement. M Erdogan, est un fin stratège et un fin diplomate, il ne va pas brusquer les choses.
Il a mis au pas l'armée qui faisait des coups d'Etat à répétition.
La presse d'opposition n'existe plus. Le parti AKP place des fidèles partout, dans l’industrie, dans le bâtiment, pour détenir les principaux leviers de l'économie...
Et une partie de la population est lassée par cette façon autoritaire de diriger le pays.
Louis Caprioli : M. Erdogan est un islamo-conservateur libéral, proche des frères musulmans. Son principal avantage c'est que le pays a décollé sur le plan économique.
Mais pour lui, la Turquie doit être un pays islamique.
Dans l'esprit de beaucoup de Turcs islamiques, il faut revenir à la période du Khalifat et à terme appliquer la charia. C'est ça la réalité. Alors ce ne sera pas pour tout de suite, d'ici 10 ou 20 ans, à condition que le parti AKP continue de détenir le pouvoir.
Les mesures sur l'islamisation de la société turque se mettent en marche progressivement. M Erdogan, est un fin stratège et un fin diplomate, il ne va pas brusquer les choses.
Il a mis au pas l'armée qui faisait des coups d'Etat à répétition.
La presse d'opposition n'existe plus. Le parti AKP place des fidèles partout, dans l’industrie, dans le bâtiment, pour détenir les principaux leviers de l'économie...
Et une partie de la population est lassée par cette façon autoritaire de diriger le pays.
TourMaG.com - Le tourisme est un secteur important que M. Erdogan ne peut ignorer.
Louis Caprioli : Le tourisme fait partie des rentrées de devises importantes pour la Turquie.
Le pays a besoin d'investisseurs étrangers. Erdogan a conscience que le tourisme est un élément important de son économie. Sauf qu'il a pris une position très forte contre la Syrie.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous décrire la situation de cet engagement ?
Louis Caprioli : M. Erdogan soutient les combattants de l'armée syrienne libre. La Turquie s'est engagée fortement à l'égard des opposants de Bachar Al-Assad. Cette confrontation pourrait avoir des conséquences sur le pays.
Des attentats ont d'ores et déjà été commis, vraisemblablement par des proches de Bachar El Assad dans des villes proches de la Syrie.
La Turquie accueille de nombreux réfugiés syriens. C'est un lieu de passage privilégié des jeunes djihadistes qui vont combattre en Syrie.
Le conflit en Syrie, risque-t-il de devenir plus important ? On peut se poser la question, d'autant qu'à partir du mois d'août certains pays de l'Union Européenne seront autorisés à livrer des armes.
La Turquie va donc être un lieu de passage important de tout cet envoi d'armes. Pas dans l'immédiat, mais dans les mois à venir, cette situation devrait peser sur la sécurité en Turquie.
TourMaG.com - Selon votre analyse, les perspectives ne sont pas très optimistes.
Louis Caprioli : La Turquie et M. Erdogan sont des sunnites, qui luttent contre les Alaouites de Bachar el Assad et en même temps contre les Chiites. C'est à dire qu'ils sont contre le Hezbollah et contre l'Iran, qui est le soutien de la Syrie.
Si la Turquie a un engagement trop important contre Bachar Al Assad, des ripostes pourraient frapper la Turquie.
La situation est préoccupante mais pas désespérée.
Louis Caprioli : Le tourisme fait partie des rentrées de devises importantes pour la Turquie.
Le pays a besoin d'investisseurs étrangers. Erdogan a conscience que le tourisme est un élément important de son économie. Sauf qu'il a pris une position très forte contre la Syrie.
TourMaG.com - Pouvez-vous nous décrire la situation de cet engagement ?
Louis Caprioli : M. Erdogan soutient les combattants de l'armée syrienne libre. La Turquie s'est engagée fortement à l'égard des opposants de Bachar Al-Assad. Cette confrontation pourrait avoir des conséquences sur le pays.
Des attentats ont d'ores et déjà été commis, vraisemblablement par des proches de Bachar El Assad dans des villes proches de la Syrie.
La Turquie accueille de nombreux réfugiés syriens. C'est un lieu de passage privilégié des jeunes djihadistes qui vont combattre en Syrie.
Le conflit en Syrie, risque-t-il de devenir plus important ? On peut se poser la question, d'autant qu'à partir du mois d'août certains pays de l'Union Européenne seront autorisés à livrer des armes.
La Turquie va donc être un lieu de passage important de tout cet envoi d'armes. Pas dans l'immédiat, mais dans les mois à venir, cette situation devrait peser sur la sécurité en Turquie.
TourMaG.com - Selon votre analyse, les perspectives ne sont pas très optimistes.
Louis Caprioli : La Turquie et M. Erdogan sont des sunnites, qui luttent contre les Alaouites de Bachar el Assad et en même temps contre les Chiites. C'est à dire qu'ils sont contre le Hezbollah et contre l'Iran, qui est le soutien de la Syrie.
Si la Turquie a un engagement trop important contre Bachar Al Assad, des ripostes pourraient frapper la Turquie.
La situation est préoccupante mais pas désespérée.