Six Senses : Le ''Nicolas Hulot'' de l’hôtellerie de Luxe

Intarissable. À mesure que s’égrènent les minutes, on se demande quand Sonu Shivdasani va enfin nous parler business.

Et à chaque fois qu’on se risque à lui poser une question sur le développement de son chiffre d’affaires, sur l’évolution de la fréquentation de ses hôtels, le voici qui bifurque vers un aspect plus anecdotique… en apparence.

Ce visage n’est sans doute pas inconnu à celles et ceux qui suivent « Zone Interdite ».

L’émission de M6 a consacré un long reportage à cet entrepreneur hors norme, fondateur avec son épouse Éva, de Six Senses (1), groupe hôtelier de 12 établissements de luxe implantés aux Maldives, au Vietnam, en Thaïlande, à Oman et en Jordanie.

Sonu Shivdasani développe ses produits autour d’un concept qui marie « slow life » et respect de l’environnement.

C’est ce qu’il appelle le « Luxe intelligent » : « Les standards de l’hôtellerie datent d’une autre époque, du XIXe siècle.

Aujourd’hui, le vrai luxe, c’est la compréhension de soi, l’expérience unique, loin des pollutions contemporaines que sont le bruit, le manque d’espace et les ondes magnétiques qui influent sur notre Être.

Certains clients viennent chez moi pour manger la roquette (salade) que nous cultivons biologiquement à côté de l’hôtel ». Voilà un argument auquel on ne s’attendait pas !

Sonu est un précurseur du développement durable appliqué à l’hôtellerie très haut de gamme : cultures maraîchères de proximité, recyclage des eaux usées, récupération des eaux de pluie, énergies solaire et éolienne…

Et concernant le personnel, notre entrepreneur écolo constate que « le service dans les hôtels de luxe manque de cœur ». Pour cette raison, il recrute ses employés dans les petits villages situés aux alentours.

Et pour renforcer les liens, chaque employé est attitré à un client pendant toute la durée de son séjour. Ainsi, des relations privilégiées se tissent, et il n’est pas rare qu’un client Six Senses passe un moment en compagnie de la famille de son majordome.

D’ici 2020, Sonu s’engage à faire de ses hôtels des sites présentant un bilan carbone égal à 0 (donc ne participant plus au réchauffement climatique).

Et quand on l’interroge sur l’empreinte écologique de ses clients qui, par avion, convergent du monde entier vers ses hôtels (Anglais, Américains, Japonais, Indiens, Français…), notre homme atteste que ses tarifs incluent une taxe de compensation : 500.000 dollars seraient chaque année reversés à des associations œuvrant pour le reboisement, le commerce équitable, la préservation de l’environnement.

Et le business dans tout ça ? Sonu l’évoque du bout des lèvres, en quatre phrases. Six Senses a réalisé un CA de 120 millions de dollars sur l’exercice juin 2008/juin 2009.

D’ici juin 2010, son CA devrait s’établir à 150 millions. Sonu enregistre une baisse de 20 à 25% de sa clientèle anglaise, compensée par la forte progression de ses clientèles indienne et japonaise (2).

Dans les 5 années à venir, le groupe disposera de 10 à 12 unités supplémentaires, en Grèce, au Vietnam, en Espagne, au Maroc… À commencer par le Soneva Kiri (sur l’île Koh Hood en Thaïlande) qui ouvre ses portes cet automne.

Mais bien vite Sonu revient à ses passions environnementales ; le reste semble accessoire…

(1) Marques : Soneva, Six Senses Hideaways, Evason, Six Senses Latitudes, Six Senses Destination SPAS, Six Senses SPAS.

(2) La clientèle française, qui représente 5% du CA, est opérée par Kuoni, Asia, Voyageurs du Monde…