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Europa City : un nouveau centre de loisirs controversé

Faut-il construire une piste de ski au nord de Paris ?


Europa City est un nouveau centre commercial et de loisirs que le groupe Auchan espère construire au nord de Paris. Mais ce projet soulève de nombreuses interrogations concernant l'emploi et surtout pose la question de la concurrence avec les autres parcs d'attractions de la région Île-de-France.


le Jeudi 17 Novembre 2016

Le futur centre de loisir Europa City - DR Europa City
Le futur centre de loisir Europa City - DR Europa City
C’est un projet encore mal connu qui cristallise déjà les oppositions.

Le groupe Auchan, associé au géant chinois des loisirs Wanda, espère construire à 15 kilomètres au nord de Paris, à proximité de l'aéroport de Roissy, un nouveau centre commercial et de loisirs baptisé Europa City. L'ouverture est prévue pour 2024.

Un centre titanesque, pour un investissement de 3.1 milliards d’euros qui devrait, selon ses promoteurs, créer 11 800 emplois et attirer 31 millions de visiteurs, dont 6 millions de touristes français et étrangers.

Soit le double de ceux que draine Disneyland Paris à Marne-la-Vallée ou encore l’équivalent de la fréquentation touristique de Paris en 2013 comme le rappelle Le Monde.

EuropaCity espère devenir « la nouvelle destination des loisirs du Grand Paris » pour «conforter l’attractivité touristique de la région et de la France » comme le détaille son portail.

Le site offrira une dizaine d’hôtels pour environ 2 700 chambres, un centre de conférences, un parc aquatique, un parc à thèmes, une ferme urbaine et un parc des neiges. Autrement dit, une piste de ski intérieure, comme celle de Dubaï.

Les inquiétudes des autres parcs d’attractions

Sur le papier, c'est un monde merveilleux qui attend ainsi les visiteurs d’Europa City.

Pourtant, les opposants, regroupés au sein du collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), pointent de nombreuses incohérences.

Car si le marché des parcs d’attractions est en hausse et génère aujourd'hui 2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, en attirant 40 millions de visiteurs chaque année, l'arrivée d'un nouvel acteur n'est pas forcément vu d'un très bon oeil par les opérateurs déjà installés.

Comme le rapporte un article de Reporterre, la Compagnie des Alpes s’inquiète de ce projet dans un cahier d’acteur.

Le groupe français estime que Wanda, le partenaire chinois d'Auchan, « ne cache pas ses velléités de conquête du marché des loisirs en Europe » . La construction de ce nouveau temple des loisirs reviendrait à « faire entrer sur le marché français un challenger qui ne dispose pas des savoir-faire ni de la connaissance du marché » et qui risque de les déstabiliser les acteurs français « sur leur propre marché domestique »

Rappelons que la Compagnie des Alpes est notamment propriétaire du Parc Astérix, qui se trouve à 25 km du futur Europa City. Signalons également qu'elle est actuellement en négociation avec le groupe chinois Fosun pour une entrée dans son capital.

On s’interroge également de l’impact sur Euro Disney, qui vient de dévoiler des pertes records.

Des projections d’emploi surestimées ?

Auchan estime que 11 800 emplois seront créés par Europa City, dans un territoire connaissant l’un des taux de chômage les plus élevés d’Île-de-France. Le groupe assure que ces emplois bénéficieront aux habitants de la région.

« Pour ce faire, la formation professionnelle et la qualification des futurs salariés jouent un rôle essentiel. Ainsi, une instance “Orientation, Emploi, Formation” a été mise en place en lien avec les acteurs du territoire».

Mais selon les opposants, ces chiffres seraient largement surestimés. Dans un entretien accordé à Mediapart, Jacqueline Lorthiois, une socio-économiste qui a travaillé dans plusieurs ministères, rappelle qu’aucune promesse d’emploi de grands projets, comme Europa City, n’a jamais été tenue.

Elle cite notamment le cas de Paris Aéroport qui, lors des études prévisionnelles en 1975, promettait 70 000 emplois.

En 1978, les résultats du recensement Insee ne comptabilisaient que 18 000 postes.

Autre exemple, Disneyland Paris, ouvert en 1992, qui prévoyait jusqu’à 100 000 emplois, contre seulement 15 000 aujourd’hui.

La concurrence pour les autres centres ?

Les opposants s'inquiètent également du devenir d’autres centres commerciaux de la région.

Quel avenir pour Aéroville, inauguré en octobre 2013, juste à coté de l’aéroport Charles de Gaulle et donc du futur Europa City ?

S’il a accueilli l'an passé 8,5 millions de visites (+16 %), le bilan des commerçants est particulièrement mitigé selon un article du Parisien. « Il n’y a pas assez de monde. Une dizaine de locaux viennent de fermer ».

Qu’adviendra-t-il également du centre commercial O'Parinor, qui avait lui-même souffert de l’ouverture d’Aéroville, à seulement 9 kilomètres plus au nord.

A l’époque, Bastien Lille, le directeur O'parinor, avait mis les bouchées doubles pour endiguer la baisse de fréquentation, en faisant venir l’enseigne de fast fashion anglaise Primark.

«Les gens n’ont pas le porte-monnaie élastique. Ce n’est pas parce que l’on augmente l’offre de sortie, que cela va augmenter les dépenses », rappelle Jacqueline Lorthiois dans son entretien à Mediapart.

Elle craint par ailleurs un déplacement de la consommation. « Quand Disney a ouvert, il a volé des emplois à la tour Eiffel, aux châteaux de la Loire et au Mont-Saint-Michel ».

N’oublions pas enfin l’argument écologique : les terres agricoles du nord de Paris sont parmi les plus fertiles d’Europe. Est-ce réellement nécessaire d’y construire un nouveau temple de la consommation ?

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