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Le bassin minier du Nord, une nouvelle identité en marche

Flash back au coeur de l’histoire minière


En dépit de l’arrêt de l’activité il y a plus de vingt ans, les symboles paysagers, patrimoniaux et sociaux de l’aventure minière sont toujours là. La réhabilitation de carreaux de fosses et le classement du bassin à l’Unesco, depuis 2012, remet en scène le territoire, révélant son Histoire sous un jour nouveau, entre nostalgie du passé et destins à inventer.


Rédigé par Jean-François RUST le Mercredi 20 Mai 2015

Durant 270 ans, jusqu’en 1990, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se seront escrimés dans les galeries et en surface, arrachant au sous-sol 2 milliards de tonnes de charbon ! - DR : J-F.R.
Durant 270 ans, jusqu’en 1990, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se seront escrimés dans les galeries et en surface, arrachant au sous-sol 2 milliards de tonnes de charbon ! - DR : J-F.R.
Terrils, corons, fosses, grisou, chevalements, ducasses, harmonies, cités-jardins… Tous ces mots évoquent la mine, son langage, ses rites et ses périls.

Cet univers est à portée de connaissance depuis l’inscription du bassin minier du Nord Pas-de-Calais, en 2012, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, au titre de « paysage culturel évolutif vivant ».

Flash back. L’histoire minière débute dans le Nord en 1720, à Fresnes-sur-Escaut, près de Valenciennes. Elle est la conséquence directe de la bataille de Denain, huit ans auparavant.

En mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne, soldée par la signature du traité d’Utrecht, la bataille stabilise les frontières du nord de la France et autorise enfin la prospection sur le territoire national, situé dans le prolongement du bassin wallon. Le filon, prometteur, signe le début de l’aventure.

Elle durera 270 ans, jusqu’en 1990. Dans l’intervalle, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se seront escrimés dans les galeries et en surface, arrachant au sous-sol 2 milliards de tonnes de charbon !

Une telle histoire ne pouvait se dissoudre sans laisser d’empreintes. On les découvre en sillonnant un territoire de 120 km de long, au gré de villages de briques à maisons basses et rues rectilignes, entrecoupés de rares espaces agricoles, sous un ciel de plomb.

Mine-musée de Lewarde

Lewarde, entre Douai et Valenciennes. C’est le meilleur site pour comprendre la mine et ses à-côtés.

Musée, centre d’archives et d’études techniques depuis 1984, l’ancienne fosse Delloye est surtout intéressante par sa reconstitution de galerie, où l’illusion d’une descente à quelques centaines de mètres de fond est totale.

Bruits d’artificiers, de marteaux-piqueurs, de machines, évocation de l’eau ruisselante et de la poussière… la mise en perspective du travail du mineur, plié en deux dans des filons étroits, raconte l’absolue dureté du métier.

En surface, la salle de moulinage où les femmes (surnommées les cafus) triaient la houille, dans le bruit assourdissant des berlines vidant le minerai, témoigne d’un labeur aussi éprouvant.

Tout, dans le travail, répondait à une codification précise. La salle des pendus, avec les habits hissés au plafond, par gain de place et pour permettre le séchage rapide des vêtements.

La lampisterie, où en échange d’un jeton, le mineur récupérait sa lampe de fond. Lorsque la flamme grandissait et devenait bleue, le grisou n’était pas loin.

Terrible gaz, responsable de plusieurs catastrophes, dont celle de Courrières, en 1906. 1 099 mineurs y laisseront la vie.

Et puis, les bureaux des cadres. Celui des géologues et sa grande table en verre, avec la carte des filons ; du comptable, grillagé, où l’on distribuait en espèces aux mineurs, leurs quinzaines ; du directeur, enfin, maître des lieux et représentant tout-puissant de la compagnie minière, avant que celles-ci ne soient nationalisées après la seconde guerre mondiale, pour devenir les Charbonnages de France.

Le Centre Historique Minier du Nord-Pas-de-Calais propose des visites pour les Groupes, les comités d'entreprise (entrée individuelle ou en groupes), et offre aussi la possibilité d'organiser des séminaires dans ce cadre unique, grâce à 3 salles de réunion modulables et un auditorium de 200 places.

L’organisation « parfaite » de Wallers-Arenberg

Les compagnies des Charbonnages de France ont été à l’origine de l’organisation sociale de la mine.

Elles possédaient des concessions et cherchaient à se différencier par les prestations sociales ou le logement.

Pour le mesurer, cap sur Wallers-Arenberg, quelques kilomètres à l’ouest de Lewarde. Le site, fermé définitivement en 1989, livre son histoire aux visiteurs, grâce à d’anciens mineurs devenus guides.

Longtemps administré par la compagnie des mines d’Anzin, l’une des plus puissantes, l’organisation a été ici savamment orchestrée.

« Tout était pris en charge par la compagnie, l’éducation, la santé, les loisirs », indique Christophe Dumas, guide à l’office de tourisme de la Porte du Hainaut.

A l’entrée de la fosse d’Arenberg, une cité aligne sa série de maisons semi-mitoyennes à étage, en briques, avec petit jardin, toutes identiques.

Elles datent du début du 20ème s. Certaines sont encore habitées par des familles d’anciens mineurs, d’autres sont louées comme logements sociaux.

« Gueules Noires » et grèves

Plus loin, trône l’ancienne salle des fêtes, de style Art Nouveau.

Construite en 1910, elle était le lieu de réunion des associations, des harmonies (orchestres), là aussi où se préparaient les ducasses, les fêtes populaires.

D’autres préféraient dépenser leur quinzaine dans les estaminets, ou se jauger à la colombophilie, ce passe-temps encore vivace.

A côté de la salle des fêtes, l’école des enfants jouxte celle des arts ménagers. Sitôt mariées, les femmes quittaient la mine et allaient apprendre dans ces écoles leur rôle de femme au foyer.

Ce paternalisme social n’a pas empêché les conflits. En 1963, une violente grève éclate dans le bassin minier, à l’initiative des Gueules noires, dont on remettait en cause les acquis.

Le conflit durera 35 jours et bénéficiera d’une grande solidarité nationale.

Qu’ils habitent les corons (maisons en bandes, tels le coron de l’Eglise, à La Sentinelle, le plus ancien - 1825), les cités pavillonnaires (à la symétrie parfaite), les cités-jardins (tracé courbe et paysager) ou les Camus (habitat préfabriqué en béton), beaucoup de mineurs, dans le sillage de pieux Polonais, se rendent le dimanche à l’église.

Sainte-Barbe est leur patronne et le 4 décembre, jour du saint, est férié.

Terrils reconquis, poumons verts

L’empreinte de la mine, quand elle n’est pas urbaine ou souterraine, est paysagère. Plusieurs lieux en témoignent, comme le site minier de Sabatier, à Raismes.

Depuis la Maison de la forêt, la drève (chemin) de la Fosse file droit à travers le bois de feuillus, jusqu’au chevalement, vestige perdu de l’exploitation charbonnière.

De là, un sentier grimpe au sommet du terril n°175. Entamé en 1913, il domine le paysage du pays de Hainaut, boisé et hérissé d’autres terrils.

Ils sont souvent plus hauts que la tour abbatiale de Saint-Amand-les-Eaux, que l’on aperçoit au loin, dans la brouillasse.

Redevenus semi-naturels, les sites miniers de surface, démantelés, sont des poumons verts.

C’est le cas de la mare à Goriaux, étonnant plan d’eau issu de l’affaissement de terrains miniers. 112 hectares d’un nouvel écosystème sont livrés au public. 200 espèces d’oiseaux s’y ébrouent.

Depuis le terril voisin, colonisé par des bouleaux dont l’écorce blanche jure avec le noir schisteux, le bassin minier offre le visage d’un territoire doucement reconquis. Entre souvenirs du fond à fleur de peau et filons d’avenir prometteurs.

Adresses à retenir


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Commentaires

1.Posté par Laurence S. le 22/05/2015 09:40 | Alerter
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Toute une époque historique et un univers très bien reconstitués dans cet article!
Bravo à tous ceux qui œuvrent pour conserver et promouvoir ce patrimoine précieux.

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