Les TO doivent devenir des 'designers' du voyage

Une énième étude sur le sujet ? Oui, mais pour René-Marc Chikli, cette étude tombe à point:  « La profession monte en puissance dans les marges et la technologie, mais on commence vraiment à faire du résultat à partir du moment où on propose un produit qui parle à l’imaginaire du client ».

Cerner l’imaginaire du client, c’est bien l’objectif recherché. L’étude de Françoise Riera-Dabo va jusqu’au bout de la dissection du voyageur potentiel. Première interrogation : qu’attend-on réellement lorsqu’on achète un voyage ? Réponse : le voyage est un bien de consommation comme les autres. Il porte en lui un message, de même que le 4X4 représente l’aventure et la bouteille d’Evian, le rêve de la jeunesse éternelle.

Le voyage permet de rompre avec le mode de vie habituel et ses contraintes. Il induit des notions de liberté, d’épanouissement de soi selon quatre imaginaires bien identifiés : Robinson, Phileas Fogg, Las Vegas et Initiation.

Robinson, c’est l’île paradisiaque et sans soucis. Une façon de s’écouter vivre, de consommer ses vacances à son propre rythme quelque soit l’endroit. Phileas Fogg c’est une découverte du monde « pour mieux le maîtriser » et en comprendre le sens.

Las Vegas c’est vivre dans un monde artificiel et expérimental. Bling, bling en sorte. Enfin, l’imaginaire initiative, c’est l’univers du routard qui cherche à se confronter à l’inconnu pour mieux se découvrir soi-même.

Encore faut-il replacer ces quatre imaginaires dans un monde qui évolue en permanence et dans lequel chaque individu vit une aventure propre. Françoise Riera-Dabo distingue quatre stratégies d’adaptation : se raccrocher à des repères dans un environnement lisible et authentique avec des voyages loin du tourisme de masse; expérimenter des sensations inédites dans un décor unique et scénarisé; s’augmenter à travers une recherche de l’énergie vitale qu‘elle soit physique à travers l‘aventure ou mentale au cours d‘un voyage culturel; et enfin refonder à travers un respect de l’environnement dans un voyage responsable.

Mais évidemment, ces imaginaires peuvent s'additionner dans la tête d’un même individu. Ce qui donne des demandes farfelues comme le cocooning avec sensations qui est un mix de Las Vegas et de Robinson.

Ou bien encore l’explorateur sédentaire, représenté par un mix Robinson et initiatique. Et même le parcours initiatique 7 étoiles qui est un mix initiatique et Las Vegas pour une clientèle très haut de gamme.

Et pour répondre à cette pléthore de demandes, les agents de voyages vont devoir faire preuve d’imagination. Le bon rapport qualité/prix ne suffit plus. « De plus en plus, la valeur ajoutée des acteurs du voyage consistera à designer des concepts originaux". Un mix entre le droit au voyage et l’imagination au pouvoir. Y plus qu’à.