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Petit Futé : Quotatrip s’installe à Dubaï et vise un développement à l’international [ABO]

La plateforme n’est toujours pas immatriculée


Lancée en 2017 par le Petit Futé, la plateforme Quotatrip a récemment changé de main et bénéficié d’un sérieux lifting. Depuis juillet 2024, elle est dirigée depuis Dubaï par Victor Der Megreditchian et continue de faire l'intermédiaire entre les voyageurs et les agences réceptives, en leur permettant de recevoir des devis gratuitement. Néanmoins son modèle suscite des interrogations…


Rédigé par Amélia BRILLE et Anaïs BORIOS le Mardi 11 Mars 2025

La nouvelle version de Quotatrip (lancée par le Petit Futé en 2017) a été mise en ligne courant janvier 2025 - Depositphotos.com Auteur EdZbarzhyvetsky
La nouvelle version de Quotatrip (lancée par le Petit Futé en 2017) a été mise en ligne courant janvier 2025 - Depositphotos.com Auteur EdZbarzhyvetsky
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A 33 ans, Victor Der Megreditchian a repris en juillet dernier la direction de Quotatrip, filiale du Petit Futé lancée en 2017 et qui permet, depuis sa création, aux voyageurs de recevoir gratuitement plusieurs devis personnalisés de la part d’agences de voyages réceptives.

« J'avais monté une start-up dans l'éducation en ligne en 2016, juste après avoir obtenu mon diplôme universitaire. J'ai dirigé cette entreprise jusqu'en 2023 avant de la vendre à un concurrent, car j'avais envie de découvrir un nouveau secteur. C'est à ce moment-là que j'ai été mis en relation avec Dominique Auzias, président du Petit Futé, et que j'ai découvert Quotatrip », nous explique-t-il.

Ayant grandi en Russie et vécu en Amérique Latine et au Moyen-Orient, cet amoureux du voyage a été fortement séduit par le secteur du tourisme ainsi que par le concept de Quotatrip. « La plateforme avait un fort potentiel, mais aussi beaucoup de choses à améliorer, notamment sur le plan technique. J'ai donc relevé le défi de la moderniser ».

Mais pour cela, Quotatrip a dû changer de mains. « Nous avons liquidé la société en France et uniquement conservé la marque, que nous avons ensuite cédée à la société de Victor Der, basée à Dubaï, commente Dominique Auzias, le président fondateur des guides du Petit Futé.

L’idée est de lui donner une position internationale, la plateforme étant déjà multilingue et rassemblant environ un millier de DMC dans 190 pays, soit environ 800 destinations ».


Quotatrip : de nouvelles fonctionnalités et une visée mondiale

Durant six mois, le design du site a été modernisé et les fonctionnalités simplifiées pour faciliter la communication entre les agences et les voyageurs.

La nouvelle version de Quotatrip a ainsi été mise en ligne courant janvier 2025 et « les retours sont très positifs », commente Victor Der, qui continue à l'améliorer chaque semaine.

Le nouveau site met notamment en avant les agences écoresponsables. « Depuis le lancement de la nouvelle plateforme, nous enregistrons une croissance de 100% du nombre de demandes par rapport au mois précédent.

Nous prévoyons d'ajouter de nombreuses fonctionnalités pour améliorer encore l'expérience utilisateur et renforcer l'interaction entre les agences et les voyageurs. C'est un travail en constante évolution
», ajoute le nouveau directeur.

Pour accroître davantage la fréquentation, Victor Der a signé un partenariat avec le Petit Futé pour les trois prochaines années. « Quotatrip sera présent sur presque toutes les pages du site du Petit Futé, qui reçoit entre 70 et 80 millions de visiteurs par an. Cela nous permettra d'augmenter considérablement le trafic sur notre site.

Nous discutons également de partenariats similaires avec des groupes au Canada, en Allemagne et en Angleterre. L'objectif est d'attirer des voyageurs de divers pays afin de générer plus de demandes pour nos agences partenaires
».

L'abonnement des DMC comme modèle économique

Si la mise en relation est gratuite pour les voyageurs, les DMC payent un abonnement à Quotatrip pour figurer dans la base de données, mais pas de commission.

« Ainsi, les agences n'ont pas besoin d'augmenter leurs tarifs pour compenser les commissions, ce qui garantit aux voyageurs des prix transparents et compétitifs », indique Victor Der.

« Toutes les agences locales ont été sélectionnées par le Petit Futé, ajoute Dominique Auzias. Pour certaines, cela fait 40 ans que nous travaillons avec et que nous les recommandons et les certifions », insiste-t-il.

« Nous réalisons des entretiens avec ces agences, analysons leurs avis clients et vérifions leur sérieux. Nous n’organisons pas de voyages nous-mêmes, nous mettons uniquement en relation. Cela dit, les agences avec lesquelles nous collaborons disposent bien entendu de garanties financières », ajoute Victor Der.

Une information difficilement vérifiable, étant donné que la liste des DMC partenaires n'apparait pas sur Quotatrip. Pas plus qu'une charte comme le propose par exemple Evaneos, ou la mention d’une immatriculation au registre des opérateurs de voyages et de séjours d’Atout France.

« Nous ne sommes pas immatriculés car l'entreprise est basée aux Émirats Arabes Unis et que moins de 50% de nos clients sont situés en France. Je suis moi-même installé dans cette région depuis plusieurs années. Étant donné que je n'ai jamais vécu en France, il était plus naturel de développer Quotatrip depuis là-bas », justifie Victor Der.

Quotatrip doit-elle s'immatriculer ?

Mais en tant que société non-européenne, Quotatrip pourrait-elle entrer dans le cadre de l’article L211-18-1 du Code du Tourisme qui exige que les professionnels étrangers qui dirigent leur activité vers la France doivent disposer d'une garantie financière, dans les mêmes conditions qu'une entreprise française ou européenne, afin de fournir une garantie contre l'insolvabilité ?

« Je ne suis pas juge pour décréter si la plateforme doit s’immatriculer, analyse Me Emmanuelle Llop, du cabinet Equinoxe Avocats, mais cela n’empêche pas de regarder, dans un premier temps si cette société dirige son activité vers le territoire français.

Si l’on regarde les faisceaux d'indices, on peut se demander pourquoi une entreprise de Dubaï, qui fait référence à une marque française, à savoir le Petit Futé, existerait en français si ce n'est pas pour diriger son activité vers le consommateur français ?
»

Rappelant qu’il ne s’agit pas d’une question de rémunération ou de cheminement des paiements, « il faut toujours avoir à l'esprit la définition du code du tourisme qui précise que si un opérateur « offre à la vente », il doit s’immatriculer.

Or dans le cas de Quotatrip, on peut considérer qu'un site qui affiche des slogans tels que « Explorez le monde », « Choisissez votre prochain voyage », « Créer mon prochain voyage », etc., tout cela s’apparente à de l'offre à la vente
», poursuit Me Llop.

Ainsi, deux cas de figure se dessinent : « soit c'est Quotatrip qui dirige du business vers la France et qui offre à la vente des voyages et donc elle doit avoir une garantie financière, soit on considère que ce sont les DMC qui vendent en direct sur le marché français et qu’elles devraient avoir une garantie financière », conclut Emmanuelle Llop.

En effet, au bout du compte, il ne faut pas oublier le sort du voyageur en cas de problème lors de son voyage, qui aurait réservé l'intégralité de son voyage terrestre via une société apportée par Quotatrip, sans en connaitre la responsabilité, les garanties, la solvabilité, l'assurance de RCP, etc.

Car, si le déménagement du siège social de Quotatrip à Dubaï ne lui permet pas d'échapper à ses obligations, cela peut lui permettre d'échapper aux poursuites…

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