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Atout France : la fusion avec Business France toujours dans les cartons ? [ABO]

L'avenir d'Atout France parait moins tranché (ou presque)


Le tourisme passe de psychodrame en psychodrame. Il y a eu celui de la fusion d'Atout France par Business France, puis la fermeture du dernier point d'accueil physique de l'office de tourisme de Paris. Trois mois après l'annonce de Michel Barnier de voir la dernière agence touristique nationale absorbée, l'avenir d'Atout France parait moins tranché. Quelles sont les intentions du nouveau gouvernement ? Nous avons posé nos carnets des bureaux de Matignon à ceux du 14e arrondissement de Paris, siège de l'opérateur.


Rédigé par le Vendredi 24 Janvier 2025

L'avenir d'Atout France parait moins tranché - Crédit photo : RP
L'avenir d'Atout France parait moins tranché - Crédit photo : RP
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Le tourisme est souvent le parent pauvre des politiques.

Rarement cité dans les discours des Premiers ministres ou présidents de la République, sa destinée est bien souvent confiée à un secrétaire d'Etat en charge d'expédier les affaires courantes et serrer quelques mains lors d'inauguration de salon.

Michel Barnier a changé quelque peu les habitudes du secteur, en nommant une ministre déléguée puis en exprimant sa volonté de faire des coupes franches dans le secteur.

"Nous allons mutualiser et regrouper des agences, des opérateurs et des fonds qui ont des objectifs proches, comme Business France et Atout France," avait alors expliqué devant les députés le Premier ministre de l'époque.

En l'espace de trois mois, la peur s'est installée dans les couloirs du siège social de l'opérateur, situé dans le 14e arrondissement de Paris.

Et alors qu'une mission de préfiguration devait être nommée, la motion de censure a rebattu les cartes et expulsé le locataire de Matignon. Arrivé tout droit de Pau, une ville hautement touristique, François Bayrou ne s'est pas (encore) livré sur sa vision concernant Atout France.

Nous avons cherché à en savoir plus.


Atout France : fusion, stop ou encore ?

Depuis sa nomination, Nathalie Delattre se fait plutôt discrète, dans les médias, faisant regretter à certains la visibilité apportée au tourisme par Olivia Grégoire.

L'ancienne ministre des Relations avec le Parlement préfère l'action à la communication stérile. Elle enchaine les entretiens sur un sujet qu'elle considère comme "prioritaire."

Une méthode de travail différente qui se retrouve aussi à Matignon, où la façon de faire a bien évolué.

Michel Barnier était arrivé à Matignon, avec la volonté de rassurer les marchés financiers. L'Isérois souhaitait mener une politique de rupture centrée sur une forte réduction des dépenses étatiques, d'où la fusion entre Atout France et Business France.

Son successeur arrive dans un autre contexte, même si la situation économique et financière de notre pays ne s'est pas améliorée. Il doit faire consensus et éviter le vote d'une nouvelle motion de censure qui pourrait entrainer des élections présidentielles anticipées ou à minima (re)créer une situation de blocage.

Son premier et principal objectif est de faire passer le Projet de loi de Finances 2025, sans voir ses opposants appuyer sur le bouton du siège éjectable.

"Dans les faits Michel Barnier n'avait pas réussi à avancer sur le sujet et Marina Ferrari n'était pas pleinement convaincue de la chose.

Le nouveau cabinet n'a pas mis le sujet sur la table. Plus le temps avance et moins ce sera une priorité, il sera relégué plus loin,
" nous confie un habitué des arcanes de la politique.

Du côté de Matignon, il nous est dit à demi-mot qu'Atout France n'est pas au sommet des priorités, mais que son avenir est bien à l'étude.

Atout France : un rapprochement plutôt qu'une fusion ?

"Le Premier ministre François Bayrou poursuit le même objectif de réduction des dépenses publiques et notamment d’exemplarité de l’Etat à travers un effort complémentaire sur les achats, les opérateurs et sur les dépenses de fonctionnement.

Une transformation de l’Etat est nécessaire et est aussi à terme une source d’économies grâce à des administrations plus agiles et plus lisibles.

Le projet de rapprochement d’Atout France avec Business France est donc toujours en cours,
" nous affirme l'entourage du Premier ministre.

La sémantique est importante. Le mot fusion a été remplacé par rapprochement, ce n'est pas anodin.

Un message moins tranché que nous retouvons aussi auprès des différentes personnes ayant rencontré Nathalie Delattre.

A commencer par Hervé Novelli, le papa du GIE.

"Elle est très impliquée dans sa mission, elle prend les dossiers à bras le corps et jouit déjà d'une bonne connaissance du secteur.

Le changement de Premier ministre rend caduques, les propositions du précédent.

Ce qui est sûr, c'est que des discussions sont menées autour d'Atout France et d'un éventuellement rapprochement, mais de ce que je comprends, il n'est plus question de quelque chose de contraignant,
" nous confie, l'ancien secrétaire d'Etat sous Nicolas Sarkozy.

Comme pour Marina Ferrari, tout l'enjeu est de ne pas dépouiller le ministère de sa dernière agence et de conserver un minimum de poids.

Elle doit trouver une voie de passage, pour plaire aux uns et aux autres, sans perdre de vue son inévitable réforme.

A lire : Atout France : des inquiétudes quant à l'avenir de l'agence !

Dans tous les cas, la décision finale reviendra à Matignon. Entre temps, le Premier ministre devra composer avec certaines contraintes. A commencer par l'impossibilité juridique de cette fusion.

Atout France a été créée par la loi en 2009. Sauf que les deux acteurs de cette fusion ne sont pas vraiment compatibles, comme le rappelle Thierry Baudier, ancien directeur général de Maison de la France ce GIE.

"La fusion est quasi impossible, le rapprochement hypothétique.

Le gouvernement regarde le dossier dans le détail, mais n'oublions pas qu'Atout France et le tourisme ont une dimension politique. Les professionnels et les élus ne poussent pas vraiment en faveur d'une fusion, puis les adhérents veulent être concertés,
" nous affirme une source bien informée.

La position de Matignon et Bercy devrait être connue très prochainement.

Atout France : une mission de préfiguration bientôt nommée

Vous l'aurez compris, ce n'est pas un dossier comme un autre.

Si la fermeture du dernier bureau d'accueil des touristes à Paris a généré une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux, imaginez un peu ce qu'il adviendrait en cas de disparition d'Atout France.

Car la fusion entrainerait de facto la mort de l'opérateur noyé dans un organisme 4 fois plus important.

Une chose est sûre, une mission de préfiguration sera bientôt nommée, c'est une question de jour, d'après nos informations.

"Une certaine sérénité revient, mais des réflexions vont être menées sur le devenir d'Atout France. La mission devra clarifier certains sujets," affirme Hervé Novelli.

L'objectif sera de mieux répondre aux attentes de l'industrie et à ses enjeux, revenir sur la gouvernance, mais aussi de rendre l'agence plus efficace. Pour l'ancien secrétaire d'Etat, il est nécessaire de redonner du pouvoir aux régions et aux professionnels du tourisme.

La question de son financement en découlera par la suite.

Nous n'en sommes pas encore à ce stade, la mission de préfiguration apportera ses premières réponses dans quelques mois.

"Cette réforme ne va pas se faire en un claquement de doigts, ce sera long.

En attendant, un budget a été voté, il est en baisse. Le gouvernement a demandé à Atout France d'être prudent sur la question.

Au niveau des capacités à communiquer, tout est fait pour essayer de maintenir un certain niveau d'influence,
" nous rapporte une personne proche des hautes sphéres étatiques.

Atout France : un budget en baisse, mais moins que prévu

En attendant d'en savoir plus, sur l'avenir et les contours du projet de modernisation de l'organisme, parlons gros sous.

Fin d'année dernière, la subvention du ministère de l'Economie, servant à son bon fonctionnement, devait passer de 28,6 millions à 24,9 millions d’euros en 2025.

Avant de faire ses cartons, les sénateurs ont fait passer un amendement pour réduire le manque à gagner d'un million d'euros.

La dernière version du PLF 2025 prévoyait donc une rallonge, pour réduire le manque à gagner.

Malgré tout la baisse rentre plutôt dans les ordres de grandeurs exigés par le Premier ministre.

L'entourage de François Bayrou nous rappelle que le PLF 2025 tel que déposé auprès du Haut Conseil des finances publiques prévoit une baisse des dépenses des opérateurs de l'ordre de 5%.

Selon les retours que nous avons, Nathalie Delattre tente de limiter la casse, comme sa devancière. Les équipes doivent maintenant trouver des solutions pour rendre visible la France sur la scène internationale, sous peine de courir au déclassement de la destination dès cette même année.

"Même si on regagne 1 million, le montant ne va pas nous remettre à flot pour les années qui viennent.

Nous devons réfléchir et travailler différemment, avec nos partenaires. Nous ne serons sans doute pas en mesure d'abonder les campagnes de promotion, mais notre expertise repose aussi sur nos capacités à mutualiser les énergies du privé et du public,
" nous explique un cadre.

Amputé du Plan Destination France, Atout France ne pourra plus amorcer financièrement les campagnes. Elle essayera sans doute de collecter des budgets auprès des CRT et partenaires privés, pour ne pas laisser l'Espagne lui ravir sa première place et pouvoir surfer sur l'effet JO.

Le déclassement de notre pays pourrait être aussi celui de son tourisme...


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