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Le sort d'Atout France devrait être débattu cette semaine en haut lieu - Depositphotos @tatianastulbo.gmail.com
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Plus personne ne pensait que le projet de fusion d'Atout France, dans Business France, était d'actualité.
Il y eût d'abord la prise de parole de Nathalie Delattre, dans les colonnes du Dauphiné pour expliquer qu'une mutualisation des moyens entre les deux agences était à l'étude, et non un fusionnement.
Puis Olivia Grégoire a remis une pièce dans la machine, en expliquant dans un podcast, "avoir construit avec Laurent Saint-Martin (ministre délégué chargé du Commerce extérieur et ancien patron de Business France, ndlr) un projet qui justifiait le bien fondé de la chose".
"Pour elle, dans la mesure où Business France est la voiture bélier de notre pays à l'export, c'est à eux de porter aussi le sujet touristique. Elle a même annoncé que la verticale tourisme serait prochainement absorbée par l'opérateur.
A cette sortie, vous avez aussi le communiqué de presse de la CAT qui réitère son attachement à Atout France," nous lâche épuisé un salarié d'Atout France.
Ce panorama ne serait pas complet, sans la tenue d'un comité interministériel qui devra trancher dans le courant de la semaine du destin des différentes agences étatiques.
Atout France : Olivia Grégoire tire-t-elle les ficelles de la fusion ?
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"Nous avons l'impression d'être dans une machine à laver en mode essorage. D'être devenus un objet politique d'abord et ensuite des pions au cœur des ambitions personnelles d'Olivia Grégoire," précise un lieutenant de l'agence de promotion touristique de la France.
A lire : Atout France : la fusion avec Business France toujours dans les cartons ?
Le podcast n'est pas la seule raison de ce ressenti.
Alors que Laurent Saint-Martin est passé de DG de l'établissement qui attire et développe les investissements étrangers vers l'Hexagone à un maroquin ministériel, le budget de Business France - qui devait être raboté de 10% - n'est plus cité dans le Projet de Loi de Finances 2025.
Dans le même temps, à la faveur du maintien du gouvernement Bayrou, son cabinet s'est renforcé avec la nomination de Laëtitia Tabet, l'ancienne et unique conseillère tourisme d'Olivia Grégoire.
"Nous avons l'impression que Madame la Députée met tous les pions en place pour avoir son propre opérateur national," râle un autre salarié du 14e arrondissement parisien.
Rappelez-vous déjà qu'en octobre 2024, l'Informé annonçait qu'Emmanuel Macron poussait auprès de Michel Barnier pour qu'elle prenne la tête de Business France, une fois la fusion actée.
Si toutes les briques semblent parfaitement s'imbriquer... la réalité serait tout autre.
Atout France : Olivia Grégoire n'est pas canditate !
Tout d'abord, la rumeur de la candidature de l'ex-porte-parole du gouvernement d'Élisabeth Borne serait infondée.
"Il n'y a pas de volonté d'aller briguer la direction générale de Business France tout seul ou d'un organe pseudo-fusionné ou autre organe," nous affirme très ouvertement l'entourage de l'ancienne ministre.
Le collaborateur parlementaire d’Olivia Grégoire s'étonne des propos tenus par ce salarié, alors même qu'à Bercy, elle a toujours défendu Atout France et éludé toute idée de fusion.
Déjà sous Gabriel Attal, lors du comité interministériel du tourisme, une refonte des missions de l'agence est évoquée. Nous sommes loin de la vision radicale de son successeur, mais déjà le doute sur l'efficience d'Atout France s'est installé.
Malgré tout, pour celle qui est depuis devenue députée, il n'est pas question de fermer les portes de l'opérateur, explique une ancienne membre de son cabinet.
"Un pays comme le nôtre ne peut se passer d'un grand opérateur du tourisme, c'est inconcevable. Après, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien repenser, ni modifier.
La question était de voir comment réorienter certaines missions. Notre position a toujours été de soutenir l'opérateur, mais quand on est trop dispersé, est-ce qu'on agit autant que ce qu'on aimerait faire ?
Nous pensions qu'il ne fallait pas rationaliser, mais prioriser sur certains pans, pour démultiplier la force de frappe."
"Il n'y a pas de volonté d'aller briguer la direction générale de Business France tout seul ou d'un organe pseudo-fusionné ou autre organe," nous affirme très ouvertement l'entourage de l'ancienne ministre.
Le collaborateur parlementaire d’Olivia Grégoire s'étonne des propos tenus par ce salarié, alors même qu'à Bercy, elle a toujours défendu Atout France et éludé toute idée de fusion.
Déjà sous Gabriel Attal, lors du comité interministériel du tourisme, une refonte des missions de l'agence est évoquée. Nous sommes loin de la vision radicale de son successeur, mais déjà le doute sur l'efficience d'Atout France s'est installé.
Malgré tout, pour celle qui est depuis devenue députée, il n'est pas question de fermer les portes de l'opérateur, explique une ancienne membre de son cabinet.
"Un pays comme le nôtre ne peut se passer d'un grand opérateur du tourisme, c'est inconcevable. Après, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien repenser, ni modifier.
La question était de voir comment réorienter certaines missions. Notre position a toujours été de soutenir l'opérateur, mais quand on est trop dispersé, est-ce qu'on agit autant que ce qu'on aimerait faire ?
Nous pensions qu'il ne fallait pas rationaliser, mais prioriser sur certains pans, pour démultiplier la force de frappe."
Atout France : son sort scellé en comité interministériel ?
Finalement le ver n'était pas dans le fruit. Ce n'est pas la seule bizarrerie de cette affaire.
Pendant de nombreuses années, toujours de source ministérielle, un grand nombre de professionnels et de représentants de l'écosystème touristique appelaient à supprimer Atout France. Maintenant que c'est sur la table, tout le monde fait machine arrière.
"J'avoue que je suis un peu déconcertée par cette versatilité. Je pense qu'il y a un juste milieu entre tout supprimer et ne rien faire", poursuit-elle.
Il faut dire que personne ne s'attendait à une levée de boucliers comme vient de l'orchestrer l'industrie. Quand Michel Barnier avait mis la tête de l'opérateur touristique sur l'échafaud de la dette publique, il ne s'attendait à aucune résistance, et encore moins à une solidarité corporatiste d'une industrie aussi éparpillée.
Et pourtant, toute la profession a pris la parole pour soutenir Atout France, personne n'a remis en cause son travail, même le MEDEF y est allé de son petit communiqué de presse.
D'ailleurs cette défense tous azimuts de la fin de semaine dernière inquiétait dans les bureaux du 14e arrondissement de Paris.
Pourquoi la CPME ou encore la CAT (Confédération des Acteurs du Tourisme) ont décidé de prendre la parole, alors même que Nathalie Delattre confiait qu'il n'y aurait pas de fusion ?
Nous avons ouï-dire, de l'entourage de Matignon, qu'une réunion de type interministérielle aurait lieu dans les jours à venir.
"Elle traiterait d'un arbitrage par rapport à l'avenir d'Atout France. D'après mes informations, ce n'est pas l'unique objet de débat, puisqu'elle arbitrera plus largement le cas des structures satellites de l'Etat.
Le gouvernement va étudier toutes les marges de manœuvre pour optimiser son organisation, avec comme première grille de lecture : la contrainte budgétaire," nous détaille Jean-Virgile Crance, le président de la CAT.
Finalement pour une industrie assez peu experte dans l'art du lobbying, l'action a plutôt bien fonctionné.
Alors que le Premier ministre est le poste le plus instable de France et que les vents contraires poussent dans le dos du Maire de Pau, il serait assez délicat pour lui de se mettre la première industrie de notre pays... contre lui.
En effet, seulement 27% des sondés d'Ipsos pour La Tribune Dimanche ont une opinion favorable du locataire de Matignon. Si on retranche à ce score plutôt médiocre, les 2 millions de salariés du tourisme, les personnes satisfaites pourraient se compter sur les doigts d'une main.
Pendant de nombreuses années, toujours de source ministérielle, un grand nombre de professionnels et de représentants de l'écosystème touristique appelaient à supprimer Atout France. Maintenant que c'est sur la table, tout le monde fait machine arrière.
"J'avoue que je suis un peu déconcertée par cette versatilité. Je pense qu'il y a un juste milieu entre tout supprimer et ne rien faire", poursuit-elle.
Il faut dire que personne ne s'attendait à une levée de boucliers comme vient de l'orchestrer l'industrie. Quand Michel Barnier avait mis la tête de l'opérateur touristique sur l'échafaud de la dette publique, il ne s'attendait à aucune résistance, et encore moins à une solidarité corporatiste d'une industrie aussi éparpillée.
Et pourtant, toute la profession a pris la parole pour soutenir Atout France, personne n'a remis en cause son travail, même le MEDEF y est allé de son petit communiqué de presse.
D'ailleurs cette défense tous azimuts de la fin de semaine dernière inquiétait dans les bureaux du 14e arrondissement de Paris.
Pourquoi la CPME ou encore la CAT (Confédération des Acteurs du Tourisme) ont décidé de prendre la parole, alors même que Nathalie Delattre confiait qu'il n'y aurait pas de fusion ?
Nous avons ouï-dire, de l'entourage de Matignon, qu'une réunion de type interministérielle aurait lieu dans les jours à venir.
"Elle traiterait d'un arbitrage par rapport à l'avenir d'Atout France. D'après mes informations, ce n'est pas l'unique objet de débat, puisqu'elle arbitrera plus largement le cas des structures satellites de l'Etat.
Le gouvernement va étudier toutes les marges de manœuvre pour optimiser son organisation, avec comme première grille de lecture : la contrainte budgétaire," nous détaille Jean-Virgile Crance, le président de la CAT.
Finalement pour une industrie assez peu experte dans l'art du lobbying, l'action a plutôt bien fonctionné.
Alors que le Premier ministre est le poste le plus instable de France et que les vents contraires poussent dans le dos du Maire de Pau, il serait assez délicat pour lui de se mettre la première industrie de notre pays... contre lui.
En effet, seulement 27% des sondés d'Ipsos pour La Tribune Dimanche ont une opinion favorable du locataire de Matignon. Si on retranche à ce score plutôt médiocre, les 2 millions de salariés du tourisme, les personnes satisfaites pourraient se compter sur les doigts d'une main.
Sans Atout France : la fin des ministres du Tourisme ?
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"Je vois mal François Bayrou s'embarquer dans un tel bazar... La ministre déléguée en charge du tourisme appuyée par son ministre de tutelle s'est prononcée contre, donc ce sera non, point barre.
Pour bien connaître le pouvoir, il faut avouer qu'il y a un mépris total du secteur, tout le monde s'en moque. Voilà pourquoi il pensait que ça passerait sans problème. Finalement, patatras, ils font face à une industrie unie comme un seul homme. Allez comprendre !
Vous ajoutez à cette vindicte populaire la nécessité, pour ce faire, d'un véhicule législatif adéquat qu'il faudrait créer pour dissoudre et que je vois mal se glisser dans l'agenda du gouvernement," se réjouit un grand commis de l'Etat.
Entre les alertes de la Cour des Comptes sur le dérapage budgétaire, l’affaire Bétharram et les motions de censure, l'Exécutif a d'autres chats à fouetter, et c'est tant mieux pour Atout France.
Une mission d'appui pourrait être nommée pour établir des hypothèses afin de rendre l'opérateur plus efficace et le moderniser un peu, mais ça n'ira pas plus loin, nous dit-on.
Pour la CAT, le besoin d'efficience de l'agence n'est pas à remettre en question, la réflexion doit être réalisée en concertation avec toutes les parties prenantes.
"Nous défendons la nécessité de préserver l'approche publique-privée, tout comme une gouvernance partagée.
En tant que représentants du monde économique, sans les institutionnels nous avançons moins vite et allons moins loin. Je crois comprendre que nos arguments sont entendus par Matignon.
En outre, la disparition d'Atout France pourrait signer aussi la fin d'un portefeuille ministériel à ce poste, c'est un risque à ne pas négliger.
J'aimerais que nous regardions chez notre voisin espagnol. SI le tourisme explose tous les compteurs, c'est aussi parce que le pays a érigé le tourisme comme un pilier stratégique de son redressement," conclut Jean-Virgile Crance.
Au lieu de plonger dans le défaitisme d'un pays en perte de vitesse, la France devrait faire le pari de se relever en s'appuyant sur son excellence. Voilà ce que demandent les professionnels du tourisme.
Pour bien connaître le pouvoir, il faut avouer qu'il y a un mépris total du secteur, tout le monde s'en moque. Voilà pourquoi il pensait que ça passerait sans problème. Finalement, patatras, ils font face à une industrie unie comme un seul homme. Allez comprendre !
Vous ajoutez à cette vindicte populaire la nécessité, pour ce faire, d'un véhicule législatif adéquat qu'il faudrait créer pour dissoudre et que je vois mal se glisser dans l'agenda du gouvernement," se réjouit un grand commis de l'Etat.
Entre les alertes de la Cour des Comptes sur le dérapage budgétaire, l’affaire Bétharram et les motions de censure, l'Exécutif a d'autres chats à fouetter, et c'est tant mieux pour Atout France.
Une mission d'appui pourrait être nommée pour établir des hypothèses afin de rendre l'opérateur plus efficace et le moderniser un peu, mais ça n'ira pas plus loin, nous dit-on.
Pour la CAT, le besoin d'efficience de l'agence n'est pas à remettre en question, la réflexion doit être réalisée en concertation avec toutes les parties prenantes.
"Nous défendons la nécessité de préserver l'approche publique-privée, tout comme une gouvernance partagée.
En tant que représentants du monde économique, sans les institutionnels nous avançons moins vite et allons moins loin. Je crois comprendre que nos arguments sont entendus par Matignon.
En outre, la disparition d'Atout France pourrait signer aussi la fin d'un portefeuille ministériel à ce poste, c'est un risque à ne pas négliger.
J'aimerais que nous regardions chez notre voisin espagnol. SI le tourisme explose tous les compteurs, c'est aussi parce que le pays a érigé le tourisme comme un pilier stratégique de son redressement," conclut Jean-Virgile Crance.
Au lieu de plonger dans le défaitisme d'un pays en perte de vitesse, la France devrait faire le pari de se relever en s'appuyant sur son excellence. Voilà ce que demandent les professionnels du tourisme.