TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

logo TourMaG  




Transmettre son entreprise à ses enfants : erreurs à éviter et conseils pratiques [ABO]

Céder ou donner : deux voies possibles


Préparer la relève familiale de son entreprise ne s’improvise pas. Qu’il s’agisse d’une donation ou d’une vente, la transmission demande anticipation, stratégie patrimoniale… et diplomatie familiale. TourMaG fait le point avec Daniel Borja, Expert-comptable, commissaire aux comptes et fondateur du cabinet Aragor.


Rédigé par le Mercredi 16 Avril 2025

Daniel Borja, fondateur du cabinet Aragor, donne les clés pour une succession familiale réussie. @depositphotos/SergeyNivens
Daniel Borja, fondateur du cabinet Aragor, donne les clés pour une succession familiale réussie. @depositphotos/SergeyNivens
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 83€ TTC par an.

Pour Daniel Borja, Expert-comptable, commissaire aux comptes et fondateur du cabinet Aragor, deux solutions s’offrent aux parents qui souhaitent passer le flambeau de l'entreprise familiale.

La première consiste à céder l’entreprise. Dans ce cas, les parents conservent le produit de la vente, ce qui leur permet souvent de gérer un partage plus équilibré entre leurs enfants.

Il rappelle qu’une entreprise reste un capital risqué. Sa valeur peut évoluer, monter ou baisser selon les années. Ce choix permet donc d’éviter certaines tensions familiales, notamment lorsque l’un des enfants devient repreneur unique.

« Il est assez rare qu'une entreprise soit transmise à l'ensemble des enfants », observe-t-il. Reprendre une société demande de l’envie, mais aussi des compétences qui ne sont pas toujours partagées entre frères et sœurs. Par ailleurs, certaines entreprises valent cher, et il n’est pas toujours simple pour l’enfant repreneur d’obtenir un prêt suffisant.

C’est pourquoi certains parents choisissent d’accompagner la cession par un crédit vendeur. Ils échelonnent alors le paiement sur plusieurs années, tout en conservant la maîtrise de l’équilibre familial.

La seconde option repose sur la donation, en tout ou en partie. Elle convient particulièrement aux parents qui disposent déjà d’un patrimoine suffisant et n’ont pas besoin du produit de la vente pour assurer leur retraite. Mais attention, une donation n’est pas gratuite. Comme le rappelle Daniel Borja : « Il faut être suffisamment riche pour pouvoir donner, mais aussi pour payer les droits afférents à cette donation. »

Il est courant d’associer donation et cession. Par exemple, si les parents détiennent 10 000 titres, ils peuvent en céder 6 000 et en donner 4 000. Ce montage permet d’optimiser le coût fiscal tout en maintenant un équilibre patrimonial. En cas de donation à un seul enfant, une équité peut être préservée en offrant aux autres enfants un équivalent sous forme de numéraire ou de biens immobiliers. Toutes ces opérations seront de toute façon rapportées à la succession.


L’évaluation de l’entreprise : une étape clé

Transmettre, c’est aussi évaluer. Cette évaluation, généralement confiée à un expert-comptable ou un spécialiste en transmission, repose soit sur des entreprises comparables du même secteur et de taille équivalente, soit sur des méthodes patrimoniales.

« L’évaluateur tient compte de la trésorerie, de l’endettement et de la rentabilité », précise Daniel Borja. C’est à partir de cette estimation que sera fixée la valeur des titres à transmettre.

Dans le tourisme, certains actifs ou activités peuvent surcoter l’entreprise. Mais dans un cadre familial, la priorité reste la recherche d’une juste valeur, et non du meilleur prix. Cette valeur doit rester cohérente avec les méthodes d’évaluation fiscale afin d’éviter tout litige ultérieur avec l’administration.

La question de la garantie financière

La garantie financière est systématiquement réévaluée lors d’une transmission. Les organismes comme l’APST s’assurent que l’entreprise peut continuer à répondre à ses obligations. Si l’entreprise reste inchangée dans sa structure, la continuité est souvent assurée.

Cependant, si la garantie repose sur un bien immobilier ou une caution bancaire, il faudra que les enfants soient en mesure de fournir des contreparties solides. « Ce n’est pas tant la garantie qui pose problème, mais la contre-garantie que possède celui qui l’a accordée », souligne Daniel Borja.

L’humain au cœur de la transmission

Transmettre à ses enfants ne relève pas que de la technique. L’aspect psychologique est fondamental. « Il faut un changement de posture du parent qui devient retraité et de l’enfant qui devient dirigeant », insiste l’expert-comptable.

Cela demande un accompagnement. Il faut que l’enfant soit reconnu comme le nouveau patron par ses équipes, parfois anciennes collègues. Et que le parent accepte de se retirer pour éviter toute confusion dans la gouvernance.

« Une vraie feuille de route est nécessaire pour réussir une transition, et pas simplement une transmission capitalistique », recommande Daniel Borja.

Une opération à anticiper

Une transmission réussie demande du temps. Il faut idéalement prévoir entre trois et cinq ans pour se préparer. Ce délai permet d’identifier les ajustements nécessaires, de structurer les opérations, et de fluidifier le passage de témoin.

Dans certains cas, l’entreprise est transmise “telle quelle”. Mais même alors, un accompagnement humain reste indispensable.

Autre point important, certains éléments extérieurs comme un bien immobilier ou une trésorerie importante peuvent brouiller la lisibilité de l’opération. Il faut bien distinguer la valeur de l’entreprise de celle des actifs annexes. « Ces éléments nécessitent d’être traités séparément, avec l’aide de l’avocat, du banquier, du notaire et de l’assureur », conseille Daniel Borja.

Objectif : sécuriser la transmission, tout en maîtrisant les coûts fiscaux et sociaux.

Et la fiscalité dans tout ça ?

Il existe des dispositifs d’exonération ou d’abattements sur les plus-values, en particulier si la cession intervient au moment du départ à la retraite du dirigeant.

« Le même arsenal d'exonération et d'abattements sur les plus-values va s'appliquer, que le bénéficiaire de la cession, soit un enfant ou un tiers , il n’y a pas de différence là-dessus », conclut Daniel Borja.


Lu 579 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias