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Tunisie : les ordures menacent le tourisme à Djerba

menace de grève générale


En Tunisie, le traitement des déchets et la multiplication des décharges sauvages sont un problème de fond. A Djerba, le problème se transforme en cauchemar. Tous les acteurs de la société civile de l’île, font planer la menace d’une grève générale si l’Etat ne prend pas ses responsabilités


Rédigé par le Jeudi 24 Juillet 2014

Nommé fin janvier 2014, apolitique, l’actuel gouvernement de transition a hérité d’une situation complexe et sans remède immédiat si ce n’est le fait d’ordonner dans l’urgence la réouverture de cette fameuse décharge © shinzoo - Fotolia.com
Nommé fin janvier 2014, apolitique, l’actuel gouvernement de transition a hérité d’une situation complexe et sans remède immédiat si ce n’est le fait d’ordonner dans l’urgence la réouverture de cette fameuse décharge © shinzoo - Fotolia.com
Depuis plusieurs années les habitants de Guellala, une petite ville du sud de l’île de Djerba, subissaient en silence les désagréments liés à la décharge publique à ciel ouvert dans leur commune.

Cette unique décharge contrôlée qui recevait la totalité des déchets de l'île fermait ses portes sur la pression des habitants excédés par l’ampleur sans cesse croissante des nuisances générées par les ordures en mal de traitement.

Aujourd’hui, la situation implique la réouverture de cette décharge et c’est là que le bât blesse.

Une fermeture sans proposition alternative

La révolution tunisienne a eu ceci de positif : parole libérée les gens de Guellala ont revendiqué, manifesté, multiplié les sit-in barrant les routes et empêchant les employés chargés de transporter les ordures de faire leur travail .

Alors au pouvoir, le parti islamiste Ennahda a calmé le jeu en ordonnant purement et simplement la fermeture de cette décharge contrôlée mais sans faire de proposition alternative à court, moyen ou même long terme.

Quelques décharges provisoires semi-contrôlées ont été ouvertes mais elle ont atteint leurs limites. D’autres décharges sauvages et anarchiques se sont développées à travers l’île aggravant une situation déjà critique sur l’environnement.

En réalité en ce mois de juillet, période de forte chaleur, la belle et très touristique île de Djerba est une immense poubelle. Djerba suffoque sous ses ordures.

Situation intolérable pour les djerbiens et que dire de l’effet dévastateur sur les très nombreux touristes qui séjournent actuellement dans les resorts de l’île. Les réclamations s‘amoncellent.

Le gouvernement exige la réouverture de la décharge

Nommé fin janvier 2014, apolitique, l’actuel gouvernement de transition a hérité d’une situation complexe et sans remède immédiat si ce n’est le fait d’ordonner dans l’urgence la réouverture de cette fameuse décharge.

Face à la détérioration de l'environnement les responsables ont donc promis une meilleure exploitation de cette décharge, affirmant que l'application de la loi, à savoir sa réouverture demeure nécessaire pour protéger l’environnement.

Depuis plusieurs semaines la situation se révèle très tendue entre les habitants de Guellala qui refusent cette réouverture et les forces de l’ordre.

Unanime la presse tunisienne déplore la violence exercée par la sécurité à l'encontre des habitants de Guellala.

Le président de la république Moncef Marzouki, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, Hedi Arbi, ministre de l’équipement, de l'aménagement du territoire et du développement durable ont ordonné à tour de rôle l’ouverture de la décharge de Guellala pour éviter un risque environnemental.


Le respect de la loi ou la paralysie de l’île

Le mardi 22 juillet Jalel Henchiri, président des hôteliers du sud tunisien organisait à Djerba une conférence de presse au cours de laquelle il se disait prêt à assumer les conséquences d’une grève générale paralysant l’île si de son côté l’Etat ne prenait pas ses responsabilités.

Devant cette crise environnementale et sanitaire qui porte lourdement atteinte au tourisme, première source d’emploi à Djerba, en effet, excédés, tous les acteurs de la société civile, hôteliers, professions libérales, commerçants, transporteurs, artisans et autres entrepreneurs et tous les syndicats menacent de paralyser l’île par une grève générale.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle menace plane sur l’île pour cette même cause mais cette fois elle risque d’être la bonne.

Aujourd’hui, le respect de la loi c’est la réouverture de cette fameuse décharge de Guellala, réouverture toujours fermement refusée par les gens de Guellala.

La situation est kafkaïenne.

Certes des projets sont sortis des tiroirs où ils étaient mais un programme de gestion des déchets demande du temps et beaucoup d’argent. Aujourd’hui, devant le manque disons d’un plan B la réouverture de la décharge est la seule solution pour que Djerba retrouve sa propreté et son harmonie

l’Etat demande cette réouverture "pour une durée déterminée avec toutes les garanties de remédier aux dysfonctionnements techniques et aux nuisance ».

« Les clients vivent et comprennent la situation »

"Aujourd’hui nous sommes en danger. Il y a le feu et il faut l’éteindre dans l‘urgence. La seule solution est la réouverture de la décharge de Guellala.

Tous les citoyens de Djerba sont prêts à entamer une grève générale si la loi n’est pas appliquée de façon rigoureuse
" insiste Jalel Henrichi joint par téléphone.

Quid des clients qui, île paralysée, seraient pris en otage dans les hôtels ?

" Nos clients seront informés. Ils vivent la situation et la comprennent. Vous savez nos clients l’ont déjà prouvé, ils sont solidaires et compatissants. Ils militent pour la protection de l’environnement comme ils ont milité pour les Droits de l’Homme."

Ce jour, jeudi 24 juillet 2014, plusieurs organisations professionnelles régionales et des représentants de la société civile ont décidé d’observer une grève de 4 heures dans les différentes administrations publiques, les entreprises privées ainsi que dans l’aéroport de Djerba-Zarzis.

A suivre.

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