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AFTM : 2023, une bonne année "gonflée artificiellement par l’inflation"

Webinaire AFTM


Léger repli de l’activité affaires à la rentrée, inflation persistante, hausse de la taxe de séjour en Ile-de-France, dégradation des relations entre les compagnies aériennes et le marché corporate… ce nouveau rendez-vous de l’AFTM a permis de revenir sur les sujets d’actualité.


Rédigé par le Lundi 16 Octobre 2023

Un nouveau rendez-vous de l'AFTM a eu lieu vendredi - Capture écran
Un nouveau rendez-vous de l'AFTM a eu lieu vendredi - Capture écran
Le baromètre EPSA, présenté à l’occasion de l’IFTM Top Resa, fait état d’un marché du voyage d’affaires en retrait de 20% en nombre de voyages par rapport à 2019. Cette baisse du volume est compensée par une inflation soutenue qui a permis de retrouver 95% des dépenses de 2019.

Le baromètre anticipe dans les prochains mois des intentions de départ en croissance de 5 points par rapport à 2022.

Si jusqu’à maintenant le bilan de l’année 2023 est positif, les professionnels du voyage d’affaires réunis pour ce nouveau rendez-vous de l’AFTM, autour de François-Xavier Izenic, observent une prudence de la part des entreprises, voire un ralentissement par rapport au début d’année.

« Le premier semestre n’a pas été à la hauteur des objectifs des différentes entreprises et par conséquent, le second semestre est en demi-teinte. On pèse le pour et le contre, puis on calcule le ROI du voyage avant de passer la réservation et de voyager », constate Caroline Saccoletto, purchasing manager au sein du groupe ARKEMA et déléguée régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’AFTM, qui se fait porte-parole de ses homologues de la région.

« Globalement le marché se porte plutôt pas mal. 2023 sera l’année de référence attendue. L’été a été bien marqué cette année. Cette prudence s’inscrit dans une logique budgétaire. Ça dépend des régions et du type d’industrie. C’est un aspect segmentant de la reprise aujourd’hui. Le secteur de l’industrie, qui doit assurer une maintenance, n’a pas changé ses habitudes. 2023 reste une belle année de reprise, avec un atterrissage en douceur », observe Louis-Xavier Dumoulin, directeur senior client entreprise de CWT.

Même constat pour Jean-Christophe Carette, Sales Director Amadeus Cytric Solutions : « 2023 est une bonne année, gonflée artificiellement par l’inflation. Dans les comportements, c’est vrai qu’il y a beaucoup moins de voyages, le recours aux réunions virtuelles perdure. »

« Pour les PME, il y a une véritable prudence, une volonté de maîtriser d’avantage les coûts, un resserrement des politiques voyages, un switch sur le national de l’aérien vers le rail et une sensibilité de plus en plus forte des Travel managers de piloter l’impact environnemental de leurs déplacements professionnels », poursuit-il.

AFTM : La forte inflation va se poursuivre en 2024 dans l'hôtellerie

L’année 2023 est fortement marquée par l’inflation, un mal qui touche tous les secteurs… et particulièrement l’hôtellerie !

En 2024, les prévisions Amex pointent une hausse des tarifs hôteliers de 11% à Paris, 9,5% à Lyon, 8,5% à Bordeaux 11% à Amsterdam… Des hausses importantes auxquelles il faudra ajouter dès le 1er janvier 2024 celle de la taxe de séjour en région parisienne de 200%.

« Les hausses vont continuer, mais dans une proportion moindre que cette année ! », commente Audrey Heliot, directrice des ventes chez Adagio Aparthotels, qui voit malgré tout une « une hausse de +8% en 2024 sur des niveaux déjà très élevés. »

Y a-t-il de l’abus ? « Il y a une crainte des hôteliers de baisser les tarifs car ils aimeraient les augmenter fortement pendant les JO de Paris 2024. Les prix se maintiennent également par rapport à ça », explique Eric Estegassy, fondateur et CEO de Djoca Travel, centrale hôtelière B2B. Nous sommes arrivés à un tel niveau, ça va forcément se calmer. Les clients ne vont pas continuer à payer ce prix. »

« Les prix aujourd’hui sont indécents. Les voyageurs ne comprennent pas comment ils peuvent payer 250€ dans un deux étoiles dont la qualité est indigente. Il y a une grosse insatisfaction et agressivité des clients. Nous avons des problèmes pour les assister, car en intégrant ces hôtels ils pensent trouver des conditions qui ne sont pas celles qu’elles sont au final. Je ne vois pas comment la clientèle business traditionnelle, qui fréquente des 2 ou 3 étoiles, peut continuer à payer ces prix », poursuit Eric Estegassy.

« La tendance à date laisse à penser que les prix ne vont pas se calmer début 2024, mais je ne serai pas surpris d’un petit réajustement au printemps, si les hôtels ne sont pas aussi remplis qu’ils le souhaitent », estime Louis-Xavier Dumoulin de CWT.

Jean-Christophe Carette est moins optimiste quant à un frein de l’inflation. « A Londres, ça fait bien longtemps que les prix ne cessent d’augmenter », rappelle-t-il.

Pour la déléguée régionale AFTM AURA, Caroline Saccoletto : « Augmenter les prix, c’est aussi se tirer une balle dans le pied au niveau du nombre d’intentions. Si une entreprise a consommé 80% ou 70% de son budget à la moitié de l’année, il va falloir être créatif ou voyager moins pour s’y retrouver. »

Pour réduire le montant de la facture, certaines entreprises se sont ouvertes à la location de meublés partagés par plusieurs collaborateurs. « Aujourd’hui, ce n’est pas dans notre politique voyages, mais je suis sans cesse questionnée par des voyageurs qui sont insatisfaits et dans l’obligation de demander une dérogation, parce que le seuil de remboursement, le citycap, n’est plus en adéquation avec la réalité », ajoute-t-elle.

La location via un acteur comme Airbnb pose malgré tout quelques questions : « la sureté, l’assurance… tout un tas de problématiques connexes expliquent que les entreprises sont assez frileuses à s’ouvrir à la location de meublés. C’est souvent une demande des voyageurs », souligne Caroline Saccoletto.

« De nouveaux entrants sont en train de structurer cette nouvelle offre en prenant en compte les spécificités du corporate travel, en termes de sécurité, de confort, de praticité, de paiement… Il y a une demande et une alternative qui est en train de se créer. Le but sera de l’intégrer dans les outils », complète Jean-Christophe Carette.

Aérien : Les corpo moins bien traités qu’avant le covid ?

L’inflation est globale, elle touche tous les segments du voyage. L’aérien n’est pas en reste. Le dernier baromètre de Misterfly fait état d’une augmentation de 9% des billets d’avion en septembre, par rapport à septembre 2022.

Hausse à laquelle il faudra ajouter une nouvelle taxe, dont le montant n’est pas encore connu : à compter du 1er janvier 2024, les plus grands aéroports seront soumis à cette taxe, qu’ils répercuteront aux compagnies aériennes et en bout de chaîne aux passagers.

A cela s’ajoute le développement de nouvelles stratégies de distribution des compagnies aériennes et notamment NDC.

« Faut-il y voir la dégradation des relations entre le monde corporate et les compagnies aériennes ? Moins rémunérateur qu’avant covid, le voyageur d’affaires est-il moins considéré par les compagnies aériennes, au profit du loisir ? », s’interroge François-Xavier Izenic.

« Les prévisions d’évolution du marché du voyage d’affaires à très long terme sont extrêmement positives. GBT a publié à horizon 2027, nous aurons largement dépassé 2019, avec 1,8 trillion de dollars. Le corpo a encore de beaux jours devant lui, répond Louis-Xavier Dumoulin de CWT. Aujourd’hui, NDC devient très concret, il commence à être visible sur un certain nombre de marché et de plus en plus accessible à l’offre corporate. Nous sommes dans une phase de montée en puissance, qui fait évoluer la façon de négocier les contrats avec leurs clients. C’est la crainte des acheteurs que je rencontre. »

« La relation est bonne, mais je ne suis pas certaine que le pouvoir de négociation soit le même. Nous avons adopté un comportement plus tactique vis-à-vis des pricing. On va travailler encore plus l’anticipation. En plus de l’arrivée de NDC, du continuous pricing, Air France modifie sa politique commerciale sur la cabine business. Ça implique d’être plus en réaction, en tactique pour acheter son billet au meilleur prix », explique Caroline Saccoletto.

Pour Jean-Christophe Carette : « Effectivement dans cet écosystème global, on ne peut pas considérer qu’il y a les agences de voyages d’un côté, les travel manager de l’autre, les airlines d’un autre. Ça doit évoluer conjointement. Le meilleur moyen d’épouser ce changement est de le piloter. Les travel managers ont un grand rôle à jouer. »

Eric Estegassy, CEO de Djoca et administrateur du réseau Manor, fait le parallèle avec la distribution du rail : « Est-ce que le voyageur final a vraiment accès à la totalité de l’offre ? On s’est rendu compte dernièrement avec la SNCF que les deux grands acteurs, Sabre et Amadeus, n’ont pas forcément développé la totalité du produit ou de l’API. Le contenu est donc dégradé , ce qui entraine un fonctionnement dégradé des agences. Cela va induire une concentration dans la distribution. Il y aura d’un côté les gros acteurs qui auront les moyens de faire leur développement et de l’autre ceux qui passeront par les GDS traditionnels qui n’ont pas cette fonctionnalité », conclut-il.


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