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Adriana Minchella : "Nous allons saisir la DGCCRF sur la problématique des transporteurs aériens"

L'interview d'Adriana Minchella, présidente du CEDIV


L'initiative du Cediv de rechercher une solution politique à la crise avec les transporteurs aériens, suit son bonhomme de chemin. 150 députés ont été saisis et se sont mobilisés sur la problématique du remboursement et des obligations des compagnies aériennes. Adriana Minchella devrait saisir prochainement la DGCCRF à propos de l'"entente" constatée entre les transporteurs aériens.


Rédigé par le Mercredi 15 Avril 2020

Symposium 2020 en Chine de l'IATA - DR : Iata
Symposium 2020 en Chine de l'IATA - DR : Iata
TourMaG.com - Votre travail de lobbying auprès des députés a payé. Ils ont été une centaine à signer un courrier demandant la mise en place d'urgence d'un "fonds passagers" garantissant aussi bien les voyageurs que les agents de voyages en cas de faillite de la compagnie. Comment y êtes-vous parvenus ?

Adriana Minchella
: "En fait tout a débuté par un concours de circonstances provoqué par une initiative prise par le CEDIV et ses agences, qui ont écrit aux Députés et Sénateurs pour les sensibiliser à la situation provoquée par le Covid-19.

Les députés des Hauts de Seine, Jacques Marielossian et Laurianne Rossi, connaissaient Pascale Fontenel-Personne, la co-présidente du Groupe d’études « Valorisation des Activités Touristiques » à l’Assemblée Nationale et membre du Comité de Filière Tourisme.

La députée de la Sarthe connaît bien le tourisme. Elle a, pendant des années, travaillé au sein d’un groupe important du tourisme en France. Elle-même connaissait une de nos adhérentes, spécialisée dans le tourisme de congrès, de séminaires et l’événementiel. La boucle était bouclée.

Elle nous a immédiatement fait comprendre qu’elle avait une parfaite connaissance de notre profession, beaucoup d’implication, de détermination et une combativité très positive qui nous ont naturellement poussé à accompagner cette démarche.

Il nous a été facile de mobiliser nos troupes qui avaient déjà, une semaine avant, sensibilisé les hommes politiques de leurs circonscriptions et de leurs régions à la situation de notre secteur.

Le score atteint aux dires des politiques est exceptionnel. Ce travail a permis également d’évaluer l’intérêt que portaient nos représentants à la chambre sur notre métier."

"C’est la première fois qu’autant de politiques se mobilisent"

TourMaG.com - On a quand même l’impression que la concrétisation de cette initiative arrive un peu tard, du moins en ce qui concerne les compagnies aériennes ? La plupart d’entre elles sont au bord de la faillite et seuls les Etats ont les moyens de les recapitaliser ?

Adriana Minchella
: "Non, il y a une logique qui est celle de la posture de IATA qui a refusé dès le début de la crise de procéder au remboursement comme prévu dans le règlement européen.

Il a fallu attendre la réponse d’Alexandre de Juniac du 26 mars pour, après des initiatives de privés comme MisterFly et d’institutionnels comme les Entreprises du Voyage (EDV), pour intenter cette nouvelle démarche via les politiques.

C’est, à mon sens , la première fois qu’autant de politiques se mobilisent en si peu de temps sur des problèmes touchant au tourisme.

On voit que l’évolution de cette situation va amener certains Etats à se porter garants de façon temporaire (le discours de Bruno Lemaire concernant Air France est très clair à ce sujet) de leurs compagnies nationales. Pour les autres, les compagnies privées, c’est moins sûr."

TourMaG.com - La question du transport est certes importante, notamment la garantie inexistante en matière de vols secs, et à propos de laquelle nous avons réuni plus de 16 000 signatures dans une pétition sans aucun résultat. Surtout quand on voit que J.-B. Djebbari, secrétaire d’Etat, fait du lobbiyng auprès de l’Union européenne pour faire appliquer le voucher au lieu du remboursement ?

Adriana Minchella
: "Le Secrétaire d'Etat, comme tout le Gouvernement, essaie désespérément de trouver des solutions à cette situation inédite et extrêmement violente.

Pour autant il devrait militer pour un respect stricto sensu de la loi. Jamais la commission européenne n'acceptera de se porter garante des compagnies et de payer pour leurs comptes ces sommes aux consommateurs européens.

C’est donc à chaque Etat qu’il appartient de prendre cette décision au bénéfice de ses citoyens-consommateurs-électeurs qui d’une façon ou d’une autre, au bout du bout, payeront ces dépenses avec leurs impôts."

Premier objectif : "motiver nos clients inscrits à voyager à nouveau"

TourMaG.com - Aux compagnies aériennes est venue s’ajouter la question de l’Ordonnance sur les à-valoir qui fait peser une nouvelle menace sur les garanties des consommateurs en ce qui concerne la solvabilité à termes des distributeurs. Quid de cette question d’ici quelques mois ?

Adriana Minchella
: "C'est une chance pour les distributeurs d’être couverts par cette ordonnance. Nous essayons de régler avec solidarité et responsabilité les rapports distributeurs/producteurs découlant de ce texte dérogatoire.

Mais cela reste un problème majeur quand on assiste à la dégradation économique et sociale de notre environnement.

Premier objectif : motiver nos clients inscrits à voyager à nouveau dans les prochains 18 mois de façon à ce que l’argent déposé dans nos entreprises restent dans le circuit distributeur/producteur/prestataires.

Sinon il faudra rembourser et s'il y a des défaillances, ce sera aux garants de couvrir celles de la distribution.

Reste le risque incompressible entre commerçants qui lui ne sera pas couvert et qui va créer de vives tensions sans nul doute si les circonstances l’imposent, mais gardons l'espoir que nous n’en arriverons pas là..."

Jouons le dialogue, la solidarité et la compréhension mutuelle

TourMaG.com - De manière plus générale, ne pensez-vous pas que la discorde actuelle entre producteurs et distributeurs repose en grande partie sur une défiance dans la capacité du fonds de garantie actuel à pouvoir rembourser les clients en cas de défaillance ?

Adriana Minchella
: "Il y a deux aspects dans cette question. Tout d'abord, ne continuons pas à nous opposer, ce sont des postures dépassées et d’un autre temps.

Jouons le dialogue, la solidarité et la compréhension mutuelle. Le CEDIV n’est pas en reste. Des propositions ont été faites et les réponses ne devraient pas tarder à nous parvenir.

D’autre part, la situation des garants est en effet préoccupante et celle du nôtre l’APST, après le sinistre Thomas Cook, est précaire certes mais les informations dont je dispose sont rassurantes pour le moment.

Dans une situation évolutive comme celle du Covid-19, on se tient informé en permanence. Nous faisons en sorte que de nouvelles difficultés ne viennent pas s’ajouter à toutes celles que nous vivons actuellement. Anticiper et s’adapter sont plus que jamais des qualités nécessaires."

"Le tourisme ne peut fonctionner sans garantie des fonds déposés"

TourMaG.com - De manière plus globale et compte tenu de la situation financière de l’APST, pensez-vous que le moment est venu de refondre le fonds de garantie pour éviter qu’il flanche dans quelques mois, victime de la conjugaison des effondrements de Thomas Cook et de la crise sanitaire ?

Adriana Minchella
: "Cette évolution était déjà débattue au niveau de caisse de garantie professionnelle pour répondre à des critères de solvabilité imposés par l’administration.

L’Etat s’interroge certainement, dans ce secteur, comme dans d’autres d’agir avec discernement. On ne pourra pas, comme dans les crises précédentes de défaillances des compagnies aériennes ou de la défaillance de Thomas Cook, supporter seuls avec nos moyens, malgré tout limités, de telles catastrophes industrielles.

Le tourisme ne peut fonctionner sans garantie des fonds déposés c’est la loi et à ce titre, une solution de continuité sera trouvée en préservant à la fois la place et l’influence des professionnels du secteur."

TourMaG.com - On dit que vous envisagez de saisir la la DGCCRF à propos de l'"entente" constatée entre les transporteurs aériens ?

Adriana Minchella
:"En effet, il est un peu tôt pour en parler mais nous travaillons sur cette hypothèse, suite à l'attitude des transporteurs et à leur posture, malgré les directives très précises de la Commission européenne sur la question du remboursement et des vouchers."

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Commentaires

1.Posté par dizydance le 16/04/2020 08:35 | Alerter
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Chère Adriana,
Profitez en pour dénoncer le monopole Distribution / Production que nous subissons actuellement. A moins qu'il vous convienne...

2.Posté par Dunny le 16/04/2020 10:17 | Alerter
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Bonjour,

C'est dommage que l'asymétrie de la responsabilité de l'Ordonnance n'est jamais abordée: d'une part, les opérateurs de voyage ont l'obligation de proposer un report jusqu'à 18 mois après la date d'annulation et un remboursement intégral (quid de la rémunération du travail effectué par l'agence?) au client. D'autre part, les compagnies aériennes émettent soit des avoirs valables un an ou encore plus restrictif, un départ un an après la date de l'émission initiale du billet ou comme le fait Etihad, jusqu'au 31 juillet 2021. Comment tenir nos engagements réglementaires auprès de nos clients face à cette situation ?

3.Posté par Franck Montbard le 16/04/2020 13:49 | Alerter
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"Le tourisme ne peut fonctionner sans garantie des fonds déposés"

> les poids lourds du tourisme en 2020 s'appellent booking.com , airbnb, odigeo, ... eux non plus ne sont pas à l'abri de la faillite, eux aussi ont l'argent des clients et personne n'en parle...
ils sont des acteurs mondiaux, opèrent en Europe depuis le pays le plus avantageux pour eux, faire des lois nationales ne les contraindra à rien et ajoutera encore et toujours de la charge sur le dos des petites structures franco-françaises...

4.Posté par marc le 16/04/2020 14:16 | Alerter
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Chère Adriana vous sembler bien optimiste pour l'apst qui peine à obtenir un crédit de 15 millions
alors que le fond de garantie du petit Danemark a déjà obtenu un prêt de 120 millions d'euros

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