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Air France/Ryanair : la guerre des communiqués

pour la compagnie tricolore Ryanair fait un ''rideau de fumée''


Rien ne va plus entre Air France et Ryanair. Les deux compagnies communiquent désormais par voie de presse. Le communiqué ci-dessous est un peu long mais il est intéressant. Les intertitres sont de la rédaction.


Rédigé par jdl le Mardi 25 Novembre 2003

"Air France a eu connaissance du communiqué de presse diffusé par Ryanair le 21 novembre 2003. Ce document de propagande n’a qu’un rapport lointain avec la réalité et appelle donc plusieurs précisions factuelles.

Ainsi, Ryanair affirme, soi-disant « preuve à l’appui », que le tarif le plus bas d’Air France entre Strasbourg et Londres serait de 780 euros. Or, en tenant compte des conditions que précise elle-même cette compagnie, à savoir un voyage aller et retour en semaine avec nuit du samedi au dimanche sur place, Air France confirme que son tarif le plus bas accessible à tous est bien de 56 euros aller et retour (99,67 euros TTC). Le tarif de 753 euros (796,67 euros TTC) est le prix aller et retour le plus élevé, pour un voyage sans restriction de date ni de remboursement.
Le qualifier d’ « arnaque » relève de la diffamation.

Quant à ses propres tarifs, Ryanair fait seulement état d’un prix à 19 euros aller et retour, se gardant bien de communiquer sur ses autres prix. Ainsi, lorsque cette compagnie desservait la ligne Strasbourg-Londres, son tarif pouvait s’élever, par exemple, à 279,27 euros TTC aller et retour, non remboursable.

Air France n’a pas reçu un centime des pouvoirs publics depuis sa recapitalisation

Ryanair prétend qu’Air France serait la compagnie la plus subventionnée d’Europe et que 15 de ses destinations ne seraient desservies que grâce à « d’énormes » subsides. La réalité est que la compagnie Air France n’a pas reçu un centime des pouvoirs publics depuis sa recapitalisation en 1994, laquelle a été menée avec l’accord des autorités européennes et dans une transparence absolue.

Quant à la remarque de Ryanair sur les subventions que reçoit Air France pour la desserte de 5 villes, et non pas 15, elle dénote une méconnaissance évidente des dispositifs mis en place par les Etats et les institutions européennes en matière d’aménagement du territoire et de continuité territoriale, confirmant le peu de cas de cette compagnie pour la législation française et européenne.

En effet, le statut « aménagement du territoire » ne peut ainsi être attribué qu’aux lignes de moins de 150 000 passagers annuels et pour lesquelles il n’existe pas de moyens de transport alternatifs : ni transport ferroviaire avec un temps de parcours inférieur à 2h30, ni transport aérien au départ d’un aéroport accessible en moins de 30 minutes de plus que l’aéroport concerné.

L’exploitation de telles lignes donne lieu, au préalable, à des appels d’offres publics auxquels toutes les compagnies européennes peuvent répondre. Les Etats peuvent également imposer des obligations de service public pour assurer la continuité territoriale.

Orly-Ajaccio, Orly-Bastia et Orly-Figari sont subventionnées par les collectivités

C’est dans ce cadre que 3 lignes d’Air France : Orly-Ajaccio, Orly-Bastia et Orly-Figari sont subventionnées par les collectivités. La compagnie Régional, filiale d’Air France, reçoit quant à elle un soutien pour 2 lignes : Lorient-Lyon et Strasbourg-Copenhague.

Nous sommes loin du système de subventions soutirées par Ryanair aux gestionnaires d’aéroport pour desservir telle ou telle ligne économiquement viable. Mais l ‘évocation de ces questions par Ryanair ne vise à l’évidence qu’à émettre un rideau de fumée destiné à dissimuler ses pratiques anti-concurrentielles, à savoir la recherche et l’obtention d’aides publiques illégales, à Strasbourg et ailleurs : les consommateurs doivent en prendre conscience et ne pas s’y tromper. Face à cette distorsion évidente de la concurrence, Britair, filiale d’Air France a intenté une action en justice qui, à ce jour, lui a donné raison.

Ryanair semble rendre Air France responsable du fait que easyJet n’aurait pas reçu assez de créneaux horaires après l’arrêt d’exploitation d’Air Lib. Cette sollicitude inattendue à l’égard d’un de ses premiers concurrents montre que Ryanair ignore, ou feint d’ignorer, les conditions d’attribution des créneaux sur les aéroports européens en général et français en particulier.

Ryanair ignore, ou feint d’ignorer, les conditions d’attribution des créneaux

Ceux-ci en effet ne sont distribués ni par l’Etat, ni évidemment par Air France, mais par la COHOR, association indépendante à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901 et régulièrement déclarée au Journal Officiel du 29 juillet 1995, dont sont membres plusieurs compagnies européennes et des gestionnaires d’aéroport. Quant aux critères d’attribution des créneaux, ils sont définis par une réglementation européenne.

Enfin, Ryanair accuse pour le moins légèrement Air France d’être coupable des défaillances d’Air Lib et d’Aéris, ce qui bien entendu est une contre vérité. Ryanair passe sous silence la spécificité du marché domestique français, marquée par la présence du plus puissant des opérateurs à bas tarifs, le TGV, qui constitue pour tous les opérateurs aériens – y compris Air France - une difficulté majeure dans un environnement économique difficile.

Quant à l’injonction théâtrale, pour ne pas dire grotesque, faite par M.O’Leary à M.Spinetta, président d’Air France, elle a recueilli le degré d’attention qu’elle méritait. Par ailleurs, M.Spinetta ne manquera pas, comme il le fait toujours, de répondre au courrier que lui a adressé M.O’Leary."

La Rédaction - 25 novembre 2003
redaction@tourmag.com


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