Axel Mazerolles (FTI Voyages) : "Nous avons plus de 700 produits France disponibles"

TourMaG.com - Tout d'abord comment se portent vos équipes ? Votre siège situé à Allschwil emploie de nombreux collaborateurs qui habitent dans le Haut-Rhin, l'un des foyers de l'épidémie de coronavirus...

Axel Mazerolles : Nous avons passé des semaines compliquées. C'est dur. Les collaborateurs n'ont pas été épargnés.

100% des équipes du service groupes ont été contaminées, ainsi que 50% du centre d'appels, du marketing. Sur la production, 40% des collaborateurs ont été infectés et au service Ressources Humaines, deux personnes sur trois ont été malades.

J'habite près de Mulhouse, habituellement je vois des avions passer dans le ciel, en ce moment ce sont plutôt des hélicoptères, des ambulances, des militaires qui transportent des cas graves.

Certains de nos salariés ont perdu des proches. C'est très dur.

TourMaG.com - Et il a fallu combattre la maladie et gérer les rapatriements, les reports...

Axel Mazerolles : Oui ! Il a fallu gérer en plus des reports, les rapatriements... Mais il faut toujours essayer de voir le bon côté des choses, même lorsque tout s'accumule.

Et notre chance, c'est d'être adossé à un groupe international solide qui est le premier groupe en croissance au niveau européen. Nous regardons vers l'avenir et nous préparons la relance.

TourMaG.com - Que pensez-vous de l'ordonnance sur l'à-valoir ? Et avez-vous déjà retenu des enseignements de cette crise ?

Axel Mazerolles : C'est positif, il a fallu trouver une solution à un contexte exceptionnel. Cette crise fait ressortir une envie de solidarité entre tour-opérateurs. Et cela fait du bien. Il y a des dialogues qui se sont instaurés.

Maintenant, cette crise met également en avant la fragilité des tour-opérateurs sur le marché français. Le modèle ne fonctionne pas et il est temps de se remettre en question, de trouver des solutions.

Il faut mettre en place un modèle sain entre les distributeurs et les producteurs dans l'intérêt du client, pour permettre à cette industrie de créer un secteur solide sur du long terme.

J'espère que la crise va faire bouger ces choses-là. Cette crise est très dure à court terme, mais il faut retenir le positif : l'impact sur l'environnement, la remise en question générale qu'elle provoque...

Nous devons avoir cette réflexion aussi au sein de la profession et nous repositionner de manière à arranger tous les acteurs dans l'intérêt du client.

Au bout d'un moment, il faut agir et le mieux pour tout le monde est que ce soit fait dans la concertation.

TourMaG.com - Sur les rapatriements, comment se sont-ils déroulés ?

Axel Mazerolles : Le gouvernement français a pris des mesures mais pourtant tout va plus vite ailleurs : en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Europe du Sud, au Royaume-Uni...

En Autriche, l'Etat a par exemple accompagné les voyagistes pour le rapatriement des ressortissants dès le premier jour.

Nous, nous avons été seuls pour les rapatriements. Comme tout le monde, nous avions plusieurs milliers de passagers à rapatrier. Cela a coûté des millions d'euros. Quelle a été l'aide alors que les ventes sont à zéro ?

Nous étions seuls.

TourMaG.com - Comment et quand voyez-vous la reprise ?

Axel Mazerolles : Nous travaillons sur deux niveaux. Après le discours du Président de la République, nous comprenons que la réouverture des frontières va être très compliquée. La reprise se fera par étape et nous souhaitons être prêts pour les agences de voyages.

A court terme, FTI Voyages va s'occuper de la destination France. Belambra, Pierre et Vacances et beaucoup d'autres... Nous avons une offre complète sur la France aussi bien à la mer, qu'à la montagne et à la campagne. Nous avons d'ores et déjà en machine plus de 700 produits France.

A moyen terme, en parallèle, nous travaillons à la relance des destinations étrangères. Actuellement, nous nous repositionnons par rapport à l'activité économique, nous renégocions les charters. Nous sommes parmi les premiers à avoir lancé le Package Dynamique et tous les inventaires qui seront disponibles à la sortie de cette crise, nous les proposerons.

Evidemment je n'ai pas de boule de cristal. La reprise se fera progressivement, nous ne serons pas sur un rythme normal.

Les destinations ne seront pas toutes rouvertes en même temps. Toutefois nous avons la chance de travailler sur des destinations qui seront les premières à accueillir à nouveau des voyageurs, je pense notamment au Maroc.

Une chose est sûre : le top 10 des destinations va être chamboulé. Les destinations proches, si elles sont à nouveau accessibles, vont tirer leur épingle du jeu.

Je reste optimiste pour l'avenir. Nous souhaitons rester ambitieux. Nous avons à cœur de relancer une belle dynamique dès qu'il sera possible. Nous avons tout pour réussir.

Le dé-confinement va susciter une envie d’évasion. Il faut rester positif.