Bretzel Travel : Après Evaneos, Samy Bailly veut créer un réseau de DMC en Europe [ABO]

Il a été le porte-drapeau de l'une des start-up les plus en vue de l'écosystème touristique.

Samy Bailly a même été le 4e salarié d'Evaneos, avant que la pépite française ne décolle à grand renfort de levées de fonds. Il y a tout fait.

Il a monté les premiers bureaux, mais surtout il a été nommé directeur de la production, puis il est devenu responsable de l'animation des réceptifs et du développement des destinations pour Evaneos.

Lui l'éternel baroudeur, toujours un sac sur le dos a décidé de se séparer de ses miles et de poser sa valise dans l'arrière-pays de Grenoble. C'est à Autrans, une station connue pour ses pistes de ski de fond que le Parisien d'adoption s'est installé.

"J'ai toujours aimé les sports et la nature, puis après 15 ans à Paris, nous avons voulu avec ma famille nous mettre au vert," nous explique Samy Bailly.

Après un premier confinement dans ce village de 3 000 habitants, la décision est prise, ils abandonnent la grisaille parisienne pour les hivers rigoureux des montagnes grenobloises. Pendant 4 ans, il va faire des allers et retours entre ses nouvelles terrrs et la Capitale, puis il va finalement tourner la page d'Evaneos en septembre dernier.

Pour ce touche-à-tout sportif, il n'est pas question de tourner définitivement la page du tourisme, mais plutôt de basculer de l'autre côté, celui des DMC !

Bien qu'ayant quitté les rangs de la jeune pousse, il garde un oeil bienveillant sur son développement.

"Je suis parti en très bon terme, je reste actionnaire de l'entreprise.

Et d'ailleurs ils sont plutôt intéressés par ma nouvelle aventure. Ils mettent beaucoup l'accent sur les séjours en Europe et sont toujours à la recherche de réceptifs spécialisés sur les destinations du vieux continent," partage l'ancien responsable du département Aventures de Nouvelles Frontières.

Quelques semaines après la fin de son contrat, il s'est rendu à Madagascar.

Là-bas, il est venu filer un coup de main à Damien Salles avec qui il a cofondé le]b réceptif Escapades, en 2014. Après une parenthèse de pandémie plutôt délicate, la destination parmi les dernières à rouvrir aux voyageurs, retrouve enfin des couleurs.

"Nous b[avons une vingtaine de salariés, nous sommes dans le top 5 des plus gros réceptifs de l'île.

Nous venons seulement de retrouver les niveaux de 2019, cela a pris beaucoup de temps. On parle de 300 000 touristes, contre par exemple 1 million pour Maurice.

L'année passée nous avons fait voyager 1 000 personnes sur place," se félicite l'entrepreneur.

Non seulement, il aide l'équipe à développer sa clientèle, mais aussi à obtenir l'obtention du dernier niveau de Travel Life.

Et comme si Madagascar ne suffisait pas, il a décidé de lancer un nouveau projet, un peu moins loin et dans un pays, où le tourisme n'est pas aussi indispensable à la balance commerciale (quoique).

C'est en Allemagne qu'il ouvre un nouveau chapitre de sa vie.

Le jeune quadragénaire souhaite donner une autre dimension à sa vie professionnelle.

"J'ai envie de transmettre ce que j'ai appris durant toutes ces années et expériences.

Les réceptifs ce sont des gens à l'autre bout du monde, éloignés du marché émetteur. Ils ne connaissent pas toujours les problématiques, les outils ou les réflexes des voyageurs.

Les aider à se développer sur le marché français est un véritable challenge que j'aime relever," poursuit Samy Bailly.

Et c'est dans cette optique que l'ancien d'Evaneos a décidé de créer... Bretzel Travel, une agence de voyages réceptive basée à Cologne.

L'idée a été lancée par son petit frère. Après quelques années comme ingénieur et d'ennui à créer des capteurs pour des fusées, il a décidé de marcher dans les pas de son aîné.

La fratrie s'est aussi appuyée sur l'expertise d'un voisin de chalet à Autrans. David Praire, le 3e larron de l'aventure, est le directeur général de Grand Angle Voyages, une agence spécialisée dans les séjours d'aventure à vélo ou randonnée.

Par chance lui aussi connait assez bien l'Allemagne qui est l'un des principaux terrains de jeu de ses clients.

"Peut être qu'à terme Bretzel Travel assurera une partie de la production outre-Rhin de Grand Angle.

Tous les 3, nous avons regardé tout ce qui se faisait en Allemagne et nous avons essayé de prendre le contrepied.

Pour le nom, cela peut paraitre bizarre, mais nous avons tout simplement choisi celui à consonance germanique la plus connu et je pense que ça parle à tout le monde.

L'idée est d'avoir un ton et une production un peu décalés, à l'image d'un Nomade Aventure. Nous avons en tant que France une histoire particulière avec ce pays et un à priori négatif, alors que c'est un beau pays," annonce le cofondateur.

En 2024, 58 millions de voyageurs ont visité la destination, dont 2 millions de Français.

Dans un 2e temps, l'objectif sera d'étendre la production à la région germanophone de la Suisse et à l'Autriche. Pour se démarquer, le DMC propose des voyages sur mesure, authentiques et responsables.

"Nous sommes un producteur avec un fort axe BtoB.

Nous avons déjà échangé avec des petits réseaux et des commerciaux, nous savons qu'il existe des demandes en agences de voyages, mais l'offre était vraiment faible. Il n'existe pas vraiment de concurrent au niveau du sur-mesure.

Et nous avons tout calé pour que les circuits soient accessibles en train"

Si pour les réceptifs la distribution en direct est importante, Bretzel Travel souhaite faire des agences de voyages de véritables relais, tout comme l'ancien employeur de Samy.

Le DMC est déjà présent sur Evaneos.

Pour les amoureux de l'Allemagne ou les plus curieux, l'équipe a créé différents produits comme "Berlin Pinpin", réalisé en train de nuit, "GTA" (Grand Tour d'Allemagne) ou encore la "Baltique et Tac" (en voiture).

A chaque fois, l'envie est de faire découvrir un autre visage de l'Allemagne, loin des clichés. Par exemple, peu de personnes le savent, mais le pays a quasiment autant de restaurants étoilés que la France. C'est aussi un pays, ayant une importante programmation musicale.

"Nous ne vendons pas de city break ce n'est pas notre cible.

Nous voulons développer des voyages plus longs qui ont plus de sens et ayant moins d'impact sur l'environnement. Ce sont des autotours, en train ou des voyages en liberté, avec ou sans guide, selon les envies et les besoins.

Nous avons sélectionné toute une série de boutiques hôtels, à proximité des gares," poursuit Samy Bailly.

Les premiers retours sont déjà encourageants.

Des demandes ont eu lieu et la première confirmation a été validée. Des groupes se manifestent aussi depuis peu, le tout sans aucune opération de marketing.

Et comme souvent avec les férus de sport, les choses vont vite, voire même très vite.

Le réceptif allemand pourrait vite être rejoint par d'autres bureaux en Europe.

"Nous sommes en discussions pour racheter un DMC en Ecosse.

C'est une entreprise implantée sur le marché français et qui a vocation à se développer un peu plus. L'idée est de développer un réseau de DMC en Europe, plutôt orienté sur le sur-mesure, dans un premier temps dédié à la clientèle française," affirme le quadragénaire.

Après avoir fait ses preuves auprès des voyageurs tricolores, le groupe essaiera de séduire outre-Atlantique, pour attirer les voyageurs américains.

Et quand ces derniers viennent en France ce n'est pas pour visiter seulement notre beau pays, mais découvrir le Vieux continent, d'où la logique de développer un réseau de réceptifs.

Une clientèle qui a un grand besoin d'accompagnement lors de ses voyages. bSamy Bailly rejoint des profils comme [Alexandre Le Beuan le fondateur de Shanti Travel et Chemins, Eric Baetens, mais aussi bien d'autres.

Des baroudeurs ayant sillonné le monde et qui ont des aspirations plus durables, sur le tard. Faut-il donc avoir fait le tour du monde pour avoir une conscience écologique ? ]b

"Ce qui est drôle, c'est qu'il habite lui aussi pas loin de chez moi.

Après il n'y a aucune obligation de switcher dans ses aspirations et nous le voyons tous autour de nous. Je ne suis pas en train de m'acheter une conduite, mais je pense aussi qu'il y a 20 ou 30 ans l'impact carbone n'avait pas autant de place dans les discussions.

Nous sommes beaucoup à avoir ouvert les yeux et les oreilles sur les 10 dernières années, nous nous sommes rendu compte qu'il fallait changer des choses et être acteur de ce changement," conclut l'entrepreneur.