Sur la Cop26 "Le politique soit par manque de compétences, courage ou par pure tragédie, ne prend pas les décisions adéquates" selon Pierre Ceccaldi - Crédit photo : dépositphotos @richardsjeremy
TourMaG.com - Vous êtes un élu local à Marseille, adjoint au maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille et relecteur pour le GIEC. Que pensez-vous des annonces faites à la suite de la COP26 ?
Pierre Ceccaldi : Ce n'est jamais assez.
La teneur et la nature de ces évènements empêchent les prises de décisions trop engageantes et radicales.
La COP 26 est organisée à partir des instances onusiennes basées sur le consensus, donc à partir du moment où tout le monde doit être d'accord, des intérêts particuliers vont éluder un certain nombre de sujets.
Dans le même temps, la semaine dernière, le plus grand paquebot du monde entrait à Marseille. Il est totalement anachronique de trouver des armateurs pour construire ce genre de navire.
Malgré tout il y a eu des avancées réelles, je pense aux professionnels de l'acier qui sont tombés d'accord pour arrêter l'usage du charbon dans la sidérurgie
Nous parlons là, d'un secteur équivalent aux émissions mondiales du tourisme, donc ce n'est pas anodin.
Pierre Ceccaldi : Ce n'est jamais assez.
La teneur et la nature de ces évènements empêchent les prises de décisions trop engageantes et radicales.
La COP 26 est organisée à partir des instances onusiennes basées sur le consensus, donc à partir du moment où tout le monde doit être d'accord, des intérêts particuliers vont éluder un certain nombre de sujets.
Dans le même temps, la semaine dernière, le plus grand paquebot du monde entrait à Marseille. Il est totalement anachronique de trouver des armateurs pour construire ce genre de navire.
Malgré tout il y a eu des avancées réelles, je pense aux professionnels de l'acier qui sont tombés d'accord pour arrêter l'usage du charbon dans la sidérurgie
Nous parlons là, d'un secteur équivalent aux émissions mondiales du tourisme, donc ce n'est pas anodin.
COP26 : "nous procrastinons, donc la décision suivante sera d'autant plus radicale"
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TourMaG.com - Il y a eu des demi-promesses, mais jamais sans ligne directrice. Pourquoi nous n'arrivons pas à prendre des décisions ?
Pierre Ceccaldi : Quelques décisions vont quand même dans le bon sens et vont entrainer une filière industrielle comme l'acier.
Alors que nous ne faisons rien sans acier et nous en aurons besoin à l'avenir, d'autant plus que nous n'aurons à priori pas de problème de ressources dans les siècles à venir.
C'est à mettre au crédit de la COP26.
Après je vous rejoins sur l'absence de décisions structurantes prises par les politiques au niveau international. Cet été, les Etats du monde entier ont réussi à s'entendre sur un taux d'imposition minimum sur les grandes entreprises, mais n'y arrivent pas sur le climat.
Le problème étant qu'à chaque fois que nous revoyons à la baisse nos décisions, nous procrastinons, donc la décision suivante sera d'autant plus radicale.
Plus nous attendons, plus nous allons devoir aller vite.
TourMaG.com - Et la transition en sera d'autant plus violente...
Pierre Ceccaldi : Pour respecter l'objectif de 1,5 ou 2 degrés du réchauffement climatique, nous devons baisser nos émissions de l'ordre de 5% par an, jusqu'en 2050.
Si nous continuons de stagner comme nous le faisons ce sera de l'ordre de 10% par an, d'ici 4 ou 5 ans.
Imaginez un peu que la baisse des émissions en 2020 a atteint les 5%, à cause de l'épidémie et de l'arrêt mondial de l'économie.
La fois d'avant c'était en 1945, avec la fin de la guerre donc la destruction du Japon et de l'Allemagne, puis celle d'avant en 1932 au plus dur de la crise économique.
Donc nous devrions connaître cela chaque année pendant 30 ans.
Pierre Ceccaldi : Quelques décisions vont quand même dans le bon sens et vont entrainer une filière industrielle comme l'acier.
Alors que nous ne faisons rien sans acier et nous en aurons besoin à l'avenir, d'autant plus que nous n'aurons à priori pas de problème de ressources dans les siècles à venir.
C'est à mettre au crédit de la COP26.
Après je vous rejoins sur l'absence de décisions structurantes prises par les politiques au niveau international. Cet été, les Etats du monde entier ont réussi à s'entendre sur un taux d'imposition minimum sur les grandes entreprises, mais n'y arrivent pas sur le climat.
Le problème étant qu'à chaque fois que nous revoyons à la baisse nos décisions, nous procrastinons, donc la décision suivante sera d'autant plus radicale.
Plus nous attendons, plus nous allons devoir aller vite.
TourMaG.com - Et la transition en sera d'autant plus violente...
Pierre Ceccaldi : Pour respecter l'objectif de 1,5 ou 2 degrés du réchauffement climatique, nous devons baisser nos émissions de l'ordre de 5% par an, jusqu'en 2050.
Si nous continuons de stagner comme nous le faisons ce sera de l'ordre de 10% par an, d'ici 4 ou 5 ans.
Imaginez un peu que la baisse des émissions en 2020 a atteint les 5%, à cause de l'épidémie et de l'arrêt mondial de l'économie.
La fois d'avant c'était en 1945, avec la fin de la guerre donc la destruction du Japon et de l'Allemagne, puis celle d'avant en 1932 au plus dur de la crise économique.
Donc nous devrions connaître cela chaque année pendant 30 ans.
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"Il faut déconstruire le mythe de la croissance verte" selon Pierre Ceccaldi
TourMaG.com - Qu'est-ce qui pourra faire réagir les gouvernements ?
Pierre Ceccaldi : Aucune population, sans proposition d'un avenir plus lumineux et joyeux, ne voudra faire l'effort d'une transition écologique.
Cela manque aussi bien en France qu'ailleurs dans le monde.
Comme dans le concert des nations, le poids économique compte le plus pour classer les pays, la bascule n'est pas évidente. Nous devons prendre conscience que pour atteindre les objectifs de la COP21 de Paris, il sera indispensable de pratiquer des politiques récessives.
TourMaG.com - La technologie à l'heure actuelle peut-elle nous permettre de rentrer dans les clous d'ici 2030 ?
Pierre Ceccaldi : Pour être très clair, ma réponse sera simple : non.
D'ailleurs, il y a un mythe, qu'il faut déconstruire pour avancer, c'est celui de la croissance verte. Nous ne pouvons pas produire plus, sans consommer plus d'énergie.
Il n'y a pas d'énergie propre, mais des énergies plus ou moins carbonées, polluantes, donc la croissance verte n'existera jamais.
La décarbonation de notre économie, même en France, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Notre mix énergétique se compose à 65% de l'énergie fossile, en France.
Pour être dans les clous de l'accord de Paris, ce n'est pas tant de développer le plus d'énergie possible. L'hydrogène ça me fait penser aux Shadoks.
TourMaG.com - Pourquoi cela ?
Pierre Ceccaldi : Autant l'hydrogène pour les industriels, c'est une super solution, pour les transports, c'est un non-sens.
Pour utiliser l'hydrogène, vous devez le stocker dans une pile, avec un rendement à 70%. Que ce soit au niveau de la production et la consommation, nous avons besoin de platine.
Sauf que, c'est une ressource avec des stocks limités. Nous ne pourrons pas construire un milliard de voitures avec des piles utilisant du platine. La croute terrestre ne contient tout simplement pas assez de platine.
Cela pose la question de la taille de la voiture individuelle et notre façon de concevoir les moyens de transport.
Pierre Ceccaldi : Aucune population, sans proposition d'un avenir plus lumineux et joyeux, ne voudra faire l'effort d'une transition écologique.
Cela manque aussi bien en France qu'ailleurs dans le monde.
Comme dans le concert des nations, le poids économique compte le plus pour classer les pays, la bascule n'est pas évidente. Nous devons prendre conscience que pour atteindre les objectifs de la COP21 de Paris, il sera indispensable de pratiquer des politiques récessives.
TourMaG.com - La technologie à l'heure actuelle peut-elle nous permettre de rentrer dans les clous d'ici 2030 ?
Pierre Ceccaldi : Pour être très clair, ma réponse sera simple : non.
D'ailleurs, il y a un mythe, qu'il faut déconstruire pour avancer, c'est celui de la croissance verte. Nous ne pouvons pas produire plus, sans consommer plus d'énergie.
Il n'y a pas d'énergie propre, mais des énergies plus ou moins carbonées, polluantes, donc la croissance verte n'existera jamais.
La décarbonation de notre économie, même en France, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Notre mix énergétique se compose à 65% de l'énergie fossile, en France.
Pour être dans les clous de l'accord de Paris, ce n'est pas tant de développer le plus d'énergie possible. L'hydrogène ça me fait penser aux Shadoks.
TourMaG.com - Pourquoi cela ?
Pierre Ceccaldi : Autant l'hydrogène pour les industriels, c'est une super solution, pour les transports, c'est un non-sens.
Pour utiliser l'hydrogène, vous devez le stocker dans une pile, avec un rendement à 70%. Que ce soit au niveau de la production et la consommation, nous avons besoin de platine.
Sauf que, c'est une ressource avec des stocks limités. Nous ne pourrons pas construire un milliard de voitures avec des piles utilisant du platine. La croute terrestre ne contient tout simplement pas assez de platine.
Cela pose la question de la taille de la voiture individuelle et notre façon de concevoir les moyens de transport.
COP26 : " les Etats ne sont pas assez volontaristes."
"Pour que les dirigeants entrent en jeu sur ces questions, nous devons leur demander, donc que les citoyens soient sérieusement renseignés sur ces enjeux" selon Pierre Ceccaldi - DR
TourMaG.com - Au final, nous voyons bien que les Etat sont incapables de légiférer et de prendre des décisions fortes. Ainsi, la décision de la transition est remise aux particuliers et aux entreprises...
Pierre Ceccaldi : Tant qu'il n'y aura pas de réglementations claires, les entreprises ne vont pas bouger.
Elles n'agissent que sous contraintes. C'est là, où nous faisons face à un problème majeur, car les Etats ne sont pas assez volontaristes.
Dans le cadre de mon activité d'élu local à Marseille, j'ai l'ambition d'une collectivité exemplaire, non pas que l'empreinte carbone de la ville soit mirobolante, mais nous avons un rôle d'exemplarité et de pédagogie du problème.
Nous pouvons aussi être une courroie d'entraînement du milieu économique avec les marchés publics.
TourMaG.com - Par rapport au GIEC, quel est votre rôle ?
Pierre Ceccaldi : Dernièrement, le groupe 1 a sorti son rapport sur la Science du climat.
Je suis relecteur pour le groupe 3, qui se nomme "Atténuation du changement climatique". Le rapport sortira en février 2022.
Le travail du groupe 3 consiste à rassembler et synthétiser la littérature scientifique sur ce que pourraient être les innovations et trajectoires vers une décroissance de l'empreinte carbone à l’horizon 2100.
Notre objectif étant d'incarner les trajectoires socio-économiques du Groupe 1, ayant travaillé sur la science du climat.
Concrètement le GIEC ne fait pas d'étude, mais fait un état des publications et connaissances. En tant que relecteur, je peux apporter des précisions et corrections au dossier.
J'interviens en tant qu'expert sur l'hydrogène.
Pierre Ceccaldi : Tant qu'il n'y aura pas de réglementations claires, les entreprises ne vont pas bouger.
Elles n'agissent que sous contraintes. C'est là, où nous faisons face à un problème majeur, car les Etats ne sont pas assez volontaristes.
Dans le cadre de mon activité d'élu local à Marseille, j'ai l'ambition d'une collectivité exemplaire, non pas que l'empreinte carbone de la ville soit mirobolante, mais nous avons un rôle d'exemplarité et de pédagogie du problème.
Nous pouvons aussi être une courroie d'entraînement du milieu économique avec les marchés publics.
TourMaG.com - Par rapport au GIEC, quel est votre rôle ?
Pierre Ceccaldi : Dernièrement, le groupe 1 a sorti son rapport sur la Science du climat.
Je suis relecteur pour le groupe 3, qui se nomme "Atténuation du changement climatique". Le rapport sortira en février 2022.
Le travail du groupe 3 consiste à rassembler et synthétiser la littérature scientifique sur ce que pourraient être les innovations et trajectoires vers une décroissance de l'empreinte carbone à l’horizon 2100.
Notre objectif étant d'incarner les trajectoires socio-économiques du Groupe 1, ayant travaillé sur la science du climat.
Concrètement le GIEC ne fait pas d'étude, mais fait un état des publications et connaissances. En tant que relecteur, je peux apporter des précisions et corrections au dossier.
J'interviens en tant qu'expert sur l'hydrogène.
Pourquoi personne n'agit ? "par manque de compétences, de courage ou par pure tragédie"
TourMaG.com - Vous avez rejoint le GIEC en 2020. N'est-ce pas angoissant d'alerter sur l'urgence climatique et de ne pas être écouté partout dans le monde ?
Pierre Ceccaldi : (rires, ndlr) C'est aussi le drame des instances scientifiques internationales.
Le GIEC comme d'autres opèrent avec une prudence extrême, pour autant, il y a aussi des groupes de pression qui caricaturent les propos des scientifiques.
Il y a aussi un problème au niveau de la culture scientifique générale, en particulier en France, chez les décideurs économiques et politiques. Le GIEC ne donne pas de recommandation sur comment faire, mais décrit ce qu'il faut faire pour tenir tels ou tels objectifs de température.
Le politique soit par manque de compétences, courage ou par pure tragédie, ne prend pas les décisions adéquates.
Pour que les dirigeants entrent en jeu sur ces questions, nous devons leur demander, donc que les citoyens soient sérieusement renseignés sur ces enjeux.
Tant qu'ils ne deviendront pas pointus sur la compréhension des questions autour du climat, alors ils se feront balader. Que ça nous intéresse ou pas, qu'importe le parti, les enjeux climatiques vont nous toucher.
Pierre Ceccaldi : (rires, ndlr) C'est aussi le drame des instances scientifiques internationales.
Le GIEC comme d'autres opèrent avec une prudence extrême, pour autant, il y a aussi des groupes de pression qui caricaturent les propos des scientifiques.
Il y a aussi un problème au niveau de la culture scientifique générale, en particulier en France, chez les décideurs économiques et politiques. Le GIEC ne donne pas de recommandation sur comment faire, mais décrit ce qu'il faut faire pour tenir tels ou tels objectifs de température.
Le politique soit par manque de compétences, courage ou par pure tragédie, ne prend pas les décisions adéquates.
Pour que les dirigeants entrent en jeu sur ces questions, nous devons leur demander, donc que les citoyens soient sérieusement renseignés sur ces enjeux.
Tant qu'ils ne deviendront pas pointus sur la compréhension des questions autour du climat, alors ils se feront balader. Que ça nous intéresse ou pas, qu'importe le parti, les enjeux climatiques vont nous toucher.