Croisières d'exception devient Voyages d'exception et s'ouvre à la production terrestre

"Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements". Cette citation de Darwin, Lionel Rabiet, président de Croisières d'exception, a voulu l'appliquer à la lettre.

Face à la crise liée au Covid-19, son entreprise spécialisée dans les croisières opère un virage en s'ouvrant à la production terrestre : séjours et circuits dès septembre prochain, trains dès 2021 et à l'horizon 2022, voyages en jets privés.

Croisières d'exception change d'identité et devient Voyages d'exception.

"Nous avions cette idée depuis un moment mais c'est clairement la crise liée au covid-19 qui nous a obligés à agir. C'est important pour nous de nous diversifier. La crise nous a forcés à accélérer le tempo et à faire un choix plus fort.

Nous nous serions lancés sur ce créneau mais peut-être de façon plus timide. Pour nous, ce n'est pas un pivot, mais un élargissement qui se veut assez fort. Je pense que nous avons une place à prendre" a expliqué Lionel Rabiet, à l'occasion la toute première conférence de presse organisée par Croisières d'exception depuis sa création.

Pour cette offre, Voyages d'exception a souhaité s'appuyer sur l'ADN de Croisières d'exception, à savoir des voyages francophones organisés autour de la participation de conférenciers de renom et en partenariat avec des grandes marques culturelles.

Les groupes sont limités à 25 personnes et la production ouverte aux agences de voyages.

Pour débuter, deux "Échappées musicales" en Occitanie et en Bourgogne seront proposées en octobre 2020 et seront complétées par deux autres programmes à Leipzig (Allemagne) et Salzbourg (Autriche) en 2021.

Deux autres thématiques, "Comprendre le Monde" à orientation géopolitique (Séoul, Moscou, Le Cap en 2021) et "Vivre l'Histoire", avec notamment un séjour à Sainte-Hélène pour les 200 ans de la mort de Napoléon, complètent l'offre.

Voyages d'exception s'ouvre également aux croisières ferroviaires en partenariat avec l'émission "Des trains pas comme les autres" avec deux voyages : le Transibérien du 3 au 17 octobre 2020 et La Route de la Soie du 6 au 20 octobre 2021.

Pour autant, Lionel Rabiet et ses équipes ne délaissent pas la croisière.

"Nous ne nous sommes pas mis en hibernation, et nous avons préparé plusieurs nouveautés", ajoute le directeur.

Ainsi depuis le 1er juillet, un programme de fidélité Club Exception a vu le jour. Et pour inciter à la réservation, l'opération "le mois de l'Exception" se déroulera en juillet et proposera réductions, crédits à bord ou autres cartes cadeaux.

Les équipes ont également planché sur une production dédiée aux navires de petite capacité (moins de 25 cabines) en 2021 : Seychelles, Costa Rica, Laos, Polynésie, Malte-Sicile-Croatie, Amazonie...

"De nouvelles destinations pour Croisières d'exception", souligne Lionel Rabiet. "Nous serons d'ailleurs les seuls à proposer les Seychelles, les escales étant interdites pour les autres navires jusqu'à la fin 2021".

Ce dernier affirme ne pas avoir réduit la voilure sur les croisières l'an prochain. "Plus d'une cinquantaine sont programmées. La clé du succès est de s'adapter, et on s'adaptera s'il le faut", lance-t-il.

Car si les croisières fluviales reprennent du service dès le 11 juillet, l'avenir des croisières maritimes est encore incertain.

Ainsi les croisières fluviales prévues en septembre auront lieu. "Nous sommes confiants", ajoute Lionel Rabiet.

"Nous sommes plus inquiets sur les croisières longue distance. Toutefois nous n'enregistrons pas de défiance de la part de nos clients sur le produit croisière, malgré la forte visibilité du secteur dans les médias au plus fort de la crise", faisant référence sans les nommer aux déboires du Diamond Princess ou du Zaandam.

Prêt à rebondir, Croisières d'exception n'a pas été épargné par la crise.

"Nous avons vécu la crise très tôt. Dès février, nous avons dû annuler toutes les croisières en Asie. Nous avions notamment 3 départs en avril sur le Japon avec des groupes de 100 personnes" se remémore Lionel Rabiet.

"Nous avons eu des situations de crise avec des clients bloqués, et des ventes en chute de près de 90%. Nous avons eu l'impression de passer à la machine à laver et d'attendre que le programme se termine", résume-t-il.

En avril, 100 000 € de chiffre d'affaires ont été engrangés au lieu de 1,5 M€ versus 2019, puis les ventes ont été multipliées par deux en mai et par 3 en juin pour atteindre -70% par rapport aux niveaux de l'an dernier.

"30% de ces réservations concernent l'automne et 70% 2021", ajoute Lionel Rabiet.

L'exercice clos fin mars laisse apparaître une belle progression du chiffre d'affaires : +18% à 17,3 M€ pour 2 975 passagers. C'est surtout le prochain exercice qui devrait davantage être impacté par la crise.

Mais motif de satisfaction : 80% des voyages annulés ont d'ores et déjà été reportés... Seuls 5 à 10% des clients ont demandé un remboursement, et une infime part d'entre eux un avoir.