"Le Rendez-Vous Emploi" du 13 novembre prochain organisé à la Maison de la Mutualité à Paris par l’APS pour ses adhérents devrait permettre d’engager un dialogue « vérité » entre demandeurs d’emploi, formateurs et employeurs.
« Ce rendez-vous permettra aux formateurs et aux recruteurs de confronter leurs attentes et leurs besoins pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés et répondre à l’élévation du niveau de qualification exigé par les professionnels » a déclaré Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme.
Joli discours mais gageons que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de gommer certaines illusions et de mettre en relief quelques vérités d’une profession aux salaires peau de chagrin qui voit disparaître ses avantages.
Ils rêvent de voyages mais la réalité les fait déchanter !
« Les jeunes qui font des études de tourisme ont une vision romantique de ce métier. Ils rêvent de voyages. Quand ils sont confrontés à la réalité, ils déchantent. Nous sommes face à une génération soucieuse de son confort et pas prête à tous les sacrifices pour un job. Ils veulent trouver un travail en bas de chez eux. »
Nicole Breurec, directrice de Cap Vers, un institut spécialisé en formation auprès des entreprises du secteur, et des jeunes qui souhaitent y exercer leur métier, le constate : les jeunes veulent tous être chef de produit ! Les métiers de « vendeur » et surtout de « billettiste » en plateaux d’affaires, sont nettement moins porteurs.
Elle cite un exemple vécu par un grand réseau qui cherchait des billettistes dans la région ouest. « Il y avait douze places à prendre et personne n’en voulait. Nous avons fait appel à des chômeurs qui ne venaient pas du tourisme et qui cherchaient à tout prix du travail. Nous les avons formés sur le tas pour un plateau d’affaires. Aujourd’hui ils sont très contents de leur sort ».
Donnez une chance aux débutants
« Ce rendez-vous permettra aux formateurs et aux recruteurs de confronter leurs attentes et leurs besoins pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés et répondre à l’élévation du niveau de qualification exigé par les professionnels » a déclaré Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme.
Joli discours mais gageons que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de gommer certaines illusions et de mettre en relief quelques vérités d’une profession aux salaires peau de chagrin qui voit disparaître ses avantages.
Ils rêvent de voyages mais la réalité les fait déchanter !
« Les jeunes qui font des études de tourisme ont une vision romantique de ce métier. Ils rêvent de voyages. Quand ils sont confrontés à la réalité, ils déchantent. Nous sommes face à une génération soucieuse de son confort et pas prête à tous les sacrifices pour un job. Ils veulent trouver un travail en bas de chez eux. »
Nicole Breurec, directrice de Cap Vers, un institut spécialisé en formation auprès des entreprises du secteur, et des jeunes qui souhaitent y exercer leur métier, le constate : les jeunes veulent tous être chef de produit ! Les métiers de « vendeur » et surtout de « billettiste » en plateaux d’affaires, sont nettement moins porteurs.
Elle cite un exemple vécu par un grand réseau qui cherchait des billettistes dans la région ouest. « Il y avait douze places à prendre et personne n’en voulait. Nous avons fait appel à des chômeurs qui ne venaient pas du tourisme et qui cherchaient à tout prix du travail. Nous les avons formés sur le tas pour un plateau d’affaires. Aujourd’hui ils sont très contents de leur sort ».
Donnez une chance aux débutants
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« Un jeune demandeur d’emploi formé mais sans expérience a besoin d’une remise à niveau et d’un temps d’adaptation à l’entreprise. Les entrepreneurs devraient en être plus conscients, avoir plus d’écoute, d’ouverture et de patience. Il faut donner leur chance aux jeunes demandeurs d’emplois » déclare Marie-Reine Rosset, responsable du secteur Tourisme à l’ANPE.
Elle n’est pas entendue. Les employeurs la contactent le plus souvent dans l’urgence en réclamant des billettistes ou des vendeurs immédiatement opérationnels. Que dire alors des salariés qui, une fois formés, quittent l’entreprise pour d’autres horizons ?
« La tragédie du 11 septembre, les épidémies et les guerres ont changé les mentalités. Nous observons une grande stabilité. Les salariés ont peur de la précarité. S’ils trouvent un emploi correct, s’ils s’y sentent bien, ils y restent » assure Marie-Irène Rosset avant de rappeler que tout contrat stipule une période d’essai.
Ils « gagnent » plus aux Assedic
Les demandeurs d’emplois ne sont pas tous débutants. Les dernières vagues de licenciements ont touché des agents de voyages expérimentés qui restent aussi sur le bas-côté de la route. A l’ANPE on connaît sans détour la raison : des salaires peu motivants.
Les bas salaires ne risquent-ils pas d’être le frein à la compétence ? Un bon salaire - ou un intéressement aux ventes - pour un vendeur n’est pas, à quelques exceptions près, dans la culture des entreprises de tourisme. Les bons éléments, dynamiques et ambitieux, changent carrément de branche et vont vendre autre chose que des voyages et monnayer leurs compétences ailleurs.
Les professionnels expérimentés ont des exigences et réclament, au minimum, un alignement sur leurs derniers salaires. Le plus souvent ils préfèrent rester au chômage où ils « gagnent » plus que dans l’entreprise qui les jugera « trop cher ». Ils accepteront ce compromis en fin de droit. Ce sera sans doute trop tard : rester trop longtemps à l’écart d’un métier très évolutif risque d’en faire perdre le fil.
Marie-Reine Rosset souhaite que les grands recruteurs aient une meilleure écoute et qu’ils rejettent certains a priori à propos des seniors (les « quinca » et plus) ou les collaborateurs qui souhaitent changer de fonction tels les accompagnateurs nombreux à vouloir se stabiliser et se sédentariser. Elle attend du 13 novembre une vraie rencontre. Dans cet objectif elle a battu le rappel. Les demandeurs d’emplois « invités » ont pour la plupart ce profil : CV à l’appui, ils tiennent la route avec des exigences de salaires.
Ils veulent tout, tout de suite !
Régine Sansone est responsable du recrutement chez Kuoni France qui emploie tous services confondus, près de 450 personnes. Pendant plusieurs années elle a siégé, aux côtés de Guy Besnard (American Express) à la commission des Affaires Sociales du SNAV où elle a notamment travaillé sur les conventions collectives. Kuoni ayant quitté le syndicat, elle n’y siégera plus.
Elle brosse des nouveaux candidats aux métiers du tourisme un tableau rugueux : « Chez Kuoni nous cherchons des gens avec deux à trois ans d’expérience. Le plus difficile est de trouver des agents de ventes et de réservation sérieux et compétents. Je trouve les jeunes que je reçois superficiels, sans grande capacité à s’investir. Ils ne cherchent pas à approfondir leurs connaissances. Ils veulent tout, tout de suite, sans engagement personnel. Ils veulent un bon salaire mais ne s’en donnent pas la peine. »
Les stages « machine à café » sont d’un autre temps
Régine Sansone reconnaît que la passion du métier et la notoriété d’une entreprise, belles accroches du temps passé, n’ont plus d’impact. Ce sont les salaires qui comptent…
Elle trouve que les formations menant au BTS sont plutôt bonnes tout en regrettant un manque d’informations vérités à propos des conditions de travail et des salaires dans les agences de voyages. Elle regrette le comportement un peu rigide de certains professeurs à qui elle demande plus de souplesse dans l’acceptation des stages.
«Qu’ils se rassurent, les stages « photocopie » ou « machine à café » sont d’un autre temps. Nous sommes tous impliqués. J’ai vu un étudiant refuser un stage parce que je lui ai proposé le service des éditions brochures un poste en relation directe avec la production. Son professeur n’était pas d’accord. Il voulait la « production » et rien d’autre ! Nous avons demandé la révision des BTS. Les professeurs prennent cela au pied de la lettre. Il faudrait aussi de leur part davantage d’ouverture.»
Les bons vendeurs changent de secteur
Annette Masson a participé à la mise en place du « nouveau » BTS de 2003 qu’elle trouve déjà un peu obsolète pour un secteur en constante évolution. Néanmoins l’actuel BTS qui propose deux options, « Ventes et productions touristiques » et « Animation et gestion touristiques locales » a cet avantage : les étudiants s’informent et, après avoir pesé les avantages et les inconvénients du métier, en amont ils font un choix.
Au vu du manque de plan de carrière et des rémunérations peau de chagrin le résultat est d’une belle logique : le nombre d’étudiants qui viennent vers le secteur diminue. « Ce choix élimine les jeunes qui ont un profil de vendeur et la fibre commerçante. Ceux-là trouvent facilement et à meilleurs salaires dans d’autres secteurs » constate Annette Masson
La Fédération Française des Techniciens et Scientifiques du Tourisme (FFTST) qu’elle préside met notamment en contact les jeunes diplômés adhérents – une soixantaine par an – avec la profession et ça marche : depuis deux ans, ceux qui cherchent… trouvent !
Annette Masson trouve que les entreprises ne s’impliquent pas suffisamment. Elles n’adhèrent pas au principe des études en apprentissage. Elles n’ouvrent pas leurs portes aux professeurs et aux formateurs volontaires tout en leur reprochant de ne pas être en phase avec les réalités du marché.
« Nous avons des professeurs volontaires prêts à venir dans l’entreprise pour se former et restituer au mieux l’évolution du métier auprès de leurs élèves. » Elles jettent leurs brochures périmées au pilon alors qu’on les réclame dans les écoles… Le CETO a été sollicité.
Elle n’est pas entendue. Les employeurs la contactent le plus souvent dans l’urgence en réclamant des billettistes ou des vendeurs immédiatement opérationnels. Que dire alors des salariés qui, une fois formés, quittent l’entreprise pour d’autres horizons ?
« La tragédie du 11 septembre, les épidémies et les guerres ont changé les mentalités. Nous observons une grande stabilité. Les salariés ont peur de la précarité. S’ils trouvent un emploi correct, s’ils s’y sentent bien, ils y restent » assure Marie-Irène Rosset avant de rappeler que tout contrat stipule une période d’essai.
Ils « gagnent » plus aux Assedic
Les demandeurs d’emplois ne sont pas tous débutants. Les dernières vagues de licenciements ont touché des agents de voyages expérimentés qui restent aussi sur le bas-côté de la route. A l’ANPE on connaît sans détour la raison : des salaires peu motivants.
Les bas salaires ne risquent-ils pas d’être le frein à la compétence ? Un bon salaire - ou un intéressement aux ventes - pour un vendeur n’est pas, à quelques exceptions près, dans la culture des entreprises de tourisme. Les bons éléments, dynamiques et ambitieux, changent carrément de branche et vont vendre autre chose que des voyages et monnayer leurs compétences ailleurs.
Les professionnels expérimentés ont des exigences et réclament, au minimum, un alignement sur leurs derniers salaires. Le plus souvent ils préfèrent rester au chômage où ils « gagnent » plus que dans l’entreprise qui les jugera « trop cher ». Ils accepteront ce compromis en fin de droit. Ce sera sans doute trop tard : rester trop longtemps à l’écart d’un métier très évolutif risque d’en faire perdre le fil.
Marie-Reine Rosset souhaite que les grands recruteurs aient une meilleure écoute et qu’ils rejettent certains a priori à propos des seniors (les « quinca » et plus) ou les collaborateurs qui souhaitent changer de fonction tels les accompagnateurs nombreux à vouloir se stabiliser et se sédentariser. Elle attend du 13 novembre une vraie rencontre. Dans cet objectif elle a battu le rappel. Les demandeurs d’emplois « invités » ont pour la plupart ce profil : CV à l’appui, ils tiennent la route avec des exigences de salaires.
Ils veulent tout, tout de suite !
Régine Sansone est responsable du recrutement chez Kuoni France qui emploie tous services confondus, près de 450 personnes. Pendant plusieurs années elle a siégé, aux côtés de Guy Besnard (American Express) à la commission des Affaires Sociales du SNAV où elle a notamment travaillé sur les conventions collectives. Kuoni ayant quitté le syndicat, elle n’y siégera plus.
Elle brosse des nouveaux candidats aux métiers du tourisme un tableau rugueux : « Chez Kuoni nous cherchons des gens avec deux à trois ans d’expérience. Le plus difficile est de trouver des agents de ventes et de réservation sérieux et compétents. Je trouve les jeunes que je reçois superficiels, sans grande capacité à s’investir. Ils ne cherchent pas à approfondir leurs connaissances. Ils veulent tout, tout de suite, sans engagement personnel. Ils veulent un bon salaire mais ne s’en donnent pas la peine. »
Les stages « machine à café » sont d’un autre temps
Régine Sansone reconnaît que la passion du métier et la notoriété d’une entreprise, belles accroches du temps passé, n’ont plus d’impact. Ce sont les salaires qui comptent…
Elle trouve que les formations menant au BTS sont plutôt bonnes tout en regrettant un manque d’informations vérités à propos des conditions de travail et des salaires dans les agences de voyages. Elle regrette le comportement un peu rigide de certains professeurs à qui elle demande plus de souplesse dans l’acceptation des stages.
«Qu’ils se rassurent, les stages « photocopie » ou « machine à café » sont d’un autre temps. Nous sommes tous impliqués. J’ai vu un étudiant refuser un stage parce que je lui ai proposé le service des éditions brochures un poste en relation directe avec la production. Son professeur n’était pas d’accord. Il voulait la « production » et rien d’autre ! Nous avons demandé la révision des BTS. Les professeurs prennent cela au pied de la lettre. Il faudrait aussi de leur part davantage d’ouverture.»
Les bons vendeurs changent de secteur
Annette Masson a participé à la mise en place du « nouveau » BTS de 2003 qu’elle trouve déjà un peu obsolète pour un secteur en constante évolution. Néanmoins l’actuel BTS qui propose deux options, « Ventes et productions touristiques » et « Animation et gestion touristiques locales » a cet avantage : les étudiants s’informent et, après avoir pesé les avantages et les inconvénients du métier, en amont ils font un choix.
Au vu du manque de plan de carrière et des rémunérations peau de chagrin le résultat est d’une belle logique : le nombre d’étudiants qui viennent vers le secteur diminue. « Ce choix élimine les jeunes qui ont un profil de vendeur et la fibre commerçante. Ceux-là trouvent facilement et à meilleurs salaires dans d’autres secteurs » constate Annette Masson
La Fédération Française des Techniciens et Scientifiques du Tourisme (FFTST) qu’elle préside met notamment en contact les jeunes diplômés adhérents – une soixantaine par an – avec la profession et ça marche : depuis deux ans, ceux qui cherchent… trouvent !
Annette Masson trouve que les entreprises ne s’impliquent pas suffisamment. Elles n’adhèrent pas au principe des études en apprentissage. Elles n’ouvrent pas leurs portes aux professeurs et aux formateurs volontaires tout en leur reprochant de ne pas être en phase avec les réalités du marché.
« Nous avons des professeurs volontaires prêts à venir dans l’entreprise pour se former et restituer au mieux l’évolution du métier auprès de leurs élèves. » Elles jettent leurs brochures périmées au pilon alors qu’on les réclame dans les écoles… Le CETO a été sollicité.