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Univairmer : 48 h pour sauver 70 agences ! [ABO]

Ventes stoppées par les TO, référés et factures impayées... Univairmer dans la tourmente


Quelques heures après la suspension d'Univairmer par Tourcom, nous en savons un peu plus sur la situation. Le Réseau compte encore 51 points de vente physiques et une vingtaine de franchises, mais a été privé de centrale de paiement, en raison d'un impayé. Cette mésaventure n'est qu'une péripétie parmi d'autres qui interrogent sur la solvabilité et donc la pérennité de l'entreprise. Quel avenir pour Univairmer alors que s'engage une course contre la montre pour trouver de l'argent frais sous 48h ?


Rédigé par le Jeudi 30 Janvier 2025

Ventes stoppées par les TO, référés et factures impayées... Univairmer dans la tourmente - Depositphotos @rclassenlayouts
Ventes stoppées par les TO, référés et factures impayées... Univairmer dans la tourmente - Depositphotos @rclassenlayouts
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Deux mois après les premiers remous, un nouveau séisme ébranle Univairmer.

Hier, en fin de journée, le réseau de distribution a été suspendu temporairement par TourCom de sa centrale de paiement. Selon nos informations, Tourfinance est en attente d'un paiement qui n'est pas arrivé.

Attention : le retrait est temporaire. L'entreprise n'est pas (encore) radiée.

Âpre défenseur de Thibaut Aufort, Richard Vainopoulos ne minimise plus la situation... l'heure est grave.

Pour autant "rien n'est irrémédiable.

Le problème est à la fois majeur et mineur. Il faut que des garanties soient apportées. Des choses doivent être mises en place et des décisions prises prochainement.


Comme pour beaucoup et je ne cesse de le dire : le PGE va devenir un problème pour beaucoup d'entreprises, dans le tourisme et ailleurs,
" avertit Richard Vainopoulos.

Avant une plongée dans les raisons de cette lente dégringolade, faisons un état des lieux d'une entreprise réputée pour sa fragilité. Cette fois, elle est au bord du gouffre...


Univairmer : certains TO ont stoppé les ventes !

Mardi soir, au moment de fermer nos ordinateurs, les téléphones ont crépité à la rédaction.

De nombreux acteurs du tourisme voulaient en savoir plus, suite au mail envoyé par TourCom à l'ensemble de ses fournisseurs. Le message concis annonçait la suspension immédiate des agences Univairmer.

Les 124 salariés, selon le dernier bilan comptable clos le 30 avril 2024, n'ont pas été mis au courant de la situation.

Certains l'ont appris sur TourMaG.com, d'autres par des fournisseurs qui les prévenaient que les "robinets" étaient fermés.


Une visio a été organisée ce mercredi matin pour les prévenir.

Au-delà du fait que le réseau n'a pas honoré un paiement à Tourfinance, ce qui n'est jamais bon signe, les agences font face à des tour-opérateurs et des partenaires méfiants.

"Les tour-opérateurs sont couverts 14 jours après la suspension.

Soit ils sont en mesure de payer les départs et tout va bien, soit c’est perdu. Ce qui va se passer c’est que les TO vont demander à être payés pour les dossiers en cours ou vont les annuler,
" nous explique un responsable.

Jusqu'au 11 février 2025, tout va bien donc ou presque. Au delà de cette date, les départs ne seront plus garantis, par Tourfinance. Les producteurs pourraient perdre gros, dans ce cas.

Dorénavant, les fournisseurs demanderont à être payés avant départ, pour ne pas être les dindons de la farce en cas de défaillance. D'ores et déjà plusieurs d'entre-eux ont décidé d'arrêter les frais. Les accès sont fermés et les ventes bloquées.

Nous entendons des noms comme Salaün, Fram ou les marques du Groupe Marietton.

Privé de gros producteurs et d'un
outil sur mesure parti dans les cartons de son ancien éphémère propriétaire, à savoir Lucas Gebhardt, les étagères risquent de paraitre bien vides, alors que la haute saison des ventes a commencé. Plutôt mollement, d'ailleurs.

Et ce n'est pas le plus grave.

Univairmer : loyers et factures non payés... des référés déposés

Embourbé dans un marasme financier, d'un rachat bien trop grand au regard du portefeuille dans les poches du duo à la tête de Tomorrow Travel, le réseau a pris des décisions qui interpellent.

Déjà en juillet, mois du changement de propriétaire, la comptabilité tire la langue, des fournisseurs ne sont plus payés.

Philibert Voyages se retrouve avec des factures non soldées, s'en suit une longue liste de tour-opérateurs parfois même actionnaires de l'entreprise, comme Austral Lagon, Mondial Tourisme, Top of Travel Premium Travel, Misterfly ou les marques du groupe Salaün.

Après des réunions et des menaces, Thibaut Aufort trouve un moyen de rembourser à une partie de ses créanciers les sommes dues.

Depuis novembre, il paye tant bien que mal pour ne plus connaitre les foudres de ses partenaires.

A lire : Fournisseurs impayés : que se passe-t-il chez Univairmer ?

L'industrie fait dos rond pour ne pas envoyer au tapis un acteur historique, lui donner un bol d'air, pour lui permettre de passer le cap du creux hivernal, avant d'engranger les réservations de janvier à mars, pour faire son stock de liquidité.

Sauf que d'autres ont décidé d'aller plus loin. Deux importants opérateurs ont saisi une procédure judiciaire d'urgence, pour obtenir leur dû, mais les audiences ont déjà été reportées plusieurs fois.

Et à chaque fois, les messages et appels à la direction sont restés lettre morte.

Ce n'est pas tout, car des factures d'électricité ne seraient plus honorées dans certaines agences, comme à Albertville. Et même le propriétaire d'un local à Grenoble fait face à des loyers impayés, depuis octobre 2024.

Malgré de nombreuses relances, le sexagénaire s'est résolu à saisir aussi la justice.


"L'agence est magnifique, les salariés m'ont dit que c'était l'une des plus belles de la marque.

Chaque fin de trimestre je reçois le décompte des loyers et deux fois de suite je n'ai rien reçu. En tout, l'ardoise s'élève à près de 11 000 euros. Ils avaient jusqu'au 10 janvier pour payer, ils ne l'ont pas fait. Je me suis tourné vers un huissier.

Ils ont jusqu'au 10 février pour régler la situation, sinon l'agence sera expulsée,
"nous explique cette personne qui a voulu conserver l'anonymat.

Depuis, le téléphone sonne dans le vide à Creil dans l'Oise.

Univairmer : les actions de l'ancien actionnaire non réglées !

Et comme si cela ne suffisait pas, nous avons appris de différentes sources que Thibaut Aufort n'a toujours pas versé l'argent à son ex-associé pour racheter ses parts.

Il y avait une date limite fixée mi-janvier, qui n'a pas été respectée.


Fin octobre, avec le départ surprise du créateur de Tomorrow Travel, l'ancien directeur général d'Ailleurs Voyages avait pris seul les rênes du groupe, en tant qu'actionnaire majoritaire. Comme nous vous l'écrivions, Lucas Gebhardt devait conserver 20% des actions.

A lire : Tomorrow Travel : Lucas Gebhardt (cofondateur) quitte le groupe !

Pour trouver une porte de sortie et une solution au non-règlement de l'échelonnement des sommes, tel que prévu avec Tourcom, un audit flash a été mandaté.

Des avocats spécialisés sont actuellement présents au siège social du réseau.


"Pour l'instant, il n'y a pas de redressement judiciaire.

Des personnes, sont en train de travailler pour rendre l'entreprise viable.

Autant le redressement ne pose aucun problème aux USA, autant en France tout de suite, c'est une honte et les gens pensent que l'entreprise va déposer.

L'enjeu de ce genre de procédure est de redresser les sociétés,
" explique Richard Vainopoulos.

Au moment, où nous écrivons ces lignes, nous n'en savons pas plus sur l'avenir d'Univairmer et de Tomorrow Travel. Nous savons cependant que le destin de la deuxième n'est pas directement liée à la première. Nous savons aussi (c'est statistique) que 80% des redressements judiciaires en France s'achevent par une liquidation.

Univairmer : une recapitalisation sous 48 h annoncée !

Autre micro-évènement notable : les 70 agences d'Univairmer ont été récemment effacées du site web de Tomorrow Travel.

La défaillance du réseau a peut-être déjà été anticipée.

Maintenant, les avocats convoqués au chevet du grand malade doivent proposer un plan de sortie. Un vieux patient qui a été maintenu sous perfusion, durant la crise sanitaire.

Son patron de l'époque, Jean Dionnet avait souscrit un PGE de l'ordre de 8,5 millions d'euros, pour un remboursement mensuel de 200 000 euros. Une bouée de sauvetage qui s'est, depuis, transformée en ancre.

Des coupes drastiques sont attendues, des ventes aussi, pour espérer ramener à bon port une barque qui prend l'eau de toute part.

Seul le patron de TourCom y croit encore.

"C'est inquiétant, sauf que des solutions existent.

Chez TourCom, nous aidons nos adhérents, qu'importe la situation dans laquelle ils se trouvent. Quand on estime qu'une chance de s'en sortir existe, nous répondons présents.

La vente d'agences est une solution ou un rapprochement avec un industriel. Le Groupe peut tourner, il faut le remettre à plat et ce qui sera fait prochainement.


Les gens passent vite à autre chose,
" croit savoir Richard Vainopoulos.

Sauf que rien ne dit que ce plan de sauvetage pourra être mis en place, au regard de l'accumulation des procédures judiciaires.

Pour un actionnaire historique du réseau "l'affaire est pliée".

Lors d'une réunion en fin de journée, entre les actionnaires et Thibaut Aufort, une solution de recapitalisation a été promise. Elle doit être confirmée sous 48h, avec poursuite de l'activité.

Le montant pour offrir une vraie bouffée d'oxygène est estimé à 3 millions d'euros. A l'heure, où le secteur est de plus en plus secoué et pourrait connaître sa plus grosse faillite depuis Thomas Cook, qui peut se permettre d'endosser le rôle de sauveur ?

Turenne Capital, le fonds d'investissement avait permis le rachat d'Univairmer, en prêtant 3,7 millions d'euros au duo d'entrepreneurs. Pourrait-il y revenir dans un autre rôle ?

b[Lucas Gebhardt voudra-t-il sortir de l'eau son bébé ?

Les péripéties d'Univairmer n'ont pas fini d'animer le secteur du tourisme. Mais l'inquiétude est grande car il faut préserver les emplois et la santé des salariés.


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Commentaires

1.Posté par La grenouille et le Boeuf le 30/01/2025 08:29 | Alerter
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Encore une fois, ce sont les salariés qui vont trinquer. Certains Dirigeants d'Entreprise ne connaissent malheureusement pas assez certaines fables de Monsieur Jean de LA FONTAINE !

2.Posté par vainopoulos le 30/01/2025 11:58 | Alerter
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Dans les fables de la Fontaine, basées sur celles d'Esope, on parle de moral et, dans celle-ci, l'auteur conseille à bien réfléchir à ses actes ou paroles avant d'agir ou de vouloir se faire aussi gros que le boeuf. Dans le dossier Univairmer, ce sont en effet les salariés qui subissent les conséquences mais, contrairement à ce que vous laissez entendre, dans la très grande majorité des cas, les dirigeants font tout pour sauver leurs entreprises. Avoir été présent au conseil de l'APST m'a permis de constater que quasiment tous faisaient leur possible pour se sortir d'une mauvaise situation, Ce que font les responsables d'Univairmer. Dernier point, les chefs d'entreprises, quand ils déposent le bilan, perdent tout, je dis bien tout, et ils ne sont pas pris en charge par l'Etat. Attention de ne pas mélanger les rares gens peu sérieux de la grande majorité qui se bat parfois avec l'énergie du désespoir. En attendant, je vous confirme que tout est fait pour sauver cette entreprise et TourCom continue de lui apporter son aide.

3.Posté par Christophe le 31/01/2025 03:25 | Alerter
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Félicitations Mr Vainopoulos d'avoir pris de votre temps précieux pour écrire cette excellente réponse...

4.Posté par Baudoin le 31/01/2025 10:28 | Alerter
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Bjr . Il y a sans doute à réfléchir sur l évolution de nos métiers et de s y adapter au fil du temps.

5.Posté par LE GAL MAILLET le 28/03/2025 06:09 | Alerter
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Depuis le Covid, Univairmer aurait pu prendre des décisions fortes et élargir son offre, en devenant le premier réseau d'agences traditionnelles à proposer une vraie production de TES (tourisme équitable et solidaire) par exemple.
Ce qui est dommage c'est qu'Univairmer compte, parmi ses employés, des personnes dont l'expérience terrain permettrait à l'entreprise d'acter des choix qui la sorte de la crise.
À qui le naufrage pourrait profiter ?...

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