Expertise : les "Tours du monde" ont plus d'un tour dans leur sac...

Phileas Fogg, le personnage de Jules Verne, avait mis 80 jours pour boucler son tour du monde.

Les aventuriers du XXIe siècle ont aujourd'hui besoin de quatre fois moins de temps pour réaliser le même périple.

Face à l’engouement pour les voyages « tour du monde » les professionnels du tourisme ont adapté leurs offres avec des circuits plus courts, réalisables en une vingtaine de jours.

Pionnier dans le genre, le marseillais TMR qui propose une croisière aérienne depuis bientôt trente ans. La dernière édition s’est vendue à partir de 19 500 euros.

Un produit similaire est proposé chez Safrans du Monde avec un départ le 19 novembre 2016 vendu à partir de 21 900 euros.

Vacances Transat s’est également lancé sur cette niche avec deux tours du monde de 22 jours pour découvrir neuf villes emblématiques (5000 euros)

Même le spécialiste historique, Connaisseurs du Voyage, s’est diversifié dans ce sens.

« Les clients ne veulent plus tout sacrifier pour partir une année. Nous avons donc lancé des circuits plus courts à faire pendant ses congés d’été », explique Evelyne Birot, la directrice du TO qui fait partir 600 personnes par an.

Mais il reste encore des voyageurs qui prennent le temps de vraiment larguer les amarres.

Ceux là peuvent s’embarquer à bord des croisières Costa qui a relancé deux croisières tour du monde en 2011.

Cette année, les passagers voguent jusqu’à 100 jours consécutifs à bord du Costa Luminosa. Certaines étapes affichent déjà complet.

Ceux qui ont le mal de mer préféreront prendre l’avion et s’attaqueront à l’analyse tarifaire des billets proposés par les trois alliances aériennes : Skyteam, One World et Star Alliance.

Un travail qui s’annonce ardu. Car si chaque alliance propose un planificateur en ligne, beaucoup de passagers préfèrent acheter auprès d'un agent de voyages, comme l’explique Sabine Dassonville, la responsable SkyTeam pour le marché France.

« Notre planificateur est assez efficace, mais après avoir pré-construit leur trajet les clients préfèrent finaliser en agences. Cela constitue la majorité de nos ventes ».

Sabine Dassonville estime que la demande est aujourd’hui en progression de 10% pour 450 billets vendus chaque année avec un prix entre 1300 et 1500 euros pour trois escales en moyenne.

Skyteam propose en ce moment une promotion de 10% pour chaque ticket réservé avant le 31 mars.

Elle signale également que 25% des billets sont vendus dans les agences de voyages d’affaires.

Une proportion similaire chez Star Alliance, dont 27% des ventes concernent la business classe. « Les hommes d’affaires utilisent ces pass pour combiner plusieurs déplacements professionnels à l’étranger, ce qui revient moins cher que de prendre chaque tronçon à part », remarque un porte-parole.

Star Alliance vend environ 5 billets chaque semaine sur le marché français avec un prix d'appel de 2166 € hors taxes, dont la moitié directement sur son site internet grâce au moteur de réservation Book and Fly.

Mais l’alliance la plus utilisée par les agences spécialistes est One World. Elle est la seule possédant un membre en Australie (Qantas) ainsi qu'un puissant partenaire sur l’Amérique du Sud : LATAM.

« One World se détache nettement grâce à ses lignes transpacifiques entre l'Océanie et l’Amérique du Sud. La présence de LATAM est cruciale car elle permet la desserte de l'Île de Pâques, de la Patagonie et des Galapagos », explique Julien de Zip World, une agence spécialisée dans la vente de tours du monde qui fait partir 150 personnes par mois.

Reste à s’y retrouver dans la jungle des tarifs aérien. Pour s’épargner des nuits blanches à optimiser son parcours, beaucoup préfèrent passer par une agence de voyages.

Ces dernières disposent de prix négociés, plus avantageux que ceux publiés en ligne. Habitués à manipuler les offres de nombreuses compagnies, leurs vendeurs peuvent rapidement construire un itinéraire qui tient la route.

« Nos agents ont une expérience de trente ans dans la billetterie. Ce sont des techniciens de haut vol qui travaillent avec Galileo, bien meilleur qu’Amadeus pour ce genre de produits », remarque Evelyne Birot de Connaisseurs du Voyage.

L’expertise de l’agence s’avère indispensable lorsqu’il faut modifier son billet et éviter les frais de service appliqués par certaines compagnies.

« C’est tellement complexe de changer son trajet à l’autre bout du monde que nous avons parfois des voyageurs perdus qui nous appellent à l’aide alors qu’ils n’ont même pas acheté chez nous », s’exclame Evelyne Birot.

Ceux qui ont la chance de pouvoir tout plaquer plus d’une année ne pourront pas opter pour les billets des alliances aériennes, valables seulement douze mois.

Pour trouver des conseils, ils peuvent se rendre dans les locaux de l’association Aventure du bout du monde (ABM) lancée il y a trente ans.

Didier Gehanno, le co-fondateur estime qu’il y aurait environ 4000 personnes qui partent chaque année faire le tour du monde en France. Il aiguille tout type de clientèle, de l’étudiant aux familles en passant par les retraités.

Loin de céder aux sirènes consuméristes du « tour du monde en vingt jours », ces personnes prennent réellement le temps de découvrir et de comprendre en profondeur chaque pays. Un vrai retour aux sources du voyage.