L’imagerie liée aux îles : d’Homère à Robinson Crusoé
Très lié à la mer, le bateau est le symbole du voyage. Mais le développement de ces immenses navires regorgeant d’espaces de divertissement accessibles à tous les âges et toutes les bourses ont totalement transformé l’imaginaire de la croisière - Depositphotos.com Auteur ml12nan
Les îles, ces territoires sortis du néant de la mer, ont longtemps été́ reléguées dans les profondeurs de la mythologie grecque. Pour les Européens, les îles étaient synonymes de Méditerranée, de dieux, de sirènes, de longues odyssées comme celle d’Ulysse.
Havres salutaires perdus au milieu des océans, les îles ont ensuite connu le sort des « terra incognita » sur lesquelles s’échouaient les marins explorateurs. Illustrées par l’imagerie de la conquête espagnole et le choc entre deux civilisations, elles sont devenues synonymes d’un monde hors du monde, d’une parenthèse rebelle, non domestiquée, dans laquelle se développe une autre forme d’existence parmi des populations singulières.
Puis, c’est surtout le récit de l’écrivain britannique : Daniel Defoe, consacré à ce magistral personnage qu’est Robinson Crusoé́, qui réinvente ce territoire. L’île devient synonyme d’un refuge pour les naufragés, à la fois hostile et amical où l’homme est contraint de renouer avec son état sauvage.
Alors que la navigation se banalise et continue d’envoyer les premiers aventuriers sur les mers et les océans, le paysage marin s’enrichit de nouveaux territoires soit sauvages et dangereux, soit idylliques.
Les îles du Pacifique se partagent entre la violence de la Guinée et celle du naufrage de La Pérouse et la sérénité́ de la Polynésie telle que la relate Bougainville dans son « Voyage autour du monde. » Mais, les îles sont aussi les territoires où prospère le commerce triangulaire et cette terrible pratique qu’est l’esclavage. Il faudra donc attendre le vingtième siècle pour que l’île prenne un visage touristique.
Dès la première moitié du vingtième siècle, les voyages des écrivains britanniques et américains vers les îles grecques leur confèrent bel et bien un statut de destination touristique. Henry Miller, Lawrence Durrell, puis le Français Michel Déon produisent des écrits exaltés sur le bonheur de vivre sur ces bouts de terre préservés par les ravages de la civilisation. Une autre mythologie se met en marche.
Elle est de nature touristique et fait émerger les Canaries, la Corse, la Sicile, les Baléares ou Santorin et Mykonos, tandis que le voyage en Italie ne peut se conclure sans une halte à Capri. Pour le meilleur et pour le pire.
Havres salutaires perdus au milieu des océans, les îles ont ensuite connu le sort des « terra incognita » sur lesquelles s’échouaient les marins explorateurs. Illustrées par l’imagerie de la conquête espagnole et le choc entre deux civilisations, elles sont devenues synonymes d’un monde hors du monde, d’une parenthèse rebelle, non domestiquée, dans laquelle se développe une autre forme d’existence parmi des populations singulières.
Puis, c’est surtout le récit de l’écrivain britannique : Daniel Defoe, consacré à ce magistral personnage qu’est Robinson Crusoé́, qui réinvente ce territoire. L’île devient synonyme d’un refuge pour les naufragés, à la fois hostile et amical où l’homme est contraint de renouer avec son état sauvage.
Alors que la navigation se banalise et continue d’envoyer les premiers aventuriers sur les mers et les océans, le paysage marin s’enrichit de nouveaux territoires soit sauvages et dangereux, soit idylliques.
Les îles du Pacifique se partagent entre la violence de la Guinée et celle du naufrage de La Pérouse et la sérénité́ de la Polynésie telle que la relate Bougainville dans son « Voyage autour du monde. » Mais, les îles sont aussi les territoires où prospère le commerce triangulaire et cette terrible pratique qu’est l’esclavage. Il faudra donc attendre le vingtième siècle pour que l’île prenne un visage touristique.
Dès la première moitié du vingtième siècle, les voyages des écrivains britanniques et américains vers les îles grecques leur confèrent bel et bien un statut de destination touristique. Henry Miller, Lawrence Durrell, puis le Français Michel Déon produisent des écrits exaltés sur le bonheur de vivre sur ces bouts de terre préservés par les ravages de la civilisation. Une autre mythologie se met en marche.
Elle est de nature touristique et fait émerger les Canaries, la Corse, la Sicile, les Baléares ou Santorin et Mykonos, tandis que le voyage en Italie ne peut se conclure sans une halte à Capri. Pour le meilleur et pour le pire.
Retrouvez le dossier sur les Imaginaires touristiques
Symbolisme : la reine des utopies
L’île apparaît souvent comme le territoire de l’errance et du voyage.
Mais, « elle est surtout point d’ancrage, et rêve d’habitation », écrit l’anthropologue Nora Philippe. L’île baigne donc résolument dans un imaginaire utopique, celle du robinsonnade et celle des paradis polynésiens et Baudelairiens où « tout n’est que luxe, calme et volupté́ ».
L’île en fait est ce paradis où l’on peut se protéger des incursions de la civilisation, retrouver une condition semi sauvage et se reconnecter à son moi profond.
Car, l’île est souvent « vierge », tout en étant hors du temps. Ainsi, la distinction que Gaston Bachelard faite dans la « Poétique de l’espace », opère bien entre les espaces heureux, ou « topophilies » et les espaces hostiles, ou « topophobies ».
L’île est la consécration de ces paradis dont l’esprit humain a besoin pour survivre.
Mais, « elle est surtout point d’ancrage, et rêve d’habitation », écrit l’anthropologue Nora Philippe. L’île baigne donc résolument dans un imaginaire utopique, celle du robinsonnade et celle des paradis polynésiens et Baudelairiens où « tout n’est que luxe, calme et volupté́ ».
L’île en fait est ce paradis où l’on peut se protéger des incursions de la civilisation, retrouver une condition semi sauvage et se reconnecter à son moi profond.
Car, l’île est souvent « vierge », tout en étant hors du temps. Ainsi, la distinction que Gaston Bachelard faite dans la « Poétique de l’espace », opère bien entre les espaces heureux, ou « topophilies » et les espaces hostiles, ou « topophobies ».
L’île est la consécration de ces paradis dont l’esprit humain a besoin pour survivre.
Les nouveaux imaginaires : halte à la pollution !
Mais, le caractère utopique du territoire insulaire est indéniablement menacé par les excès du tourisme de masse et, cela se sait. Les arrivées massives de gigantesques bateaux de croisières sur des territoires aussi fragiles que les îles grecques ou Caraïbes ou Maldives sont aujourd’hui suffisamment connues et dénoncées pour ne pas polluer l’imaginaire touristique.
Une fois de plus, ce n’est pas la technologie et ses avancées qui détruisent les imaginaires touristiques mais les dégradations infligées à une destination par des flux touristiques démesurés, la pollution de l’air, des sols et de la mer qui en découle.
Et ce ne sont pas les îles artificielles que l’on a déjà construire et prévoit de construire au large de l’Arabie Saoudite ou des Émirats arabes unis qui changeront la donne. Sur mer, l’avenir décidément n’est pas bleu ! Ni en surface, ni dans les profondeurs que l’on cherche à aménager à grands frais, d’hôtels et bars de luxe.
Au détriment de la biodiversité, des animaux et plantes inclus qui, rappelons-le, sont des centaines à disparaître tous les ans, empoisonnés par les gaz à effets de serre et ces micro particules de plastique et toutes sortes d’autres corps étrangers nocifs.
Une fois de plus, ce n’est pas la technologie et ses avancées qui détruisent les imaginaires touristiques mais les dégradations infligées à une destination par des flux touristiques démesurés, la pollution de l’air, des sols et de la mer qui en découle.
Et ce ne sont pas les îles artificielles que l’on a déjà construire et prévoit de construire au large de l’Arabie Saoudite ou des Émirats arabes unis qui changeront la donne. Sur mer, l’avenir décidément n’est pas bleu ! Ni en surface, ni dans les profondeurs que l’on cherche à aménager à grands frais, d’hôtels et bars de luxe.
Au détriment de la biodiversité, des animaux et plantes inclus qui, rappelons-le, sont des centaines à disparaître tous les ans, empoisonnés par les gaz à effets de serre et ces micro particules de plastique et toutes sortes d’autres corps étrangers nocifs.
Paquebots et croisière : la dérive au programme des possibles
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Sans bateau, la mer ne serait pas entièrement la mer. Seules ses côtes et ses plages seraient des territoires touristiques. La banalisation de la navigation a donc été essentielle à son développement et à celui des ports de commerce puis, bien plus tard, des ports de plaisance.
Sur le plan touristique, après avoir transporté explorateurs, aventuriers, immigrés, les paquebots investis par la bourgeoisie « coloniale » puis par la bourgeoisie en général, ont en effet inventé la croisière et contribué à façonner un imaginaire « glamour » incarné par des paquebots de rêve comme le Normandy ou le Queen Mary, lequel joue sur la légende pour offrir des croisières transatlantiques aussi raffinées qu’autrefois...
Alors que des géants de plusieurs étages cabotent de ports en ports, en déversant des hordes de voyageurs pressés.
Symbolisme de la croisière
Très lié à la mer, le bateau est le symbole du voyage, le véhicule qui permet de dompter la mer et de naviguer et une demeure protectrice pour l’humanité. De ce point de vue, il est un symbole de sécurité́, celui qui favorise la traversée de l’existence.
Mais il est surtout l’objet qui permet de passer d’une rive à une autre, d’un monde à un autre, et généralement de la vie à la mort. Dans la mythologie, il apparait généralement sous la forme d’une barque comme celle de Charon dans la mythologie grecque qui navigue sur les eaux du Styx pour faire rentrer les morts dans l’Hadès. Changer de rivages, c’est changer de monde. Ne dit-on pas que la mort est le dernier grand voyage ?
Les nouveaux Imaginaires
Malheureusement, la récente démocratisation de la croisière et le développement de ces immenses navires regorgeant d’espaces de divertissement accessibles à tous les âges et toutes les bourses ont totalement transformé l’imaginaire de la croisière et l’on rendu plus négatif que positif.
Invitant le plus grand nombre à monter à bord et à embarquer pour des voyages de rêve, la croisière a perdu de son lustre aux yeux d’une clientèle élitiste et risque de le perdre aussi aux yeux d’une clientèle issue de la classe moyenne à qui, il n’aura pas échappé ses capacités de dégradation environnementale.
Certes, les efforts faits par les croisièristes afin de limiter pollutions de la mer, eaux grises, nuisances sonores et environnementales à quai commencent à être connues et à atténuer les foudres du « mainstream ». Mais, la partie n’est pas encore gagnée. Le sera-t-elle bientôt ? D’autant que le marché est immense et que de nombreuses clientèles s’annoncent sur les mers et dans les ports. L’avenir de cet imaginaire reste à reparamétrer au jour le jour.
Sur le plan touristique, après avoir transporté explorateurs, aventuriers, immigrés, les paquebots investis par la bourgeoisie « coloniale » puis par la bourgeoisie en général, ont en effet inventé la croisière et contribué à façonner un imaginaire « glamour » incarné par des paquebots de rêve comme le Normandy ou le Queen Mary, lequel joue sur la légende pour offrir des croisières transatlantiques aussi raffinées qu’autrefois...
Alors que des géants de plusieurs étages cabotent de ports en ports, en déversant des hordes de voyageurs pressés.
Symbolisme de la croisière
Très lié à la mer, le bateau est le symbole du voyage, le véhicule qui permet de dompter la mer et de naviguer et une demeure protectrice pour l’humanité. De ce point de vue, il est un symbole de sécurité́, celui qui favorise la traversée de l’existence.
Mais il est surtout l’objet qui permet de passer d’une rive à une autre, d’un monde à un autre, et généralement de la vie à la mort. Dans la mythologie, il apparait généralement sous la forme d’une barque comme celle de Charon dans la mythologie grecque qui navigue sur les eaux du Styx pour faire rentrer les morts dans l’Hadès. Changer de rivages, c’est changer de monde. Ne dit-on pas que la mort est le dernier grand voyage ?
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Malheureusement, la récente démocratisation de la croisière et le développement de ces immenses navires regorgeant d’espaces de divertissement accessibles à tous les âges et toutes les bourses ont totalement transformé l’imaginaire de la croisière et l’on rendu plus négatif que positif.
Invitant le plus grand nombre à monter à bord et à embarquer pour des voyages de rêve, la croisière a perdu de son lustre aux yeux d’une clientèle élitiste et risque de le perdre aussi aux yeux d’une clientèle issue de la classe moyenne à qui, il n’aura pas échappé ses capacités de dégradation environnementale.
Certes, les efforts faits par les croisièristes afin de limiter pollutions de la mer, eaux grises, nuisances sonores et environnementales à quai commencent à être connues et à atténuer les foudres du « mainstream ». Mais, la partie n’est pas encore gagnée. Le sera-t-elle bientôt ? D’autant que le marché est immense et que de nombreuses clientèles s’annoncent sur les mers et dans les ports. L’avenir de cet imaginaire reste à reparamétrer au jour le jour.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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