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FUTUROSCOPIE - Les rapports au vĂȘtement : qui sont vos clients ? 🔑

Qui sont vos clients ? Une nouvelle série de Futuroscopie


Notre exploration des diffĂ©rentes personnalitĂ©s de voyageurs, Ă  travers l’étude de leurs vĂȘtements nous amĂšne Ă  Ă©tudier quatre autres grandes catĂ©gories de voyageurs trĂšs frĂ©quents sur tous les territoires.
Lire la premiĂšre partie : Les rapports au vĂȘtement : une grille de lecture originale


Rédigé par le Mardi 12 Juillet 2022

5. Les voyageurs transgressifs, adeptes du déguisement !

Conservateurs, transgressifs, pressĂ©s, dĂ©complexĂ©s
 les vĂȘtements une grille de lecture pour dĂ©crypter qui sont vos clients ?Depositphotos.com Auteur 1markim
Conservateurs, transgressifs, pressĂ©s, dĂ©complexĂ©s
 les vĂȘtements une grille de lecture pour dĂ©crypter qui sont vos clients ?Depositphotos.com Auteur 1markim
Bien que très visibles, les « travestis » constituent une catégorie difficile à chiffrer. Principale caractéristique de cette population : des vêtements fantaisistes, parfois à la limite de l’excentricité, traduisant une volonté évidente de changer de peau.

Très concernée par le vêtement d’une façon générale, cette population consacre un temps non négligeable à préparer ses bagages. Une activité qui lui procure souvent un plaisir évident et constitue une sorte de mise en bouche indispensable à la réussite de son voyage. Une fois sur place, le travesti se décompose en deux catégories au moins :

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- Les adeptes du travestissement folklorique : L’image du touriste flottant dans une djellaba immaculée, coiffé d’un turban bleu ou encore revêtu de paréos polynésiens est suffisamment ancrée dans l’iconographie pour que l’on consacre quelques lignes à cette catégorie de voyageur.

Celui-ci éprouve un plaisir évident à puiser dans le commerce autochtone les éléments vestimentaires lui permettant à la fois de se transformer, mais également de se fondre dans la tradition locale. La tentation de l’exotisme a produit ses effets !

Voyageur bon enfant, décontracté, enclin à s’amuser, ce touriste considère le déplacement comme une sorte de jeu sur l’échiquier duquel on peut s’offrir quelques avatars. Fonctionnant par mimétisme et par processus d’imitation, cet individu aisément caricatural, n’en est pas moins ouvert à l’autre, curieux, fondamentalement apte à s’immerger dans un univers exogène afin d’en puiser les richesses.

- Les adeptes du travestissement identitaire : Ce type de travesti a pour sa part une propension surprenante à confondre le déplacement spatial avec un déplacement identitaire. L’ailleurs est pour lui synonyme d’altérité. A la différence de la catégorie précédente, partir constitue pour ces voyageurs l’occasion idéale de troquer une identité contre une autre.

Dès le départ, et pendant tout leur voyage, ils entretiennent donc un déguisement vestimentaire correspondant à un déguisement mental.

Face à ce type de mise en scène vestimentaire un brin névrotique, on découvre souvent un touriste à la limite de la schizophrénie.

6. Le goût de la panoplie du parfait voyageur

Une dernière catégorie est incarnée par ces voyageurs pour qui le départ constitue l’occasion de changer en partie de peau, mais à travers un type de vêtement convenu, codifié, sensé intégrer les codes et valeurs du voyage. Souvent confortable, pratique, ce vêtement est généralement acquis dans des commerces dédiés à l’outdoor ou à l’aventure. On le revêt systématiquement, mécaniquement. On en remplit ses valises car il est supposé être indispensable à la réussite d’un déplacement.

Pour preuve, le directeur de Terre d’aventure souligne que sa clientèle se décompose bien en trois catégories immédiatement repérables : les adeptes de Décathlon, les adeptes du Vieux Campeur et les autres, ceux qui « s’habillent un peu n’importe comment » ! Le plus intéressant résidant dans le fait que ces catégories sont indépendantes du niveau de revenu de chaque voyageur.

Pour ces voyageurs, le tourisme est donc un monde à part impliquant des rituels vestimentaires indispensables. Peu lui importe le manque d’originalité de son « uniforme », il s’exprime à travers le registre des apparences et de l’affichage statutaire mais pas de la séduction. On part, donc on exhibe son départ afin d’en optimiser les bienfaits réels ou fantasmés qu’on en attend.

7. Le voyageur siglĂ© et ses vĂȘtements marchandisés

Enfin, nul n’a échappé au merchandising vestimentaire consistant à porter des vêtements de vacances siglés par une enseigne touristique. Champion du genre, le Club Méditerranée a toujours offert des collections de vêtements prêt à porter, mélangeant inspiration régionale traditionnelle et inspiration contemporaine.

Le paréo a ainsi longtemps été un « must » tout comme les djellabas maghrébines et autres chapeaux de cow boy. Portés hors les murs, ces vêtements font le jeu d’une pratique de distinction sociale. On exhibe avec un brin d’arrogance le lieu où l’on séjourne, revendiquant par la même occasion son appartenance à une tribu touristique spécifique. Mais, on peut aussi tout simplement trouver le vĂȘtement « joli » !

8. Le voyageur « nu » : le naturiste épris de liberté

Enfin, certains et ils sont nombreux : environ un million et demi en France dont 60% d’étrangers, choisissent le temps des vacances pour se dévêtir. Une autre façon d’exprimer un refus des conventions et d’affirmer, par ce rituel, une forme de décontraction jugée elle aussi indispensable à la réussite d’un séjour.

Mais, la nudité n’est-elle pas synonyme d’une autre façon de se vêtir, héritée d’un primitivisme originel ? N’est-elle pas une Ă©vocation du paradis originel, celui d’un monde non domestiquĂ©, celui de l’homme sans l’homme ?

IncarnĂ© par le personnage de Robinson Crusoe qui constitue l’un des deux stĂ©rĂ©otypes dominant de l’iconographie touristique ( l’homme Ă  l’état sauvage face Ă  l’homme mobile incarnĂ© par le personnage de Jules Verne : PhilĂ©as Fogg* ), ce touriste est plutĂŽt un vacancier, peu mobile cherchant avant tout Ă  affirmer sa libertĂ© ou son besoin de libertĂ©.

Sauf que l’homme nu que l’on voit s’ébattre sur les espaces balnéaires est-il en fait aussi nu qu’il le prétend ? Les camps naturistes ne sont-ils pas des ghettos fermés sur eux-mêmes où l’on pratique un entre soi encore plus sectaire que celui des night-clubs de Saint-Tropez ou de Mykonos que l’on frĂ©quente accoutrĂ©s de vĂȘtements de luxe, griffĂ©s ?

*L’idiot du voyage. Jean Didier Urbain. Editions Payot.

Retrouvez tous les articles de la série Futuroscopie "Qui sont vos clients ?"

Josette Sicsic
Josette Sicsic
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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