Futuroscopie - Tourisme médical, un marché convoité par le monde entier [ABO]

Au cours de l'été 2023, la Medical Tourism Association, en partenariat avec l'International Healthcare Research Center (IHRC), a mené une vaste enquête auprès des consommateurs de soins de santé du monde entier qui se sont rendus à l'étranger pour des traitements médicaux, ainsi qu'auprès de ceux qui ont manifesté de l'intérêt en se renseignant sur les voyages médicaux, mais qui ont choisi de ne pas donner suite.

Portant sur des répondants envisageant un large éventail de procédures médicales à l'étranger, allant des traitements cardiaques et anticancéreux à l'orthopédie et aux soins dentaires, l’enquête a permis de mieux cerner une demande ventilée entre plusieurs motivations majeures.

Premier point peu surprenant : près de 100% des interviewés situent la confiance en tête de leurs motivations. 78% vont même jusqu’à considérer cet élément comme indispensable.

Sachant que la relation de confiance est très liée à l’exigence de sécurité, notons cependant que celle-ci ne se bâtit pas toute seule. Elle se construit à travers une stratégie que destinations et opérateurs ne doivent jamais négliger. Dans ce domaine délicat où il y va de la santé du client, les avis négatifs qui peuvent nuire à des prestations doivent en particulier être surveillés.

Autre preuve de la nécessité de fournir des interventions très soignées : 71% des interviewés déclarent être guidés dans leur choix par la réputation de l’établissement et du corps médical qui y exercent.

Une réputation qui se reflétera en premier lieu par l’accréditation internationale des prestataires concernés. Les répondants sont en effet 6 sur 10, à vérifier ces accréditations.

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Deuxième aspect particulièrement privilégié, le volet économique.

Toujours selon la même étude, immédiatement après la confiance se situe la recherche de tarifs compétitifs. Plus de 28% des consommateurs de soins sont dans ce cas. Tandis que 20% environ évoquent la sécurité liée au paiement ainsi que la transparence des prix et de la prestation.

Mais, une fois n’est pas coutume, vous remarquerez que la dimension économique n’arrive pas en tête des motivations.

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Pas de préoccupation économique en général : 42%
Importance de la sécurité du paiement international : 13,5%
Crainte des coûts additionnels : 40%
Crainte d’une sur facturation : 34%
Demande de paiement flexible : 21%

Enfin, il est également fondamental de savoir rassurer un patient, tant sur le plan médical que sur l’ensemble de la prestation incluant le transport, l’hébergement, le service touristique et hospitalier et le traitement post-opératoire qui a une importance majeure pour 20% de la patientèle.

Les risques de complications médicales sont également évoqués par 21% des interviewés.

Cette demande de réassurance est telle que la possibilité de s’entretenir en visio conférence avec le praticien qui interviendra est plébiscitée par 65% des interviewés.

Enfin dernière information, alors que l’on estime à environ 16 millions le nombre de touristes médicaux internationaux, l’enquête précédente révèle que 40% des répondants n’ayant pas encore expérimenté un voyage médical se disent prêts à se laisser tenter par l’aventure. C’est dire à quel point la tentation peut être grande de traverser les Pyrénées pour se faire refaire un sourire de star ou d’aller encore plus loin pour se refaire un cœur tout neuf !

Car, on l’a compris, le tourisme médical n’est pas seulement de nature esthétique. Si cette composante existe et a été longtemps suffisamment dominante pour attirer une clientèle partout et même dans des destinations peu attractives, elle est désormais complétée par une offre chirurgicale de grande qualité destinée à soigner des pathologies plus graves : implants de cellules souches, cancers, traitement contre l’infertilité…

N’oublions pas que l’Afrique du Sud a été leader en son temps des opérations cardiaques ! Tandis qu’aujourd’hui, selon la plateforme Bookimed, la Turquie, le Costa Rica, le Mexique sont désormais privilégiés alors que des destinations comme l’Ukraine ou Israël autrefois très compétitives se retirent du marché, à cause de la situation politique dramatique qu’elles vivent.

La France pour sa part reconnue pour la qualité de sa médecine mais pénalisée par ses coûts enregistre plus d’un million de touristes médicaux. Mais attention, elle exige comme beaucoup d’autres des visas spéciaux autorisant une durée de séjour pouvant aller jusqu’à 6 mois.

Canada
Singapour
Japon
Espagne
Royaume-Uni

Enfin, pourquoi prédire un avenir radieux à cette forme de tourisme ? -Essentiellement parce que l’importance accordée à la santé du corps autant qu’à celle de l’esprit, domine les sociétés occidentales et continuera de le faire dans les années d’incertitude à venir.

Par ailleurs, les pays en développement sont compétitifs au niveau des coûts des traitements médicaux mais également des services touristiques. Ce qui les rend très attractifs. Les politiques gouvernementales tendant à faciliter l’accessibilité de ce tourisme (Tunisie, Turquie, Inde, Thaïlande…) sont également déterminantes, tout comme l’accessibilité des voyages internationaux.

L'Etat indien investit une partie de ses crédits sanitaires dans les cliniques ou hôpitaux privés dédiés aux étrangers. Ces établissements, gérés comme des entreprises, parfois cotés en bourse et dont une majorité de la population indienne est déconnectée, accueillent les meilleurs praticiens et investissent dans le dernier matériel de pointe.

On compte aujourd’hui en Inde environ 700 000 touristes médicaux.

Quant à la rapidité et efficacité des communications entre praticiens et hôpitaux à travers le monde, elle représente un facteur croissant de confiance. Le respect grandissant des normes internationales relatives aux interventions chirurgicales est aussi une preuve du sérieux de ce secteur où les accréditations internationalement reconnues jouent un rôle essentiel dans l'augmentation de la satisfaction des patients.

Mais pour prospérer réellement, insiste le Medical Tourism Association, les prestataires doivent se concentrer sur l'expérience globale du patient, en garantissant l'excellence non seulement des procédures médicales, mais aussi de tous les points de contact du voyage dans le tourisme médical.

De plus pour se développer, cette forme de tourisme doit bénéficier de nouveaux équipements. Lesquels ne manqueront certainement pas. Ainsi, parmi les derniers venus, notons que le groupe égyptien : Concorde Al Salam Hotels a réussi à conclure un accord avec le groupe roumain "Ana Aslan" pour lancer et établir la plus grande station touristique thérapeutique, similaire aux stations thérapeutiques établies par le groupe "Ana Aslan" en Roumanie.

En Turquie, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Thaïlande, on cherche également et on réussit à attirer l’investissement dans des cliniques et des praticiens de qualité tandis qu’en Chine, l’île de Hainan se positionne sur ce marché avec des moyens redoutables. Dotés d’outils de promotion et de distribution de qualité, notamment des sites internet, il faut admettre qu’elle a aussi choisi des thérapies d’avenir, notamment celles à base de cellules souches… A suivre !

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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