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Futuroscopie - Voiture, entre mythe et réalité, un imaginaire en recomposition 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’heure où les imaginaires se recomposent sous les effets d’une actualité de plus en plus anxiogène, l’automobile sacralisée par la publicité, marqueur de statut social, symbole de liberté, n’échappe pas à l’éternel mouvement de balancier qui anime nos sociétés. Elle voit donc son usage évoluer et son utilisation parfois se réduire. Mais, perd-elle pour autant de son statut de star de la modernité ?


Rédigé par le Mercredi 23 Octobre 2024

Seule la voiture volante pourrait reconfigurer et redorer le rêve des humains en l’emportant vers les cieux... - Photo Pepita
Seule la voiture volante pourrait reconfigurer et redorer le rêve des humains en l’emportant vers les cieux... - Photo Pepita
Comment se sont construites les images de l’automobile ?-Bien que cahotante, peu sûre d’elle, voire dangereuse à ses débuts (1884 : date retenue pour sa première apparition), l’automobile a très rapidement entamé une carrière de star.

Il faut se souvenir que parmi les pionnières, certaines carrosseries ont privilégié une esthétique qui s’est très vite imposée comme un signe ostentatoire de richesse. La fée automobile était née, le rêve automobile et son cortège de nouvelles promesses d’aventure et de plaisir aussi.

Quand Michelin, en 1900, publie à l’intention de ces privilégiés que sont les automobilistes, le premier guide mentionnant restaurants et adresses utiles, il contribue à l’édification d’une caste de privilégiés pouvant se déplacer à leur guise sur des routes encore maladroites certes mais porteuses de cette forme d’aventure bourgeoise et moderne que l’on attendait.


Plus tard, sans la petite 4 CV, les vacanciers ne seraient pas partis aussi nombreux profiter de leurs jours de congés, une fois la guerre terminée.

Sortie en masse des usines Renault, signe de technologie, d’émancipation sociale et de liberté, cette petite cylindrée achetée massivement par des ouvriers a incarné une nouvelle génération de moyens de transport permettant de répondre à l’individuation des comportements.

Classée parmi la panoplie de la famille moderne telle que la représentait l’American Dream, la voiture devient aussi la compagne de route des aventuriers, des beatniks et autres routards ! Les années soixante-dix voient même triompher le Combi et ses carrosseries bariolées, habitées par de jeunes libertaires.

Puis, dans un monde pourtant affecté par les chocs pétroliers, les familiales de type Espace ou 4x4 prennent leur essor avant que, crise oblige, les petites cylindrées économiques, flexibles, faciles à garer deviennent les grandes gagnantes d’un parc automobile en augmentation continue mais frappé par des crises successives.

A lire aussi : Futuroscopie - Un monde et un tourisme sans voitures ? Non, pas encore !🔑

Des crises dont la dernière, conditionnée par l’économie collaborative, érode en profondeur cette institution qu’est la planète automobile.

Les pratiques alternatives de covoiturage et de partage stimulées par les prouesses de l’Internet s’inscrivent dans le nouveau destin d’un véhicule que l’on avait cru à jamais figé et déterminé. Quant à la prochaine étape, les voitures sans chauffeurs, d’ores et déjà au point, qui permettront à l’usager de ne plus conduire, comment vont-elles se comporter ? Pour le moment, les prévisions sont forcément floues.

Voiture : un symbolisme multiple

En matière de symbolisme, où en sommes nous ? -Dans nos rêves modernes, l’automobile apparaît fréquemment. Comme tout véhicule, elle symbolise l’évolution en marche et ses péripéties. Et l’évolution d’un individu n’est pas la même selon qu’il s’imagine voyageant dans une belle voiture décapotable ou dans un vieux tacot : le niveau d’adaptation diffère.

Puisque la voiture est un moyen de locomotion individuel, elle symbolise également la façon dont nous conduisons notre existence. Par sa puissance et sa précision mécanique, l’automobile oblige en effet à une excellente maîtrise de soi. Pour bien conduire, il faut discipliner ses impulsions, être sûr de ses réactions et avoir le sens des responsabilités.

Il faut également observer le « code de la route » : ce dernier symbolise les règles de la vie, les convenances et les injonctions sociales qui s’imposent à nous. Bien conduire une voiture évoque l’autonomie psychologique et la libération des contraintes.

La carrosserie de la voiture symbolise pour sa part l’être social, le masque, l’apparence, ce qu’un individu cherche à produire comme effet sur les autres. Elle s’oppose à l’intérieur de la voiture, cocon plus intime qui traduit une intériorité en cheminement.

Enfin, pour rendre hommage à Roland Barthes et ses écrits sur la DS Citroën, n’oublions pas que, système de signes, la voiture en dit long sur celui qui la conduit et sur l’époque qui la produit. Cet objet magique de la modernité est « l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques » : une œuvre collective, écrit-il dans son ouvrage phare : Mythologies.

Imaginaires en mouvement

Quant aux imaginaires que chacun déploie autour de ce véhicule qui, rappelons-le, procure un plaisir infini à ceux qui le conduisent : il bouge, comme tous les imaginaires. A l’origine de ce mouvement de bascule : la pollution, les encombrements, les coûts d’entretien élevés, les accidents de la route grignotent les fantasmes contemporains autour de l’aventure automobile ?

Malgré de formidables capacités à se maintenir en tête des moyens de transport privilégié, l’automobile perd de ses valeurs immatérielles pour acquérir une valeur d’usage. Pour une partie de la population en tout cas qui voit anticipe une baisse de son statut, D’autant qu’elle apparaît de plus en plus comme un bien partageable à plusieurs.

Les forfaits mobilité, l’auto-partage, le covoiturage sont mis au programme de l’avenir. Parallèlement, « l’innovation frugale » c’est-à-dire l’innovation en matière de consommation énergétique, donc de maîtrise des coûts et de lutte contre la pollution, portent les espoirs des automobilistes de demain.

Quant à la voiture sans chauffeur, elle semble destinée à un futur plus lointain mais néanmoins commence à faire évoluer vers l’anonymat et la déshumanisation un mode de transport véhiculant une forte charge identitaire. Objet de désir hier, la voiture sans chauffeur, transformée en objet impersonnel, perdra inévitablement et résolument de sa puissance émotionnelle.

Seule la voiture volante pourrait reconfigurer et redorer le rêve des humains en l’emportant vers les cieux... Mais, bien qu’au point, la technologie ne fait pas tout. Restent les problèmes de circulation.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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Tags : futuroscopie
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