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Hôtellerie-restauration : l’UMIH fait de l’emploi sa priorité

Le secteur manque d’attractivité


Selon une enquête Pôle Emploi, le nombre de salariés du secteur de l’hôtellerie et de la restauration a bondi de 25% entre 2005 et 2017 pour dépasser aujourd’hui le million de personnes concernées. Pour autant, le secteur est en pleine crise de recrutement. Comment l’expliquer ? Quelles sont les perspectives d’évolution ? TourMaG.com fait le point avec Hervé Bécam, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).


Rédigé par le Mercredi 25 Juillet 2018

Hervé Bécam (UMIH) : "Le marché de l’hôtellerie-restauration est porteur et se développe. Nous sommes désespérément à la recherche de collaborateurs. C’est un phénomène qui nous préoccupe beaucoup" - DR : Pixabay
Hervé Bécam (UMIH) : "Le marché de l’hôtellerie-restauration est porteur et se développe. Nous sommes désespérément à la recherche de collaborateurs. C’est un phénomène qui nous préoccupe beaucoup" - DR : Pixabay
TourMaG.com - Selon une étude réalisée par le cabinet de recrutement PageGroup, le secteur de l’hôtellerie-restauration sera, d’ici 2030, le plus créateur d’emplois avec celui de la distribution...

Hervé Bécam :
Il ne peut pas en être autrement. Le développement touristique à travers le monde devrait augmenter de 7% par an jusqu’en 2025, forcément, la France, premier pays touristique devrait connaître une croissance d’au moins 5%.

Le marché de l’hôtellerie-restauration est porteur et se développe. Nous sommes désespérément à la recherche de collaborateurs. C’est un phénomène qui nous préoccupe beaucoup.

Un grand nombre d’établissements de la restauration vont être obligés de fermer un jour de plus par semaine, car ils n’ont pas la possibilité de trouver des collaborateurs pour assurer les rotations nécessaires dans les différents postes.

TourMaG.com - Pourquoi est-ce si difficile de recruter dans le secteur de l’hôtellerie-restauration ?

H.B.
: Il y a très probablement, à l’origine de tout cela, des problèmes liés à la formation et l’attractivité. Les jeunes ne sont pas encouragés, lors de leur orientation à apprendre ces métiers. On les considère encore comme des métiers secondaires, ce qui est une hérésie.

Les gens pensent que l’on travaille plus à ces postes. Aujourd’hui, quand on travaille 39h, on est payé 39h. Il y a le travail le week-end, c’est un choix de vie. Ensuite, dans la restauration, il y a les coupures selon les sets de travail. Tout ça dans la balance, on se retrouve face à des difficultés pour trouver du personnel qualifié.

Aujourd’hui, nous sommes face à une crise de recrutement. Les professionnels du secteur n’ont certainement pas fait ce qu’il fallait faire pour l’anticiper. C’est probablement une raison.

Autre phénomène, la manière dont les jeunes appréhendent leur entrée dans le monde du travail. Désormais, on saute d’emploi en emploi.

Hervé Bécam, vice-président de l'UMIH - DR : UMIH
Hervé Bécam, vice-président de l'UMIH - DR : UMIH
TourMaG.com - Quid du turnover ?

H.B. :
Il est important, deux ou trois fois supérieur dans le secteur de l’hôtellerie et la restauration par rapport aux autres secteurs d’activité. Il a toujours été structurel dans la profession. A cela s’ajoute la volonté des jeunes à ne pas vouloir se fixer sur un domaine ou un métier.

TourMaG.com - Avec l’évolution du secteur, de nouveaux métiers sont-ils apparus ?

H.B. :
De nouveaux métiers ont émergé et ne trouvent pas de salarié, comme celui de community manager qui est devenu un outil essentiel de la commercialisation des établissements de l’hôtellerie et de la restauration.

L’hôtellerie utilise le yield management pour assurer le meilleur remplissage de ses établissements.

Et puis, il y a de nouvelles demandes sur les Wellcomer, designer de services, créateurs d’ambiance, en conciergerie également… tout ce qui peut permettre aux établissements de se différencier.

TourMaG.com - Quelles solutions apporter pour répondre à ces difficultés ?

H.B. :
Ce sont des métiers qui font essentiellement appel à l’apprentissage. Toutes les mesures offertes pour favoriser l’entrée en apprentissage sont bonnes. Il faut mettre en concordance cette orientation et changer l’état d’esprit d’orienteurs, ça c’est le travail de la profession, de notre organisation.

Nous devons créer des liens, des passerelles pour permettre au plus grand nombre possible d’entrer en apprentissage. C’est la voie la plus performante pour acquérir les connaissances du secteur.

Ensuite, il y a un travail à faire sur la reconnaissance des diplômes. Nous faisons un très gros travail au niveau des commissions mixtes paritaires de l’emploi. L’évolution des qualifications doit continuer à évoluer, nous travaillons de manière récurrente avec l’Education Nationale.

Après, il faut améliorer l’image. C’est un travail de longue haleine. C’est une pédagogie permanente de rappeler que dans ce secteur on peut aisément viser des carrières à l’international. L’ascenseur social existe et fonctionne. La rémunération est de 1% supérieur au SMIC.

Il est également possible d’acquérir une expérience artisanale. Ce sont des métiers d’art. Le titre d’artisan cuisinier en témoigne. Il y a des possibilités rapides d’accéder à l’entreprenariat.

L’emploi sera le sujet principal du congrès de l’UMIH qui se tiendra à Saint-Etienne en décembre. C'est la priorité de l’année.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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