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Hôtellerie : un marché dynamique marqué par l'inflation

Grand Live du Voyage d’affaires 2024


Inflation, JO 2024, hausse de la taxe de séjour… Autant de sujets abordés à l’occasion de la table-ronde « Baromètre de l'hôtellerie d'affaires : Quelles tendances pour 2024 ? » organisée pendant le Grand Live du Voyage d’affaires 2024.


Rédigé par le Mercredi 24 Janvier 2024

A partir de janvier 2024, tous les mois, un baromètre complet par ville et par catégorie sera publié par CDS Groupe en partenariat avec MKG Consulting. @capture d’écran
A partir de janvier 2024, tous les mois, un baromètre complet par ville et par catégorie sera publié par CDS Groupe en partenariat avec MKG Consulting. @capture d’écran
CDS Groupe en partenariat avec MKG Consulting a présenté son dernier baromètre de l’hôtellerie d’affaires. Il fait état de fortes augmentations des tarifs hôteliers en 2023, entre 5% et 10% à Lille, Strasbourg, Bordeaux, Marseille, Toulouse ou encore à Nice. Le prix moyen marché a grimpé de plus de 10% à Paris, Nantes et Lyon.

« Ces hausses sont liées dans certaines villes à La Coupe du Monde de Rugby . A chaque événement, il y a une pression sur les tarifs. C’est la loi du marché.

Ensuite, il faut garder en mémoire que nous sommes dans une phase de rebond. Il y a un retour de la demande et une augmentation des coûts de production »
, analyse Vanguelis Panayotis, président de MKG Consulting.

« 2023 a été riche avec une croissance de +38% de réservations, soit 274 millions de réservations au premier trimestre, le deuxième à +9% et le troisième +15%. Nous prévoyons +9% au Q4. Le loisir a bien repris », confirme Vanessa Heydorff, directrice générale de Booking.com.

Quels sont les facteurs de l’inflation hôtelière ?

« Il y a eu un effet rattrapage l’an dernier. Cette année, l’inflation est liée au retour de la clientèle internationale. Nous avons la chance d’être une destination prisée et de connaître un développement fort de la clientèle européenne et chinoise. Il y a un impact sur le taux d’occupation et donc sur le prix », explique Ziad Minkara, PDG de CDS Groupe.

Autre piste pour expliquer cette inflation continue : la mise aux normes des hôtels et le manque de personnel, ou encore l’accueil des Jeux Olympiques de Paris qui impacte le premier semestre 2024 « même s’il n’y a pas d’activité », souligne Ziad Minkara.

Lire aussi : Voyage d'affaires : l'hôtel, toujours plus cher en 2024 🔑

Quelle marge de manœuvre sur la négociation des prix ?

Pour les travel managers, le budget hôtel est le plus compliqué à négocier. Quels leviers activer pour réduire la facture ?

« L’hôtellerie dans le business travel est la dominante qui s’est le plus structurée sur ces dernières années. Des solutions ont permis d’agréger ce contenu et de le consolider. Le voyageur d’affaires a de la visibilité sur son outil quel que soit le canal de distribution.

Il y a des systèmes de tarification côté hôtel extrêmement complexes à lire. Nous nous évertuons à proposer des solutions claires, visibles et simples à utiliser. Aujourd’hui, l’élément comparatif est de dire : j’ai trouvé ce tarif sur Booking.com, puis-je trouver moins cher ailleurs ?

On peut agir sur la négociation, ce qui peut prendre du temps, ou ouvrir à la réservation en best price, sachant que les acheteurs sont responsables,
explique Ziad Minkara. A partir du moment où les process sont mis en place, vous pouvez générer des économies de 7 à 11%. »

Chez The Ascott Ltd, « une grande partie de notre clientèle corporate reste sur des tarifs contractés et encadrés », précise Philippe Mettey, VP Ventes et Marketing Europe.

« Nous investissons beaucoup, avec un engagement sur le portefeuille européen The Ascott. Nous avons aussi revu toute notre offre petit déjeuner. Nous faisons évoluer nos offres pour répondre à la recherche de flexibilité de la part des clientèles », complète-t-il.

L’Europe touchée par l’inflation

La bonne dynamique du secteur va se poursuivre en 2024 et l’inflation avec. La France n’est pas le seul pays concerné par l’inflation des tarifs hôteliers. Ainsi, Bruxelles, Amsterdam et Milan enregistrent également une hausse du prix moyen marché de 10%.

« Il y a aujourd’hui une nécessité de se rencontrer, de créer du lien. Sur la partie affaires, il faut remplir les carnets de commandes. Les déplacements rebondissent très bien. La clientèle affaires rebondit grâce à de très belles villes de congrès et l’attractivité de la France pour les investissements hôteliers », commente Vanguélis Panayotis.

« Paris et la France génèrent de nombreuses recherches à l’international, et notamment depuis les USA et le Brésil, où l’on enregistre plus 300% », constate Vanessa Heydorff, directrice générale de Booking.com.

Les JO de Paris, une source d’inquiétude

L’accueil des Jeux Olympiques à Paris en 2024 est source d’inquiétude pour les acheteurs et travel managers. Si les prix dérapent, la problématique de la disponibilité des chambres est également présente.

« L'été 2024 a été identifié comme une période de travel freeze pour l'Île-de-France et Paris pas à cause de l’hébergement, mais plutôt pour des raisons de logistique.

Les travel managers vont donc reporter les déplacements à d'autres mois, juin et septembre, qui sont déjà très chargés.

Le mois de juillet est une problématique depuis plusieurs années, car il est un mois fort en business travel »,
constate Ziad Minkara, PDG de CDS Groupe, qui anticipe la relance des RFP (appel d’offres) par les entreprises sur le deuxième semestre.

« Maintenant l’entreprise peut s’engager sur des volumes afin d’obtenir des tarifs linéaires. Beaucoup d’entreprises sont encore sur des tarifs en floating. C’est compliqué à gérer. Il faut faire jouer la concurrence. Les hôtels indépendants ont investi et ont la qualité de services », complète Ziad Minkara.

« Il y aura des contrastes avec les destinations qui accueillent des épreuves ou non. A cela s’ajoutent les gammes d’hébergement. C’est notre objectif avec ce baromètre, amener de la lisibilité pour appliquer les bons remèdes, affirme le président de MKG Consulting.

Pour les JO 2024, de mon point de vue, Paris a un potentiel d’attractivité différent de celui de Londres et 2012 n’est pas 2024. Reste à savoir comment les travel managers naviguerons dans cette période. »

De son côté, Philippe Mettey, VP Ventes et Marketing Europe de The Ascott Ltd, n’observe pas de forte augmentation des prix jusqu’à début juillet : « Les changements de tarifs se voient plutôt à partir du 14 juillet. Nous avons une démarche très proactive auprès de nos clients fidèles, nous les avons incités à anticiper leurs actions. Sur la période des JO 24 nous demandons des prépaiements pour éviter les annulations de dernière minute . »

La taxe de séjour triple en 2024

En plus de l’inflation, 2024 sera marquée par une hausse inédite de la taxe de séjour.

« Malheureusement, les hôteliers n’ont pas été entendus. Il y a différentes villes en Europe avec des stratégies différentes. En Allemagne les clients corporate ne paient pas de taxe de séjour, c’est une démarche qui mérite notre intérêt.

Au moment où nous cherchons à rattraper les coûts inflationnistes, nous ne pourrons absorber cette forte hausse »
, expose Philippe Mettey, VP Ventes et Marketing Europe de The Ascott Ltd.

« A Amsterdam, il y a une volonté politique de la ville de réduire le tourisme. Si nos politiques augmentent cette taxe de 200%, quelle est la volonté politique derrière ? Le message est étrange », interroge Vanguélis Panayotis.

Des acheteurs de plus en plus responsables ?

Autre sujet abordé au cours de cette table-ronde : la RSE.

Selon le résultat de plusieurs études menée par Booking.com 40% des voyageurs recherchent des hébergements avec une tendance durable. 63% des hôteliers européens investissent ou souhaitent investir dans une offre plus responsable.

« Sur Booking.com, nous avons mis en place un badge établissement durable. C’est une tendance de fond aujourd’hui », détaille Vanessa Heydorff, DG de Booking.com

« Les entreprises s’équipent de voitures électriques et l’un des premiers critères devient la disponibilité de bornes de recharges », abonde Ziad Minkara.

« En tant qu’entreprise, nous avons notre devoir de responsabilité et avons engagé des démarches bien avant le décret tertiaire . Nos établissements disposent de nombreuses certifications. Cela devient une démarche naturelle qui a été anticipée il y a longtemps. C’est déployé sur l’ensemble de nos résidences, dès que l’on peut faire plus, on le fait », fait savoir Philippe Mettey, de The Ascott Ltd.

« Pour les voyageurs corporate, il y a une nouvelle génération qui veut voyager responsable. Avant c’était différenciant, désormais cela va devenir discriminant. La chaine de valeur doit se mettre au service de cette attente RSE du client », Vanguélis Panayotis.

« Les chaînes qui investissent dans une offre plus responsable sont celles qui ont compris l’avenir de l’hôtellerie », conclut Vanessa Heydorff.


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