"Pour tout vous dire, nous sommes beaucoup à ne gagner moins que le SMIC et ne plus nous verser de salaire. En sachant ce qui nous arrive avec la fin du quoiqu'il en coute et surtout du fonds de solidarité depuis quelque mois, je ne me verse plus de salaire", selon Julien Fontaine de Find Your Rep - crédit photo : Depositphotos @DWiedemann
TourMaG.com – Pour commencer, pouvez-vous nous dire ce qu’est Find Your Rep! ?
Mylène Campalto : C’est une association des commerciaux indépendants du tourisme.
Nous sommes cinq au bureau, pour une quarantaine de personnes qui ont répondu à notre appel dans l’industrie. Au début, l’idée était de se réunir pour s’entraider durant la crise, puis nous nous sommes dit que nous voulions plus que ça.
Nous voulons montrer qui nous sommes aux yeux de la profession.
Les acteurs ne savent pas vraiment que nous sommes indépendants et ne connaissent pas notre situation. A terme, l’enjeu est aussi de nous structurer pour aussi attirer de nouveaux clients tous ensemble.
Le salon IFTM est un signe positif pour toute la profession, où nous allons pouvoir prendre le pouls de tous les acteurs et essayer d'y voir un peu plus clair pour les mois à venir.
Nous allons réunir nos membres au cours de la semaine pour continuer notre mobilisation et poser les prochains jalons de Find! Your Rep Nous savons que le voyage va reprendre, il nous faut tenir jusque là et ensemble, nous sommes plus forts.
Mylène Campalto : C’est une association des commerciaux indépendants du tourisme.
Nous sommes cinq au bureau, pour une quarantaine de personnes qui ont répondu à notre appel dans l’industrie. Au début, l’idée était de se réunir pour s’entraider durant la crise, puis nous nous sommes dit que nous voulions plus que ça.
Nous voulons montrer qui nous sommes aux yeux de la profession.
Les acteurs ne savent pas vraiment que nous sommes indépendants et ne connaissent pas notre situation. A terme, l’enjeu est aussi de nous structurer pour aussi attirer de nouveaux clients tous ensemble.
Le salon IFTM est un signe positif pour toute la profession, où nous allons pouvoir prendre le pouls de tous les acteurs et essayer d'y voir un peu plus clair pour les mois à venir.
Nous allons réunir nos membres au cours de la semaine pour continuer notre mobilisation et poser les prochains jalons de Find! Your Rep Nous savons que le voyage va reprendre, il nous faut tenir jusque là et ensemble, nous sommes plus forts.
Indépendants : "Avec la fin du quoiqu'il en coute depuis quelques mois, je ne me verse plus de salaire"
TourMaG.com – Quelle est votre situation ?
Julien Fontaine : Je voudrais insister sur le fait que nous ne parlons pas de grosses structures de représentation, mais de personnes qui travaillent seules.
Lorsque l’activité des TO et des agences était à l’arrêt et bien nous y étions aussi.
Nous avons dû faire énormément de démarche comme être rattachés au bon code APE, afin d’obtenir le fonds de solidarité.
Pour tout vous dire, nous sommes beaucoup à gagner moins que le SMIC et ne plus nous verser de salaire. En sachant ce qui nous arrive avec la fin du quoiqu'il en coute depuis quelques mois, je ne me verse plus de salaire.
Mylène Campalto : Aujourd’hui, même si les tour-opérateurs et les agences de voyages ont repris, avec notamment l’Europe, la plupart d’entre nous sommes toujours à l’arrêt.
La casse va avoir lieu dans les prochains mois.
Nous travaillons pour une très grande partie pour des destinations long-courriers, des activités à l’arrêt. Je faisais le point avec un groupiste français, qui me disait que 75% des groupes pour 2022 sont encore du report.
Julien Fontaine : Même sur les destinations accessibles, nous avons le problème que les segments sont parfois à l’arrêt comme les groupes ou les séniors.
Nous sommes complètement dépendants des conditions sanitaires pour voyager, comme le pass sanitaire.
Julien Fontaine : Je voudrais insister sur le fait que nous ne parlons pas de grosses structures de représentation, mais de personnes qui travaillent seules.
Lorsque l’activité des TO et des agences était à l’arrêt et bien nous y étions aussi.
Nous avons dû faire énormément de démarche comme être rattachés au bon code APE, afin d’obtenir le fonds de solidarité.
Pour tout vous dire, nous sommes beaucoup à gagner moins que le SMIC et ne plus nous verser de salaire. En sachant ce qui nous arrive avec la fin du quoiqu'il en coute depuis quelques mois, je ne me verse plus de salaire.
Mylène Campalto : Aujourd’hui, même si les tour-opérateurs et les agences de voyages ont repris, avec notamment l’Europe, la plupart d’entre nous sommes toujours à l’arrêt.
La casse va avoir lieu dans les prochains mois.
Nous travaillons pour une très grande partie pour des destinations long-courriers, des activités à l’arrêt. Je faisais le point avec un groupiste français, qui me disait que 75% des groupes pour 2022 sont encore du report.
Julien Fontaine : Même sur les destinations accessibles, nous avons le problème que les segments sont parfois à l’arrêt comme les groupes ou les séniors.
Nous sommes complètement dépendants des conditions sanitaires pour voyager, comme le pass sanitaire.
Indépendants : "nous nous demandons comment nous allons survive à cela"
TourMaG.com – Si je comprends bien, vous ne voyez pas vraiment de reprise ?
Mylène Campalto : En mai et juin, nous avions espoir avec le regain d’activité. Puis le pass sanitaire en France a douché nos espoirs.
Nos mandants et acteurs ont suspendu nos contrats ou diminué les versements des commissions. Après même s’ils baissent le pourcentage de nos commissions, 15% sur 0 euro, ça fait toujours 0 à la fin du mois.
Nous n'avons toujours aucune visibilité, ni perspective. Les entreprises que nous représentons sont toujours entre 40 et 60% de revenus. Il y a toujours des destinations fermées ou d’autres qui mettent en place des restrictions drastiques.
Nous sommes tous touchés par la crise, mais nous les commerciaux indépendants nous faisons partie des trous dans la raquette. Personne ne nous connait et ne nous entend vraiment.
Nous nous demandons comment nous allons survive à cela.
Julien Fontaine : Nos clients ont envie que ça reparte. Les hôtels, les destinations ou les réceptifs ne demandent que ça.
Sauf que nous sommes dépendants des relations bilatérales et de l’aérien aussi. Pour finir, il faut que les clients aient envie de partir que ce soit sur le MICE ou le loisir, ce n’est pas évident.
Nous sommes toujours sur les reports, il n’y a donc pas de reprise économique.
Nous imaginons une reprise concrète pas avant février ou mars 2022. Nos clients n’ont pas de cash flow, car l’argent ne tombe que lorsque le client solde le dossier.
Vous comprenez donc que nos partenaires demandent d’attendre.
Mylène Campalto : Si la volonté est là, les clients sont frileux.
Et même lorsque nous avons des voyageurs, il y a la problématique de l’aérien et des fournisseurs à destination.
Sauf que les réceptifs, les hôtels ou tous les autres clients que nous représentons, ils ont besoin de concret avant de sortir des sous pour le marketing. Nous avons encore quelques mois de galère.
Mylène Campalto : En mai et juin, nous avions espoir avec le regain d’activité. Puis le pass sanitaire en France a douché nos espoirs.
Nos mandants et acteurs ont suspendu nos contrats ou diminué les versements des commissions. Après même s’ils baissent le pourcentage de nos commissions, 15% sur 0 euro, ça fait toujours 0 à la fin du mois.
Nous n'avons toujours aucune visibilité, ni perspective. Les entreprises que nous représentons sont toujours entre 40 et 60% de revenus. Il y a toujours des destinations fermées ou d’autres qui mettent en place des restrictions drastiques.
Nous sommes tous touchés par la crise, mais nous les commerciaux indépendants nous faisons partie des trous dans la raquette. Personne ne nous connait et ne nous entend vraiment.
Nous nous demandons comment nous allons survive à cela.
Julien Fontaine : Nos clients ont envie que ça reparte. Les hôtels, les destinations ou les réceptifs ne demandent que ça.
Sauf que nous sommes dépendants des relations bilatérales et de l’aérien aussi. Pour finir, il faut que les clients aient envie de partir que ce soit sur le MICE ou le loisir, ce n’est pas évident.
Nous sommes toujours sur les reports, il n’y a donc pas de reprise économique.
Nous imaginons une reprise concrète pas avant février ou mars 2022. Nos clients n’ont pas de cash flow, car l’argent ne tombe que lorsque le client solde le dossier.
Vous comprenez donc que nos partenaires demandent d’attendre.
Mylène Campalto : Si la volonté est là, les clients sont frileux.
Et même lorsque nous avons des voyageurs, il y a la problématique de l’aérien et des fournisseurs à destination.
Sauf que les réceptifs, les hôtels ou tous les autres clients que nous représentons, ils ont besoin de concret avant de sortir des sous pour le marketing. Nous avons encore quelques mois de galère.
Indépendants : "le soutien que nous demandons est pour nous nourrir, pas nous distraire"
TourMaG.com – Avez-vous bénéficié d’aides ?
Mylène Campalto : Jusqu’au mois de mai 2021 nous avons été soutenus par l’Etat, principalement grâce au fonds de solidarité.
Nous sommes reconnaissants envers l’Etat, mais depuis juin 2021, les conditions d’accès ont été drastiquement réduites.
Et depuis le début du mois, le dispositif coûts fixes est en place, mais il ne va pas nous aider. Si un plan indépendant a été dévoilé par le président de la République, le fond du problème reste le même.
Vous rajoutez à cela un temps législatif qui fait que dans les 2 ou 3 prochains mois, il ne se passera rien. Cela signifie que jusqu’à la fin de l’année, nous allons être encore à 80 ou 90% de perte de revenu, sans aucune aide.
Le soutien que nous demandons est pour nous nourrir, pas nous distraire. En attendant, nos clients nous demandent de travailler sans être rémunéré et nous comprenons qu’ils ne peuvent pas le faire.
Je me demande pourquoi nous nous sommes battus autant pour que nous soyons abandonnés au dernier moment. Il faudrait faire du cas par cas.
Quand je lis que certains disent que le secteur doit arrêter de se plaindre, je le vis mal.
Julien Fontaine : Les indépendants pour beaucoup travaillent de chez eux, donc nos loyers sont personnels. Nous n’avons pas tous des baux commerciaux et donc le régime des coûts fixes est moins intéressant.
Nous ne cotisons pas, jusque là au chômage, ainsi nous n’avons jamais eu de chômage partiel.
Quand un euro rentre dans notre société et en ce moment c’est plutôt rare, nous sommes immédiatement taxés dessus.
Un indépendant sans aucun chiffre d’affaires, il n’a absolument rien. Nous n’avons pas le même discours que les agences de voyages et les TO, en ce moment.
Mylène Campalto : Jusqu’au mois de mai 2021 nous avons été soutenus par l’Etat, principalement grâce au fonds de solidarité.
Nous sommes reconnaissants envers l’Etat, mais depuis juin 2021, les conditions d’accès ont été drastiquement réduites.
Et depuis le début du mois, le dispositif coûts fixes est en place, mais il ne va pas nous aider. Si un plan indépendant a été dévoilé par le président de la République, le fond du problème reste le même.
Vous rajoutez à cela un temps législatif qui fait que dans les 2 ou 3 prochains mois, il ne se passera rien. Cela signifie que jusqu’à la fin de l’année, nous allons être encore à 80 ou 90% de perte de revenu, sans aucune aide.
Le soutien que nous demandons est pour nous nourrir, pas nous distraire. En attendant, nos clients nous demandent de travailler sans être rémunéré et nous comprenons qu’ils ne peuvent pas le faire.
Je me demande pourquoi nous nous sommes battus autant pour que nous soyons abandonnés au dernier moment. Il faudrait faire du cas par cas.
Quand je lis que certains disent que le secteur doit arrêter de se plaindre, je le vis mal.
Julien Fontaine : Les indépendants pour beaucoup travaillent de chez eux, donc nos loyers sont personnels. Nous n’avons pas tous des baux commerciaux et donc le régime des coûts fixes est moins intéressant.
Nous ne cotisons pas, jusque là au chômage, ainsi nous n’avons jamais eu de chômage partiel.
Quand un euro rentre dans notre société et en ce moment c’est plutôt rare, nous sommes immédiatement taxés dessus.
Un indépendant sans aucun chiffre d’affaires, il n’a absolument rien. Nous n’avons pas le même discours que les agences de voyages et les TO, en ce moment.
indépendants : "j'ai l'impression que les gens idéalisent la situation des indépendants"
TourMaG.com – Si je devais résumer, la mise en place des coûts fixes signifie pour vous la fin des aides. Est-ce bien ça ?
Mylène Campalto : Exactement.
Le fonds de solidarité a commencé l’été dernier avec 1 500 euros pour tout le monde jusqu’en octobre 2020. D’octobre à mai, nous avons eu un vrai beau soutien. Nous le reconnaissons.
Aujourd’hui cela retombe comme un soufflet.
Julien Fontaine : C’est en ce moment que nous avons besoin de l’Etat, juste avant que notre reprise à nous se dessine.
Sans nous l’industrie n’aura plus de campagne, de marketing, d’éductour, de workshop, etc. Nous sommes tous dépendants des uns et des autres.
TourMaG.com – Le président a pourtant dévoilé des avancées pour les indépendants…
Mylène Campalto : Ce plan était déjà dans les tuyaux depuis un moment, il en parlait déjà lors de sa campagne. La crise et la période pré-électorale auront donc été le "bon" timing pour le sortir.
Les 5 axes et 20 mesures du Plan Indépendants sont bien évidemment une super avancée pour tous les indépendants, mais... il y a un mais.
Comme je vous l'ai dit, il n’y a rien sur le FDS, rien sur les couts fixes. L’allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) qui pourrait faire office de mesure d'urgence, n'entrera pas en vigueur avant 2022.
C'est un bon premier pas vers une réforme du statut et des statuts des indépendants en France, mais au fond ce qui transparait c'est que le plan n'est soutenu par aucune enveloppe financière : rien n'est mis sur la table en fait.
Julien Fontaine : dernièrement j'ai lu un papier dans TourMaG.com qui m'a un peu surpris, être indépendant ce n'est pas tout beau, tout rose.
Nous travaillons et vivons avec notre travail, c'est du 7 jours du 7 et 24 heures sur 24.
J'ai l'impression que les gens idéalisent la situation des indépendants et j'ai un peu peur que ce soit la nouvelle norme dans le tourisme. Quand je suis en vacances, je ne touche pas d'argent, quand je suis au chômage pareil.
Il y a des avantages et des inconvénients, ce n'est pas la panacée non plus.
Mylène Campalto : Exactement.
Le fonds de solidarité a commencé l’été dernier avec 1 500 euros pour tout le monde jusqu’en octobre 2020. D’octobre à mai, nous avons eu un vrai beau soutien. Nous le reconnaissons.
Aujourd’hui cela retombe comme un soufflet.
Julien Fontaine : C’est en ce moment que nous avons besoin de l’Etat, juste avant que notre reprise à nous se dessine.
Sans nous l’industrie n’aura plus de campagne, de marketing, d’éductour, de workshop, etc. Nous sommes tous dépendants des uns et des autres.
TourMaG.com – Le président a pourtant dévoilé des avancées pour les indépendants…
Mylène Campalto : Ce plan était déjà dans les tuyaux depuis un moment, il en parlait déjà lors de sa campagne. La crise et la période pré-électorale auront donc été le "bon" timing pour le sortir.
Les 5 axes et 20 mesures du Plan Indépendants sont bien évidemment une super avancée pour tous les indépendants, mais... il y a un mais.
Comme je vous l'ai dit, il n’y a rien sur le FDS, rien sur les couts fixes. L’allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) qui pourrait faire office de mesure d'urgence, n'entrera pas en vigueur avant 2022.
C'est un bon premier pas vers une réforme du statut et des statuts des indépendants en France, mais au fond ce qui transparait c'est que le plan n'est soutenu par aucune enveloppe financière : rien n'est mis sur la table en fait.
Julien Fontaine : dernièrement j'ai lu un papier dans TourMaG.com qui m'a un peu surpris, être indépendant ce n'est pas tout beau, tout rose.
Nous travaillons et vivons avec notre travail, c'est du 7 jours du 7 et 24 heures sur 24.
J'ai l'impression que les gens idéalisent la situation des indépendants et j'ai un peu peur que ce soit la nouvelle norme dans le tourisme. Quand je suis en vacances, je ne touche pas d'argent, quand je suis au chômage pareil.
Il y a des avantages et des inconvénients, ce n'est pas la panacée non plus.